Pouvez-vous nous présenter le métier de « Responsable du développement des entreprises et des territoires » ?
Notre métier est d’accompagner le développement économique des entreprises dans leurs différentes phases de vie : émergence, développement, optimisation et fin de vie (cession ou valorisation des actifs) et de participer aux réflexions des décideurs publics en matière d’aménagement du territoire pour qu’ils puissent répondre au mieux aux besoins des entreprises (foncier, immobilier, services, formation, ...) et renforcer ainsi leur attractivité.
Je distingue, sous le vocable de « développement économique », trois niveaux d’intervention - distincts et complémentaires :
Le premier et le second niveau d’intervention appartiennent aux opérations dites de « gestion du développement économique ». Elles s’effectuent en réponse à un besoin identifié et exprimé de l’entreprise. Il s’agit de fournir alors à l’entreprise la meilleure solution que le Territoire peut proposer.
– Le premier niveau d’intervention consistera à identifier l’apporteur pertinent de solutions et à le mettre en relation avec l’entreprise.
– Le second niveau d’intervention sera de construire la solution et de la mettre en œuvre avec l’entreprise.
– Le troisième niveau d’intervention consiste à faire émerger des nouveaux projets, à imaginer des pistes de développement, à trouver le ou les partenaires adaptés et à les concrétiser.
Prenons un exemple concret avec la création en juillet 2020 du « Pôle d’Excellence de la Maille 4.03 ». L’agence a initié et conduit le partage d’une vision collective qui s’appuie sur différents acteurs volontaires : industriels et publics. La construction d’un tel plan d’actions : spécifique et collectif, a créé une véritable dynamique locale qu’il faut transformer en développement. Si le plan d’actions se concrétise comme envisagé, les entreprises locales en sortiront renforcées, le Territoire sera plus attractif en captant de nouveaux marchés et de nouvelles activités.
Quel que soit le niveau d’intervention engagé, notre métier consiste à accompagner le chef d’entreprise dans sa stratégie, de le conforter ou non dans celle-ci, et de faciliter sa mise en œuvre sous tous ses aspects : économique, technique, humain, financier et juridique.
Ce métier ne peut donner des résultats concrets que s’il est coopératif et s’emploie à mobiliser autant que nécessaire l’ensemble des acteurs compétents du Territoire qu’ils soient privés ou publiques (État, Région, Collectivités, Chambres consulaires, laboratoires, Université, ...).
Nous avons tous nos limites et il est important de les connaitre pour associer, le moment venu, le partenaire complémentaire compétent. L’entreprise a besoin de solutions pertinentes en continu, jusqu’à l’aboutissement de son projet.
En tant que Responsable du pôle endogène de l’Agence, je dois veiller :
– à répondre aux attentes de notre conseil d’administration (périmètre, moyens, résultats attendus)
– à ce que nous soyons en capacité interne à répondre au mieux aux besoins des entreprises (méthodologie, amélioration des compétences, outils internes, réseau de partenaires)
– à ce que l’équipe reste audacieuse, créative et ouverte aux changements pour imaginer et proposer de nouveaux développements (veille, état d’étonnement, le pourquoi pas, ...).
Le bon manager est là pour épauler ses collaborateurs et leur donner les moyens d’atteindre leurs objectifs.
- Philippe Charmont, Responsable du développement des entreprises et des territoires, a intégré l’agence Business Sud Champagne en février 2019.
Vous êtes le référent du plan stratégique de la filière Bioéconomie, pouvez-vous nous en dire plus ?
Comme évoqué précédemment, nous devons essayer d’avoir une vision stratégique des filières de notre territoire à moyen terme pour que notre démarche soit pertinente et structurante.
L’importance locale des productions agricoles transformées et les changements économiques et environnementales en cours ont conduit naturellement Business Sud Champagne vers la « Bioéconomie ». Une filière que j’ai commencé à explorer en rencontrant différents acteurs du bois, du chanvre, de la luzerne, des industries agro- alimentaires.
Le Sud Champagne bénéficie d’acteurs puissants organisés ou en cours d’organisation. L’agence doit ainsi se mobiliser là où elle peut être la plus pertinente et apporter le plus de valeur ajoutée.
A titre d’exemple pour le Chanvre, La Chanvrière de l’Aube, en partenariat avec Troyes Champagne Métropole, développe depuis de nombreuses années les usages du chanvre (R&D, Outils industriels, structuration de filières, développement de normes. Troyes est ainsi devenu la référence en matière de chanvre et vient de donner naissance au « Pôle Européen du Chanvre ». Celui-ci est un outil unique et remarquable de structuration et de développement de la filière. Business Sud Champagne a rejoint ainsi le Pôle pour intervenir en tant qu’animateur de la cellule implantation de nouvelles activités. C’est ainsi qu’en complément de l’action des autres acteurs, nous accompagnons déjà plusieurs études de faisabilité d’implantation de projets industriels utilisant le chanvre.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
J’ai fait le choix d’intégrer l’école nationale de la Marine marchande du Havre. Cette école offre une solide formation technique d’ingénieur propulsion et permet de prendre conscience de l’importance du travail d’équipe. J’ai ainsi navigué sur Pétrolier et Porte container en Europe, en Afrique et en Asie. C’est un univers vaste et diversifié qui a permis de satisfaire mon goût pour la technologie, la réalité du terrain, les relations humaines et le management multiculturel.
Puis, j’ai décidé en 1989 de revenir à terre et d’intégrer un troisième cycle en marketing et finance à Rouen. À la sortie de cette spécialisation, je suis rentré dans un cabinet de conseil spécialisé en innovation pour les grands groupes industriels (ATOCHEM, RENAULT, AIR France, LA POSTE, ...). Nous avons suivi la demande des années 90, de ces grands groupes qui ont souhaité se recentrer sur leur métier. Ainsi, de l’essaimage à froid, nous avons accompagné des essaimages à chaud, puis nous avons été missionnés pour des externalisations, des reconversions industrielles et de la prospection ciblée pour redonner vie à des usines désaffectées.
Ensuite, j’ai décidé de prendre la succession de mon père dans l’entreprise familiale à son départ à la retraite . Cette entreprise artisanale était spécialisée dans la transformation et la personnalisation de revêtements de sols en fibres végétales. La recherche de partenaires externes pour attaquer de nouveaux marchés m’a conduit à la revendre à l’un d’entre eux.
Souhaitant prendre part au développement économique d’un territoire particulier, j’ai fait le choix de la Province. Saint-Dizier en Haute-Marne m’offrait une mission de 14 mois intéressante de diversification industrielle sur le bassin nord haut-marnais en lien avec l’UIMM. Je suis finalement resté trois ans dans cette mission en tant que directeur du développement du bassin d’emploi de Saint-Dizier. En 2001, le nord Haute-Marne ne disposait pas encore de plan de développement à 10 ans. Le sous-préfet de Saint Dizier m’a confié alors la direction de la préfiguration du Pays nord haut-marnais, pour un plan de développement collectif qu’il voulait « économique et humain ». Une fois le plan d’actions finalisé pour le Territoire, la CCI Haute-Marne m’a invité en 2003 à rejoindre son service « développement de l’industrie ». Quelques années plus tard, elle m’a confié la création de l’agence Haute-Marne Expansion spécialisée dans la prospection et l’implantation de nouvelles activités industrielles et logistiques.
En 2016, à la recherche de nouveaux challenges, je suis parti pour le Sud Bourgogne afin de relancer l’agence de développement économique, qui est devenue au bout de trois ans un syndicat mixte à vocation multiple et non plus qu’économique. En 2018, Business Sud Champagne a commencé à se constituer. L’agence cherchait alors des hommes et des femmes expérimentés en matière de développement économique et ayant si possible une première connaissance du Sud Champagne. J’ai accepté ce nouveau défi de création d’une agence et j’ai pris la responsabilité du pôle « développement des entreprises et des territoires » en février 2019.
Vous revenez sur le Sud Champagne. Comment vivez-vous ce retour ?
Sur le plan professionnel, le Sud Champagne couvre tout le département de l’Aube et du sud de la Haute-Marne. Avec le pôle urbain et universitaire de 200 000 habitants de Troyes Champagne Métropole, nous atteignons la taille critique pour commencer à être compétitif et attractif. Nous avons un beau potentiel et nous devons maintenant le faire savoir.
Sur le plan personnel, je vis au cœur de Troyes. C’est une ville d’une grande beauté où il fait bon vivre. Les programmes de rénovation urbaine des dernières années ont mis en valeur un patrimoine d’exception : ruelles piétonnières, maisons en pans de bois, églises, musées, jardins. Côté « culture et loisirs », nous avons trouvé matière à nous nourrir à travers les associations sportives et le programme culturel des théâtres et de la salle de spectacle. C’est une ville à découvrir et à pratiquer sans modération !
Publié le 10 septembre 2020 sur https://business-sud-champagne.com
Pour en savoir plus :
– Business Sud Champagne s’installe à Troyes le 6 novembre 2018
– Interview de Cyril PLA, Chef de projets du Groupe Vingeanne à Longeau le 25 juin 2020
– Bruno Nahan, Dirigeant de Bugis le 16 juillet 2020
– Guillaume Bricout, Directeur Général de Compositex le 23 juillet 2020
– Interview Philippe Charmont - Responsable du développement des entreprises et des territoires le 10 septembre 2020