Bientôt une nouvelle école pour l’industrie ?

, par Orianne Roger

Il y a 35 écoles de production en France mais aucune dans le Grand Est. À l’initiative de Nogentech, la première de la région pourrait être créée en Haute-Marne. Explications.


La bonne nouvelle est tombée lundi 27 septembre 2021 lors d’une réunion à la Chambre de commerce et d’industrie. Delphine Descorne-Jeanny, présidente du cluster d’entreprises Nogentech, a partagé sa volonté de créer une école de production spécialisée dans l’usinage en Haute-Marne. Le but : faire coïncider la formation avec les besoins des industriels.

VHM : Pourquoi est-ce si difficile de recruter dans l’industrie ?

Delphine Descorne-Jeanny : Le problème, c’est le manque d’attractivité des métiers de l’industrie alors qu’ils ont évolué et qu’il y a beaucoup moins de pénibilité. On a toutes les formations qu’il faut sur le territoire, notamment au lycée Decomble, à Chaumont mais les classes sont loin d’être remplies. Les formations techniques ainsi que leurs débouchés -c’est-à-dire les emplois potentiels à la clé- ne sont pas connus. Et pourtant, dans la maintenance ou dans l’usinage, il y a de l’emploi. J’ajoute qu’un ouvrier qualifié dans l’industrie gagne très très bien sa vie.

S’adresser à des jeunes en difficulté

Pourquoi vouloir créer une école de production en usinage ?

C’est l’un des métiers qui est le plus en souffrance, le domaine où les industries peinent le plus à recruter aujourd’hui en Haute-Marne.

À qui s’adressent ces écoles ?

Elles s’adressent aux jeunes entre 15 et 18 ans, déscolarisés et qui n’ont pas encore trouvé leur voie. Entre huit et douze élèves sont accueillis par promotion.

Comment fonctionne-elles ?

La formation dure deux ans. Les élèves passent 35 heures par semaine dans l’école dont 24 heures d’enseignement pratique et 10 à 12 heures d’enseignement théorique. L’avantage de ces structures, c’est qu’ils fabriquent des pièces « réelles », en sous-traitance pour les industriels durant ces heures. Ils sont encadrés par un maître-professionnel qui ne vient pas de l’Education nationale mais de l’industrie. Il est ensuite possible de recruter des vacataires pour les cours théoriques, essentiellement en maths, français et anglais.

Cette école sera-t-elle située sur le pôle de Nogent ?

C’est encore trop tôt pour le dire. On est vraiement aux prémices du projet. Le conseil d’administration de Nogentech a approuvé jeudi soir l’idée de créer cette école. Il nous faut maintenant écrire une lettre d’intention à l’association nationale des écoles de production. L’appel à projets se termine le 15 octobre 2021. Nous devrions savoir d’ici la fin de l’année 2021 si notre candidature est retenue, ensuite il faudra créer une association pour gérer la structure et choisir le lieu. Mais on espère vraiement que ça pourra se faire sur le pôle technologique de Nogent.

Cinq à six offres d’emploi à la clé

Si ça fonctionne, quel niveau auront les élèves à la sortie de l’école ?

Nous allons très certainement les former à un niveau CAP. On note que dans les écoles de production qui existent déjà ailleurs en France, la moitié des élèves se dirigent vers une poursuite d’études. E, Haute-Marne, il sera possible d’intégrer le lycée Decomble pour aller plus loin. Mais ceux qui souhaitent travailler dès la sortie de l’école de production le pourront.

Quels sont les débouchés ?

Statistiquement, tous les élèves qui sortent aujourd’hui des écoles de production ont cinq-six offres d’emploi à la clé ; c’est-à-dire qu’ils ont un emploi assuré et qu’ils ont même le choix de l’emploi.

Vous êtes optimiste quand à l’aboutissement du projet ?

Oui. Quand j’en parle autour de moi, tout le monde se montre enthousiaste. Surtout, je crois que cette école répond à un besoin en recrutement du territoire mais aussi à un besoin social. Le taux de jeunes sans qualification en Haute-Marne est supérieur à la moyenne régionale et nationale. A présent, il faut qu’on trouve de nouvelles solutions pour former les jeunes et assurer l’avenir de nos entreprises. Cette école, c’est un oari sur l’avenir.

Orianne Roger

A savoir :

La Voix de la Haute-Marne reviendra sur la présentation de la conjoncture économique réalisée par Laurence Kin-Ropers, la directrice départementale de la Banque de France, ce lundi, dans une prochaine édition.

Publié par Orianne Roger dans la Voix de la Haute-Marne n° 9034 du vendredi 01 octobre 2021 en page 10

JPEG - 129.6 ko
Publié par Orianne Roger dans la Voix de la Haute-Marne n° 9034 du vendredi 01 octobre 2021 en page 10

Pour en savoir plus :

 Bientôt une nouvelle école pour l’industrie ? le 01 octobre 2021
 Ecole de Production : le projet avance le 21 décembre 2021
 L’école de production défie Chronos le 11 janvier 2022
 Vanessa Dassonville, directrice de l’École de production de Nogentle le 28 mars 2022
 Ecole de production Métaltech : une formation complète le 13 avril 2023