- CINE TECH n°29 « Résistance aux antibiotiques - A la recherche de nouvelles molécules »
- Mercredi 11 octobre 2017 à Nogent CINE TECH n°29 « Résistance aux antibiotiques - A la recherche de nouvelles molécules »
L’utilisation massive et répétée des antibiotiques a provoqué l’apparition de bactéries résistantes. Une majorité des antibiotiques ont perdu leur efficacité du fait de leur utilisation abusive.
Le constat est désarmant, alors que la recherche médicale progresse au XXIe siècle à pas de géant : nos organismes se sont habitués aux antibiotiques, ces substances prescrites à des centaines de millions de personnes pour lutter contre les infections d’origine bactérienne. On meurt, de nouveau, de maladies traitées facilement il y a encore dix ans.
Chaque année, ces pathologies causent ainsi le décès de 25 000 personnes en Europe, 23 000 aux États-Unis et 12 000 au Canada. Pour tenter de résoudre cette menace sanitaire, les scientifiques se sont désormais lancés dans une course contre la montre. L’urgence ? Rechercher, sur toute la surface du globe, les molécules « sauveuses » de demain.
On parle de résistance aux antibiotiques lorsque le corps se met à résister à leurs effets alors que ces derniers parvenaient jusqu’alors éradiquer les facteurs infectieux. Le médecin britannique Alexander Fleming, découvreur de la pénicilline en 1928, mettait déjà en garde contre son usage excessif. L’avenir lui a donné raison. Il arrive même que les antibiotiques, en s’attaquant aux bactéries, détruisent celles qui nous sont bénéfiques. Dans les hôpitaux, on redoute la contagion par des staphylocoques et autres bactéries résistantes pouvant être fatales, alors que l’efficacité des antibiotiques recule.
Il est urgent de découvrir de nouvelles molécules pour combattre les bactéries tueuses. Devant l’échec relatif des médicaments de synthèse, certains spécialistes se sont tournés vers une alliée de poids : la nature, dont les multiples écosystèmes recèlent une faune et une flore aux vertus insoupçonnées. Des investigations sont menées aux confins du monde, dans des lieux reculés où la biodiversité est extrêmement riche.
- Monique van Hoek George Mason University USA
Les secteurs à forte biodiversité sont des zones où la concurrence entre les différents organismes est intense. Et c’est cette concurrence qui encourage la production de molécules très bioactives que les scientifiques veulent découvrir et étudier. Au Panama, carrefour des océans et des sous-continents, dans la canopée de la forêt tropicale, des équipes nord-américaines et panaméennes se sont intéressés au paresseux et à sa fourrure, où se développent des micro-organismes particuliers (insectes, algues). C’est à lui seul un petit écosystème.
- Dans la fourrure du paresseux se développent des micro-organismes particuliers (insectes, algues). C’est à lui seul un petit écosystème.
Au large de l’île de Coiba, les chercheurs ont effectué des expéditions subaquatiques afin d’étudier les sédiments marins, à la recherche de communautés microbiennes différentes. Les microbiologistes traquent même sous terre, grâce à la spéléologie des champignons et bactéries méconnus, prélevant de précieux échantillons. Des études approfondies ont aussi été réalisées en Floride sur des espèces reptiliennes anciennes au système d’immunité très efficace, telles que le dragon de Komodo ou l’alligator, en quête de peptides antimicrobiens, protéines tueuses de bactéries.
Un animal très ancien, le dragon de Komodo, a un système immunitaire solide grâce auquel il a survécu pendant des millions d’années, alors que sa salive contient des bactéries mortelles et qu’il se nourrit de charognes en putréfaction.
- Le dragon de Komodo
Parmi les principaux responsables du gâchis actuel : l’agriculture intensive. Jusqu’à 80% des antibiotiques produits servent non pas à la société humaine, mais aux besoins de l’élevage intensif pour que les animaux engraissent plus vite et échappent aux maladies dans les conditions de surpopulation où ils sont maintenus. L’union européenne a totalement interdit l’usage préventif des antibiotiques dans les élevages intensifs. Malheureusement, la pratique reste autorisée aux Etats-Unis et au Canada.
Face à la logique de profit des grandes industries pharmaceutiques, peu enclines à investir dans la mise au point de nouveaux procédés, des entreprises plus petites fleurissent dans le paysage scientifique et s’engagent sur cette voie. A à la croisée de la recherche et des traitements expérimentaux, l’antibiothérapie et le recours à de nouvelles solutions thérapeutiques s’affirment, peu à peu, comme un enjeu planétaire de santé publique.
RENCONTRE : Didier SIMEON
Biologiste médical au sein du centre hospitalier de Langres
Praticien hospitalier
Ancien interne des hôpitaux universitaires de Nancy
Anciennement en poste au centre hospitalier de Chaumont et de Semur en auxois
Actuellement en poste au laboratoire du centre hospitalier de Langres
La Fête de la Science est une manifestation initiée par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, cofinancée par le Conseil Régional Grand Est, avec la participation du Conseil Départemental de la Marne. La coordination Ardennes, Aube, Marne et Haute-Marne est assurée par ACCUSTICA.
Pour en savoir plus :
– CinéTech N°29 : Résistance aux antibiotiques - A la recherche de nouvelles molécules le 11 octobre 2017 à Nogent (52)
– De nouveaux antibiotiques mis au point par un laboratoire de l’Inserm et l’Université de Rennes 1 le 9 juillet 2019