Helvis, cheffe d’entreprise à Saulces en 1388. Les femmes et le travail

, par Pascal SABOURIN

Vous ne le savez peut-être pas, une partie de l’histoire médiévale ardennaise repose dans les archives de la Chambre des comptes des comtes de Flandre puis ducs de Bourgogne.

Mercredi 29 mars 2023 sur les chemins de l’histoire". Pascal Sabourin nous fait découvrir une cheffe d’entreprise en 1388, pas mal non ? Bonne lecture.

Helvis, cheffe d’entreprise à Saulces en 1388.

Vous ne le savez peut-être pas, une partie de l’histoire médiévale ardennaise repose dans les archives de la Chambre des comptes des comtes de Flandre puis ducs de Bourgogne.

Ici, il s’agit de sortir de l’ombre une femme singulière, une de plus, avant qu’elle n’y retourne aussi vite. Je n’en ai en effet trouvé aucune trace ailleurs. Cette mystérieuse dame s’appelait Helvis, ou Helvide si vous préférez.

Elle n’était ni ensorceleuse, ni moniale, ni ribaude de meretricula taberna, ni seigneuresse de village. Elle exerçait une activité économique ô combien importante : la fabrication de tuiles de couverture, ainsi que de chaux, probablement à Saulces-Monclin.

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La charte mentionne Helvis : le 7 janvier 1387 (c’est-à-dire 1388 … ), elle s’est rendue « en personne » auprès de deux tabellions (on dirait maintenant notaires)

La charte qui la mentionne ne laisse aucun doute : le 7 janvier 1387 (c’est-à-dire 1388 … ), elle s’est rendue « en personne » auprès de deux tabellions (on dirait maintenant notaires) du comte de Rethel, Artois, Flandre et duc de Bourgogne (Philippe le Hardi, frère du ’’roi fou’’ Charles VI) afin d’y percevoir le montant de ses ventes : quatre « millier et demy » de « tieules plates » qui avaient été livrés au couvreur comtal de la châtellenie de Rethel, ainsi que « X muys » de chaux.

Aucune mention d’époux, d’un frère, d’un fils : elle paraît gérer seule sa lucrative affaire, pour laquelle elle employait assurément une main d’oeuvre d’ouvriers, si minine fût-elle.

Femme entrepreneure, en campagne. Un beau sujet à défricher, non ? Situation surprenante ? Comme le nombre de mots m’est compté, je reprends le constat de l’historienne allemande Claudia Opitz (« Les femmes et le travail », Histoire de femmes, t.II, p.305-319) : c’est avant tout le XIXe siècle qui a prôné l’exclusion de la femme des activités productives.

Sacré Moyen Age, non ?

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Publié par Pascal Sabourin le 29 mars 2023 sur la page Facebook de Société d’histoire des Ardennes

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