Rencontre inter-RDT « Exemples de nouveaux matériaux à base d’agro-ressources » le 19 octobre 2006 à Reims RDT Champagne-Ardenne, Limousin, de Bourgogne, d’Aquitaine, de Midi-Pyrénées, de Haute-Normandie/Centre et de Picardie.

, par Christophe Juppin, Frédéric MARAIS

Le Réseau de Développement Technologique (RDT) de Champagne-Ardenne a organisé une rencontre technologique inter-RDT en partenariat avec EUROPOL’AGRO et les RDT Limousin, Bourgogne,Aquitaine, Midi-Pyrénées, Haute-Normandie, Centre et Picardie. Cette Rencontre technologique inter-RDT avait pour théme « Exemples de nouveaux matériaux solides à base d’agro-ressources sur le marché » le 19 octobre 2006 à Reims 9h à 13h au Centre des Congrès de Reims.

« Rencontre » inter-RDT : des échanges fructueux

Le Réseau de développement technologique de Champagne-Ardenne organisait pour la première fois le 19 octobre 2006 à Reims une rencontre inter-RDT qui a réuni ses homologues du Limousin, de Bourgogne, d’Aquitaine, de Midi-Pyrénées, de Haute-Normandie/Centre et de Picardie.

Environ quatre-vingts dix personnes ont assisté à cette manifestation qui s’est déroulée pendant le forum Innovact, 11e édition du forum européen de la jeune entreprise innovante, Journée de Valorisations Industrielles des Agro-Ressources
sur un thème collant à l’actualité locale : l’utilisation de nouveaux matériaux solides à base d’agroressources. Mais cette rencontre, ponctuée de nombreux témoignages, a servi à démontrer que notre région n’était pas la seule à plancher sur la raffinerie verte, autrement dit l’utilisation du végétal pour pallier la disparition programmée des autres ressources naturelles.

A cet égard, la région Midi-Pyrénées semble particulièrement bien avancée puisqu’une halle de démonstration des agromatériaux est sur le point de voir le jour. Il s’agit d’une sorte de mini-usine qui permettra de fabriquer des préséries, au stade intermédiaire entre le laboratoire de recherche et l’industriel. Ce sera une première en France, voire en Europe.

L’éventail des possibilités données par la plante entière semble infini, comme l’ont montré les travaux présentés par les chercheurs et les industriels conviés à la réunion. A l’image de Végéplast, dont la multiplicité de produits entièrement biodégradables lui a valu tout simplement de remporter le 4e concours européen Agroressources et Innovation. « Les participants sont sortis confortés dans leur travail de cette rencontre, commente le directeur du RDT Champagne-Ardenne, Christophe Juppin. Elle leur a permis aussi de prendre contact entre eux, de se rencontrer et d’échanger. »

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Rencontre technologique inter-RDT : Exemples de nouveaux matériauxsolides à base d’agro-ressourcessur le marché le 19 octobre 2006 à Reims

Une révolution dans l’industrie a commencé : utiliser la plante entière pour en extraire les “briques élémentaires”au service d’une croissance économique mondiale record qui épuise nos ressources. La “Chimie verte travaille sur toutes les parties de la plante : la tige, le rafle et le grain de maïs, le chènevis, la fibre et la chéne-votte du chanvre, la paille de blé, le tourteau de tournesol ou la sciure de bois, etc... Il existe aujourd’hui une farandole de produits propres à séduire quantité d’industriels. Le monde des matériaux va probablement devenir l’un des débouchés majeurs des coproduits issus de l’agriculture. Nous vous proposons de venir découvrir quelques exemples d’applications qui sont dès maintenant sur le marché.

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Jacky Vandeputte : l’avenir appartient aux biomolécules et à la "Chimie verte" . Le pôle IAR IAR est le Pôle de la Bioéconomie français de référence, en Europe et à l’international.

Jacky Vandeputte : l’avenir appartient aux biomolécules. Le pôle de compétitivité à vocation mondiale Industries et Agroressources, qui réunit la Champagne-Ardenne et la Picardie, profitera de sa présence à Innovact pour présenter officiellement sa plate-forme d’intelligence économique. «  Cet outil de veille stratégique est une mine pour les adhérents du pôle, indique son ingénieur projet, Jacky Vandeputte. Il est alimenté par de très nombreux contributeurs. On y trouve des informations sur la recherche, les évolutions technologiques, les nouveaux produits, les opportunités de marché, la réglementation, etc. » Cette plate-forme complète la panoplie d’un pôle qui s’est donné pour vocation de faire émerger des projets industriels ou de R&D dans le domaine de la bioraffinerie, de participer à leur montage et de susciter leur financement. Le pôle IAR articule ses actions autour de quatre axes : les auxiliaires et ingrédients alimentaires, les bioénergies (biocarburants, production de chaleur et d’électricité), les biomatériaux et les biomolécules : agrosolvants, biolubrifiants, détergents verts, tensioactifs, produits cosmétiques et pharmaceutiques, intermédiaires chimiques (que l’on désigne par le terme de chimie verte). « C’est le marché des biomolécules qui est le plus prometteur, souligne Jacky Vandeputte, celui qui génère le plus de valeur ajoutée. On estime que 20 % de la chimie de demain sera élaborée à partir de plantes. » Le champ des agromatériaux semble également illimité. « Soit par la remise au goût du jour de certaines techniques de construction dans le bâtiment, soit par le recours à l’innovation, précise l’ingénieur projet du pôle. Cela va du tableau de bord de voiture en chanvre aux bandes blanches peintes sur la chaussée en fibres végétales, en passant par le gel antifeu fabriqué avec de la fécule de pomme de terre.  » Le pôle IAR, qui s’appuie sur un vivier de 800 chercheurs et un réservoir de 3 millions d’hectares de surfaces agricoles, affiche comme ambition de devenir le leader européen de la valorisation non alimentaire du végétal d’ici à 2015.


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Pierre Krausz : transformer la biomasse en plastique

Pierre Krausz : transformer la biomasse en plastique. Le laboratoire de chimie des substances naturelles que dirige le professeur Pierre Krausz à l’université de Limoges (Limousin) travaille sur la valorisation de la biomasse. Il s’agit de fixer la cellulose présente naturellement dans le son de blé ou de maïs et la sciure de bois avec des acides gras, pour la transformer en matière plastique biodégradable. « Ce biopolymère peut recevoir différentes applications, indique le chercheur, en particulier dans l’emballage et le paillage agricole, lequel consiste à recouvrir les champs pendant l’hiver. Mais nous avons aussi été sollicités pour fabriquer des vernis ou des récipients, et même des bourres de chasse.  » Ces recherches, qui ont donné lieu à plusieurs brevets et publications, n’ont pas encore franchi le cap de la production industrielle. Pierre Krausz espère qu’elles aboutiront prochainement à un transfert de technologie. Le surcoût reste un obstacle, puisque ces plastiques d’origine végétale sont de 50 à 60 % plus chers que leurs équivalents issus des énergies fossiles. Leur fabrication en série devrait cependant en abaisser le prix et permettre à ce type de matériau de dépasser lemodeste 0,17 % qu’il occupe sur le marché des polymères. C’est d’ailleurs l’un des deux messages que souhaite faire passer au cours d’Innovact le directeur de laboratoire limougeaud : le pétrole se raréfie et les biomatériaux constituent d’avantageuses solutions de remplacement aux produits issus de la pétrochimie. Le second message qu’entend délivrer le professeur Krausz, c’est l’inanité de l’opposition que certains font encore parfois entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. L’exploitation des coproduits agricoles se situe précisément à la croisée des chemins.


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Gérard Mougin : renforcer le plastique avec des fibres de chanvre. Automotive Performance Materials (APM) à Fontaine-lès-Dijon (Côte-d’Or) , co-entreprise (Faurecia/Interval ) est l’héritière d’AFT Plasturgie à Fontaine-lès-Dijon que les producteurs de chanvre de La Chanvrière de l’Aube et d’Interval avaient créée en 2001.

Gérard Mougin : renforcer le plastique avec des fibres de chanvre. Créée à l’initiative de la filière chanvre, la société AFT Plasturgie, près de Dijon (Bourgogne), travaille depuis cinq ans à la mise au point d’un procédé permettant de renforcer les matières plastiques avec des fibres d’origine végétale, et plus particulièrement donc avec des fibres de chanvre. « Celles-ci permettent de remplacer la fibre de verre, précise le PDG de l’entreprise, Gérard Mougin, en offrant la même résistance. Au fil de nos recherches, nous leur avons également découvert des propriétés qu’on ne soupçonnait pas : le chanvre tient très bien à la chaleur et, en injection, il se traduit par un gain de temps de cycle et un gain sur les rebuts, avec moins de défauts. » En d’autres termes, ses propriétés mécaniques importantes se conjuguent avec des prix compétitifs. Ce produit, que l’on pourrait presque qualifier de miraculeux s’il n’était le fruit d’un patient labeur, peut recevoir de multiples applications dans les trois grands secteurs de la plasturgie : le bâtiment, pour les profilés extérieurs, les bardages, les sols et les terrasses ; l’automobile, pour des pièces extérieures et intérieures et des pièces sous capot ; le packaging et la manutention, pour des caisses, des palettes, etc. Gérard Mougin s’attend à voir le marché décoller rapidement, d’autant que sa société est la seule pour l’instant à occuper le créneau. Prévoyante, elle a déjà programmé la construction d’une nouvelle usine qui permettra de produire 40 000 tonnes, dès que la capacité actuelle de production (5 000 tonnes) sera atteinte. AFT Plasturgie n’a du reste pas terminé sa croissance. « Nous avons encore une dizaine d’années de développement du procédé devant nous, indique le PDG. Nos planchons actuellement sur le remplacement des polymères d’origine fossile par des polymères d’origine végétale. Combinés avec un renfort en fibres de chanvre, ces produits seront ainsi 100 % naturels. » Les chercheurs ont obtenu un coup de pouce de la part des pouvoirs publics, puisque l’un de leurs projets a été labellisé dans le cadre du pôle de compétitivité Industries et Agroressources.


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Marc Lanciaux : l’amidon à tout faire

Marc Lanciaux :l’amidon à tout faire. Installé à l’Agropôle d’Agen (Aquitaine), Marc Lanciaux est le spécialiste de la palette en amidon. Fondateur et PDG de BioCréation, cet ancien de l’agroalimentaire est l’apôtre d’un matériau dont il loue la légèreté et la résistance au feu et à l’eau.«  Une palette végétale ne pèse plus que 4 kilos, explique-t-il,contre 22 kilos pour une palette ordinaire. » Du coup, on peut en charger beaucoup plus sur un camion : jusqu’à 8 000. Elles présentent en outre l’avantage de pouvoir être mises en forme sur le lieu d’utilisation. Et cerise sur le gâteau, ces palettes biodégradables peuvent être transformées en briquettes pour inserts après usage. L’amidon peut aussi servir à fabriquer des barquettes, des pièces de calage, ou encore des dalles de béton précontraint dans l’industrie du bâtiment. Seul inconvénient, ce biomatériau coûte encore un peu plus cher que les polymères conventionnels. Mais les agroemballages représentent un potentiel de croissance et d’emploi tout à fait intéressant pour le secteur agricole et industriel. Il apporte aussi sa contribution au développement durable. Lequel apparaît à Marc Lanciaux comme « une nécessité absolue ». A ses yeux, l’écobilan d’un produit doit se faire en considérant l’énergie globale qu’il a consommée tout au long de sa vie, en mesurant donc le volume de CO2 dégagé, au-delà du simple fait que ce produit est biodégradable


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Patrice Dole : tresser le jonc d’amidon

Patrice Dole : tresser le jonc d’amidon. Chercheur à l’Inra de Reims (Champagne-Ardenne), Patrice Dole se rend à Innovact moins dans l’idée de présenter l’aboutissement de ses recherches que de « faire passer un message ». L’idée-force étant grosso modo la suivante : inutile d’essayer de concurrencer le plastique sur son terrain avec l’amidon plastifié dont les propriétés mécaniques se sont avérées insuffisantes. Il est notamment beaucoup plus cassant.«  Au lieu de transformer le jonc d’amidon en granulés, qui serviront à leur tour à fabriquer des objets par injection ou thermoformage, utilisons directement le jonc d’amidon comme de “l’osier”  », propose le chercheur. Il faut préciser ici que le jonc d’amidon est un fil grossier que l’on obtient très facilement. Naturellement fragile, ce matériau d’origine végétale devient plus résistant aux déformations quand on le tresse. « Il ne s’agit pas de concurrencer la vannerie française, ni le marché du panier en général, s’empresse de souligner Patrice Dole. Mais l’on peut par exemple en faire des barquettes. » Pour séduire l’industrie, échaudée par les déboires de l’amidon plastifié, le jonc d’amidon a pour lui le faible coût de la matière première : compter 50 centimes pour un kilo de blé, dont il est extrait, contre 2 ou 3 euros pour le même poids de polymère issu de substances biodégradables. L’UMR Fare (1) ,dont dépend Patrice Dole, a noué des contacts avec trois industriels, dont l’un est déjà bien avancé. Innovact doit servir précisément d’aiguillon pour accélérer ce partenariat.«  L’entreprise ne doit pas avoir peur de se lancer en même temps sur le marché de la plasturgie et sur celui du “textile”  », souligne le chercheur, qui a choisi le forum rémois pour dévoiler son projet.(1) Unité mixte de recherche Inra-université de Reims Champagne-Ardenne Fractionnement des agroressources et emballage


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Gérard Vilarem : En 2006, nous avons ouvert une une “halle de démonstration” pour les agromatériaux à Tarbes, soutenue par le CRT CATAR, à Toulouse (Midi-Pyrénées)

Gérard Vilarem : une “halle dedémonstration” pour les agromatériaux. Spécialisé dans la valorisation non alimentaire des produits agricoles, le CRT CATAR (1), à Toulouse (Midi-Pyrénées), participe à l’installation d’une halle de démonstration qui semble bien être une première en France, voire en Europe.« Il s’agira d’une sorte de mini-usine modulable, qui permettra de fabriquer des préséries d’agromatériaux, explique le directeur du Critt, Gérard Vilarem. Nous nous sommes en effet rendu compte qu’il y avait un chaînon manquant entre le travail en laboratoire et l’industrialisation d’un produit. Les entreprises préfèrent voir avant de s’engager, mais répugnent à mettre à disposition leurs lignes de production pour ce type d’essai. Notre objectif est bien de montrer que ça ne fonctionne pas uniquement en éprouvette. » Dans cette halle de démonstration, qui sera construite à Tarbes, on pourra notamment fabriquer des pièces de voiture (par exemple des éléments de tableau de bord) ou des articles destinés à l’horticulture (ponts, caissettes...). La nouvelle structure entrera en service courant 2007. Elle sera ouverte en priorité aux PME, ainsi qu’aux créateurs d’entreprise ne disposant pas d’atelier dans l’incubateur ou la pépinière qui les héberge. Baptisé AGROMAT, le projet coûte 4,8 millions d’euros, avec une partie d’autofinancement et des aides de l’Europe (via le Feder), de l’Etat, de la Région Midi-Pyrénées et du département des Hautes-Pyrénées. AGROMAT est l’aboutissement d’une des synergies existantes entre le Laboratoire de Chimie Agro-Industrielle et le CRITT CATAR. Ces synergies labellisées Centre de Ressources Technologiques (CRT) permettent des développements sur une multitude de plantes industrielles, étudiées dans toutes leurs composantes, y compris leurs co-produits. Le CRT CATAR a bien sûr jeté son dévolu sur la végétation locale (safran, pastel, violette, trèfle,etc.), mais s’est intéressé aussi à la betterave pour l’extraction des pectines ou au colza pour l’élaboration de lubrifiants et d’additifs de carburant. Le projet AGROMAT s’enrichit aussi d’un banc d’analyses automatisé de la biodégradabilité « car on ne peut parler d’Agromatériaux sans penser biodégradabilité ». Catar : Centre d’application et de traitement des agroressources


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Vincent Pluquet : des produits biodégradables pour supprimer les déchets. En 2012, Vegeplast lance la production de capsules biosourcées.

Vincent Pluquet : des produits biodégradables pour supprimer les déchets. La liste (non exhaustive) des produits fabriqués par Végéplast (Midi-Pyrénées) ressemble à un inventaire à la Prévert : des agrafes de vigne, des os à ronger pour chien, des grenades d’entraînement, des tees, des tuteurs pour tomates, des liens pour parachutes, des bombes de feu d’artifice... Tous ces produits ont en commun d’être 100 % d’origine végétale,100 % biodégradables, et de répondre à une problématique devenue essentielle pour notre planète : l’élimination des déchets. « Nous sommes vraiment dans le développement durable, souligne Vincent Plaquet, cofondateur en 2003 de Végéplast et son directeur. Nous transformons localement des ressources locales pour en faire des produits propres,concurrentiels sur le plan économique et industriel. » Issue des recherches menées par une coopérative agricole de Haute-Garonne, en collaboration avec le CRITT CATAR, afin de passer du stade de la fabrication de matière première à celui de la fabrication de produits, la société exploite toutes sortes de plantes, notamment les céréales et en particulier le maïs, mais explore aussi d’autres pistes qu’elle préfère garder secrètes. La plante est broyée, et ne subit pas d’opération de séparation ni de purification de ses constituants, ce qui facilite sa mise en œuvre et la rend moins coûteuse. « Notre produit, le Vegemat, contient entre 40 et 50 % de fibre, entre 30 et40 % d’amidon, ainsi que des protéines, des lipides, du glycérol, etc.  » La recette demeure confidentielle, d’autant qu’elle varie en fonction du degré de rigidité recherché dans la pièce obtenue par injection thermoplastique et de la durabilité souhaitée. En fonction de l’usage auquel elle est destinée, sa biodégradation varie de quelques semaines à une année environ. Le marché le plus prometteur en volume, sinon en valeur ajoutée, est celui de l’emballage, mais ses applications en agriculture ou dans le domaine militaire, ainsi que dans une foule d’autres secteurs, offrent au Vegemat d’infinis débouchés.


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Richard Gattin : des matériaux à“biodégradation avancée”

Richard Gattin : des matériaux à“biodégradation avancée”. « On estime que 20 % des polymères de synthèse peuvent êtreremplacés par des bio et agromatériaux », explique Richard Gattin. Cet enseignant-chercheur à l’Esitpa (Ecole d’ingénieurs enagriculture)(Haute-Normandie) contribue lui-même à la prolifération de ce qu’il nomme non pas des matériaux biodégradables, mais des matériaux à «  biodégradation maîtrisée ».« L’expression “matériaux biodégradables” a tendance à effrayer les gens du bâtiment, notamment, qui veulent qu’un produit dure vingt-cinq ans. Les biomatériaux que nous développons sont adaptés à chaque cas, en fonction du cahier des charges que nous soumet l’industriel.  »Le laboratoire de génie des matériaux au sein duquel travaille Richard Gattin est sollicité par divers secteurs d’activité : l’emballage, la cosmétique, l’automobile, etc. Deux exemples d’applications concrètes des recherches menées à Val-de-Reuil, dans l’Eure : un matériau fabriqué à base de blé et de luzerne destiné à la dépollution des eaux et pouvant être installé dans un bac de dégraissage, ou une mine de crayon 100 % naturelle, donc sans graphite. D’autres domaines, insoupçonnés jusque-là, s’ouvrent à ce type de matériaux.« On parle notamment de fabriquer des bitumes naturels », indique l’enseignant-chercheur. Son laboratoire, sous tutelle des chambres d’agriculture de l’Eure et d’Eure-et-loire (Centre), fait feu de tout bois, ou plutôt de tout végétal : chanvre, lin, roseau, etc. Il est compétent à la fois pour formuler les produits, les mettre en forme selon les différentes techniques en vigueur dans la plasturgie, et les caractériser. Il a déjà pris des contacts, en Champagne-Ardenne, avec ARD et avec l’Esiec,où il a effectué des essais.


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Michèle Queneudec-t’Kint : des feutres 100 % végétal pour la construction

Michèle Queneudec-t’Kint : des feutres100 % végétal pour la construction. Le laboratoire des technologies innovantes (LTI) que dirige Michèle Queneudec-t’Kint à l’université d’Amiens (Picardie)travaille dans deux axes : le béton de bois et les feutres végétaux. Le béton ligno-cellulosique permet d’incorporer jusqu’à quatre volumes de granulats d’origine végétale dans un volume de ciment. Au gré des collaborations du laboratoire picard avec d’autres labos français ou étrangers, les plantes employées vont du lin aux déchets de coton, en passant par les pailles de céréales, la pulpe de betterave ou, plus exotiques, les coproduits du palmier et le diss (variété de jonc poussant sur le pourtour méditerranéen). « Le mélange permet de faire du béton de remplissage, précise la directrice du LTI. Ce matériau a des propriétés isolantes et acoustiques, il présente un degré de résistance identique à celui du béton cellulaire tout en étant deux ou trois fois moins lourd, et il est facile d’emploi. » Le second axe de recherche du laboratoire amiénois est uniqueen France et a fait l’objet d’un dépôt de brevet. Il consiste à fabriquer des feutres d’origine 100 % végétale servant d’isolant dans la construction. « Il offre une alternative à la laine de verre, à la laine de roche et au polystyrène, souligne Michèle Queneudec-t’Kint. Mais nous sommes également sollicités par les secteurs de l’emballage et de l’horticulture. » Ces feutres entièrement biodégradables présentent les mêmes qualités que le béton de bois : ils sont légers, isolants, d’une manipulation aisée (ils sont faciles à scier, à visser et à clouer) et modulables à l’envi. De tous les végétaux testés — chanvre, paille, colza, betterave — c’est le lin qui donne les meilleurs résultats. Le LTI tient particulièrement à garder ses liens avec l’agriculture régionale, la création du pôle de compétitivité lui ouvrant de nouvelles perspectives. Aucun des produits en cours de développement n’est encore commercialisé, mais certains pourraient arriver sur le marché d’ici à un an, un an et demi.

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Jean-Marie Mouton et Philippe Munoz : construire en bois et en... chanvre. Jean-Marie Mouton, le 04 avril 2019.

Jean-Marie Mouton et Philippe Munoz : construire en bois et en... chanvre. Plante à tout faire (des cordes, du papier, des litières, des aliments, etc.), le chanvre se (re)découvre aujourd’hui une nouvelle vocation : la construction. Un bâtiment à ossature bois est déjà sorti de terre en Champagne-Ardenne, à Muizon plus précisément, utilisant l’une des deux techniques en vigueur, le béton de chanvre projeté, l’autre étant le béton de chanvre banché. « Composé d’un mélange de chènevotte (le cœur ligneux de la tige) et d’un liant à base de chaux, le tout malaxé dans une bétonnière, le béton de chanvre est projeté avec une lance et l’eau rajoutée au dernier moment  »,explique Jean-Marie Mouton, animateur de la plate-forme technologique Transformation du bois à Chaumont.« C’est une technique qui demande un coup de main particulier », précise l’enseignant. L’usage du béton de chanvre pour remplir les murs d’une construction en bois existe encore à l’état expérimental. Le lycée Arago, à Reims, sous l’égide de la plate-forme technologique, et sous l’impulsion de la Fédération du bâtiment et d’une entreprise marnaise, Le Bâtiment Associé, a développé une batterie de tests, de mesures et de prélèvements comprenant vingt-trois points d’expérimentation. Stabilité du mur, capacité d’absorption d el’eau, acoustique, résistance à la pression, etc., tout est passé au peigne fin. L’objectif étant d’obtenir les agréments techniques qui déboucheront sur une labellisation du procédé.«  Sans ces agréments, les assurances refusent de couvrir les risques », souligne Jean-Marie Mouton. Mais les responsables régionaux se disent absolument confiants en l’avenir d’un matériau et d’un procédé qui apportent confort et économie dans l’habitat. Sain, naturel et recyclable, le chanvre abonde dans la région Champagne-Ardenne. Une aubaine pour les architectes, les collectivités et les entreprises du bâtiment, dont les projets de construction en bois et béton de chanvre commencent à se multiplier.

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François Bouvier : penser l’innovation pour son usage et pour l’usager. Lancement des réseaux de diffusion technologique le 14 décembre 1988

François Bouvier : penser l’innovation pour son usage et pour l’usager. « Notre obsession était d’amener les PME à innover, car l’innovation c’est l’économie de demain. » François Bouvier est à l’origine du concept de RDT à l’époque où le ministre de la Recherche Hubert Curien l’avait appelé à ses côtés en 1988-1989. «  Nous voulions doter les PME de médecins de famille capables d’établir un diagnostic et de délivrer une ordonnance, poursuit le biologiste passé un temps au Muséum national d’histoire naturelle. La dimension humaine et sociale était à cet égard fondamentale, puisque les RDT étaient et sont encore une addition de compétences fondée sur une organisation non hiérarchisée. » François Bouvier propose une vision pragmatique de l’innovation.« A une innovation doit correspondre un usage. Aujourd’hui, quand on vend une voiture, on ne vend plus une machine, mais un usage. On reste dans la production de masse, mais en donnant l’illusion du sur mesure. » Ainsi, l’innovation n’est pas forcément synonyme de nouveauté technologique. Elle peut même résulter d’une véritable « régression » technique, comme le prouve l’exemple de Benetton, qui au lieu de teindre dans la masse ses pulls rouges fabrique des pulls écrus colorés ensuite en rouge si c’est la mode. François Bouvier égrène d’autres exemples du même ordre : Airbus qui équipe tous ses modèles avec le même cockpit pour simplifier la vie des pilotes, Dell qui assemble ses ordinateurs à façon, etc. «  Il ne s’agit pas d’innovations techniques, mais d’innovations de service acceptables par le corps social.  » Ce principe est parfaitement transposable dans le monde des agromatériaux. « La vraie innovation des biocarburants sera de créer des réseaux de distribution, soit que les producteurs concluent une alliance avec un distributeur de gaz par exemple, soit qu’ils s’organisent eux-mêmes en coopérative. » En résumé, l’inspirateur des RDT martèle le message selon lequel «  l’innovation, ce n’est pas la nouveauté, ni le transfert de technologie tout fait, car on ne transfère pas une technologie comme un joueur de football ! mais une offre de service tenant compte de l’usager. »

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Christophe Juppin : un réseau pour le développement technologique. L’urgentiste de l’innovation en mars 2010

Christophe Juppin : un réseau pour le développement technologique. Le Réseau de Développement Technologique de Champagne-Ardenne a pour mission en regroupant les acteurs publics et parapublics régionaux, de proposer aux entreprises un ensemble homogène d’interlocuteurs pour faire émerger les besoins technologiques du plus grand nombre d’entreprises, au premier rang desquelles les plus petites d’entre elles, pour leur faciliter l’accès aux compétences les plus aptes à les satisfaire. Pour remplir cette mission, les objectifs du Réseau de Développement Technologique (RDT) visent prioritairement à apporter : - Un appui aux entreprises : les aider à formaliser leur demande technologique, à trouver les centres de compétence et leur faciliter l’accès aux soutiens publics. - Un appui aux opérateurs de la diffusion technologique : favoriser et stimuler les échanges (informations, formations,) entre les acteurs régionaux publics et parapublics par le travail en réseau afin d’optimiser la prospection et la traçabilité des contacts avec les entreprises au niveau régional. - Un appui à la politique de développement économique : être un relais fédérateur de la mise en oeuvre des politiques régionales de la diffusion technologique, de l’innovation et du développement technologique, en lien avec le comité de Pilotage. - Le RDT est composée d’une cellule régionale de 2 personnes,... d’un réseau de 100 membres... qui visitent annuellement plus de 1000 entreprises, prescrivent 41 PTR ( 209 k€) et 7 STR ( 23 K€) (en 2005).- La cellule régionale du RDT anime un site Internet de 1360 pages Web lues chaque mois par plus de 40.000 visiteurs- Le budget annuel du RDT est (sur 2000-2006) de 220K€.Il se situe Rue Saint-Dominique (BP 264), 51011 à CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE.

▲Rédaction des articles : Frédéric MARAIS (Agence INFO).

Contact :
Christophe Juppin


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Rencontre technologique inter-RDT : « Exemples de nouveaux matériaux solides à base d’agro-ressources sur le marché » le 19 octobre 2006 à Reims

Historique des organismes de soutien à l’innovation en Champagne-Ardenne :

En 1967 l’agence nationale de valorisation de la recherche (ANVAR) a été créé pour valoriser, principalement auprès de l’industrie, les résultats de recherche des grands laboratoires publics et/ou universitaires français (transfert de technologie).
En 1979, l’ANVAR s’est vu confier la gestion de l’aide à l’innovation.


14 décembre 1988 en Conseil des Ministres, Monsieur Hubert CURIEN , Ministre de la Recherche et de la Technologie, a présenté une communication préconisant le lancement d’un réseau de diffusion technologique. Ce projet a pris forme et a été officiellement lancé par le Ministre dans deux régions : en Lorraine le 4 décembre et en Limousin le 5 décembre 1988. L’ANVAR et le CEA participer activement à cette opération. L’objectif est d’améliorer l’action en faveur des petites et moyennes entreprises et en particulier pour faire ressortir leurs besoins en matière de technologie et ainsi leur offrir la réponse la plus appropriée.


- 8 février 1991 : annonce officielle à Châlons-sur-Marne de la mise en place du Réseau de Diffusion Technologique par Mr CHEREQUE, Ministre délégué à l’aménagement du Territoire et des Reconversions.
 14 mars 1991 Assemblée Générale Constitutive avec 35 personnes, dont 27 membres fondateurs, et Yves BONNET, Préfet de Région. Le nom de l’association est Champagne Ardenne Technologie . Le président de l’association élu est Monsieur Eugéne VOISIN, PDG de la SODEMAT à TROYES. L’Etat et la Région financent l’association à 50/50%. La coordination et l’animation nationale de l’ensemble des RDT ont été déléguées à l’ANVAR.
 18 mars 1991 Récépissé de déclaration de constitution de l’association
 Le 23 août 1993, embauche d’une animatrice Réseau Virginie NIVIERE
 Le 7 décembre 1993, Jacques DOCHEZ nommé Président.
 Le 7 juin 1999, Alain VALLET, de REIMS AVIATION, nommé Président.


- Le 21 août 2000, embauche d’un nouvel animateur du Réseau de Diffusion Technologique, Christophe JUPPIN Directeur de Champagne Ardenne Technologie en remplacement de Virginie BERLIOZ démisionnaire, qui suit son mari en Charente-Maritime (LVMH).
 ICAR, l’incubateur public, a été officiellement créé en décembre 2000.


- 8 juillet 2005 la Banque du Développement des PME fusionne avec l’Anvar pour créer le groupe Oséo.


- L’Agence pour la Recherche et l’Innnovation en Champagne-Ardenne (Champagne-Ardenne Research and INNovation Agency CARINNA) a été créée le 29 janvier 2007 par la fusion de l’incubateur ICAR, Europol’Agro et Champagne-Ardenne Technologie (Réseau de Développement Technologique (RDT) Champagne-Ardenne) et a exercé son activité de juin 2007 à décembre 2014.


-La loi du 31 décembre 2012 a créée la Banque publique d’investissement (Bpifrance) qui résulte de la fusion du Fonds Stratégique d’Investissement (FSI), de CDC Entreprises et d’Oséo.
 Depuis le 15 juin 2013, Nicolas Dufourcq est le Président du Conseil de l’établissement public BPI-Groupe


- L’Agence ID Champagne-Ardenne a été créée le 18 décembre 2014 par la Fusion par absorption des agences CARINNA (agence d’innovation) et CADev (agence de développement) et a exercé son activité de juillet 2015 à décembre 2017. En quelques mois aprés la fusion, la quasi totalité du personnel de CADev a quitté la structure.


- L’Agence Grand E-nov, l’Agence Régionale d’Innovation du Grand Est, a été créée le 26 juin 2018. Cette fois, il n’y a pas eu fusion, mais fermeture des structures préexistantes : ID Champagne-Ardenne à Reims, le Centre de Ressources Régional à Metz en Lorraine ( qui comportait le Réseau de Développement et d’Innovation (RDI) en Lorraine) et Alsace Innovation, à Mulhouse en Alsace. Sur les 18 ex-collaborateurs d’ID Champagne-Ardenne 6 anciens collaborateurs d’ID ont été repris dans l’effectif de Grand E-nov.


Pour en savoir plus :

 Rencontre inter-RDT « Exemples de nouveaux matériaux solides à base d’agro-ressources sur le marché » le 19 octobre 2006 à Reims
 L’urgentiste de l’innovation en mars 2010
 Agrafes CB, inventeur écolo le 3 mars 2011
 Vegeplast lance la production de capsules biosourcées en 2012.
 Le bioplastique, c’est fantastique !
 Laurence Dufrancatel, celle qui allège les matériaux en 2013
 Le groupe Charlois transforme le chêne en produits cosmétiques le 30 mars 2017
 Accompagnement : « La région devient la plus attractive de France pour les start-up » le 03 décembre 2018 à Reims
 Yvon Le Hénaff veut faire fructifier le pôle IAR en Europe
 Jean-Marie Mouton, nouveau président de PFT Innovalo le 04 avril 2019.
 De l’utilisation de la pomme de terre pour fabriquer des bioplastiques en février 2019
 Le Dijonnais APM va équiper 13 millions de véhicules avec des pièces utilisant des granulés de plastique à base de chanvre
 5ème Colloque Fibres Naturelles et Polymères le 19 septembre 2019 à Troyes