Evènement validé et inscrit dans le programme officiel de la Semaine Européenne du Développement Durable (SEDD) du ministère de la Transition écologique et solidaire qui se tiendra du 30 mai au 5 juin 2018
Les plantes, des « micro-mines » extractrices de métaux ? Une hypothèse déroutante, improbable, tant l’équilibre naturel, sujet de nos préoccupations écologiques face à l’envahissement industriel, semble radicalement opposé aux problématiques minières. C’est sans compter sur le pouvoir extraordinaire et insoupçonné de certains végétaux capables de stocker dans leurs cellules les métaux provenant du sol. Ces hyperaccumulateurs, découverts il y a quelques décennies seulement, pourraient bien marquer une révolution scientifique et technologique dans notre façon d’appréhender l’agrosystème. Quel potentiel laisse espérer la recherche ? Ces « super plantes » pourraient-elles devenir la clé de l’un des défis environnementaux du monde contemporain ?
En Nouvelle-Calédonie, cœur d’une biodiversité exceptionnelle, l’intense exploitation minière pour l’extraction du nickel s’avère être une source économique de premier ordre mais aussi une activité néfaste pour la nature. Dans cet archipel, les chercheurs s’appuient sur les facultés d’absorption des plantes endémiques, propres au territoire, pour mettre en œuvre la dépollution des zones de friche et favoriser la revégétalisation de ces terres. La « magie » opère : non seulement ces éléments naturels parviennent à s’épanouir en amassant intrinsèquement du métal à haute toxicité, mais encore ils améliorent la qualité des sols et terrils contaminés. Ces plantes qui poussent sur des terrains riches en métaux absorbent ces substances à des taux mille fois supérieurs aux végétaux normaux, devenant de vraies « mines » dont on peut aujourd’hui extraire le métal : c’est la phytomine.
Partout dans le monde, les acteurs du milieu scientifique s’activent pour comprendre et approfondir la connaissance des plantes hyperaccumulatrices en s’appuyant sur une technologie de pointe. En Australie, la recherche fondamentale a permis, par le biais d’un puissant accélérateur de particules, l’analyse de la structure cellulaire et du circuit des nickel, zinc, plomb et autre arsenic dans la matière, de la racine à la feuille. En France, le pôle universitaire de Nancy, centre de référence sur la question, met en œuvre des procédés de récupération et de transformation du métal obéissant à une démarche éco responsable, permettant même de produire de l’énergie. Le minerai recueilli peut ensuite être recyclé sous des formes multiples, dans différents types d’industrie (automobile, aéronautique, etc.). En Albanie, où existent des sols particulièrement concentrés en nickel, la collaboration entre spécialistes français et albanais a permis de lancer des cultures pionnières à partir de l’Alyssum murale, petite plante jaune commune dans ces contrées, initiant un nouveau type d’agroéconomie.
Ce nouveau mode d’extraction douce, s’il ne peut remplacer les techniques traditionnelles massives, s’annonce comme un champ d’action aux perspectives époustouflantes. Depuis quelques années, une véritable course aux nouvelles espèces est lancée dans le but d’encourager ce progrès à la double vocation : la dépollution à grande échelle, en même temps que le développement d’une nouvelle économie rentable. La preuve, encore une fois, qu’une étonnante biodiversité nous entoure, qui n’a pas dit son dernier mot...
Pour en savoir plus :
– ECONICK, une start up basée sur l’extraction de métaux des sols par les plantes !
– Cinétech n°33 : « Sols contaminés : des plantes à la rescousse » le 30 mai 2018 Nogent (52)
– Cinétech n°34 : « L’énigme de la tombe celte » le 10 octobre 2018 à Nogent (52)