Nicolas BOUZOU, le regard de l’expert

, par Nicolas BOUZOU

Seulement 19 mois se sont écoulés depuis sa première visio-conférence avec le Grand Est en avril 2020 mais Nicolas BOUZOU en atteste, la situation est sans comparaison. En quoi a-t-elle évolué, pour quelles raisons et surtout, comment agir pour continuer d’accompagner sa croissance, c’est-à-dire, pour construire ensemble les 20 ans qui viennent… Sur tous ces points, son analyse économique et sociale offre des réponses à méditer.


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Nicolas BOUZOU, Président chez Les Rencontres de l’Avenir.

Nicolas BOUZOU est économiste et essayiste. En 2006, il a créé le très réputé cabinet d’études économiques Asterès, avant de cofonder en 2015, le Cercle de Belem, un groupe de réflexion libéral et progressiste résolument ouvert sur le monde. Directeur d’études à l’Université Paris II – Assas, il est également Vice-Président du Cercle Turgot et éminent conférencier


Pourquoi le Grand Est vous intéresse-t-il ?

Je pourrais répondre que je suis lorrain par alliance et même, messin de cœur mais le fait est que cela va bien au-delà.
Le Grand Est est un laboratoire. Trois raisons à cela.
 Déjà, il possède une industrie. C’est son socle. Or, ce socle est désormais un sujet de transformation. Après des années difficiles, il est entré dans un mouvement positif. Les questions de l’automatisation, la robotisation, l’IA, la 5G… Toutes sont déterminantes.
 Ensuite, la Région Grand Est est indissociable de son emplacement géographique. Elle est frontalière avec quatre pays européens, dans un contexte où la logistique se développe et se modifie. Cela mérite attention.
 Et enfin, ce territoire compte des villes moyennes qui ont un coup à jouer – Reims, Nancy et Metz, en particulier. Je suis passionné par le territoire du Grand Est. Verdun, Bar-le-Duc… Metz encore, l’une des plus belles villes d’Europe. Par conséquent, oui, il y a des problèmes de main d’œuvre dans l’industrie. C’est un fait. Mais, même si la fusion des Régions a compliqué les politiques locales, l’attractivité des territoires est à réfléchir.

En quoi le Business Act est une réponse différente à ce que font d’autres territoires ?

En représentant l’articulation entre les territoires et la Région, justement, et encore entre la Région et l’État, le Business Act a su s’appuyer sur la crise pour faire en sorte que tout le monde se mobilise : public, privé, État, Région. Le ferment a été et demeure la confiance. C’est cela qui permet d’aller de l’avant. Par ailleurs le Président de Région, Jean Rottner, est une personnalité consensuelle : il rassemble. Il n’est ni brutal, ni clivant. C’est une chance.

Pourquoi faut-il un Business Act #2 ?

Le contexte économique n’est plus le même. On n’est plus dans la crise. Le Business Act Grand Est était un plan de protection et de relance de l’économie pour faire face à une situation grave. Je me souviendrai toute ma vie de notre première session ensemble… J’étais confiné à Londres, rien n’était sûr, nulle part… Cela allait très mal !
Les choses n’ont plus rien à voir aujourd’hui. On est sorti de cette incertitude économique, a fortiori avec l’arrivée de cette 3e dose du vaccin contre le Covid qui est efficace dès 48h. En revanche, il faut un Business Act #2. L’idée est ici d’accompagner la croissance structurelle, bien sûr. Nous en avons besoin. Nous devons même viser le double de ce que nous connaissions avant la crise si nous voulons construire sur 20 ans.

Diriez-vous, comme Philippe Dessertine, qu’il faut créer de la croissance avec les « Euro-covids » ?

Absolument. Il faut que le Plan soit en adéquation avec un soutien à l’offre. Pourquoi ? Parce que la demande est supérieure à l’offre aujourd’hui. Donc il faut renforcer l’offre. Concrètement, cela signifie qu’il faut accompagner l’installation d’usines nouvelles, une question qui renvoie à l’attractivité des territoires autant qu’à la simplification administrative. Et puis il faut aussi une modernisation de l’économie. Là, il convient d’entendre trois enjeux.
 Premièrement, cela soustend la question des nouvelles technologies. Deux aspects sont à prendre en compte quant on parle de l’innovation : la production et l’usage. Il faut que les deux bouts de la chaîne adoptent les nouvelles technologies.
 Deuxièmement, cela soulève la question environnementale. La production de l’énergie décarbonée doit être augmentée, surtout si on veut des poids lourds qui roulent à l’électricité, des avions qui volent à l’électricité et désormais même, un haut fourneau qui fonctionne à l’électricité ! Cependant, en Grand Est, la transformation environnementale est indissociable d’un autre grand chantier : la rénovation des bâtiments. Cela commence par la pose de double-vitrages, évidemment. Or, le problème n’est pas tant un problème d’argent ; c’est le manque de main d’œuvre. Toujours et encore !
 Et troisièmement, nous arrivons à la question de la modernisation du contrat social. Pour être plus explicite, celui qui travaille 40 heures par semaine doit pouvoir prétendre à un revenu correct. Ce dernier point est plus que jamais crucial puisque nous sommes en pénurie de main d’œuvre. La formation professionnelle est alors la solution ; en cela, elle devient un enjeu à part entière.

Quels sont les trois conseils que vous donneriez à la Région Grand Est et à l’État en région ?

 Au regard de ce que nous venons de voir, mon premier conseil serait de simplifier au maximum l’implantation des unités de production – ce qui demande une volonté politique forte.
 Mon deuxième conseil porterait évidemment sur le sujet des ressources en main d’œuvre. Là, nous avons évoqué l’importance d’investir sur la formation, mais il y a sans doute aussi une réflexion à mener avec Pôle emploi.
 Quant à mon troisième conseil, il est complexe à prodiguer car il se heurte au mal du Grand Est : la modestie ! Le Grand Est ne sait pas vendre ses territoires. Un messin n’est pas conscient qu’il vit dans une belle ville, à tel point que quand un parisien le lui dit, il prend cela pour de la flatterie.


Publié par Nicolas BOUZOU le 10 décembre 2021 dans https://www.grandest-ba.fr


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Jean-Louis Amat, PhD 🇪🇺 @jlamat · 19 mai 2020
Pour ceux qui ont loupé l’intervention de Nicolas Bouzou dans sa Master Class #Economie du Business Act #GrandEst, vous pouvez regarder le replay https://grandest-ba.fr/cycle-de-master-class/macro-economie-avec-nicolas-bouzou/
@nbouzou
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Ardennes Développement @ArdennesDev · 19 mai 2020
Master Class de Nicolas Bouzou sur la Macro-économie dans le cadre du "business act" #GrandEst. Réunion animée par @Prefet67 et @JeanROTTNER.
Le Président d’Ardennes Développement, Benoît Mercier, participe au débat.
@nbouzou #economie #Ardennes
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MASSENEZ MANOU @manou61269464 · 10 déc. 2021
360 Grand Est Business Act 2
Le plan de relance et de transformation du Grand Est avec Nicolas BOUZOU
Un atelier très intéressanet innovant :
Les bénéfices de la meditation sur le leadership par le Dr Jean Gérard Bloch #grandest #ifpcm #360grandest
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MASSENEZ MANOU @manou61269464 ·10 déc. 2021
plan de relance, de transformation du Grand Est animé par Lionel Augier Mme la Prefete de Région
Annonce du Président partenariat conseiller du commerce extérieur grand est avec la Region Grand Est portant sur VIE aide aux jeunes diplômés à trouver un emploi à l’international

Pour en savoir plus :

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