Covid-19 : faut-il relocaliser en France des usines de secteurs stratégiques ? Relocaliser un certain nombre de productions avec une priorité à l’emploi en France.

, par Christophe Juppin

La crise sanitaire a montré la dépendance de la France à l’étranger dans plusieurs domaines, notamment les masques de protection.La France doit-elle fabriquer de nouveau certains produits sensibles en cas de crise sanitaire, comme les masques et les médicaments ? La question fait débat. Car la France s’est retrouvée sans arme dans ce genre de pandémie.


Alors que la moitié du monde est en guerre contre le coronavirus, la France s’est douloureusement aperçue qu’elle n’avait pas les armes pour lutter contre une telle pandémie.

"Nous dépendons beaucoup trop de certains pays étrangers pour les principes actifs qui sont dans les médicaments", avait ainsi constaté Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Emmanuel Macron a appelé lui à "produire plus sur notre sol national pour réduire notre dépendance".

Faut-il relocaliser des productions en France ? C’est ce qui fait débat. Car la crise a soulevé une question : sommes-nous devenu dépendant de la Chine ?

Le pays représente la moitié de notre déficit commercial qui atteint 60 milliards d’euros. C’est notre premier déficit devant l’Allemagne ou les Pays-Bas. Nous importons des jouets chinois, bien sûr, ou encore du textile. Mais aussi des médicaments ou des masques qui ont cruellement manqués au début de l’épidémie.

"On se retrouve à ne pas savoir quand les recevoir, comment, par qui, quelle quantité ? On ne sait pas".

90 usines de médicaments en France, 3 000 en Chine

Alors, faut-il relocaliser des secteurs stratégiques, comme le médical ?
La Chine produit 90% de la pénicilline consommée dans le monde et 60% du paracétamol. Le pays compte surtout 3 000 usines de principes actifs pour fabriquer des médicaments contre seulement 90 en France.

Pour l’Académie nationale de pharmacie il faut donc de toute urgence relocaliser sous peine de perdre notre souveraineté. Relocaliser, "c’est le meilleur moyen de contrôler ce que l’on fait", explique Bruno Bonnemain, de l’Académie nationale de pharmacie. "Quand vous fabriquez en Chine ou en Inde, c’est parfois très compliqué de savoir exactement ce qu’il se passe localement, en tout cas, au jour le jour", plaide-t-il. "Et donc on peut avoir des difficultés de qualité, et d’ailleurs, un des problèmes qui s’est posé ces dernières années, cela a été quand même le problème de la qualité des produits."

Mettre les usines dans un bateau, et les rapatrier en Europe, c’est tentant pour beaucoup d’experts. Mais le risque, c’est une remontée des prix. "Les industries, ils ont délocalisé pour minimiser les coûts. Donc, quand on va relocaliser sur la France, sur des pays qui ont des coûts salariaux plus importants, des coûts environnementaux plus importants, et bien cela fera augmenter les coûts. Et a un moment ou un autre, cela se retrouvera dans les prix à la consommation. "

Avec cette crise, beaucoup veulent voir la mondialisation faire marche arrière. Relocaliser de manière globale en Europe et en France, est-ce donc possible ?

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Pour Olivier Remoissonnet, directeur général de La Brosserie Française. " Les machines sont essentielles, parce que pour des produits de grande consommation, on a besoin d’automatisation pour rester dans un prix compétitif".

Ce fabricant de brosses à dents a sauté le pas. Il a fait revenir toute son activité chinoise en France, il y a six ans. La condition pour y arriver : peu de salariés. "Le bois, c’est du hêtre Français, issu de nos bois, issu de nos forêts éco gérées. ", explique Olivier Remoissonnet, directeur général de La Brosserie Française. " Ces machines, elles sont importantes pour réussir en France ? " ? demande un journaliste. " Elles sont essentielles, parce que pour des produits de grande consommation comme les brosses à dents, on a besoin d’automatisation pour rester dans un prix compétitif".

Résultat, sur les 98 entreprises qui ont rapatrié leur production en France en quatre ans, seuls 2990 emplois ont été créés. La relocalisation n’est pas toujours possible, selon cet économiste : "Dans l’aéronautique, l’automobile, la pharmacie, on a des secteurs qui sont organisés au niveau mondial avec quelques grands groupes qui dominent la production au niveau mondial, avec une recherche et développement ou une innovation qui se fait au niveau mondial ", explique Sébastien Jean, directeur du Centre d’Etudes Prospectives et d’Informations Internationales (CEPII). "Donc on ne peut pas simplement se dire : « on va faire les choses à notre façon, dans notre coin », en s’isolant du reste du monde. "

La crise du coronavirus pousse de toute façon la France à réfléchir sur sa position dans la mondialisation.

Reportage : J.Bogard, L.Lavieille, T.Lebrasse.

Publié par Anne-Sophie Lapix le mardi 05 mai 2020 lors du JT de 20 heures sur france 2 présenté par Anne-Sophie Lapix sur France 2. https://www.francetvinfo.fr


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Agence Flag @AgenceFlag · 5 mai 2020
#madeinfrance Le dossier du 20h de France 2 : Faut-il relocaliser l’industrie ?
Ecoutez le témoignage d’Olivier Remoissonnet, dirigeant de Bioseptyl - La Brosserie Française #relocalisation #fabriquéenfrance #pro…
https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/etapres-faut-il-relocaliser-en-france-des-usines-de-secteurs-strategiques_3950247.html?fbclid=IwAR01oPlmGaamxOH9ZdbB_amZChi_CBFSTNiJQ3if1_aA7Irfl9opxHysa70

Relocaliser un certain nombre de productions avec une priorité à l’emploi en France.

Pour Laurence Nardon, reponsable du programme Amérique du nord de
l’Institut français des relations internationales (Ifri)
 :

« On se trompe aujourd’hui dans le climat populiste qui est le nôtre dans tout l’occident, on se trompe en mettant le pouvoir d’achat comme priorité première des électeurs.
D’ailleurs, Philippe Dessertine l’a dit : « Les chômeurs ne voudront pas payer plus cher leur produits »

Mais les chômeurs, ce qu’ils veulent, c’est un travail !
Et je pense qu’en réalité, pendant des années, on a privilégié le pouvoir d’achat et le consommateur au détriment des salariés et des gens qui avaient un emploi.
Puisqu’on a délocalisé les emplois pour que les gens puissent payer moins cher

Et on voit bien ce que cela a donné : cela a donné un mécontentement des classes moyennes en occident qui ont ensuite élut des Donald Trump, des Boris Johnson, etc...

Et en réalité ce coup d’alarme que nous avons avec la crise du COVID-19, et tout ce qui se passe en ce moment, en nous poussant a relocaliser un certain nombre de productions, stratégiques ou pas, d’ailleurs, remet peut être la priorité de donner de l’emplois aux citoyens plutôt que de mettre en avant, sans arrêt, une consommation plus facile.

Parce qu’il ne faut pas oublier que les gens ont le droit de vote. Et s’ils ne sont pas content... »

Publié par Caroline Roux le mardi 05 mai 2020 lors du C dans l’air de 17.45 heures sur france 5 présenté par Caroline Roux qui interview Laurence Nardon C dans l’air


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C dans l’air @Cdanslair · 5 mai 2020
"Pendant des années on a privilégié le pouvoir d’achat et le #consommateur au détriment des salariés. Cela a donné un mécontentement. La crise du #COVID19 en poussant à des relocalisations remet la priorité de donner des emplois aux citoyens". Laurence Nardon @LaurenceNardon #coronavirus
https://twitter.com/i/status/1257716252539326464
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Bruno Le Maire @BrunoLeMaire · 2 avril 2020
L’Union européenne doit repenser son modèle économique avec un objectif stratégique rappelé par @EmmanuelMacron : la souveraineté économique

2 avr

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Lionel COSTES @COSTESLionelEr · 1 avril 2020
"L’histoire retiendra que c’est depuis la filiale d’un groupe canadien qu’@EmmanuelMacron a battu le rappel, mardi 31 mars 2020, pour « rebâtir notre souveraineté nationale et européenne »" :
https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/04/01/emmanuel-macron-veut-rebatir-l-independance-economique-de-la-france_6035160_3234.html

1 avr

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Emmanuel Macron @EmmanuelMacron · 31 mars 2020
Il nous faut rebâtir notre souveraineté nationale et européenne. C’est ce que nous faisons en ce moment sur les produits de première nécessité pour cette crise et c’est ce que nous continuerons à faire le jour d’après.

31 mars

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Emmanuel Macron @EmmanuelMacron 31 mars 2020
Pour vaincre le COVID-19, la France est engagée dans un effort de production sans précédent. À Saint-Barthélemy-d’Anjou, avec les salariés de l’entreprise Kolmi-Hopen qui produisent des masques chirurgicaux et FFP2.

31 mars

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Bruno Le Maire @BrunoLeMaire · 19 mars 2020
Il y aura un avant et un après #coronavirus du point de vue économique et financier. La crise actuelle montre nos faiblesses et nos dépendances. Nous devons repenser la mondialisation à l’aune de la souveraineté. #DirectAN

19 mars

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Bruno Le Maire @BrunoLeMaire · 9 mars 2020
Il y aura un avant et un après #coronavirus dans l’histoire de l’économie mondiale. Nous devons tirer les conséquences sur le long terme de cette épidémie en réduisant notre dépendance vis-à-vis de la Chine dans un certain nombre de secteurs stratégiques. #le79Inter

9 mars

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Bruno Le Maire @BrunoLeMaire · 26 février 2020
Il faut tirer les conséquences de long terme du #coronavirus en relocalisant certaines activités stratégiques en France ou en Europe, comme la production de principes actifs pharmaceutiques. C’est une question de souveraineté pour notre pays. @publicsenat

26 fev


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Publié par Lionel Fontaine le mercredi 29 avril 2020 dans le Journal de la Haute-Marne (JHM) n° 9387 en page 5 http://www.jhm.fr/
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Publié par Dominique PIOT le dimanche 10 mai 2020 dans le Journal de la Haute-Marne (JHM) n° 9397 en page 2 http://www.jhm.fr/
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Publié par Dominique PIOT le dimanche 10 mai 2020 dans le Journal de la Haute-Marne (JHM) n° 9397 en page 3 http://www.jhm.fr/

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Des masques chirurgicaux "made in Ardennes" fabriqués en parallèle de l’activité première de l’entreprise TSC (Textiles Synthétiques Cardés), en soutien économique ( © Daniel Samulczyk / France Télévisions)
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Symop @le_Symop · 3 juillet 2020
Pour Henri Morel, président de @La_FIM
« Une politique industrielle forte, permettant de #relocaliser et de conserver savoir-faire et compétences sur le territoire national, est indispensable pour s’inscrire au meilleur niveau dans l’#industriedufutur »
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-pour-une-politique-dachats-industriels-equitable-1219659
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ALPHA-3i @ALPHA3i · 26 mars 2021
Faire revenir les usines ou favoriser l’implantation de nouvelles activités en France ? Un débat qui a agité le Cercle des Économistes. #Relance #Industrie #MadeInFrance #Industrie40
https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/relocaliser-en-france-ou-miser-sur-l-industrie-du-futur-le-debat-fait-rage-877417.html

Pour en savoir plus :

 Le textile parmi les secteurs les plus touchés par la perte d’emplois en France en février 2018
 Covid-19 : Une usine de masques fermée dans les Côtes d’Armor en 2018 : un crève-coeur pour l’ex-directeur
 Il faut tirer les conséquences de la dépendance de l’approvisionnement chinois en mars 2020
 Covid-19 : Emmanuel Macron veut « rebâtir » l’indépendance économique de la France le 31 mars 2020
 Covid-19 : les Français font des relocalisations la priorité de l’après-crise le 13 avril 2020
 Covid-19 : Pour le « jour d’après », Jean Rottner souhaite valoriser les productions de proximité, le « Grand Est inside » le 03 avril 2020
 Covid-19 : la mobilisation économique dans l’Est le 09 avril 2020
 Covid-19 : Le Grand Est soutien la fabrication locale de produits de Protection Individuels le 18 avril 2020
 Covid-19 : L’Etat veut créer une filière française de matériaux pour la fabrication de masques médicaux le 28 avril 2020
 Covid-19 : faut-il relocaliser en France des usines de secteurs stratégiques ? le 05 mai 2020
 Covid-19 et Souveraineté : et si la France se dotait enfin d’une stratégie industrielle ? le 11 mai 2020
 Vers la renaissance industrielle française ? Entretien avec Anaïs Voy-Gillis le 7 juin 2020
 Nicolas BOUZOU, le regard de l’expert le 10 décembre 2021