L’écosystème de la « Tech for Good » réunit des entreprises sociales, qui se sont données pour objectifs de répondre aux problématiques de développement durable grâce aux nouvelles technologies et à l’intelligence artificielle. Plus largement dans cet écosystème, se trouvent également les « géants » mondiaux des nouvelles technologies, impliqués bien qu’ils soient sujets à des controverses quant à leur réel impact social dans le cadre de cet écosystème.
Au cœur de l’actualité, ces acteurs se retrouvent régulièrement au sein de forums et d’événements comme VivaTechnology ou le sommet « Tech for Good » organisé par l’Élysée.
Ce contexte pose un débat sur l’innovation : dans quelle mesure et comment pouvons-nous connecter l’innovation technologique à l’innovation sociale ?
« Tech for Good » : quelles missions ?
Le terme « Tech for Good » rendu populaire par le sommet éponyme organisé à l’Élysée en mai 2018 et mai 2019, littéralement « technologie pour le bien commun », se définit comme « l’utilisation des nouvelles technologies pour répondre aux 17 objectifs de développement durable définis par l’Organisation des Nations Unies » (¹).
La « Tech » regroupe :
L’ensemble des nouvelles technologies : les « moyens matériels et organisations structurelles qui mettent en œuvre les découvertes et les applications scientifiques les plus récentes » (²).
L’intelligence artificielle : « l’ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine » (³).
Le bien commun, « Good », représente quatre secteurs clés (⁴) :
1.- Tech for « Climate » : lutter contre le réchauffement climatique et l’empreinte carbone.
2.- Tech for « Health » : favoriser l’accès de tous à la santé, les outils qui aident aux diagnostics, et le mieux vivre au quotidien grâce à la prévention.
3.- Tech for « Inclusiveness » : l’innovation au service de l’inclusion, de la lutte contre l’isolement, de la participation citoyenne au processus démocratique quotidien.
4.- Tech for « Education » : permettre aux élèves et enseignants de nouer de nouvelles relations autour de modes d’apprentissages inspirants et personnalisés.
Alors qu’elles n’étaient que peu nombreuses il y a dix ans, les start-ups de l’écosystème « Tech for Good » sont aujourd’hui plus de 500 en France, selon France Eco-Social Tech (FEST), mouvement des entrepreneurs et investisseurs de la « Tech for Good » (⁵). D’autres chiffres soulignent l’importance et l’accélération de l’écosystème : plus de 10% des entreprises identifiées ont au moins 50 salariés, 2/3 des entreprises du secteur de la « Tech for Climate » ont levé plus d’1 millions d’euros et plus de 80% des entreprises de la « Health Tech » ont moins de 5 ans d’existence (⁶).
Quelles réalités ?
Selon McKinsey Global Institute, pour maximiser les apports positifs de la technologie, il faut accompagner la transition de manière proactive et se focaliser sur l’innovation : la croissance économique annuelle jusqu’en 2030 pourrait atteindre 1,5% ainsi que 0,5% d’équivalent de croissance au PIB en terme de bien-être. Soit une croissance au sens large de 2% (⁷).
Néanmoins, plusieurs controverses existent et posent de vrais débats :
La terminologie « Tech for Good » rappelle que l’industrie technologique est souvent controversée sur ses impacts négatifs : notamment sur la consommation énergétique alarmante et l’empreinte carbone des centres de stockages de données.
Le sommet « Tech for Good » de Paris en mai 2019, a réuni une soixantaine d’acteurs mondiaux dont Google, Facebook et Uber, autour de thématiques comme la création d’emploi, l’égalité hommes-femmes, la protection des données personnelles et la modération des contenus haineux ou terroristes. Suite à ce sommet, la limite entre l’intérêt général et la génération d’intérêt a été pointée du doigt. Notamment par Ismaël Le Mouël et Léa Thomassin co-fondateurs d’Hello Asso : ils expliquent que le secteur des technologies est porté par les géants du web que l’on soupçonne de transformer un « Good for Me » en « Tech for Good » (⁸).
Enfin, des inquiétudes émergent à propos de l’intelligence artificielle : avançons-nous vers une déshumanisation ? La question de la dépendance aux technologies se pose également : allons-nous vers la perte de notre libre arbitre ?
Émergence d’un écosystème qui se structure : concilier l’innovation technologique et l’innovation sociale
L’utilisation de l’innovation technologique au service de l’innovation sociale a donné naissance aux entreprises sociales de l’écosystème « Tech for good ». Parmi elles, Yuka, qui fait partie du secteur clé « Tech for Health » et Entourage du secteur clé « Tech for Inclusiveness » :
Avec son application 100% indépendante, Yuka a pour mission « d’améliorer la santé des consommateurs en les aidant à décrypter les étiquettes des produits afin de faire les meilleurs choix pour leur santé. L’entreprise sociale souhaite « qu’à travers une consommation plus éclairée, les consommateurs aient un levier d’action pour conduire les industriels de l’agroalimentaire et de la cosmétique à améliorer leur offre de produits ».
Entourage, regroupe une communauté de plus de 80 000 membres qui luttent contre l’isolement des sans-abris, favorisent les rencontres et la création de lien social. Celle-ci existe grâce à l’application Entourage et sa carte interactive, qui centralisent toutes les actions solidaires en cours dans chaque quartier.
Plusieurs réseaux, piliers de l’innovation sociale, comme Makesense, Latitudes, Les Ambitieuses et La Ruche organisent des « Tech for Good tours » nationaux :
Par leur tour de France de sensibilisation et passage à l’action sur le territoire, Makesense et Latitudes se sont donné pour mission de « comprendre et mettre en avant les acteurs des écosystèmes « Tech for Good » locaux, de connecter les mondes de l’innovation sociale et de l’innovation technologique, et d’accompagner les ingénieurs de demain pour qu’ils utilisent leurs compétences au service du bien commun » (⁹). Cette initiative permet notamment aux entreprises sociales de pouvoir rejoindre la communauté « Tech for Good tour » et de comprendre comment démultiplier leur impact grâce aux nouvelles technologies.
Le programme d’incubation Les Ambitieuses Tech for Good, par le réseau national La Ruche, a également lancé un tour de France dédié aux femmes entrepreneures. Il a pour but de mettre en avant les talents féminins issus des territoires, de les accompagner dans la structuration de leurs projets et dans la consolidation de leur impact.
Enfin, l’un des points clés pour mettre l’innovation technologique au service de l’innovation sociale semble être la mesure de l’impact généré. Le cabinet Kimso se donne pour mission d’accompagner les entreprises sociales à démontrer leur impact, comprendre la manière de l’accroître, notamment en intégrant sa mesure dans le pilotage d’activité.
Vous avez un projet qui met la technologie au service du bien commun ? Nous pouvons vous aider à communiquer, contactez-nous !
Sources :
– (¹) L’article de l’Usine Nouvelle donne cette définition
– (²) (³) Le dictionnaire Larousse donne les définitions de nouvelles technologies et d’intelligence artificielle
– (⁴) L’étude de PwC présente ces secteurs clés
– (⁵) Nombre cité dans l’article de l’Usine Nouvelle
– (⁶) L’étude de PwC donne ces chiffres clés
– (⁷) L’article publié par LesEchos et l’article de McKinsey Global Institute donnent ces informations
– (⁸) L’article de Libération donne ces informations
– (⁹) Le site du « Tech for Good tour » donne cette information
Liens intéressants à consulter :
Articles :
- Articles – Dossiers de la « Tech for Good » par l’Usine Nouvelle
– Article : Tech for Good par Convergences
– Article – Les raisons d’être optimistes à propos de la technologie en 2020 par World Economic Forum
Publié par Coralie Omodei-Diebold le 26 mars 2020 sur https://www.linkedin.com/
Pour en savoir plus :
– Julie Chapon, cofondatrice de l’application Yuka, se met à table le 17 octobre 2018
– « Tech for Good » : la technologie mise au service du bien commun et des objectifs de développement durable le 26 mars 2020
– Le projet d’Iléna pour changer le regard sur le handicap le 03 janvier 2021