"80 % de la forêt qui nous entoure étaient là au moment de la Révolution française, c’est extrêmement rare", résume Hervé Parmentier, directeur du Groupement d’intérêt public (GIP) chargé de mettre en place le premier parc national français dédié à la forêt.
Comme les dix autres, il aura une mission de protection d’espèces sensibles comme le sabot de vénus - une orchidée - ou le narcisse des poètes, sur un territoire emblématique des forêts tempérées de France.
Ou encore la cigogne noire - plus rare et plus discrète que sa cousine blanche - dont on aperçoit un nid imposant perché sur un arbre, à l’écart des sentiers fréquentés. "Un indicateur écologique", selon Paul Brossault, technicien à l’Office national des forêts (ONF). "Sa présence indique que la nature est en bonne santé."
Mais le parc devra aussi "contribuer à l’activité économique locale", insiste Hervé Parmentier, car l’histoire de cette forêt se confond avec celle de ses habitants. "Ici, l’homme a en partie façonné les paysages, il y a toujours eu un lien social et économique."
Au beau milieu des zones boisées, des murets recouverts de mousse témoignent d’une présence ancienne. Mais dans les villages qui parsèment le territoire, de nombreuses maisons en pierre de Bourgogne demeurent aujourd’hui volets clos et les commerces se font rares.
’Terre d’exception’
Lancé en 2009 par le Premier ministre de l’époque, François Fillon, le futur parc suscite chez certains l’espoir de voir revivre une région située au coeur de la "diagonale du vide", en proie à la désertification rurale.
"C’est un territoire en perdition démographique et économique, qui ne peut pas se priver d’un projet comme ça", lance Bruno Roger, qui possède dix ânes avec lesquels il fait découvrir "l’intimité de la forêt" aux visiteurs de passage.
Avec un parc, "on rentre dans une logique de terre d’exception", fait-il valoir, espérant que ça dopera le tourisme. "En 1h20, tu quittes Paris et tu te retrouves au coeur de la forêt, où se trouvent les sources de la Seine."
Mais le projet ne fait pas l’unanimité. Certains exploitants forestiers privés craignent de ne plus pouvoir couper leurs arbres quand ils le voudront. Et les chasseurs sont méfiants, refusant d’être relégués au rôle de régulateurs de la faune.
Michel Monot, un de leurs représentants dans le département, est propriétaire de l’abbaye du Val des Choues, point de départ de chasses à courre en forêt de Châtillon.
Cette activité "est pratiquée depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toujours, il ne faut pas que le parc soit un obstacle", souligne-t-il.
Inquiétude des agriculteurs
L’opposition la plus forte vient d’agriculteurs qui possèdent des terres dans l’enceinte du parc et s’inquiètent de voir de nouvelles contraintes peser sur une profession en crise.
"D’un côté on a affaire à une mondialisation débridée, et en même temps on va nous mettre des contraintes, des normes supplémentaires", pointe Olivier Thiery, éleveur et céréalier à Auberive (Haute-Marne).
"Une bonne partie du monde agricole a une position de méfiance et d’inquiétude parce qu’un parc national c’est un outil environnemental et en aucun cas économique", affirme-t-il.
Le directeur, Hervé Parmentier, se veut rassurant. "Bien souvent, on trouve des solutions" avec les agriculteurs pour préserver la faune et la flore "sans perturber l’équilibre de leur économie". "Et on peut en plus amener des moyens techniques et financiers."
Une charte, objet de toutes les négociations, fixera pour 15 ans les ambitions du futur parc qui disposera de 30 à 35 salariés et d’un budget annuel de 2 à 3 millions d’euros.
27/05/2017 - Rochefort-sur-Brévon (France) (AFP) - © 2017 AFP
Publié le 27 mai 2017 dans https://www.lepoint.fr/
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Pour en savoir plus :
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