À quoi sert donc le Pôle technologique de Nogent ? Ses bâtiments blancs, bas, dont la ligne épouse l’horizon en hiver, sont comme inscrits dans le décor. On sait qu’il est là comme s’il était notre depuis toujours. Sa présence désormais tutélaire a aussi, a surtout un sens, un dessein. Le pôle techno n’est pas fini : il grandit, il apprend (et on y apprend), il évolue. Tout cela au service des entreprises.
Voilà quatre ans que la CCI a confié à Christophe Juppin la mission de prolonger l’œuvre de Jean-Loïc Carré. Dans son vaste bureau que rétrécissent les piles de dossiers et les projets en cours ou à venir, Christophe Juppin place l’entreprise - il en est issu – au centre de l’idée de Pôle techno : « Rien ne se serait passé sans les entreprises » rappelle-t-il en brossant un bilan d’étape. Le Pôle date de 2009. Il fut créé à l’initiative du Conseil général, porté par la conviction de Bruno Sido. Il bénéficia du soutien du GIP (l’argent “de” Bure).
Aujourd’hui, il se pare des vertus d’un bâtiment totem. Il est emblématique. On le voit. Il attire. Il s’y passe des choses. Il est le symbole de l’innovation en Haute-Marne. Il reste avant tout un outil au service des entreprises pour les accompagner dans leur développement.
Cet outil a trois bras armés : le CRITT MDTS, l’antenne de l’UTT et la pépinière d’entreprises .
Dans le premier bâtiment, le Centre régional d’innovation et de transfert de technologie (CRITT) est très orienté matériaux, dépôts et traitements de surface (MDTS). C’est l’antenne essentielle d’un centre de recherche et de caractérisation basé à Charleville. Il propose une asistance technique pointue aux entreprises lorsqu’elles doivent caractériser ou valider un produit. Le CRITT met à la disposition des entreprises haut-marnaises des outils et des compétences qu’elles n’ont pas en interne.
Le Pôle techno, c’est aussi, peut-être même surtout de l’intelligence. Celles des enseignants-chercheurs et des élèves ingénieurs de l’antenne de l’Université de technologie de Troyes basés dans le second bâtiment. Des jeunes issus d’un premier cycle, venus de toute la France, préparent là un diplôme d’ingénieur matériaux et mécanique ou une licence professionnelle matériaux, mécanique conception.
Ces étudiants sont en alternance. C’est fondamental. La pertinence de leur formation est fondée sur un lien étroit avec les entreprises, et notamment celles de la région. Actuellement, trois promotions d’une trentaine d’élèves dépendent de l’antenne nogentaise de l’UTT. Le projet porté par l’établissement, par le Pôle et par Anne-Marie Nedelec, maire, et de porter à 50 l’effectif de chaque promo ! Le président de Région a été “sensibilisé” au dossier. Il se murmure que peut-être, en septembre 2019… Chut !
On travaille en meute
Un projet du Pôle, comme celui-ci et tous les autres, n’est jamais instruit ou soutenu par une seule personne, un seul service. « On travaille en meute » explique Christophe Juppin. La “meute” en question, autour du Pôle, c’est l’UTT, c’est aussi le GIP, c’est aussi Nogentech, c’est aussi le proche territoire.
- photo : Dominique Piot - De gauche à droite : Guillaume Raine, Alexis De Monteynard, Sandrine Sanchette, Florent Uny et Christophe Juppin
À Nogent, l’UTT compte en ce moment 6 ou 7 doctorants et l’établissement recrute un enseignant-chercheur. Cela, c’est de l’intelligence. C’est aussi de l’intelligence, c’est même être visionnaire que d’avoir lié le cluster Nogentech (qui a ses bureaux au Pôle) au réseau thématique Health Tech qui s’inscrit au premier rang de la mouvance French Tech chère à Emmanuel Macron. Cette idée de réseau, elle apparaît aussi dans le rapprochement avec Alsace BioValley. Un animateur est en cours de recrutement. Son carnet de route stipule que les deux cinquièmes de son temps seront consacrés au développement des projets concrets de Nogent.
Les prémices d’une aventure
Tout cela (entreprises, recherche, enseignement) est imbriqué, cohérent. Tout concourt à ce qu’une entreprise haut-marnaise qui exprime un besoin vienne frapper à la porte du Pôle techno pour y trouver de l’intelligence, du conseil, des réseaux, voire des locaux avec la pépinière. Le pôle techno n’est pas fini. On n’est sans doute même qu’aux prémices d’une belle aventure.
Pour en savoir plus :
– La technologie forge l’avenir en 2006
– Christophe Juppin valorise et développe l’écosystème innovant de Haute-Marne de janvier 2014 à septembre 2021
– Start-up made in Haute-Marne
– Le Pôle techno grandit bien
– Trois docteurs à l’UTT de Nogent fin 2018
– Le bâtiment totem de la French Tech Sud-Champagne : le Pôle technologique Sud-Champagne