En pleine crise, l’exécutif entérine sa volonté de réduire le nucléaire dans la production d’électricité le 23 avril 2020 Feuille de route énergétique à l’horizon 2028

, par Christophe Juppin

Un décret du gouvernement du 23 avril 2020, paru au Journal Officiel, adopte la programmation pluriannuelle de l’énergie. Le gouvernement montre ainsi sa volonté de développer les renouvelables et de réduire le nucléaire dans la production d’électricité. Ce décret passé inaperçu dans cette période d’épidémie, grave dans le marbre la fermeture de 14 réacteurs nucléaires pour les 15 années à venir


Le gouvernement a finalement adopté sa feuille de route énergétique à l’horizon 2028, qui grave dans le marbre sa volonté de développer les renouvelables et de réduire le nucléaire dans la production d’électricité. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour 2019-2028 "est adoptée", selon un décret paru au Journal officiel. Son adoption était initialement attendue fin 2018, mais ce texte aux multiples implications aura pris beaucoup de retard.

Un second décret, visant l’adoption de la stratégie nationale bas-carbone (SNBC), a également été publié jeudi. Celle-ci fixe comme objectif la neutralité carbone de la France à l’horizon 2050. "Nous publions aujourd’hui des textes écologiques structurants, qui impliquent la décarbonation de tous les secteurs d’activités et qui incarnent notre volonté intacte de poursuivre la transition écologique de notre pays", a souligné Elisabeth Borne, la ministre de la Transition écologique et solidaire, dans un communiqué.

Fermer 14 réacteurs d’ici 2035

Les arbitrages dans le secteur de l’énergie avaient été esquissés dès la fin 2018 par le président Emmanuel Macron et le projet de PPE avait ensuite connu plusieurs versions avant d’être soumis à consultation en début 2020. Sur le nucléaire, le gouvernement confirme l’objectif de fermer 14 réacteurs d’ici 2035, dont les deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) qui doivent s’arrêter en 2020. Le premier a déjà été arrêté en février 2020, le second doit l’être le 30 juin 2020 . La France cherche ainsi à réduire sa dépendance au nucléaire en ramenant sa part dans sa production d’électricité à 50% en 2035, contre plus de 70% aujourd’hui.

Sur le fond, la PPE publiée jeudi reprend pour l’essentiel le texte qui avait déjà été rendu public et mis en consultation. Il ne diverge que sur quelques mesures techniques portant sur les réseaux de chaleur (avec une sortie accélérée du charbon) et le photovoltaïque, selon le ministère de la Transition écologique et solidaire. "Nous nous réjouissons de la publication de la PPE, qui donne, dans ce moment particulier de notre histoire, de la visibilité à nos différentes filières et confirme l’engagement de la France dans la transition énergétique", a salué Jean-Louis Bal, le président du Syndicat des énergies renouvelables (SER). "Mais, nous devrons tous être très attentifs aux moyens mis en œuvre pour atteindre, dans les délais, les objectifs fixés", a-t-il ajouté, dans un communiqué.

Des ONG de défense de l’environnement ont en revanche critiqué le texte, estimant qu’il manquait d’ambition. "Le gouvernement s’est refusé à intégrer les mesures complémentaires nécessaires à l’atteinte des objectifs climatiques - pourtant insuffisants - et de baisse de la consommation d’énergie de la France", ont jugé dans un communiqué commun plusieurs associations (Réseau Action Climat, Amis de la Terre, Greenpeace, France Nature Environnement...). "Il acte ainsi l’écart entre les discours et les actes et se prive de leviers clés pour une reprise économique compatible avec l’Accord de Paris", ont-elles estimé.

Publié par D. L. avec AFP le jeudi 23 avril 2020 sur https://bfmbusiness.bfmtv.com/


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François Momboisse @fmomboisse · 25 avril 2020
Mais quelle ânerie..! On va dépenser des milliards d’argent public pour enrichir les promoteurs privés de renouvelables, sans réduire les émissions CO2..
https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/en-pleine-crise-l-executif-enterine-sa-volonte-de-reduire-le-nucleaire-dans-la-production-d-electricite-1899310.html
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France Inter @franceinter · 28 juin 2020
Hubert Védrine : "Le meilleur exemple de manque de courage, c’est de ne pas avoir dit depuis 20 ou 30 ans que l’on ne peut pas se passer du nucléaire pour le moment (…) D’avoir raconté qu’on pouvait se passer du nucléaire sans relancer le charbon, donc le CO2." #QuestionsPol
https://twitter.com/i/status/1277190845909872641
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Jean Louis @JL7508 · 1 sept. 2022
Fermeture de Fessenheim :
▶️En 2020, Borne se félicitait d’avoir pris une décision que "nos prédécesseurs avaient reportée".
« Alors je vous confirme, c’est un moment historique parce que, comme vous le soulignez, ça fait des années qu’on dit aux Français qu’il faut baisser la part du nucléaire dans notre électricité, cela fait des années qu’ils entendent parler de l’arrêt de Fessenheim. Et depuis des années, nos prédécesseurs ont reportés la décision. Cette décision, elle est prise : le décret que j’ai signé avec le Premier ministre, il est ce matin au journal officiel, et samedi prochain 22 février 2020, le premier réacteur de Fessenheim
s’arrêtera. Donc, c’était effectivement un engagement d’Emmanuel Macron..
. » Élisabeth Borne ministre de la Transition écologique et solidaire.
▶️le 31 octobre 2022, elle s’est finalement défaussée en expliquant qu’en fait la décision avait été prise "pendant le quinquennat de F.Hollande" !
« Bonjour Madame la Première ministre, Jacques Seray, Europe1. Vous qui avez mis en oeuvre la fermeture de Fessenheim et souhaité la réduction de la part du nucléaire dans notre mixe énergétique. Ne vous sentez-vous pas responsable de la la situation dans laquelle nous nous trouvons. Avez-vous le sentiment, ou pas, avec le recul, d’avoir fait une erreur ? »
« Alors vous savez, c’est une forme de paquebot, une centrale nucléaire. Et quand la décision a été prise dans le quinquennat de François Hollande de fermer Fessenheim, cela veut dire que la poursuite de l’activité n’était pas possible dans ce quinquennat. » Élisabeth Borne Première ministre.
Lamentable.
https://twitter.com/i/status/1565235340763402240
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Eric Anceau @Eric_Anceau · 30 août 2022
Le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy explique devant la ministre déconfite les principales raisons de la catastrophe énergétique qui est devant nous : Les erreurs des dirigeants français sur le nucléaire à commencer par Emmanuel Macron
https://twitter.com/i/status/1564499940319051776

Pour en savoir plus :

 Conférence de Jean-Marc Jancovici pour l’ADEME Ile de France le 13 avril 2018
 "Décarboner l’économie c’est un projet extrêmement noble" Jean-Marc Jancovici le 27 novembre 2018
 « On n’a pas trouvé mieux que le nucléaire pour produire de l’électricité sans trop polluer »
 Remise du Rapport 2019 du Haut Conseil pour le Climat le 26 juin 2019
 La révolution énergétique allemande dans l’impasse en décembre 2019
 Climat, nucléaire, homéopathie… Pourquoi nous maltraitons la science
 Jean-Marc Jancovici : « L’Allemagne est le contre-exemple absolu en matière de transition énergétique »
 Selon une étude allemande, les voitures électriques polluent plus qu’une voiture diesel : leur empreinte carbone pourrait être 28% supérieure
 Jean-Marc Jancovici évoque la décennie 2020 : "Pour résoudre le problème écologique, il faudra baisser notre pouvoir d’achat
 L’électricité sur des charbons ardents en janvier 2020
 Jean-Marc Jancovici : "Fermer une centrale nucléaire au nom du climat : l’imposture du gouvernement le 22 février 2020."
 Jean-Marc Jancovici : « Le temps du monde fini commence » le 24 février 2020.
 Covid-19 : Sortie de crise : et le nucléaire le 10 avril 2020 ?
 En pleine crise, l’exécutif entérine sa volonté de réduire le nucléaire dans la production d’électricité le 23 avril 2020