Les nouvelles technologies : l’avenir de l’agriculture le 10 février 2023 Une agriculture de précision pour optimiser les exploitations.

, par TRIDON Joffrey

Le Lycée agricole Edgard Pisani a accueilli, vendredi 10 février 2023, la coopérative agricole EMC2. Ses techniciens y ont présenté le dispositif “Be Api” qui consiste à la mise en place d’une agriculture de précision.


Comment mieux utiliser ses intrants tout en conservant ou en bonifiant ses rendements ? Voici le pari osé de l’agriculture de précision qui avance, aussi, une contribution positive à la préservation de l’environnement. Si la prise de conscience d’un intérêt pour ce type d’agriculture apparaît en France dans les années 2000, du côté de la Normandie, le nombre d’exploitants à y avoir recours s’est multiplié par deux sur ces dernières années.

En Haute-Marne, territoire qui a tiré cette nouvelle démarche vers le haut en Grand Est, 42 agriculteurs misent sur ce principe pour optimiser leur exploitation. La coopérative agricole EMC2, propose à ses adhérents le dispositif “BeApi”, que les techniciens ont présenté aux étudiants du lycée agricole Edgard Pisani, de Chamarandes-Choignes , le vendredi 10 février 2023. Une conférence, suivie de trois ateliers spécifiques, a été proposée.

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Des logiciels embarqués et des balises GPS équipent le matériel agricole, facilitant le développement de l’agriculture de précision.

Analyses intra-parcellaires

API pour Agriculture de précision innovante. Il s’agit d’un réseau de coopératives dans lequel s’est engagé EMC2. L’agriculture de précision est un principe de gestion des parcelles qui veut « apporter la bonne dose au bon endroit ». Avec l’envolée des prix de l’unité d’azote, le dispositif se présente comme une solution pour optimiser ses investissements, plus particulièrement en matière d’intrant, en analysant les parcelles agricoles par échelles intra-parcellaires.

Les parcelles agricoles d’aujourd’hui sont un regroupement de plusieurs petites parcelles effectué dans les années 70. Chacune a sa propre histoire, de cultures et des méthodes différentes qui agissent sur le potentiel fertilisant du sol. De fait, le champ dans sa globalité est très hétérogène. Ainsi, une application de manière homogène d’engrais peut s’avérer parfois infructueuse avec un taux de fuite d’éléments plus ou moins important.

Benoit Malinger est l’un des premiers en Haute-Marne à s’être lancé dans l’agriculture de précision en 2017. « Dès que j’ai repris l’exploitation, j’ai priorisé une modernisation du parc matériel, notamment équipé de GPS. Je savais l’hétérogénéité de mon exploitation, mais le diagnostic apporté par le dispositif m’a permis d’en apprendre davantage ». En effet, il découvre des différences d’enracinement allant de 15 cm à 130 cm de profondeur dans la même parcelle.

Interprétation de données

Le dispositif “Be Api” s’établit sur deux diagnostics, l’un est intitulé “Fertilité”, l’autre “Potentiel”. « Le premier s’effectue d’octobre à février et consiste en une analyse de sols et d’établir un protocole sur dix ans. On envoie un champ électrique dans le sol. Son retour va nous montrer la variation des types de sol et leur réserve hydrique », explique Florian Tridon, technicien de la coopérative agricole EMC2, référent “Be Api” sur la Haute-Marne.

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Florian Tridon, technicien de la coopérative agricole EMC2, référent “Be Api” sur la Haute-Marne.

« Des fosses podologiques nous permettent également d’interpréter beaucoup d’éléments, notamment les teneurs argilocalcaires de la terre ». Le second diagnostique est valable à vie et développe une carte de modulation des apports en azote basée sur le potentiel des sols suite à l’analyse de chaque ancienne parcelle avant remembrement.

Ce carottage est réalisé un peu partout dans la parcelle et permet d’obtenir un ensemble de données. Les terres sont ainsi classées par zones de potentiel auxquelles les techniciens attitrent des objectifs de rendement, et un apport en azote adapté. Benoit Malinger a constaté, l’année suivant ses essais, des vertus sur ses parcelles à la fois visuelles et de production. « Sur certaines zones, j’ai diminué ma dose d’intrant, et j’obtiens le même rendement. Donc il y a une économie claire de réaliser. »

L’agriculture arrive dans sa troisième révolution permise, justement, par les nouvelles technologies. L’agriculture de précision s’appuie ainsi sur l’utilisation de la télédétection et des données obtenues par géolocalisation. Le machinisme a également évolué ; les semoirs, les pulvérisateurs sont désormais capables de régler, une fois programmés, les doses précises et optimales en fonction des données GPS. Les moissonneuses récentes sont équipées de calculateur à rendement qui relève des données importantes.

Selon les techniciens, l’agriculture de précision devrait poursuivre sur sa lancée de développement. Son entrée dans la PAC 2023 est un facteur jouant en ce sens puisque la pratique est ainsi reconnue par l’instance européenne. De plus, le développement du machinisme le permet et le prix des engrais ne diminue pas. Ce qui implique aux agriculteurs une nouvelle gestion de ces intrants. A l’heure actuelle, le dispositif “Be Api” représente 25 % des analyses de terre en France.

Joffrey Tridon

j.tridon@jhm.fr

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Elaboration d’une carte de la biomasse par zone selon la fertilité-potentiel, selon Kg par Ha ou par zone “Be Api” (Kg.Ha)

Publié par Joffrey Tridon dans le JHM (Journal de la Haute-Marne) n°10396 du dimanche 19 février 2023 en page 8 https://jhm.fr

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Publié par Joffrey Tridon dans le JHM (Journal de la Haute-Marne) n°10396 du dimanche 19 février 2023 en page 8 https://jhm.fr

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Eléves et exploitants étaient conviés à cette demi-journée de présentation.

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