Conseil régional du Grand Est : quand l’Alsace agace

, par Christophe Juppin

La sortie de l’Alsace du Grand Est a une nouvelle fois animé la session plénière du conseil régional le jeudi 23 juin 2022, occultant même la politique nationale. Jean Rottner n’a pas caché sa crispation face à cette polémique qui tourne en rond.


Qu’y avait-il au menu de la session plénière du 23 juin ? La mise en œuvre des politiques régionales et… l’Alsace.

C’est une tradition. Lors de chaque séance plénière, le président du conseil régional organise un déjeuner de presse. Les échanges sont plus informels, directs, non soumis aux règles de l’hémicycle. Ce temps hors du temps de l’assemblée permet de clarifier certaines politiques, de faire passer des messages, d’élargir les débats. Il y est souvent question de politique nationale, tout le temps même. Parce que les journalistes profitent de ce moment pour interroger le président sur son sentiment, parce qu’il accepte volontiers de livrer son humeur.

Jeudi 23 juin 2022 : une séance plénière était inscrite sur le calendrier régional et donc un déjeuner de presse. Quatre jours après le second tour des législatives, qui clôt une longue séquence politique : forcément, le repas ne pouvait échapper à la règle.

Mais non.

Aucune question sur le sujet alors que le président du conseil régional s’est confié le même jour au Parisien souhaitant, je cite, « un gouvernement qui fonctionne. Il va falloir apprendre à travailler avec Emmanuel Macron », estime Jean Rottner, qui ne se prive pas pour autant de critiquer son exercice « vertical  » du pouvoir. Ce sujet ne s’invite pas au menu du déjeuner de presse qui s’attarde sur la tambouille alsacienne. Encore une fois.

La sortie de l’Alsace de la Région Grand Est n’en finit plus d’empoisonner la vie de Jean Rottner et des deux autres anciennes régions. Apparemment, là-bas, ce sujet a polarisé la campagne des élections législatives, quand ici il n’en a jamais été question.

Les frontières de la région, même si elles n’enthousiasment pas plus que ça les Lorrains, ne sont plus sujettes à débat. Mais la question revient inlassablement. Forcément. Car qu’on le veuille ou non, l’Alsace reste le moteur du Grand Est et sa sortie de la région sonnerait la fin d’un attelage, certes pensé à la va-vite, dans une logique tout sauf attentive aux histoires locales, mais un attelage qui avec le temps prouve qu’il peut tenir la route. C’est d’ailleurs avec cet angle d’attaque que Jean Rottner a mené campagne pour les régionales, il y a un an, et qu’il continue durant ce mandat. « Plus forts ensemble  », avait-il choisi comme slogan. Devise olympique qui se poursuit dans la mise en œuvre de sa politique.

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Plus forts ensemble avec Jean Rottner @avecRottner2021, 28 juin 2021
Avec 40,30 % des suffrages, vous avez décidé de nous placer en tête de ces élections régionales !
C’est grâce à chacune et chacun d’entre vous que nous avons été et que nous serons #PlusFortsEnsemble ! Merci de tout coeur 💪

« Vision rétrograde »

Lors de son discours d’ouverture de la plénière, il en a remis une couche. «  Alors que ses détracteurs prédisaient que la Région Grand Est serait un gouffre financier, un monstre vorace d’argent public, elle nous permet, au contraire, de réaliser des économies. »

Il a parlé chiffres puisque le compte administratif était à l’ordre du jour. «  Nos finances sont saines et bien gérées ; nous ne sommes pas dispendieux, nous sommes méticuleux  », détaille Jean Rottner avant de qualifier la fusion des trois régions de «  tour de force budgétaire. Voilà donc une preuve de plus que la fusion a porté ses fruits et n’en déplaise à certains, nos capacités sont renforcées, notre région est plus forte et je n’ose imaginer ce que représenterait tout retour en arrière que certains, dans leur conception étriquée de l’avenir et leur vision rétrograde de notre pays, ne cessent d’appeler de leurs vœux  ». Les certains se reconnaîtront. À commencer par Frédéric Bierry, le président de la Collectivité européenne d’Alsace, entité particulière au sein de la région, censée répondre aux exigences alsaciennes, qui continue son lobbying auprès des politiques. Chez lui, et à Paris. La consultation citoyenne lancée en début d’année 2022 lui a permis de suivre son chemin dont il n’imagine pas d’autre issue que la sortie définitive de l’Alsace du Grand Est.

« C’est minable »

Dernier épisode en date : deux députés LR ont déposé une proposition de loi pour un retour à la Région d’Alsace, quelques jours seulement après avoir été élus. Deux Alsaciens membres du même parti que Jean Rottner. Ça fait désordre. « C’est minable compte tenu de ce qu’il se passe à l’Assemblée nationale », répond Jean Rottner, chatouillé par Christophe Choserot sur le sujet en plénière. Avant le président du groupe Centre et territoires, c’est le socialiste Michaël Weber qui avait apostrophé Jean Rottner sur cette question. « Combien de temps encore allez-vous vous laisser taquiner comme un gardon par le pêcheur alsacien sans réagir ?  » À lui, Jean Rottner a répondu : « J’ai toujours été clair, un promoteur et un signataire des accords de Matignon. Je sais ce qu’ils signifient. Je suis épanoui, efficace, je travaille pour tout le monde y compris en Alsace. En fin politique, vous savez qu’il ne faut pas tomber dans les pièges que l’on vous tend, ne pas être un moulin à vent, il faut travailler. Je sais ce que pensent les Alsaciens, je sais qu’ils demandent l’efficacité politique. L’essentiel c’est l’action politique, le reste m’importe peu.  »

Bien obligé quand même de parler du reste. Lors du déjeuner de presse, Jean Rottner a complété : « Je ne me sens pas du tout en insécurité. On a un ministre des Collectivités locales qui est venu en Alsace conforter le Grand Est. Je ne crois pas que cette question figure sur la feuille de route du gouvernement actuel. » Cela ne figure pas non plus sur celle qu’il a fixée pour le Grand Est qui, rappelons-le, doit être « plus fort ensemble  ».

« Je veux être l’homme du quotidien, de la proximité, celui qui est en mesure de faire entendre toutes les voix de Chalons, Metz, Strasbourg  », a encore lancé Jean Rottner lors de son discours introductif. Un homme qui voit grand, qu’on annonce toujours au ministère de la Santé au terme du remaniement ministériel imminent. Pourquoi pas lui ? Cette question-là non plus n’a pas été posée au déjeuner de presse.

Publié par Aurélia Salinas le lundi 4 juillet 2022 en page 26 dans https://www.lasemaine.fr/

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Publié par Aurélia Salinas le lundi 4 juillet 2022 en page 26 dans https://www.lasemaine.fr/

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Région Grand Est @regiongrandest · 23 juin 2022
Avec 3 moteurs de changement identifiés #Numérique, #industrie 5.0 & #environnement, la Région #GrandEst lance son nouveau schéma régional de développement économique
#SRDEII2 #SPJuin22
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Région Grand Est @regiongrandest 23 juin 2022
Suspension de séance #SPJuin22, reprise du direct 📺 à 14h15 👉 https://bit.ly/3n2NoJo
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Région Grand Est
@regiongrandest
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Jun 24
📺 Revoir la Séance plénière du Conseil régional du jeudi 23 juin 2022 #SPJuin22 #replay
⏩ 1ère partie : https://www.creacast.com/channel/grandest/vod/index.php?sid=390
⏩ 2ème partie : https://www.creacast.com/channel/grandest/vod/index.php?sid=391
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La Semaine @Hebdo_LaSemaine · 4 juillet 2022
Deux députés LR ont déposé une proposition de loi pour un retour à la Région d’Alsace, quelques jours seulement après avoir été élus 👥🗯️ https://www.lasemaine.fr/conseil-regional-du-grand-est-quand-lalsace-agace/

Pour en savoir plus :

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