ASSHM : « Le projet de santé chaumontais est voué à l’échec » Comité de pilotage Egalité-santé

, par Nicolas CORTE

L’association Avenir santé sud Haute-Marne (ASSHM), représentant les usagers de santé, prend la parole pour soutenir le projet du Comité de pilotage Egalité-santé d’implanter un plateau technique unique à Rolampont. Et fustige l’attitude boutiquière de certains élus.


Pour l’association Avenir santé sud Haute-Marne (ASSHM), l’heure est désormais au magistère de la parole. Après avoir pleinement œuvré au sein du Comité de pilotage (Copil) “Egalité santé”, mis en place avec les médecins et les élus du territoire, l’association représentant les usagers de santé tient à apporter son point de vue particulier. « Nous souhaitons nous exprimer en tant qu’ASSHM. Nous ne sommes pas aspirés par le Copil, nous avons notre propre identité », précise, en préambule, son président, Mathieu Thiébaut.

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Proposition du Comité de pilotage Egalité-santé : Facilite la collaboration de soignants venant des CHU : amélioration significative des temps d’accès avec le CHU de Dijon mais également avec le CHU de Nancy. Amélioration de la qualité et de la sécurité des soins ainsi que la performance, de l’attractivité ce qui limitera les « fuites »

Sans surprise, l’ASSHM apporte un soutien plein et entier au projet du Comité de pilotage Egalité-santé, dont la mesure phare est l’implantation d’un plateau technique unifié de chirurgie (et services de médecine afférents) à Rolampont, plutôt qu’à Chaumont. Surtout, l’ASSHM souhaite rectifier certaines déclarations, émanant en particulier d’élus chaumontais ces dernières semaines.

En premier lieu, Mathieu Thiébaut rappelle qu’il est tout simplement faux d’affirmer que le projet de “gradation des soins” sélectionné lors de la Conférence santé de décembre 2021 n’aurait rencontré aucune opposition. Le président du Pays de Langres, Eric Darbot, avait ainsi pris la parole pour déplorer ce choix. Médecins du territoire et ASSHM lui avaient emboîté le pas dans les jours et semaines suivants.

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L’association Avenir santé sud Haute-Marne (ASSHM), représentée ici par Mathieu Thiébaut (au premier plan, en pull blanc), a été partie prenante du Comité de pilotage Egalité-santé.(photo : Nicolas Corté)
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Pour le Comité de pilotage Egalité-santé, parmis les exemples qui ont fait leur preuve, et qui pourrait préfigurer l’Hôpital de Rolampont, citons le centre Hospitalier des vallées de l’ariège. Petit département (153 287 habitants) montagneux et rural (31 hab/Km2), l’Ariège est reliée depuis 2002 au réseau autoroutier national par l’autoroute A66, qui part de l’A61 au niveau de Villefranche-de-Lauragais et se poursuit au sud de Pamiers par la RN20 en deux fois deux voies jusqu’à Tarascon-sur-Ariège.

L’ASSHM met les points sur les i

En second lieu, le président Mathieu Thiébaut tient à marteler que Chaumont n’est absolument pas laissée à l’abandon ni sans médecine – ce qui est parfois affirmé au sein de la cité-préfecture. Le projet du Copil mentionne explicitement le maintien d’un service d’urgences ouvert 24 heures sur 24 h, d’une équipe de Smur, d’une unité d’hospitalisation de courte durée, d’un laboratoire, et de nombreux services de médecine : rhumatologie, médecine interne, maladies infectieuses, endocrinologie, oncologie, dermatologie, neurologie, addictologie, soins palliatifs et courts séjours gériatriques.

« Les élus de Langres et de Chaumont ne pensent pas territoire  » Mathieu Thiébaut, Président de l’ASSHM

A l’inverse, le positionnement du plateau technique à Chaumont poserait, aux yeux de l’ASSHM, de nombreux problèmes, à commencer par l’accroissement du taux de fuite dans le sud du département. « Le projet chaumontais est voué à l’échec  », lance Joël Maillot, ancien directeur de la clinique de La Compassion. «  Ce serait un hôpital pour 40 000 personnes  », renchérit l’une de ses successeurs, Brigitte Berthet. Le docteur Francis Grosjean bat en brèches, pour sa part, un autre argument chaumontais en estimant que le problème de mobilité des patients sera le même pour se rendre dans l’établissement.

Enfin, l’ASSHM déplore les prises de position, interférences et autres volte-faces de certains élus, avec, dans son viseur, Anne Cardinal (maire de Langres), Christine Guillemy (son homologue chaumontaise), ou encore Stéphane Martinelli (président de l’Agglomération de Chaumont). « Les médecins sont attaqués par des politiques qui ne comprennent rien ou ne veulent rien comprendre », fustige Robert Mercey, membre du conseil d’administration. « Les maires de Langres et de Chaumont ne pensent pas territoire », conclut Mathieu Thiébaut, fataliste. Mais certainement pas résigné.

N. C.

n.corte@jhm.fr

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(photo : Nicolas Corté)

Publié par Nicolas Corté le lundi 05 decembre 2022 en page 14 dans le JHM n°10322 (Journal de la Haute-Marne) https://jhm.fr/

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Publié par Nicolas Corté le lundi 05 decembre 2022 en page 14 dans le JHM n°10322 (Journal de la Haute-Marne) https://jhm.fr/

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Réunions publiques en novembre-decembre 2022 du Comité de pilotage Egalité-santé

Attention : Sondage Express COPIL Egalité-Santé

Bonjour à toutes et tous,
Comme vous le savez, le COPIL Egalité-Santé (composé de médecins libéraux et hospitaliers, représentants syndicaux hospitaliers, élus, membres de la société civile et représentants des usagers) a rédigé durant l’été 2022 un projet d’organisation médico-chirurgicale sur 3 sites : Rolampont, Chaumont et Bourbonne-les-Bains. Vous trouverez l’argumentaire dans les documents joints.
Nous sommes arrivés au terme de nos réunions publiques de présentation de ce projet.
Nous aimerions en un clic avoir votre avis.

Sondage Express COPIL Egalité-Santé

Merci d’avance pour les quelques secondes que vous consacrerez à ce vote.
Nous restons à votre disposition pour échanger de vive voix ou sur l’adresse mail de l ASSHM
L’intégralité du projet médical est disponible sur simple demande via la messagerie

Projet médico-chirurgical du Centre et Sud Haute-Marne

Pourquoi ce projet du Comité de pilotage Egalité-santé ?
 pour répondre à une demande formulée en juin 2022 par la Préfète et la Directrice Générale de l’ARS [Agence Régionale de Santé] Grand-Est : confier aux soignants la rédaction du projet
 pour réfléchir collectivement à un projet permettant de satisfaire au mieux les besoins de la population : sites accessibles, offre de soins suffisante et adaptée à une population vieillissante
 pour garantir une offre de soins pérenne, en renforçant la collaboration avec les acteurs dijonnais dans le cadre du GHT [Groupement Hospitalier de Territoire] 21/52 : le nœud autoroutier permet de raccourcir leur temps de déplacements
 pour faciliter les transferts inter-établissements : là encore, l’autoroute raccourcit grandement les temps de déplacements

Comment a-t-il été élaboré ?
Collectivement par des médecins du sud Haute-Marne, hospitaliers et libéraux
En partenariat avec des représentants des usagers, membres de l’ASSHM (Association Santé Sud Haute-Marne)
En reprenant des études réalisées en 2006 lors des réflexions initiales et en compilant nos expériences et besoins de terrain

Quelle légitimité ?
Médecins exerçant sur le territoire, en secteur 1
Aucun conflit d’intérêt : la volonté de mettre le patient au centre de nos réflexions nous a animé lors de tous nos temps d’échanges de cet été
Ce projet est soutenu par le Conseil de l’Ordre des Médecins, des Infirmiers, des Kinésithérapeutes, des Sage-Femmes et des Dentistes.

Un site à Rolampont :
 plateau technique (blocs opératoires dont un bloc obstétrical, médecine nécessitant des anesthésies [ex : cardio pour pose de pace-maker)
 unité de soins continus
 service d’urgences + unité d’hospitalisation de courte durée + équipe de SMUR (Structure Médicalisée d’Urgences et de Réanimation)
 activité de médecine enfants et adultes : consultations, hospitalisation de jour, hospitalisation complète
 laboratoire
 banque du sang
 pharmacie (dont rétrocession)
 radiologie, avec scanner et IRM [Imagerie par Résonance Magnétique]
 crèche, internant pour les étudiants, blanchisserie, restauration

Un site à Chaumont :
 service d’urgences + unité d’hospitalisation de courte durée + équipe de SMUR (Structure Médicalisée d’Urgences et de Réanimation)
 activité de médecine : rhumato, médecine interne, maladies infectieuses, endocrino, addictologie, dermato, neuro, oncologie, soins palliatifs, court séjour gériatrique
 SSR [Soins de suite et Réadaptation] polyvalent
 laboratoire
 maintien du site de l’EFS [Etablissement Français du Sang] (don de sang et organisation des transfusions)
 radiologie
 radiothérapie
 dialyse (site départemental)
 écoles (IFSI, IFAS)
 SSIAD (Service de Soins Infirmiers A Domicile), EHPAD

Une annexe à Langres :
 pas de service de médecine ni de chirurgie (proximité géographique avec Rolampont)
 centre de prélèvements biologiques
 SSR [Soins de suite et Réadaptation] polyvalent
 SSIAD [Service de Soins Infirmiers A Domicile], EHPAD
 en projection : addictologie, lits de SMTI

Un site à Bourbonne-les-Bains :
 maintien de l’identique (médecine, activité de jour et d’hospitalisation complète de rééducation, SSIAD [Service de Soins Infirmiers A Domicile], EHPAD, SMTI (Soins Médico Techniques Importants)

Foire aux questions

1) Pourquoi un seul plateau technique ?
Un plateau technique (hôpital niveau II) nécessite un bassin de population d’au moins 120 000 habitants pour avoir un niveau d’activité minimum pour être performant en termes de qualité d’offre de soins
Actuellement, les deux plateaux techniques de Langres et Chaumont sont en sous-activité car ils drainent une population insuffisante.
Un seul plateau technique atteindra la taille « critique » avec des équipes médicales suffisamment étoffées. Cela permettra en plus de proposer des conditions de travail acceptables. Qui accepterait d’être d’astreinte minimum une nuit sur trois et un weekend sur trois. Peut-on assurer une sécurité optimale avec péridurales à 3h du matin et césarienne à 6h tout en prenant son service au bloc le lendemain à 08h00 ?

2) Rolampont trop loin pour Vignory-Bologne-Froncles.
Faux problème. L’hôpital de Chaumont conserve un service d’accueil des urgences 24/24, SAMU, tous les services de proximité, ainsi que la radiothérapie et l’hémodialyse. La chirurgie et la maternité seront situés à Rolampont pour rayonner sur l’ensemble du territoire centre et sud 52.

3) On va construire un plateau technique neuf pour le privé.
Faux. Actuellement les murs des hôpitaux appartiennent à l’hôpital public. Le groupe privé ELSAN est locataire de la partie qui abrite l’activité chirurgicale. Le privé continuera de financer l’immobilier par les loyers. Un co-investissement peut se discuter.
Rappelons que le partenariat public/privé au CH de Langres et au CH de Chaumont a permis aux habitants de bénéficier d’une offre de soin chirurgicale sans dépassement d’honoraires tout en étant attractif pour les médecins.

4) Si le plateau technique est à Rolampont, vous allez mettre du monde sur les routes.
Pas plus qu’actuellement, et même probablement moins car il y aura moins de fuites sur Dijon.
Les deux sites principaux Chaumont et Rolampont disposeront tous les deux de laboratoire d’analyses, de radiologie avec scanner et IRM. 
Les médecins et chirurgiens de toutes spécialités assureront des consultations avancées sur les deux sites pour limiter les déplacements des patients. Les sage-femmes assureront le suivi des femmes sur les deux sites.
La majorité du personnel habite en périphérie des villes et fait déjà des trajets domicile-travail. Simplement, les trajets ne seront plus les mêmes pour chaque salarié, mais c’est un « jeu à somme nulle ».

5) Construire un hôpital à Rolampont est un projet pharaonique.
L’investissement dans la construction d’un nouvel hôpital ne représente que 5 à 8% du budget annuel.
C’est le fonctionnement qui pèse sur le budget.
Construire un hôpital moderne de niveau II permettra de mettre fin au déficit annuel de 15 à 20 M€ en fonctionnement et au sous-investissement chronique très problématique.
En revanche construire deux hôpitaux coutera deux fois plus cher… et ils ne seront pas plus attractifs pour les médecins, car l’activité de chaque établissement sera limitée par le faible bassin de population pour chaque hôpital. Le déficit annuel sera toujours la conséquence.

6) Les habitants du « sud » continueront d’aller se faire soigner à Dijon.
Aujourd’hui 40% des habitants du centre et du sud vont directement à Dijon ou ailleurs car ils n’ont plus confiance dans nos hôpitaux. Ils supportent le coût de déplacement et les dépassements d’honoraires, pratiqués à « Valmy » par exemple. Une médecine à deux vitesses s’est installée. est-ce acceptable ?
Le CHU de Dijon est un hôpital de niveau III qui assure les soins très pointus. Le CHU ne peut et n’a pas à accueillir les interventions courantes qui relèvent d’un niveau II.
La situation du plateau technique au nœud autoroutier de Rolampont est centrale et à 45 mn du CHU. Les transferts de patients, les déplacements des médecins dans les deux sens seront facilités.

7) Construire un hôpital en rase campagne est une ineptie.
Ce n’est pas en rase campagne, c’est au nœud autoroutier que les collectivités et les agences de développement économique ne manquent pas de mettre en avant pour attirer des entreprises.
D’autres bassins de vie beaucoup plus peuplés ont fait le choix d’un plateau technique niveau II commun à la jonction de deux bassins de population. Un site qui « tourne » a des moyens à la hauteur qui attirent les médecins et les patients. Un exemple près de chez nous à Trévenans entre Belfort et Montbéliard. A fortiori, nous avons intérêt à nous regrouper dans notre territoire très rural pour sauver notre service de santé

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jhm @jhm_fr · 16 decembre 2022
L’@ARSgrandest a définitivement tranché : il y aura bien deux hôpitaux neufs dans cinq ans, un à Chaumont et un à Langres. @ars_grand_est
140 millions d’euros pour deux hôpitaux neufs à Chaumont et Langres dans cinq ans
La décision est tombée le vendredi 16 décembre 2022. Virginie Cayre, directrice générale de l’Agence régionale de santé Grand Est, annonce que l’offre de soins pour le centre et le sud de la Haute-Marne sera organisée autour de deux hôpitaux neufs à Langres et à Chaumont avec gradation des soins et plateau technique dans la cité préfecture. Un investissement de 140 millions d’€ est acté avec un engagement du Département et du GIP (Groupement d’Intérêt Public) qui pourrait couvrir 50 % de l’investissement.
La décision vient de tomber. Le débat sur l’organisation de l’offre de soins pour le centre et le sud de la Haute-Marne est tranché. L’option portée par le Copil égalité santé, validée par la quasi-totalité des élus du Sud-Haute-Marne, qui préconisait l’implantation d’un plateau technique à Rolampont, n’a pas été retenue.
https://jhm.fr/projet-hopitaux-chaumont-langres-haute-marne-140-millions/

Pour en savoir plus :

 Haute-Marne : des élus mobilisés contre la fermeture éventuelle du service de nuit du centre hospitalier de Langres le 25 juin 2019
 « SOS Médecins à la campagne », 8 ème forum des solutionse, à Aignay-le-Duc le 28 février 2020.
 Un Ségur de la santé pour le centre et le sud Haute-Marne le 07 avril 2021
 Lutter contre la pénurie de médecins le le 08 avril 2021
 Covid-19 : Crise sanitaire : les critiques fusent le 09 avril 2021
 Santé : opération séduction pour le PETR du Pays de Langres le 04 novembre 2021
 Les représentants des usagers souhaitent l’hôpital à Rolampont le 19 janvier 2022
 Hôpital : Rolampont revient sur le devant de la scène ! le 3 novembre 2022
 Hôpitaux du centre et sud Haute-Marne : ils campent sur leurs positions le 01 décembre 2022
 ASSHM : « Le projet de santé chaumontais est voué à l’échec » le 05 decembre 2022
 Hôpitaux : la lettre ouverte d’un maire en milieu rural le 22 décembre 2022
 Une maternité qui aurait dû attirer des mamans venues de loin le 04 janvier 2023
 Avenir santé Sud Haute-Marne ne rend pas les armes le 09 janvier 2023
 Sud Haute-Marne : La mise au point de Nicolas Lacroix au GIP le 10 mars 2023