Lecornu : « Moins mauvaise solution » à Bure-Saudron le 29 janvier 2018

, par Christophe Juppin

Sébastien Lecornu a réaffirmé à Bure-Saudron le 29 janvier 2018 l’engagement de l’État pour le projet Cigéo. Au programme : visite du laboratoire souterrain à 500 m sous terre, rencontre les élus locaux et même approche discrète des sites occupés par les antinucléaires.

L a filière nucléaire, c’est son affaire… Après Fessenheim voilà deux semaines, Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, a fait étape ce lundi à Bure avec la volonté de faire avancer ce nouveau dossier ultrasensible. Détermination qui tranche avec tant de valse-hésitation sur le sujet. Dans ce « nouveau monde » politique, l’ex Les Républicains se plaît même à paraphraser le ministre écologiste Nicolas Hulot en qualifiant le projet Cigéo de « moins mauvaise solution » pour le traitement de ces déchets ultimes…

Constat visiblement conforté après sa visite du laboratoire souterrain de l’Andra à 500 m sous terre, ses rencontres avec les élus locaux et même son « approche discrète » à l’aube des sites occupés par les antinucléaires.

Occasion surtout pour Sébastien Lecornu d’annoncer la date tant attendue par les acteurs locaux et les opérateurs (Andra, EDF, CEA, Areva) du prochain comité de haut niveau (CHN) qui se déroulera le 7 mars au ministère à Paris. « Une méthode est mise en place. Il y aura désormais deux CHN par an. Le suivant étant programmé à l’automne en préfecture de la Meuse à Bar-le-Duc ».

En ligne de mire, le contrat de territoire permettant de mettre en adéquation les besoins de Cigéo et les bassins de vie environnants entre Meuse et Haute-Marne : « Il faut surtout dire aux élus de ce territoire de la Meuse et la Haute-Marne qui porte cette solution d’intérêt national, qu’ils auront toute la solidarité de la Nation tant pour son devenir en matière de fiscalité (ad hoc, du même type que celle de Kourou en Guyane) qu’en termes de développement économique… »

« Projet vivant »

Des réserves techniques récentes de l’Autorité de sûreté nucléaire sur le projet porté par l’Andra, Sébastien Lecornu en retient surtout «  en travaillant avec le plus grand calme », l’appréciation générale du président de l’ASN : « C’est le projet le plus raisonnable ». Et de prévenir que ce projet devra être «  vivant, résilient, souple, adaptable et va s’écrire encore au cours des prochaines années  ». Pour preuve « aucun déchet nucléaire ne sera stocké sur place avant le début des années 2030  ».

Quant aux antinucléaires, Sébastien Lecornu leur a reconnu «  le droit de s’opposer. Ils doivent être respectés. Mais dans un Etat de droit, il existe des voies et moyens pour exprimer son désaccord devant le tribunal administratif ou le Conseil d’État. Les oppositions radicalisées qui commettent des actes de délinquance et de violences seront traitées devant les tribunaux… » Peu avant 14 h, une trentaine d’opposants déguisés et armés de casseroles ont été ainsi sobrement refoulés par les gendarmes avant de rejoindre la Maison de la résistance.

publié par Lionel MADELLA le 30 janvier 2018 dans http://c.estrepublicain.fr

Sébastien Lecornu (au centre) est descendu dans le laboratoire souterrain à 500 m de profondeur avec les dirigeants de l’Andra, avant de rencontrer les élus du territoire. Photo Patrice SAUCOURT

Des élus rassurés, les antinucléaires refoulés

Claude Léonard , président du conseil départemental de la Meuse : «  C’est une affirmation très nette de ce gouvernement en faveur du projet Cigéo. Cela change du précédent gouvernement… Nous sommes tous d’accord sur les grands principes, il va falloir désormais mettre tout cela en musique ».

Bertrand Pancher , député de la Meuse : «  J’avais rencontré Nicolas Hulot, il y a trois mois. Cette visite permet au gouvernement de réaffirmer le cap et la méthode pour un projet indispensable pour les générations futures ».

Bruno Sido , sénateur de la Haute-Marne : «  Nombre de gouvernements n’ont pas voulu se mouiller avec ce projet indispensable et d’enjeu national qui n’a rien à voir avec Notre-Dame-des Landes, purement conjoncturel et régional. Nous avons une pression morale, car nous sommes responsables de la production de ces déchets  ».

Gérard Longuet , sénateur de la Meuse : « Je n’ai pu assister à sa visite à Bure, mais je me suis longuement entretenu dimanche avec Sébastien Lecornu que je connais très bien. Il y a désormais une nécessité d’inscrire ce projet dans le temps long de la formation et de la montée en qualification des entreprises afin que le développement économique et les emplois créés profitent principalement aux Lorrains et surtout aux Meusiens ».

Atissar Hibour , conseillère régionale, représentant le président Jean Rottner : «  La Grande Région est mobilisée sur ce projet. C’est une chance à saisir pour le futur de ce territoire tant en matière d’innovation, de formation et naturellement d’emplois ».

Christophe Bouillon , président du conseil d’administration de l’Andra : « En annonçant deux comités de haut niveau par an, le gouvernement assume et démontre sa volonté de piloter le projet jusqu’à son terme alors que le calendrier s’accélère avec le dépôt de la demande d’autorisation de création à la mi-2019, étape essentielle. La méthode est établie avec une obligation de résultat que les élus locaux ne manqueront pas de rappeler à chaque CHN au ministre ».

Pierre-Marie Abadie , directeur général de l’Andra : « Cette visite est le signe de l’implication claire de l’État sur un enjeu d’intérêt national  ».

Jacques Leray et Camille , à la Maison de la résistance : «  Si concertation il y a, elle n’existe qu’avec les promoteurs de ce projet… Les associations antinucléaires ont déjà envoyé quatre courriers à Nicolas Hulot, sans aucune réponse ! Nous avons voulu manifester aujourd’hui notre opposition à ce projet dangereux et intenable et nous avons été refoulés par un dispositif de gendarmes mobiles ahurissant. La répression est politique  ».

L.M.


Le secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot, Sébastien Lecornu a visité les installations souterraines du laboratoire développé par l’ANDRA pour préparer le futur stockage de déchets nucléaires. Photo Arnaud Bouissou /TERRA

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