API Tech ou le rêve éveillé de l’enfant qui aimait les machines

, par Dominique PIOT

A Saint-Dizier, API Tech renouvelle les codes de l’industrie. La fameuse machine à distribuer les pizzas fraiches est un engrenage majeur – mais pas le seul – du Meccano qu’assemble passionnément Frédéric Deprun.


Vécue dans le nord Haute-Marne comme une bouffée d’oxygène inespérée, l’arrivée d’API Tech à Saint-Dizier en Haute-Marne, n’est pas passée inaperçue. L’origine bragarde de Frédéric Deprun, le Directeur général, n’est sans doute pas étrangère à ce choix.API Tech conçoit, fabrique et commercialise aujourd’hui notamment des distributeurs de pizzas fraiches. Cette activité est l’élément constitutif majeur de la notoriété croissante de l’entreprise. Le siège et le bureau d’études demeurent à Seichamps (54). Mais API Tech possède trois unités de production (UP) en France : Seichamps (UP1), Saint-Dizier (UP2) et Bollène (84 – UP3). Un quatrième site est situé en Pologne.

Adossée au groupe Mentor de Benoît Michaux (2000 personnes), la croissance que génère l’activité s’avère phénoménale : de 4 salariés en 2016, la société est passée à 440 fin 2022.

Durant les premières années, API Tech vendait avec un réel succès ses machines aux professionnels de la restauration. Aujourd’hui, ce modèle économique tend à être remplacé par une nouvelle stratégie : API Tech exploite elle-même ses machines.

Ainsi, en 2021, un premier atelier à pizzas est créé près de Nancy. N’en sortent que des pizzas artisanales fraiches qui viennent approvisionner une cinquantaine de machines locales sept jours sur sept. « On va aller plus loin » confie Frédéric Deprun qui envisage à court terme l’ouverture de 90 ateliers partout en France.

Ce souci d’intégration et de mise en cohérence est la marque de fabrique d’API Tech. Cette logique s’applique aussi bien pour la conception/fabrication des machines jusqu’à désormais l’alimentation de celles-ci en consommables : les pizzas.

Les machines sont reliées en réseau à celui qui en gère l’approvisionnement. Il sait en temps réel ce qui est consommé, à quel moment, à quel endroit, et en quelle quantité. L’information fait partie des flux optimisés. Cette dématérialisation se traduit aussi avec le consommateur final qui peut, via une appli développée en interne, commander sa pizza sur la machine de son choix partout en France.

Dominique Piot

JPEG - 39.6 ko
API Tech est implanté à Saint-Dizier en Haute-Marne.

Un visionnaire amoureux des machines

S’il n’a jamais oublié d’où il vient, Frédéric Deprun conjugue plus volontiers ses verbes au futur qu’aux temps du passé. Ce visionnaire discret ne saurait se contenter de gérer l’acquis ; il anticipe. Il prévoit. C’est dans ses gênes. Il parle déjà d’équiper les aires de repos de Tesla en Allemagne. On évoque-là plusieurs centaines de distributeurs ! Des discussions sont entamées avec un partenaire aux États-Unis.

Frédéric Deprun se définit en souriant comme un rêveur prolixe. Son ingéniosité fertile imagine déjà de décliner l’idée des pizzas fraiches aux poulets rôtis. Entre autres…

Pourvu qu’il y ait des machines, à inventer, à construire ; la passion de son enfance…

Mais le rêveur a d’autres qualités. Celle de savoir s’entourer par exemple. Il place l’humain au-dessus de tout et se retrouve au centre « d’une équipe formidable constituée de gens sur qui je peux compter. L’humain, le travailler ensemble, voilà ce qui est le plus important.

Api Tech en quatre dates

2004. Création d’API Tech à Seichamps près de Nancy ; la société s’est d’abord spécialisée dans les machines et automates industriels.

2013. API Tech découvre la food tech avec les machines à distribuer les baguettes de pain. L’entreprise internalise la conception complète de l’appareil et développe sa propre gamme.

2016. Entrée du groupe Mentor au capital de la société. Diversification de l’activité avec le drink et les casiers réfrigérés.

2021. Fin des activités historiques de l’entreprise qui s’engage résolument vers la food tech dans le contexte de la pandémie qui induit de nouveaux modes de consommation alimentaire.

JPEG - 43.2 ko
Sous leur casquette “conseiller industrie”, Hubert Luchier et Jean-François Piard sont appréciés par les chefs d’entreprise. CCI 55-52 : l’expertise et le réseau au service des beaux projets le 09 mai 2023

La bonne fée de la Chambre au-dessus du berceau


JPEG - 10.5 ko
Laure Chartier, Conseillère industrie et implantations d’entreprises, de la CCI Meuse Haute-Marne, service Haute-Marne Expansion

Lorsque le dossier d’API Tech parvient sur le bureau de Laure Chartier (la CCI 55-52), transmis par les services éco de l’Agglo de Saint-Dizier, la conseillère de la Chambre prend vite la mesure des enjeux. Elle mobilise ses connaissances, ses réseaux et propose très vite à Frédéric Deprun deux sites : celui de l’ancienne usine Orflam, très vaste mais inadapté à court terme, et celui du Pré Moinot (ex Argo France) qui est retenu. À cette étape liminaire du projet, le GIP 52 et son bras armé Haute-Marne Expansion ouvrent les portes et lèvent un à un, très vite, les éventuels obstacles. Un peu comme si un guichet unique devenait l’interlocuteur efficient du porteur de projet.


Fidèle à ses origines, Frédéric Deprun confie l’entièreté des travaux de réhabilitation à des entreprises locales.


JPEG - 6.5 ko
Valérie Langlois, Directrice du Développement Economique et de l’Emploi , de la Communauté d’Agglomération Saint-Dizier Der & Blaise

Valérie Langlois, directrice du développement économique et de l’emploi au sein de la Communauté d’Agglomération, mobilise elle aussi ses réseaux pour que l’entreprise démarre la production sur les chapeaux de roues, avec la main-d’œuvre formée en quantité suffisante. Une réunion est organisée dans ce dessein par la mairie.


Toutes les planètes sont alignées. API Tech acquiert le site fin 2021 et y investit 4 millions d’euros. Les salariés sont formés sur le site de Seichamps. Sous la direction de David Fages, séduit par le projet et les valeurs de Frédéric Deprun, la production peut démarrer le 10 janvier 2022, avec 7 personnes. API Tech Saint-Dizier emploie aujourd’hui 63 personnes, dont 7 femmes. Les 9 intérimaires ont vocation à passer en CDI. La direction évoque sereinement 80 personnes pour la fin du premier semestre 2023 et 110 personnes en 2024. L’aventure ne fait que commencer.

JPEG - 37.8 ko
API Tech Saint-Dizier emploie aujourd’hui 63 personnes, dont 7 femmes.

Dominique Piot


Publié par Dominique Piot le mardi 07 fevrier 2023 en page 07 "Economie" dans Le JHM (Journal de la Haute-Marne) n°10384

JPEG - 191 ko
Publié par Dominique Piot le mardi 07 fevrier 2023 en page 07 "Economie" dans Le JHM (Journal de la Haute-Marne) n°10384

Pour en savoir plus :

 Haute-Marne Expansion pour un accompagnement unique 16 novembre 2016
 GIP Haute-Marne : où est passé tout l’argent ? le 21 mars 2019
 La Haute-Marne s’appuie sur le Champignon
 CTM : une « success-story » en Haute-Marne
 Le GIP Haute-Marne veut réhabiliter les friches industrielle le 8 mars 2018 à Chaumont
 Nicolas Lacroix : « le GIP est le partenaire privilégié du Département de Haute-Marne » le 23 octobre 2020
 L’entreprise Organic Pac va créer 120 emplois minimum le 14 décembre 2020
 Avis de mise à disposition du public des documents relatif au programme FEDER-FTJ-FSE+ Grand Est et massif des Vosges 2021-2027 le 03 mai 2021
 Christophe JUPPIN quitte la CCI pour i-Tego le 15 octobre 2021
 Igor Léger : des solutions pour faire des économies le 15 novembre 2022
 Aides aux entreprises : les règles du jeu le 23 janvier 2023
 API Tech ou le rêve éveillé de l’enfant qui aimait les machines le 07 fevrier 2023
 Décryptage des nouvelles dispositions pour les start-up le 14 avril 2023
 Région Grand Est : pédagogie sur les fonds européens le 19 avril 2023
 CCI 55-52 : l’expertise et le réseau au service des beaux projets le 09 mai 2023
 API Tech ou le rêve éveillé de l’enfant qui aimait les machines