Les maillots Arena brillent à Melbourne, meurent à Libourne

, par Christophe Juppin

Jeudi 29 mars 2007, la seule usine dans le monde du fabricant de maillots de bain Arena, dont la sportive française, Laure Manaudou est la figure emblématique, a fermé ses portes.

Quand à Melbourne, aux championnats du monde de natation, Laure Manaudou exulte, les salariés de l’usine Arena TDP à Libourne (Gironde) s’effondrent : jeudi 29 mars 2007, la seule usine dans le monde du fabricant de maillots de bain Arena, dont la sportive française est la figure emblématique, a fermé ses portes. Les 169 salariés, principalement des femmes, sont venus pointer à 7 h 45 pour la dernière fois, chagrinés, dépités.

Le fonds de pension italien BS Private Equity, propriétaire du groupe depuis 2006, a décidé de fermer l’usine pour faire fabriquer les maillots de bain en Chine et en Grèce.

A Libourne, ni les cadences effrénées des dernières années, ni les investissements matériels, ni la mise aux normes ISO 9 001, ni les félicitations de la direction pour la qualité de la main-d’oeuvre, ni la fabrication de prototypes pour les Jeux olympiques de 2008 n’ont pu empêcher la fermeture.

Questions de coûts et de compétitivité, avance le groupe aux résultats bénéficiaires et au chiffre d’affaires 2006 de 77 millions d’euros, dont 24,5 pour la France.

Jeudi à 12 h 30, heure officielle de la fin d’activité, les derniers maillots étaient déjà partis, les bobines de fil aussi. Il ne restait plus que des postes de travail, alignés par dizaine, vides, sous des néons criards.

Sans pancarte ni banderole mais dans une atmosphère pesante, les traceuses, piqueuses, rabatteuses et autres couturières se sont réconfortées, et se sont remémoré les événements des derniers mois, depuis l’annonce, mi-novembre 2006, de la fermeture du site (Le Monde du 21 novembre 2006).

"Moralement, on n’en sort pas indemne", assure Annie Gonable, secrétaire FO du comité d’établissement. "On réalisera ce qui nous arrive quand on se retrouvera seule devant notre glace", poursuit la syndicaliste, 55 ans dont trente et une années d’usine. "Plus jamais ça", répète-t-elle trois fois. Ses voisines baissent la tête, les yeux rouges, la voix perdue.

Le bras de fer des délégués du personnel et des ouvriers qui ont entre autres bloqué tout approvisionnement de matériel pendant quatre semaines a débouché sur un plan social "acceptable" : en plus des indemnités légales, ils bénéficient chacun d’une enveloppe de 12 000 euros, plus 400 euros par année d’ancienneté pour les travailleurs de plus de cinq ans. "Mais on aurait préféré de loin garder nos emplois", souffle Lisette Lamaud, déléguée FO, les yeux embués dans sa parka rouge.

"Bassin d’emploi sinistré"

Une cellule de reclassement sera ouverte à partir du 2 avril 2007 et il sera proposé un plan de reclassement individualisé. Nicolas Préault, directeur de l’usine et d’Arena France, la filiale commerciale qui reste à Libourne, souhaite "100 % de reclassement".

Personne n’y croit vraiment : "Il va falloir une reconversion totale pour les filles car on sait bien que le bassin de l’emploi est sinistré à Libourne, une région avant tout viticole, et la fermeture d’Arena ne va qu’empirer les choses", peste Christine Combrieux, une quadragénaire, dans l’usine depuis vingt-quatre ans. C’était son premier emploi.

Ironie de la situation, juste en face du bâtiment bleu et blanc de la production, une grande banderole représentant Laure Manaudou marque l’entrée de la filiale commerciale.

L’athlète, en combinaison sombre, les bras croisés, jette un regard déterminé, sans sourire. Certaines licenciées n’y font même plus attention, amères mais réalistes : "Je ne lui en veux pas à cette petite mais la direction nous dit qu’il n’y a plus d’argent pour l’emploi alors qu’il y en a suffisamment pour financer la championne", fait remarquer Marie-Christine Sèze, depuis presque quarante ans dans l’entreprise et sans illusion sur son avenir.

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Les maillots Arena brillent à Melbourne, meurent à Libourne

La nageuse française, silencieuse depuis le début du conflit, a eu un mot de compassion, le soir même à Melbourne : "Vraiment merci à tous les gens qui ont fait les maillots, les combis, ça m’a vraiment aidée."

Cela ne change rien au sort des couturières mais "ça nous met un peu du baume au coeur".

Claudia Courtois

Publié par Claudia Courtois le 30 mars 2007 sur https://www.lemonde.fr/

En juillet 2009, la FINA a décidé d’interdire les maillots de bain de haute technologie dans le monde avant mai 2010. De 2000 jusqu’à ce que l’utilisation de maillots de bain de haute technologie soit interdite, les maillots de bain en peau de requin ont joué un rôle énorme dans la suppression du record du monde au cours de cette période, et ont également connu la processus d’être un acteur dominant dans l’industrie des maillots de bain de haute technologie à être dépassé par d’autres sociétés.

Mais sans combinaisons, les records ne tombent plus

Désormais, les femmes sont priées de nager tout au plus avec un vêtement à bretelles qui court des épaules jusqu’au dessus du genou.


Pour en savoir plus :

 Les maillots Arena brillent à Melbourne, meurent à Libourne le 30 mars 2007
 Laure Manaudou teste la combinaison d’Arena en "peau de requin" le 10 juillet 2008