Saint-Dizier. Des pianos 100 % français pour des centaines d’emplois

, par Christophe Juppin

Après les pianos de luxe Gary Pons, Olivier Colin a décidé de rapatrier la fabrication de ses pianos numériques en France. D’ici 2023, un entrepôt de plus de 10 000 m² va voir le jour. A terme, entre 100 et 300 personnes seraient recrutées, dont une première partie d’ici la fin de l’année.


Nous sommes en 2004, rue Paul-Verlaine, à Saint-Dizier. Olivier Colin créé la Manufacture du piano, une entreprise qui, comme son nom l’indique, tourne autour de l’univers du piano. Un univers qu’il connaît très bien, pratiquant l’instrument depuis l’âge de quatre ans. À l’époque, l’entrepreneur se lance autour d’une grosse innovation  : la conception de pianos numériques. Un choix payant.

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David Bertinet, Olivier Colin et son fils Mathys Colin et Raphaël Faber devant l’un des pianos numériques dont la fabrication sera bientôt rapatriée en France. (Photo : Louis Vanthournout)

Rapatriement en France

Dix-sept ans plus tard, Olivier Colin a entre-temps créé Colmann France et racheté la marque de pianos de luxe, Gary Pons. Ces derniers sont fabriqués intégralement ici, depuis un peu plus d’un an, dans les anciennes chaudronneries de Saint-Dizier. Des pièces uniques, que l’on voit régulièrement sur les plateaux télés et qui sont sollicitées dans le monde entier. Mais pas question de s’arrêter en si bon chemin.

Gros succès en France comme à l’étranger, la production des pianos numériques Colmann va être rapatriée en France. «  Aujourd’hui, l’intelligence vient de France, tout est pensé et développé ici, avec nos ingénieurs et en collaboration avec ceux de Dream France. Le circuit­ est développé en France, mais il est pressé à Taïwan, puis rapatrié en Chine. C’est là aussi que se fait la découpe numérique des meubles.  » Mais suite à quelques problèmes de sous-traitance et après mûre réflexion, le challenge est de faire des pianos numériques 100 % français. «  Ça va nous coûter un peu plus cher, mais le rendu final sera de qualité encore supérieure  ». Saint-Dizier, capitale nationale de la glace et du piano ?

Nouvelle structure

Une nouvelle étape qui se traduit par des changements en interne, et surtout, avec la création de nouveaux emplois. Les locaux de l’ancien­ne chaudronnerie font l’objet de travaux­ de rénovation. Un directeur général en la personne de Raphaël Faber, est arrivé en septembre 2021. Ce dernier a notamment travaillé dans le secteur de l’aéronautique, et sera chargé de la constitution de l’équipe. «  Entre 100 et 200 personnes seront recrutées dans un premier temps. Les premiers opérateurs débuteront au printemps.   »

Mais à terme, l’objectif est d’aller bien au-delà. «  Tous les pays s’arrachent ces pianos­  », constate Olivier Colin. Ainsi, l’achat d’un terrain de 50 000 m², à Saint-Dizier, est en cours de finalisation. C’est là que la future unité de produc­tion verra le jour  : «  Plus de 10 000 m² de surface qui sera extensible. Ce sera un lieu moderne et innovant, très joli, qui fera parler. Pourquoi pas sous la forme d’un piano ?  » Avec l’ambition, à terme, d’y fabriquer entre «  100 000 et 300 000 pianos numériques par an   ». Ouverture attendue fin 2023. Avec là aussi, des embauches supplémentaires, avec plusieurs centaines de personnes qui devraient être recrutées. À la Manufacture du piano, on ne va pas piano !

2022, Le début des ennuis.

Lidl a passé une grosse commande en 2021 mais les transports avec l’Asie sont compliqués, « sept fois plus coûteux et avec des délais allongés  », indique Marylise Colin, co-gérante de l’entreprise avec Richard Oliger (Olivier Colin ayant démissionné de ses fonctions de co-gérant en septembre 2022 pour se concentrer sur ses missions de création). Lidl recevant ses lots de pianos début 2022 ne repassera plus commande. Les ventes de piano Olya auprès de Cultura et Cora (entre 25 000 et 30 000 en tout, Lidl compris) ne suffisent pas, Olivier Colin propose un nouveau produit à Lidl, Evo, qui ne convainc pas.

2023, l’épilogue.

« On attendait 5 M€ d’une commande en 2023 par Lidl mais ça ne s’est pas fait. On a tout fait jusqu’au bout pour sauver la société mais en février, il a fallu se rendre à l’évidence  », indique Marylise Colin. La conjoncture des crises sanitaire et économique a été fatale à l’entreprise. La liquidation judiciaire est prononcée par un jugement du 27 février 2023. « Nos prévisions tenaient la route », s’attriste la co-gérante. Au final, 17 salariés ont été licenciés, dont certains étaient revenus travailler à Saint-Dizier.

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Tous les pianos seront bientôt fabriqués à St Dizier.

Publié par Louis Vanthournout le mercredi 27 octobre 2021 dans Le Journal de la Haute-Marne n°9934 en page 6 https://www.jhm.fr

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Publié par Louis Vanthournout le mercredi 27 octobre 2021 dans Le Journal de la Haute-Marne n°9934 en page 6 https://www.jhm.fr

Pour en savoir plus :

 Nogent : succès énorme pour le Rafale de Saint-Dizier le 12 février 2020
 La fonderie Focast de Saint-Dizier : du feu, de la sueur, de la fonte et des hommes le 03 juin 2020
 Saint-Dizier. Des pianos 100 % français pour des centaines d’emplois le 27 octobre 2021
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