Ornella Bertrand, une paléontologue d’Eclaron publiée dans la revue “Science” le 31 mars 1022

, par Pierre-Julien PRIEUR

Le 31 mars 1022, la prestigieuse revue américaine “Science” publiait un article de la paléontologue Ornella Bertrand. Une belle récompense pour cette Eclaronnaise, à qui des professeurs bragards avaient conseillé de poursuivre des études… littéraires.


C’est l’une des plus prestigieuses revues scientifiques du monde. Le 31 mars 2022, le magazine américain “Science” publiait un article sur le développement des mammifères, après l’extinction des dinosaures. Un article consacré aux recherches de la paléontologue Ornella Bertrand, originaire d’Eclaron, en Haute-Marne, qui travaille aujourd’hui pour l’Ecole des sciences de la Terre de l’Université d’Édimbourg. Une belle récompense, mais aussi « une belle revanche  ».

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Ornella Bertrand a travaillé à partir de fossiles, notamment un retrouvé près de Reims. (Photo D.R.)

« Certains professeurs me disaient de faire des études de Lettres, car je n’avais pas de bonnes notes en maths. » , Ornella Bertrand, Paléontologue à l’Université d’Edimbourg.

« Je n’ai jamais été la meilleure durant mon parcours scolaire, à Eclaron, situés à environ dix kilomètres au sud de Saint-Dizier, puis au collège de La Noue et au lycée Saint-Exupéry  », se souvient la paléontologue. « Certains professeurs me disaient de faire des études de Lettres, car je n’avais pas de bonnes notes en maths. » Mais l’Eclaronnaise préfère les sciences. « Je suis de la génération Jurassic Park. J’ai toujours été passionnée par les sciences. Petite, j’étais abonnée à tout un tas de magazines scientifiques. » Alors elle s’est battue, encouragée par sa mère et par ses professeurs de SVT du lycée Saint-Exupéry, « des professeurs passionnés qui m’ont fait aimer cette matière. J’en ai bavé, mais j’ai quand même obtenu un Bac S. »

« Ma maman pensait que j’allais me faire dévorer ! »

En 2004, Ornella Bertrand entame une licence à l’Université de Nancy. « J’étais à fond dans les animaux et leur comportement. Le métier d’éthologue m’intéressait beaucoup. Je voulais aller observer les tigres, au grand désarroi de ma maman qui pensait que j’allais me faire dévorer !  » Licence en poche, deux options s’offrent à elle : un master en écologie à Paris ou un autre sur l’histoire des espèces du passé, à Montpellier. « J’ai été acceptée à Paris, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai refusé et j’ai opté pour la paléontologie. »

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En 2004, Ornella Bertrand entame une licence à l’Université de Nancy. (Photo D.R.)

« J’ai dû reprendre quelques cours de licence, car je n’avais pas le niveau dans certaines matières. Et puis il a fallu choisir un sujet. Je ne voulais pas étudier les petits mammifères. Je les trouvais moins intéressants  », avoue la paléontologue. « Pour mon Master 2, je suis malgré tout partie sur les relations de parenté chez les rongeurs. Et petit-à-petit, j’ai commencé à aimer ces petits rongeurs…  »

New York, Toronto…

Alors que tout semble sourire à l’Eclaronnaise, une nouvelle embûche se dresse sur son parcours. « Je n’ai pas obtenu les notes suffisantes pour aller en thèse, alors je suis rentrée chez moi avec mon master. » Persévérante, Ornella Bertrand a toutefois su rebondir. « J’ai appris qu’au Musée d’Histoire naturelle de New York, un chercheur travaillait sur les rongeurs. Je lui ai envoyé un mail comme j’ai pu, car mon niveau d’anglais n’était pas très bon ! »

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La paléontologue décroche une bourse de recherches et s’envole pour les Etats-Unis.

Et ça a marché ! La paléontologue décroche une bourse de recherches et s’envole pour les Etats-Unis. Une révélation. « Ça marque véritablement le début de mon parcours.  » Là-bas, elle rencontre sa future directrice de thèse, qui lui propose de travailler sur le cerveau des rongeurs. «  Je n’y connaissais pas grand-chose, mais dans la recherche, ce ne sont pas forcément les connaissances qui comptent. La motivation et le travail permettent d’apprendre. » Direction Toronto, au Canada, pour travailler sur sa thèse.

« J’ai un projet pour toi »

Commencent alors les publications dans des revues scientifiques. Puis les premières heures d’enseignement, en Californie. « C’est là que j’ai reçu un mail d’un professeur spécialisé sur les dinosaures. Il m’a dit : “J’ai un projet pour toi. On aimerait savoir si c’est l’intelligence des mammifères qui leur a permis de survivre à l’extinction des dinosaures.”  » La paléontologue démarre ses travaux sur le sujet en 2017, et rejoint l’Université d’Edimbourg l’année suivante.

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Steve Brusatte, de l’Ecole des sciences de la Terre de l’Université d’Édimbourg, a aidé la paléontologue Ornella Bertrand dans ses recherches. (Photo D.R.)

Soutenues par la bourse Marie-Curie du Conseil européen, ses recherches lui permettent de découvrir que les mammifères qui ont survécu à l’impact de l’astéroïde qui a tué les dinosaures ont augmenté leur masse corporelle plus rapidement que leur cerveau. Ce n’est donc pas grâce à leur intelligence qu’ils ont survécu à l’extinction, comme les scientifiques le pensait jusqu’alors.

« J’aimerais bien revenir en France »

Depuis 2020, la paléontologue a poursuivi ses recherches sur les relations entre ces mammifères du Crétacé et ceux de notre époque. Des travaux qui doivent s’achever en octobre. Et après ? Rien n’est encore acté. «  J’aimerais bien revenir en France et pourquoi pas à Saint-Dizier », conclut celle qui souhaiterait, à terme, créer son propre laboratoire de recherches. « Je connais bien le Musée de Saint-Dizier. J’y allais très souvent quand j’étais petite. La momie me terrifiait mais, en même temps, je ne pouvais pas m’empêcher de la regarder. Et puis il y a les fossiles. Et l’iguanodon ! Ce serait bien de pouvoir développer les collections paléontologiques du Musée. S’ils ont besoin d’aide pour ça, je serais là ! »

P.-J. P.

pj.prieur@jhm.fr


Publié par Pierre-Julien Prieur le 10 avril 1022 dans le journal de la Haute-Marne (JHM) . http://www.jhm.fr


Pas d’iguanodon sans les Crassées !

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Les premières fouilles archéologiques du site des Crassées remontent aux années 1960.

Les premières fouilles archéologiques du site des Crassées remontent aux années 1960. Des fouilles menées dans le but de sauver la villa gallo-romaine de la construction du canal d’amenée. Car à cette époque, il était prévu qu’il passe à proximité de ce trésor archéologique. Finalement, le tracé du canal d’amenée du lac du Der a été revu, permettant de découvrir le squelette du dinosaure. Autant dire que sans le site des Crassées, les Bragards n’auraient peut-être jamais connu l’iguanodon !

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La taille des vertèbres caudales de l’iguanodon laisse imaginer son envergure totale. Quasiment entier, ce squelette de dinosaure a été découvert derrière le stade Jacquin, en juillet 1971, à l’occasion du creusement du canal d’amenée du Der.

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