Champ’Ionne : point d’étape d’un projet remarquable Le pleuroticulteur se prépare à cultiver des champignons de Paris.

, par Dominique PIOT, Hubert LUCHIER

En plus de son réputé pleurote, la champignonnière de Chevillon va produire des champignons de Paris, pour le compte du groupe Meyer. Point d’étape avec Sébastien Maltot.


Chevillon est une commune française située dans le département de la Haute-Marne, en région Grand Est, à 18 km au sud-est de Saint-Dizier.

Un énorme projet de développement occupe le site “Champ’Ionne” de Chevillon. Le pleuroticulteur se prépare à cultiver des champignons de Paris. Le chantier, gigantesque, avance au pas de course pour une mise en production en septembre. Et moult emplois à la clé.

Il y a quelques années, l’ex-usine SMP de Chevillon – qui fabriquait des tubes – était rachetée par Champ’Ionne. Longtemps, la famille Legros et ses partenaires avaient envisagé de s’implanter dans l’Yonne. Depuis, l’entreprise a troqué son “Y” pour un “i”, et gagné en ambition. Champ’Ionne appartient au groupe Meyer, un des piliers de Rungis.

Ce projet-là a été mené de façon partenariale, en lien avec la l’Agglo de Saint-Dizier Der et Blaise, les services de l’État, la CCI 55-52 – service Haute-Marne Expansion – et soutenu par le GIP 52 et la Région Grand Est.

Il va naturellement s’accompagner d’une campagne de recrutement. Elle débutera dans quelques semaines afin de pourvoir, dans un premier temps, une centaine d’emplois.

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Champ’Ionne produit aujourd’hui des pleurotes, sur 5000 m2 couverts.

Champ’Ionne produit aujourd’hui des pleurotes, sur 5000 m2 couverts.

Mais le site occupe 15 000 m2 ! Le projet, dont la réalisation a été confiée à Sébastien Maltot, consiste à convertir 10 000 m2 pour y cultiver des champignons de Paris.

Mais revenons aux pleurotes : leur production sur le site haut-marnais occupe dix salariés. Ils produisent quatre tonnes de ce délicieux champignon chaque semaine alors que Rungis pourrait leur en commercialiser six. À terme, l’entreprise de Chevillon pourrait en produire 1,3 chaque jour. Il s’écoule moins de 24 heures entre le moment où le champignon est cueilli et celui où il est vendu. Le site jouxte de part et d’autre le canal et la Marne. Cette hygrométrie naturelle lisse les écarts liés à la météo.

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Sébastien Maltot produit, avec dix salariés, quatre tonnes de ce délicieux champignon " pleurotes" chaque semaine.

Pourtant, l’esprit de Sébastien Maltot est tout entier mobilisé par un autre champignon : celui de Paris, qui pousse… surtout en Pologne et aux Pays-Bas. La France en manque. Rungis pourrait en écouler 3000 tonnes par an. Ce gigaprojet a donc été lancé par Michel Legros, le PDG du groupe Meyer, leader sur le marché de Rungis. Avec l’aide notamment du GIP 52, Champ’Ionne a commencé d’adapter, d’équiper pas moins de 10 000 m2 pour y produire, sans doute dès cet automne, le fameux champignon de Paris. À l’échelle de ce que l’on a coutume de voir en Haute-Marne, le chantier, largement engagé, s’avère titanesque dans ses dimensions et ses enjeux. Les phases 1 et 2, en cours de réalisation, correspondent à un investissement de 8 millions d’euros. Lorsque la 3e phase sera terminée, l’ensemble s’élèvera à 12 millions d’euros. Il s’agira de la 6e champignonnière de France de ce type, la seule dans le Grand Est.

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Le projet, dont la réalisation a été confiée à Sébastien Maltot, consiste à convertir 10 000 m2 pour y cultiver des champignons de Paris.

Avant de passer aux actes, le chef de projet, Sébastien Maltot a lu toute la littérature consacrée aux champignons et à leur culture. Il est allé en Pologne, afin d’observer les outils et les techniques des meilleurs mondiaux.

Le chantier, largement avancé, spectaculaire, consiste à construire dans deux des trois travées du bâtiment existant 18 cellules dont les cloisons et le plafond préserveront toute l’année la température, l’hygrométrie et le taux de CO2 à des niveaux parfaitement maîtrisés, indépendamment des saisons et des caprices de la météo. Comme si on climatisait plusieurs terrains de foot !

Les champignons de Paris y pousseront toute l’année, sans aucun produit chimique. La mise en production devrait commencer en septembre. La logistique est déjà prévue : pour les champignons de Paris, les véhicules qui viendront les charger iront directement alimenter la grande distribution, sans passer par Rungis qui se “contentera” de leur commercialisation.

Champ’Ionne a déjà prévu des véhicules qui transporteront les salariés recrutés depuis chez eux jusqu’au site de Chevillon en passant par Saint-Dizier.

Les champignons de Chevi…, pardon, de Paris seront issus d’une culture singulièrement raisonnée : une grande partie de l’électricité consommée par le site (500 gigawatts) sera produite par des panneaux photovoltaïques qui seront disposés sur le toit. Les pains de substrat, sorte de bottes de paille “améliorées” et empaquetées, serviront d’engrais naturel pour l’agriculture après avoir servi de couveuses aux champignons.

Dans les esprits fertiles, les projets poussent …comme des champignons.

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Champ’Ionne a déjà prévu des véhicules qui transporteront les salariés recrutés depuis chez eux jusqu’au site de Chevillon en passant par Saint-Dizier.

Dominique Piot


Publié par Dominique Piot le mardi 23 mai 2023 en page 05 "Economie" dans Le JHM (Journal de la Haute-Marne) n°10487

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Publié par Dominique Piot le mardi 23 mai 2023 en page 05 "Economie" dans Le JHM (Journal de la Haute-Marne) n°10487
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jhm @jhm_fr · 19 mai
Pour recruter, l’entreprise de production de champignons compte mettre en place une navette pour ses futurs salariés jusqu’à ses locaux de Chevillon.
https://jhm.fr/chauffeur-si-tes-champion-amene-les-a-chevillon/

Pour en savoir plus :

 Haute-Marne Expansion pour un accompagnement unique 16 novembre 2016
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