Interconnectés 2016 : « Controverse : Collectivité et entreprise, qui est leader de l’innovation ? » le 12 décembre 2016 à Lyon.

, par Christophe Juppin

Interconnectés 2016 :
Découvrez la Controverse : «  Collectivité et entreprise, qui est leader de l’innovation ? » qui s’est déroulée lors du 13° Forum national des Interconnectés, 12 décembre 2016.
Avec Norbert Friant, Rennes Métropole - Christophe Juppin, Nogent Tech - Lionel Poinsot,

13e FORUM NATIONAL DES INTERCONNECTÉS

Découvrez la controverse : « Collectivité, entreprise qui est leader de l’innovation ? » qui s’est déroulée lors du 13° Forum national des Interconnectés, 12 décembre 2016.
Avec Norbert Friant, Rennes Métropole - Christophe Juppin, Nogentech - Lionel Poinsot, Espace Numérique Entreprises, Lyon.

Michel DUPOIZAT
Parfait ! Messieurs, bonjour ! Si vous le voulez bien, nous allons démarrer cette conférence-débat sur le thème : « Les collectivités et entreprises, qui est le leader de l’innovation ? » Un grand thème sur lequel nous allons essayer de nous retrouver. J’ai trois intervenants qui vont échanger et vous apporter un maximum d’informations sur cette thématique : Christophe JUPPIN, Norbert FRIANT et Lionel POINSOT à qui chacun d’entre vous, je vais demander une rapide présentation pour que cela puisse situer déjà dans nos premiers échanges un peu vos propos par rapport à votre activité. Je vous laisse démarrer Christophe. Allez-y !

Christophe JUPPIN
Je suis Christophe JUPPIN, salarié de la CCI Haute-Marne et j’anime un pôle technologique, le pôle technologique sud champagne et aujourd’hui, je suis parmi vous pour représenter le cluster NOGENTECH qui est un cluster d’entreprises très performantes. Nous y trouvons le leader des forges aéronautiques françaises, leader des forges automobiles de France et le leader des forges médicales européennes cette fois, puisqu’une prothèse sur trois qui est posée dans le monde est fabriquée sur ce territoire.

Michel DUPOIZAT
Nous aurons l’occasion de revenir sur les particularités de votre territoire. Norbert, un mot sur votre activité.

Norbert FRIANT
Merci. Bonjour à vous. C’est un honneur d’être devant vous et aux interconnectés. Merci pour l’accueil à Lyon en tout cas. Moi, je viens de Rennes, je suis en charge du service numérique qu’on m’a demandé de créer il y a quelques années. Je viens du monde privé, d’un grand Groupe. Je travaille dans des grands Groupes. J’ai créé quelques activités un peu à côté. Je vais essayer de vous montrer un peu les passerelles que l’on peut faire entre ces deux mondes publics et privés.

Michel DUPOIZAT
Je termine par le régional de l’étape.

Lionel POINSOT
Je suis sur place. Je dirige une association qui s’appelle Espace Numérique Entreprises qui est une association de personnes morales, Chambres de Commerce, Chambre de métiers et les syndicats patronaux Medef et CGPME et notre métier, c’est d’aider les PME et les TPE à innover et à être plus performantes grâce à l’utilisation du numérique. Est-ce que nous développons ou est-ce que nous nous arrêtons là ?

Michel DUPOIZAT
Nous allons peut-être nous arrêter là dans un premier temps. Mais c’est vrai que nous avons pas mal de chance d’avoir les compétences réunies et puis Messieurs qui avez fait des kilomètres pour nous rejoindre, soyez les bienvenus.

Une des premières questions puisque nous disions entreprises et collectivités, nous parlons d’innovation : est-ce que les entreprises sont si conscientes que cela des enjeux de la transition numérique ? Est-ce que c’est si difficile pour elles ? Norbert ou Christophe ?

Christophe JUPPIN
Une entreprise digne de ce nom est en veille permanente sur tout ce qui se passe dans tous les développements technologiques et c’est vrai que le numérique apporte un champ de possibles tout à fait considérable. La limite, c’est notre imagination et c’est vrai que l’entreprise est connectée avec tous les outils de production. Nous lançons même maintenant des productions virtuelles pour vérifier que tout est adapté à la machine. Une circulation de l’information, c’est sensationnel ! C’est vrai qu’ils en sont parfaitement conscients. Maintenant, comment l’aborder ? Comment l’intégrer dans l’entreprise…

Michel DUPOIZAT
Est-ce que c’est si facile ?

Christophe JUPPIN
… au meilleur coût ? C’est un enjeu difficile et pas forcément très simple.

Michel DUPOIZAT
Très bien. Norbert ?

Norbert FRIANT
Pour être au contact de certains grands Groupes notamment qui n’ont pas forcément intérêt aujourd’hui à être transformés et changer leur modèle, un grand Groupe qui vend des objets par exemple pas fabriqués en France bien sûr qui fait 6 milliards € de chiffre d’affaires n’a pas forcément le modèle aujourd’hui pour aller vers la fonctionnalité, l’usage de l’objet et potentiellement de l’objet connecté. OK, il fait des tentatives. Il prédispose.
Il va au Hackathon. Il fait des tests. Il essaye de se connecter à des communautés créatives, mais cela reste aujourd’hui des tentatives qui sont quand même relativement légères et qui n’attaquent pas dans le dur leur transformation de modèle. Je serais assez nuancé. Nous commençons à voir apparaître d’autres modèles, mais ce sont un peu les questions suivantes, je pense, après dans le comment nous faisons et comment nous engageons un peu cette transformation.

Michel DUPOIZAT
OK. Une question que je vous poserais après, sauf si Lionel souhaitait tout de suite démarrer par cette question. J’ai entendu grands Groupes. J’ai entendu industries. Il y a des différences par rapport aux tailles, aux activités dans cette transition numérique ?

Lionel POINSOT
Ce que j’aime bien dire dans cette transition numérique et même cette révolution numérique, c’est qu’on ne fait plus cette dichotomie grands Groupes/petites. Maintenant, avec le numérique, je laisse sa paternité à Joël de ROSNAY, nous faisons la différence entre les rapides et les lents. C’est-à-dire que l’évolution de notre secteur du numérique et de l’innovation dans ce domaine-là est tellement rapide que ce qui fait la différence est la capacité que l’entreprise a à l’intégrer plus ou moins vite que son concurrent et c’est là que nous gagnons. C’est pour cela que je partage ce que je disais Joël de ROSNAY sur la distinction. Aujourd’hui, on est soit un rapide, soit un lent. On n’est plus un grand ou un petit où on est plus une TPE ou une PME. Dans notre monde numérique, ce seront les rapides qui gagneront demain.

Michel DUPOIZAT
Sur la rapidité, Norbert, quand nous avons échangé tout à l’heure, vous m’avez un peu décrit les différentes strates qui vivaient par rapport aux menaces ou aux enjeux de la transition numérique en disant : « Dans un premier temps, nous regardons ». Après, vous pouvez nous refaire un peu les différentes étapes ?

Norbert FRIANT
Oui, mais je vous invite à relire aussi Nicolas COLIN : « Les cinq étapes du déni » , du numérique. Au début, nous les ignorons. Après, vous verrez les différentes étapes. Mais la question de la temporalité est extrêmement intéressante, il ne faut pas aller trop vite non plus. Il ne faut pas être uniquement dans le buzz. Je pense qu’il y a des questions de temporalité sur des cycles longs aussi, les transformations demandent du temps.

Nous avons mis en place à Rennes comme à Lyon d’ailleurs un bureau des temps, des temporalités justement pour réfléchir sur ces cycles un petit peu plus longs aussi, cette durabilité, cette sustainability que nous essayons de mettre en place. Après, je suis d’accord, la question de la rapidité aussi à accéder à certains marchés. Nous avons développé par exemple le prototypage rapide. Nous ne l’avons pas fait au sein de la collectivité, mais nous avons créé une entité, un LabFab. Et ensuite nous avons connecté une vingtaine de LabFabs sur le territoire. Vous avez deviné, les LabFabs sont des lieux de fabrication numérique, de prototypage rapide pour tester, passer de l’idée au concept et surtout au matériel, au tangible, sortir en numérique un peu des écrans et le rendre dans notre société aux utilisateurs. Tester avec les utilisateurs très très vite, avoir cette capacité à tester aussi. Un grand Groupe, un centre de recherche par exemple sur le territoire de Rennes, Orange est le plus grand employeur privé à Rennes et en Bretagne. Il nous dit : « Les chercheurs, cela fait 15 ans, 20 ans qu’ils sont enfermés dans leurs labos ». Aujourd’hui, si vous n’êtes pas dans la rue sur le numérique, vous êtes à la rue. Comment un chercheur d’Orange réussit-il à regagner la rue ? C’est là que la collectivité, le territoire est une passerelle extraordinaire. Nos aménageurs, nos urbanistes, plus de 350 métiers dans les collectivités sont forcément impactés aujourd’hui par le numérique. Créons justement ce mélange, cette mixité que nous ne retrouvons pas sur scène, mais nous comptons sur vous dans cette salle qui est très très mixte. C’est une conférence participative, cela va réussir à s’équilibrer. C’est fait. Je vous laisse la parole.

Michel DUPOIZAT
Ce qui est surprenant dans ce que vous dites, le temps de variables, il faut aller assez vite et vous dites : il faut quand même prendre le temps de fréquence.

Norbert FRIANT
Oui, de fréquence et quand cela va trop vite, ce que je fais, j’éteins la fréquence rapide et vous verrez, dans la vie personnelle aussi, cela va beaucoup mieux.

Michel DUPOIZAT
Et si cela va trop doucement, on remet une fréquence rapide un petit peu ? Je vais laisser rebondir Christophe.

Christophe JUPPIN
Pour rebondir sur l’accès au numérique, il se passe ce qui s’est passé dans le médical sur notre territoire, dans le domaine de la santé, puisque nous avons des leaders dans le domaine de la santé, c’est souvent l’acquisition par les grands Groupes de start-up qui vont développer une piste avec intelligence pour développer avec les outils qu’ils ont. Ils ont la réactivité, la capacité à prendre des risques, d’expérimenter et c’est vrai que c’est ce que l’on voyait dans le médical et que l’on voit toujours d’ailleurs, l’intégration des belles start-up du médical françaises dans des grands Groupes. Dans le numérique, c’est ce qui se passe.

Michel DUPOIZAT
Lionel, c’est quelque chose sur lequel tu étais intervenu lors de la préparation.

Lionel POINSOT
Oui. Je rejoins totalement ses propos. Il y a un monde que nous connaissons bien, qui est celui de l’industrie. Dans le monde industriel, il y a une vraie peur de se faire prendre une partie de sa valeur ajoutée par une start-up qui va venir et entrer sur votre métier avec une activité.

Vous prenez l’exemple du médical, aujourd’hui cela part tous azimuts dans le médical. Tout le monde y va de son innovation et prend une part de valeur ajoutée à un grand Groupe. Si vous voulez un exemple, à Saint-Étienne, nous avons un grand Groupe du médical qui s’appelle Thuasne qui fabrique des bandes et aujourd’hui il y a des start-up qui rentrent sur ce marché-là et qui proposent des spécificités qui elles sont capables de les étudier et de les mettre sur le marché en six mois, ce que Thuasne aurait mis trois ans parce qu’il y a à l’intérieur des inerties que sont celles du personnel, de la taille, de la prise de risque et des échelons intermédiaires de décision. S’ils n’évoluent pas, s’ils ne se transforment pas, eh bien ils vont se faire prendre petit à petit certaines parts de marché et nous allons arriver à certains secteurs comme ceux que nous connaissons bien aujourd’hui où la plus grande compagnie de taxis du monde qui n’a pas un seul taxi (Uber), où le plus grand hôtelier du monde n’a pas un seul hôtel (Airbnb) et si eux ils ne réagissent pas sur les secteurs traditionnels, nous allons avoir la même entrée de start-up innovantes.

Alors, aujourd’hui, ils ont résolu en partie ce problème en se disant : «  Moi, je suis grand Groupe, qu’est-ce que je fais ? Je vais rentrer dans des démarches collaboratives type la French Tech, type les Clubs Open Innovation ou là je vais pouvoir avoir une veille sur ce que les start-up fond et quand il y en a une qui me paraît suffisamment intéressante, je la rachète  » parce qu’à la différence de la petite start-up, ils ont les moyens. Ce n’est pas une solution en soi, c’est-à-dire que l’on ne peut pas dédier sa R&D à un tiers en se disant : «  Les jeunes, travaillez et on absorbera ». Ils se doivent eux aussi d’évoluer pour pouvoir se mettre en marche et là c’est là où nous, nous pouvons avoir une valeur ajoutée, c’est-à-dire qu’est-ce que nous pouvons faire pour les faire travailler ensemble ? Qu’est-ce que nous pouvons faire pour aider leurs cadres à faire de l’immersion dans les start-up et se mettre aussi au processus d’innovation permanente ? Comment nous pouvons les aider à faire évoluer les compétences de leurs salariés qui ont des méthodes de travail depuis des années en disant : « Non, mais demain, ce sera peut-être complètement différent et ayez le réflexe  » ? C’est là où nous, nous avons peut-être une valeur ajoutée à intervenir pour les aider dans ces démarches.

Michel DUPOIZAT
Si je vous écoute bien, j’entends tester, travailler ensemble, évaluer, faire évoluer les compétences. Est-ce que vous avez l’impression qu’aujourd’hui, nous sommes aujourd’hui un peu plus prêts pour franchir cette étape-là ou c’est toujours assez compliqué pour un certain nombre d’entreprises d’accepter le test parce que nous sommes un peu plus normés sur des choses précises ? Le test crée une incertitude. Est-ce que vous les sentez plus prêts ou vous dites : «  Non, il va encore y avoir pour certaines structures du travail ? »

Norbert FRIANT
Entreprises ou collectivités, de toute façon, testées, prototypées.

Michel DUPOIZAT
Au sens large, exactement.

Norbert FRIANT
J’ai été recruté. Il y a quelque chose qui m’a fait venir, le Président de la métropole, ancien ministre me dit : « Sentez-vous libre ». J’y vais et puis si je n’ai pas l’autorisation, j’y vais quand même. J’aime bien la règle des 4 b et le premier b, c’est le braconnage. On n’attend pas forcément d’avoir l’autorisation. Il y a autre b, c’est le bricolage dès fois, mais justement ce prototypage passe par des étapes de bricolage qu’il va falloir transformer. Le butinage également aussi, cette interconnexion qui est nécessaire. Plus on est interconnecté, cette intensité d’échange qui provoque un apprentissage collectif, donc une culture commune également aussi au sein de son entité, mais à l’extérieur. Le 4e b, vous voulez savoir lequel c’est ? Bienveillance. Bien sûr. Mais il faut y aller en tout cas. Il faut être maker faire, être dans le faire. Les stratégies Smart City, c’est bon quoi. La stratégie, c’est peut-être aussi passer d’un territoire de projet à un projet de territoire. Partons plutôt des projets pour aboutir à une stratégie et pas dans le sens inverse d’une stratégie descendante.

Christophe JUPPIN
Dans le monde industriel, je dirais qu’il n’y a pas de génération spontanée. Nous partons toujours de quelque chose, d’un savoir-faire, d’une tradition industrielle. Il ne faut pas non plus l’oublier, se déconnecter complètement de la réalité. Il faut à un moment trouver les hommes et les femmes qui vont faire fonctionner les machines pour pouvoir produire.

Michel DUPOIZAT
J’allais vous dire, est-ce que le terme bricolage vous satisfait pleinement ? Vous allez le pondérer un peu dans le tissu industriel ?

Christophe JUPPIN
Oui, aussi parce qu’il faut quand même rester agile. Il faut garder cette agilité, cette imagination, mais faut aussi savoir connaître les règles. Dans le médical, avec l’augmentation des réglementations, nous sommes en train de tarir l’innovation et c’est vraiment dommage parce que nous n’allons plus avoir la possibilité d’être un des pays leaders dans le médical par ces start-up. Pourquoi ? Parce que la réglementation empêche d’avoir toutes les innovations possibles.

Lionel POINSOT
Tout à l’heure, je parlais de coopération entre start-up et grands Groupes. Les grands Groupes ont notamment les moyens et ils ont les moyens d’embaucher ce que l’on appelle des CDO (Chief Digital Officer), des personnes qui sont en charge de la transformation numérique en interne. Eux sont capables d’avoir leur programme d’évolution. Par contre, en termes de politique économique publique, ceux qui ont un vrai besoin, ce sont ceux qui créent les emplois. Ce sont les plus petites : les PME. Elles aussi se doivent d’innover et nous, ce que nous sommes en train de faire à Lyon dans le cadre de la French Tech, c’est de proposer un dispositif d’accompagnement des start-up sur toute la chaîne de son idée jusqu’à sa mise sur le marché et puis après comme elle grandit, mais elles ont un problème qui est pratiquement récurrent sur toutes les start-up qui est de trouver leurs premiers clients et les PME ont une flexibilité, une possibilité d’innover qui est bien plus grande qu’un grand Groupe et se dire : « Nous, dans notre métier, nous pourrions peut-être trouver parce que nous les fréquentons des PME qui seraient prêtes à jouer le jeu de se dire : « Eh bien, moi, je vais tester quelque chose d’innovant qui va me permettre d’évoluer et de me différencier par rapport à mes concurrents et même de me valoriser auprès de grands Groupes qui seraient potentiellement mes clients  » et cela permettra à la start-up moyennant un deal gratuit : « Je suis votre Proof of Concept, je suis votre premier client et je montre que c’est applicable dans le marché et de l’autre côté, cela permet à l’entreprise d’innover » et c’est adapté à des petites structures. Des PME, nous sommes dans les 50 salariés ou moins et cela fonctionne plutôt très bien. Après, il faut faire un travail de tri sur les entrées, c’est-à-dire les start-up qui ont des applications sur les mondes de PME. C’est-à-dire parce qu’il y a beaucoup de solutions qui sont B to C ou grand public. C’est dans ce sens-là et après cela nécessite de trouver une PME qui est capable de se dire : « Ce n’est pas un effet d’aubaine, mais c’est une vraie stratégie ». Quand on arrive à bien qualifier des deux côtés, on peut faire des mariages intéressants.

Michel DUPOIZAT
Christophe, vous avez abordé tout à l’heure la réglementation aussi.

Christophe JUPPIN
Je vous donne une illustration très concrète, avec le cluster NOGENTECH qui a intégré le réseau de la French Tech, dans le réseau thématique santé. Qu’est ce qui a motivé notre volonté d’intégrer ce réseau et de faire un dossier pour être intégrés ? C’est justement ce que vous dites à savoir la possibilité à une start-up de trouver tout de suite un marché. L’UGAP a passé un accord avec la French Tech pour permettre aux start-up d’être tout de suite référencées et de pouvoir tout de suite vendre leurs produits. C’est fondamental pour une start-up qui commence d’avoir tout de suite l’accès au marché. C’était concret. Nous, nous sommes pilotés par des entreprises pour des entreprises. Nous y sommes allés.

Michel DUPOIZAT
Norbert, une réaction et puis après nous passerons à l’aspect un peu plus collectivité ?

Norbert FRIANT
C’est dans l’animation pour la collectivité pour un territoire. Pour que cela marche justement, créer ces lieux et ces temps de rencontre aussi, des rounds de prototypage par exemple. Nous en avons fait un sur la maison connectée. Nous avons essayé de faire émerger des idées, rencontrer des plus petites structures et des grands Groupes qui ont déjà des réseaux de distribution, des marchés un peu historiques parfois et qui cherchent justement à renouveler leur espace économique. Par exemple, nous avons travaillé dans le domaine du mieux vieillir à domicile. Il y a une idée qui paraissait farfelue qui est sortie, qui était la pantoufle connectée pour les personnes âgées. En fait, nous avons fait une étude de marché. Il restait trois fabricants de pantoufles en France sur des marchés qui s’essoufflent un petit peu et finalement d’apporter 10 € d’objets connectés à une pantoufle qui coûtait précédemment 24,90 €, avec des start-up innovantes, cela devenait une plateforme finalement la pantoufle et cela a accédé à un marché où il y avait un besoin, une utilité. En fait, cette pantoufle permet de se lever la nuit, d’être éclairé, de vibrer si on est trop près l’escalier et d’éviter des chutes. Tout de suite, cela a créé en fait un espace économique, une diversité d’acteurs qui se sont regroupés et ont trouvé un intérêt à travailler ensemble et à produire, à créer des richesses en fait, à développer leurs compétences et c’est parti. Là, ils se sont créés le 27 avril. Par exemple, cette start-up-là, cette jeune société, ils ont changé trois fois de modèles depuis et ils ont 15 fois de partenaire. Aujourd’hui, ce n’est plus la pantoufle connectée, c’est la semelle connectée. Cela veut dire que c’est adaptable aussi à d’autres types de chaussures.

Michel DUPOIZAT
Dans votre exemple, nous retrouvons aussi la notion de la rigidité, de test, de s’adapter en permanence.

Norbert FRIANT
Exactement. Pour répondre à la question initiale aussi : « que peut apporter le territoire ? » Premier client, les lieux, les espaces, des machines aussi sur le territoire, prototypage rapide puis on passe à la présérie. Comment sort-on 1 500 pièces par exemple au-delà et comment va-t-on encore au-dessus ? Comment franchit-on ces paliers ? L’aspect financier également aussi, comment lève-t-on des fonds ? Mes 500 000 €, comment je les ai levés sur le territoire ? Le territoire peut avoir un rôle justement pour animer un petit peu tout cela. Je veux dire qu’il faut avoir un spectre très large.

Lionel POINSOT
Le prolongement de l’énumération que tu faisais, moi je rajouterais quelque chose dont on parle beaucoup en ce moment, c’est aussi la notion d’écosystème. C’est-à-dire que l’innovation, elle n’est pas qu’à un endroit, elle n’est pas que dans une entreprise. C’est souvent de constituer un écosystème et c’est notre rôle. Nous en parlions tout à l’heure avant la préparation, d’être un tiers de confiance pour construire cet écosystème. Qu’est-ce qu’on entend par écosystème ? C’est également pourquoi pas de travailler avec les universités et les labos de recherche. C’est pourquoi pas de travailler avec des gens de complètement d’autres secteurs ou même d’autres domaines d’activités qui vont vous permettre de faire des innovations d’usage. Cela peut être de se rapprocher de start-up. En fait, quand on a un projet d’innovation, on va essayer de construire un groupe projet dans lequel on va peut-être retrouver un centre technique, un labo de recherche, une start-up, une entreprise traditionnelle, un grand Groupe. Cet ensemble va faire un écosystème qui va permettre d’avoir toutes les composantes nécessaires pour que l’innovation puisse arriver jusqu’à son terme et soit mise sur le marché. Je crois beaucoup à cette logique d’écosystème parce qu’il y a une vraie valeur ajoutée à faire travailler ensemble tous ces gens-là dans l’intérêt d’avoir quelque chose d’innovant et c’est à mon avis très valorisant pour un territoire surtout quand on a un territoire comme la Métropole de Lyon qui est très riche en écosystèmes notamment de recherche, d’universités, de start-up. Nous avons une vraie valeur ajoutée. C’est peut-être plus compliqué dans le milieu rural.

Christophe JUPPIN
Justement, non, il faudrait changer les idées reçues. C’est possible aussi dans le monde rural. Vous en avez rêvé, nous l’avons fait. On nous a pas expliqué qu’on ne pouvait pas faire une université dans un monde rural. Dans une ville de 4000 habitants, nous avons fait une université. C’est une antenne de l’université de Troyes. C’est la seule antenne où vous avez une formation d’apprentissage. Nous avons tout l’écosystème que vous venez de décrire. Nous avons les entreprises, donc des leaders mondiaux dans le médical, dans l’aéronautique, dans l’automobile. Nous avons une antenne universitaire où nous formons 50 ingénieurs tous les ans sans compter licence professionnelle, les doctorants. Cela fait au moins 120 personnes sur le site universitaire. Nous avons une antenne du plus grand CRITT médical de France qui est le CRITT MDTS de Charleville. Nous avons bien sûr une pépinière, tous les outils et les écosystèmes, industriels, universitaires, recherche, caractérisation des matériaux, start-up pour justement dynamiser le territoire. Pour répondre à la thématique de l’atelier, ce sont vraiment les collectivités qui ont été à l’écoute des territoires pour dire : « De quoi vous avez besoin ? » Il nous faut de l’intelligence dans nos entreprises. Nous avons créé une université. Nous avons fait venir le CRITT MDTS pour accompagner la croissance des entreprises.

Michel DUPOIZAT
Par rapport à vous Norbert, ce qui a été dit, il y a des avantages dans les grandes Agglos et autres, quelques inconvénients disiez-vous aussi en préparation, notamment peut-être par moment pas un manque d’entreprises, mais un manque de postes disponibles par rapport à un nombre de jeunes important, ce qui était un peu l’inverse sur un territoire rural ?

Norbert FRIANT
Ce n’est pas exactement ce que j’ai dit, je pense. En plus, Rennes est un socle historique dans ce domaine-là du numérique depuis 40 ans : territoire des télécoms. Justement, il faut se transformer aussi. Il ne faut pas s’encroûter dans son modèle historique. Cela veut dire faire des choix, se transformer. Un lieu de formation, 70 000 étudiants, c’est un taux par rapport à la population énorme, je crois, parmi les Métropoles. Après, en termes d’emploi, nous parlions plutôt du fait qu’il y a une transformation là aussi. Je milite beaucoup sur l’entrepreneuriat et des plus jeunes notamment pour les pousser à être autoentrepreneurs. J’interviens aussi à la faculté de Sciences économiques de Rennes. Je les pousse et il y a de plus en plus de jeunes autoentrepreneurs et tant mieux. Entrepreneurs de leurs compétences, déjà et ensuite ils vont un petit peu plus loin dans les modèles d’entreprise justement. Ils vont produire aussi leur propre emploi et ils n’attendent pas forcément un salariat comme peut-être notre génération de transition a attendu lorsqu’on sortait de nos études, il y a quelques années. C’était de se faire embaucher, d’être salarié, ce qui est bien le salariat aussi, mais il y aura certainement des activités à côté en plus et tant mieux et pour les agents de collectivités probablement aussi. Ce n’est pas être cumulard que de dire cela, c’est au contraire pour générer, créer des connexions, des interconnexions. Nous sommes aux interconnectés avec justement différents acteurs qui produiront cet écosystème au global. J’aime bien les analyses graphiques. Nous allons rejoindre un mot qui n’a pas été utilisé, c’est la data, la donnée. Pour connaître son territoire, il faut essayer d’avoir une souveraineté sur la donnée aussi. Quand on observe par exemple que les communautés autour du biomimétisme finalement sont dans un coin de la carte et que la communauté autour du découpage laser est un dans un autre coin de la carte graphique. Qu’est-ce qu’on fait ? On fait un événement sur le laser et le biomimétisme qui va provoquer le choc entre deux communautés qui ne s’étaient pas rencontrées de manière spontanée. C’est l’observation que peuvent faire les territoires qui ont ce spectre large justement, ce choc va provoquer des activités nouvelles, des projets nouveaux qui vont, espérons-le, créer des emplois et des activités aussi. Il ne faut pas attendre l’emploi et puis les statistiques pour voir. On ne remplit pas des cases en fait, c’est du mouvement. Je parlais tout à l’heure aussi d’une différence de culture entre l’Inde et la Chine, la culture de la chaise et la culture du mouvement. Vous voyez bien, j’ai du mal à tenir en place. C’est le mouvement en fait. C’est un mouvement perpétuel que produit le numérique aussi. Ce n’est pas du binaire le numérique. Ce n’est pas 0 ou 1. C’est du cantique. On observe un état et on est dans un autre état. C’est pour cela que la dualité était intéressante. J’ai bien d’y participer parce que ce n’est pas du binaire justement.

Christophe JUPPIN
J’ai un exemple avec le champagne sur notre territoire. Actuellement, le monde du champagne est en train d’identifier chaque pied de vigne. C’est-à-dire que quand vous allez chez le médecin, on ne dit pas : « Les 50 premiers, vous allez chez le médecin, vous aurez le même traitement ». C’est ce que nous faisons dans l’agriculture. Maintenant, nous sommes en train de différencier chaque pied de vigne, son histoire, son relief, la météo, les maladies et les traitements qu’il va avoir et tout cela nous ne pouvons pas le gérer avec des tableaux. Nous sommes dans des tableaux de couleurs parce que sinon là l’intelligence ne peut pas suivre et piloter ce genre d’information. Là, nous allons être dans la gestion des territoires, des entrants. Nous devenons vraiment très très fins sur ce type d’activité.

Norbert FRIANT
Si vous permettez, vous connaissez les génomes. Actuellement, il y a une course effrénée pour aller décrypter les génomes. Ce peut être un peu la propriété de quelques acteurs ces génomes. Je milite beaucoup pour l’Open, l’Open Source, l’Open Innovation, tout l’Open et tout ce que vous voulez et en fait avec une communauté sur le territoire — donc vous verrez qu’il y a là-bas un petit stand qui s’appelle le LabFab (Laboratoire de Fabrication Numérique). Nous nous sommes dit : « Nous allons aller décrypter le génome de la framboise pour en faire un bien commun et que cela reste en fait et que ce ne soit pas enfermé. » Pourquoi la framboise ? Parce qu’il y a une petite carte électronique Open Source qui s’appelle le Raspberry Pi et puis voilà, c’est tout. En fait, tout seul, c’était compliqué. Par contre, si on se met à 10 000, à 20 000, à 15 000 et que chacun apporte et donne un petit peu de lui-même et de ses ressources numériques, on peut décrypter le génome de la framboise. Nous l’avons décrypté. Nous avons mis quelques mois à le faire avec une communauté interconnectée et aujourd’hui le génome de la framboise, c’est un bien commun. Il est partagé à toute l’humanité et dans les années à venir, nos générations, j’espère pourront utiliser et consommer de la framboise en bien commun et pas seulement de la framboise Google ou autre.

Lionel POINSOT
Je ne voudrais pas revenir sur la framboise parce que le génome de la framboise, j’en serais bien incapable. Je voudrais revenir sur ce dont nous parlions avant quand nous parlions de nos écosystèmes ruraux, de la Métropole de Rennes, de celle de Lyon. En fait, il y a une chose qui est très claire, c’est que nous sommes tous en concurrence. Le but du jeu, c’est soit d’attirer des entreprises sur notre territoire, soit d’aider nos entreprises à se développer. Mais il est très clair que quand une entreprise aujourd’hui veut s’implanter sur un territoire, il y a de ça quelques années, on regardait s’il y avait des débits, des tuyaux. Après, les critères évoluent. Aujourd’hui, le territoire innovant est un des critères les plus élevés pour les critères d’implantation soit des établissements de grands Groupes, soit des entreprises internationales qui veulent venir s’implanter sur un territoire. Après, l’avantage de cette politique d’innovation, elle a un double effet levier, c’est qu’elle est aussi très efficace auprès des entreprises traditionnelles qui sont déjà implantées sur le territoire. C’est pour cela que cela justifie aujourd’hui que les collectivités portent ce type de message et c’est important de le faire parce que nous, les entreprises que nous rencontrons aujourd’hui, elles n’attendent malheureusement par rapport au thème de la conférence pas grand-chose des collectivités. C’est-à-dire que si vous demandez à une entreprise : « Qu’est-ce que la collectivité peut faire pour vous aider, pour innover ? » « Ah non, ça, c’est un domaine stratégique, c’est mon rôle interne, c’est moi qui le prends en charge et c’est mon domaine d’activité. » Eux n’attendent rien de nous deux. Par contre, il y a une vraie problématique à quand même faire des choses pour que notre territoire soit vu comme un territoire innovant pour favoriser les développements de ces écosystèmes parce que là nous avons une vraie valeur ajoutée et puis pour permettre à ces entreprises d’innover. Comme nous le disions, avec les start-up, il y a vraiment beaucoup de choses à faire et donc c’est un double effet levier de marketing territorial et de développement éco. Donc, une politique très positive à mon avis.

Norbert FRIANT
Sur la compétition, si cela crée l’émulation, pourquoi pas. Enfin, quand on est sportif, un vrai sportif, on n’attend pas la compétition extérieure, on est en compétition avec soi-même déjà. Je pense qu’il faut développer la boîte à outils territoriale, je vois cela comme une boîte à outils ouverte en fait sur les territoires. Il y a des éléments nécessaires en effet que nous avons observés, que vous avez très bien décryptés. Vous avez démontré par A + B que sur le territoire que vous représentez également aussi, vous avez su mettre en place ces éléments. Après, je pense que nous sommes dans l’interconnexion également aussi. On peut être champion du monde d’un élément et avoir besoin d’être interconnecté avec d’autres territoires. Ça ne sert à rien d’être moins performant si ailleurs on a une autre spécificité avec laquelle on peut s’interconnecter. Tu as parlé des tuyaux. En effet, c’est vrai que les interconnexions très haut débit, cela doit permettre aussi de faciliter, les tiers-lieux par exemple également et puis la rencontre physique qui sont absolument nécessaires. C’est pour cela que nous venons aux interconnectées également aussi pour se rencontrer et pour échanger plein de choses. Après, la French Tech est là aussi pour créer cette équipe de France en quelque sorte des Métropoles et des territoires au début. J’essaye de manière bienveillante aussi d’y participer. Je pense qu’à l’échelle de notre territoire national et de l’Europe, c’est intéressant. Si nous restons dans ces compétitions locales, à mon avis nous n’irons pas très loin. Je pense que nous avons en effet des grands enjeux à travailler dans le domaine de l’éducation, que l’école reste souveraine, qu’elle ne soit pas dépendante par exemple d’un type de logiciel si vous voyez ce que je veux dire, qu’elle reste cette souveraineté de la connaissance. Créer et développer chez nos plus jeunes cette capacité à se poser des questions, à réagir et ne pas voir de manière descendante un modèle prédéfini qui les obligera à travailler dans ce modèle là ensuite pour la suite de leurs activités. C’est aussi de la compétition avec nous-mêmes, sinon nous allons nous tromper de cible à mon avis. Nous allons nous tromper de cible.

Lionel POINSOT
Ce serait un peu facile de dire que Lyon a battu Rennes 1-0 hier. Je voudrais revenir sur quand même cet aspect de compétition. Tu parlais de la French Tech. La French Tech cultive cela. C’est-à-dire qu’aujourd’hui la boîte à outils, tout le monde la connaît à peu près : l’expérimentation, l’accompagnement des start-up, les écosystèmes, nous les mettons tous en place sur nos territoires. La boîte à outils est à peu près maîtrisée. À moins qu’il y en ait un qui ait une idée de génie, mais elle serait vite diffusée. Nous les mettons tous en œuvre dans nos territoires. Ce que dit le territoire, c’est que nous allons nous spécialiser. Je vais me spécialiser sur les Smart City, sur le médical, sur les objets connectés, peu importe le domaine de spécialisation, et d’ailleurs la French Tech a lancé les réseaux thématiques en labellisant des territoires sur des spécificités. Ils contribuent. Tu sais que c’était la maison commune, oui, je suis d’accord.

Norbert FRIANT
Je ne vais pas me faire que des amis, mais se spécialiser sur les objets connectés, nous sommes tous sur les objets connectés. Il y a 15 ou 20 ans, il y en a qui se seraient spécialisés sur l’internet. Ah non, parce qu’il y a 15 ans, il y en a qui disaient : « L’internet, c’est un phénomène de mode » et puis ce n’était surtout pas pour les vieux, surtout pas pour les gens qui n’ont pas fait d’études, surtout pas pour les gens qui sont à la campagne.

Christophe JUPPIN
Au niveau industriel, nous avons moins le problème. Nous ne lançons un écosystème industriel d’une volonté de quelqu’un qui va dire : « Maintenant, il faut vraiment un un écosystème industriel ». Nous sommes ancrés dans le réel bien que nous ayons besoin de tous les outils à notre disposition. Les collectivités ont mis en place la fibre dans le département de Haute-Marne parce que c’est un élément essentiel. Où que vous soyez, même dans un petit village, vous trouvez la fibre à votre porte, c’est essentiel et quand vous créez un produit, vous le créez avec votre partenaire, client, fournisseur et vous êtes obligé d’être sur des plateformes collaboratives pour faire une revue de projet et échanger. Enfin, si vous ne pouvez pas faire cela, il vous manque un bras. Actuellement, nous parlons beaucoup de l’impression additive. Vous êtes obligé de modéliser votre produit. Il faut savoir qu’il y a une conception qui est fondamentale, c’est d’ailleurs une conception qui n’a rien à voir avec les objets qu’on voit actuellement. Ce n’est pas une reproductivité, ce sont des nouveaux produits. Si nous n’avons pas les outils et que nous ne pouvons pas communiquer avec l’extérieur et que nous ne pouvons pas être en réseau, il faut absolument être en réseau, c’est essentiel. C’est vraiment la tendance indispensable.

Michel DUPOIZAT
On va peut-être demander dans quelques minutes à la salle s’il y a des questions sur cette thématique. Je ne vais pas vous pouvoir dire tout ce que j’ai retenu, mais beaucoup de changements comme vous l’avez dit : les notions de silos, on arrête, on casse et on met plutôt une aide à la transversalité et de la communication, de l’agilité, du test, des tas de comportements qui sont nouveaux pour certains et dans lesquels ils devront rentrer. Les jeunes semblent plus prêts et on disait l’espace-temps aussi aujourd’hui on a dit qu’il fallait aller vite et prendre le temps quand même d’aller vite, mais les générations qui arrivent sont encore plus prêtes que nous tous et bousculent encore cela, mais à des échéances de 10 ans, de 20 ans ou c’est carrément du 3-4-5 ans que les choses évoluent dans les mentalités des jeunes ?

Norbert FRIANT
Je vais vous parler des jeunes. J’observe. L’une des premières étapes, c’est d’être en attention déjà. Je vous observe, donc vos pratiques. Être en attention, observer les pratiques justement, c’est pour pouvoir les accompagner, les outiller et le lien par exemple dans un territoire et ses plus jeunes déjà. Vous savez, les ados, nous les retrouvons beaucoup sur Minecraft. Eh bien, nous avons fait des ateliers pour crafter avec eux le territoire et nous avons recrafté la Ville de Rennes, puis des communes périphériques parce que c’est aller de manière spontanée dans les communes et en fait c’était super intéressant. Ils nous ont renvoyé en pleine figure plein de signaux que nous n’avions pas observés, nous avec nos yeux de vieux, d’adultes et que nos aménageurs n’avaient pas observés non plus. Il y avait même des zones blanches, vous rendez compte ? Cela veut dire qu’ils n’y vont jamais. Il y avait même des zones transformées où ils faisaient des propositions qui finalement n’étaient pas stupides du tout en craftant et c’est vraiment du collaboratif. Ensuite, les communautés se rivalisaient, détruisaient certains quartiers, recréaient d’autres quartiers à leur façon. C’était marrant d’observer ces communautés justement. Nous observons les jeunes et en effet nous voyons qu’il y a des pratiques, des coutumes, des rites qui se mettent en place.

Norbert FRIANT
Snapchat, par exemple. Qui est sur Snapchat ? Vous voyez, vous êtes très jeunes. Qui s’informe avec Snapchat ? Les plus jeunes aujourd’hui s’informent avec Snapchat, nos enfants. Moi, c’est plutôt Twitter. Nous voyons bien qu’il y a des rites, des coutumes qui sont différentes déjà. Il faut les accepter. C’est cela l’inclusion également aussi, le participatif.

Christophe JUPPIN
Effectivement les jeunes, par exemple ceux qui vont sur Second Life, ont la capacité à créer des mondes, des métavers complets. Vous pouvez créer des objets, des habits, des cheveux, des châteaux, des végétaux. Vous n’avez aucune limite. Vous pouvez tous créer et c’est quand même assez passionnant pour eux.

Norbert FRIANT
Même votre jumeau numérique. Nous avons tous un jumeau ou une jumelle numérique. Votre identité numérique, à nous, à vous de la maîtriser justement, cette souveraineté. Ne pas laisser la place à d’autres pour maîtriser vos données. Par contre, il y a une acculturation par rapport à cela chez les plus jeunes parce que nous qui avons connu l’avant et l’après en quelque sorte, c’est la tour qui parle d’anthropocène. Nous sommes dans une nouvelle ère humaine probablement. Il y a eu l’avant et l’après-numérique. Nous sommes déjà dans le post-numérique.

Christophe JUPPIN
Ce qui va surtout changer énormément les données, c’est quand nous allons passer à l’intelligence augmentée. Nous avons déjà l’intelligence artificielle effectivement dans de nombreux domaines, notamment les banques. Vous avez même des ordinateurs qui sont membres de Conseils d’administration. C’est vraiment une tendance. Ce n’est pas uniquement un gadget, c’est vraiment une tendance lourde. Je pense que chaque personne va être maintenant assistée non seulement d’un Smartphone, mais d’une intelligence dans le Smartphone. Vous lui direz, « fais-moi un voyage de 8 jours dans le midi » et il s’occupera de tout et puis dans le monde du travail, de la production, ce sera une assistance considérable.
Cela va complètement changer les règles du jeu et je pense que nous avons du mal à imaginer tout ce qui va tout se passer.

Michel DUPOIZAT
Avant la conclusion, avez-vous une ou deux questions puisque vous savez ce débat est assez court. Nous avons été clairs où déjà le futur que vous leur prévoyez crée de nombreuses questions. C’est bien cela quand même. Il faut se préparer. Lionel, un mot de conclusion.

Lionel POINSOT
Pour terminer, je garderai quand même cette logique temps dont nous parlons quand même de façon récurrente depuis le début parce que quand nous parlions de boîte à outils, aujourd’hui les boîtes à outils, nous les connaissons, mais dans la difficulté de les mettre en œuvre, le facteur temps et est un facteur extrêmement important parce que le temps de l’université, ce n’est pas le temps de l’entreprise, ce n’est pas le temps de la start-up et ce n’est pas le temps de l’innovation numérique. Quand nous parlons d’écosystèmes, le challenge pour mettre en œuvre un écosystème favorable au développement d’un projet d’innovation sur une entreprise, cela va être de conjuguer ces temps-là où nous allons avoir l’École d’Ingénieurs qui va nous dire : « Non, pour moi c’est une période de vacances scolaires. Là je ne peux pas. » Où nous allons avoir l’entreprise qui nous dit : « Je dois avoir un livrable pour la semaine prochaine. Là, il faut que ce soit fait. » Où nous allons avoir le chercheur qui va nous dire : « Je travaillerai ce week-end dessus parce que là je ne peux pas, j’ai d’autres conférences à faire. » De conjuguer ces temps-là, ça résume bien la problématique du numérique parce que le numérique vient chambouler cet espace-temps. Nous allons beaucoup plus vite, nous n’allons pas rentrer dans tous les détails parce que les implications du temps et du numérique sont très nombreuses, mais dans le cadre des politiques d’innovation sur les territoires, elles ont un rôle non neutre et d’avoir la capacité de le maîtriser au mieux, c’est un des critères de réussite de mise en œuvre d’une partie de la boîte à outils. D’une partie de la boîte à outils. Voilà ce que je retiens de leurs conclusions.

Michel DUPOIZAT
Importance du facteur temps alors.

Christophe JUPPIN
Nous pourrions dire beaucoup de choses sur le transfert de technologie et le monde de l’entreprise et de l’université. C’est vraiment un point clé sur lequel il faut maximiser les relations, c’est vraiment fondamental. Par exemple, la mise en place de dispositifs CIFRE. Il faut vraiment que les entreprises, même des start-up n’hésitent pas à prendre de l’intelligence dans leurs entreprises, même si la personne a plus de qualifications que le chef d’entreprise. On s’en fiche. Il faut vraiment avancer et véritablement, l’entreprise, c’est le reflet des personnes qui la composent, il faut nouer des partenariats entreprises/universités, c’est quelque chose de très important. Pour revenir à l’intitulé d’aujourd’hui, « Collectivité, entreprise qui est leader de l’innovation ? » est-ce que sont les collectivités, est-ce que ce sont les entreprises ? Quelque part, je pense que ce sont les entreprises, et que tout vient de là, de la production du salarié déjà, aidé avec son environnement connecté et puis l’entreprise et les collectivités à l’écoute des besoins des entreprises vont proposer le meilleur écosystème et les meilleurs dispositifs.

Norbert FRIANT
Oui. Tout à fait. Cela me fait penser à la formation et la compétence. Je pense qu’il faut vraiment voir leur compétence comme un flux et beaucoup moins comme un stock. Comme on nous l’a appris et enseigné depuis longtemps, un flux cela circule, c’est du mouvement. Cela se partage et c’est surtout cela, c’est ce partage de compétences en fait qui va créer du lien, de toute façon, cette interconnexion entre les habitants, entre les entreprises, entre différends mondes en fait. Le numérique nous apporte cette chance, cette interconnexion.

Michel DUPOIZAT
Vous avez insisté sur le fait de dire qu’il n’y a pas que l’interconnexion je veux dire physique, qui est complémentaire. Dans tout ce que vous dites depuis le début, ce n’est pas l’un à la place de l’autre, c’est constamment l’un avec l’autre, avec des modifications de l’un, de l’autre, voire des temps différents comme cela a été dit : cet écosystème globalement.

Christophe JUPPIN
Je constate que dans les entreprises, nous avons beaucoup de salariés qui sont en contact avec soit le client, le fournisseur. Mais quelquefois, ils vont sur un Salon, ils voient la personne avec qui ils sont en contact depuis deux ans et là les rapports changent. Cela devient véritablement du partenariat, même souvent de l’amitié et on est beaucoup plus fort quand on a ce lien ce lien humain qui vient compléter le lien virtuel.

Michel DUPOIZAT
L’interconnexion totale.

Norbert FRIANT
Confiance, envie, plaisir.

Michel DUPOIZAT
Mesdames, Messieurs, nous avions pris l’engagement de 45 minutes, nous avons démarré quelques minutes après. Merci de votre attention en tous les cas et puis profitez bien de cette manifestation. Merci aux intervenants pour cet échange. Merci beaucoup, vous pouvez les applaudir. Merci.

Publié le 12 décembre 2016 sur https://www.youtube.com


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Christophe Juppin-Marne a été responsable Innovation pour valoriser le Pôle technologique Sud Champagne de janvier 2014 à septembre 2021.

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