La situation de Langres, sur un éperon, a très vite posé la question de l’approvisionnement en eau des habitants. Les fontaines, presque toutes situées au pied des remparts, permettaient de recueillir les eaux de ruissellement stockées entre les couches calcaires et d’argile. Aujourd’hui, ces différentes fontaines restent accessibles mais méritent d’être mieux indiquées et entretenues. Pour l’une d’entre elles, il est même urgent d’agir. C’est pourquoi le 30 septembre 2021, le conseil municipal a décidé de demander, pour sept édifices, la protection au titre des monuments historiques (MH).
1.- Seulement deux fontaines déjà protégées
La fontaine de la Grenouille, construite en 1657 et modifiée jusqu’en 1758, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques (MH) depuis 1908. "C’est la plus importante, la plus monumentale", selon Olivier Caumont, directeur de la culture qui ne s’étonne pas de cette demande de protection. La Fontaine aux fées, d’époque moderne, est quant à elle inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (MH) depuis 1925. Concernant cette deuxième demande ponctuelle, on peut imaginer que les légendes entourant l’édifice ont été une des motivations.
- Langres - Fontaine Saint-Didier (1)
Certaines fontaines étaient équipées d’un pédiluve qui servait à rafraîchir les animaux sur le trajet vers la ville haute ; comme ici à l’édifice Saint-Didier, vers 1900.
2.- Sept autres fontaines remarquables
Mais les sept autres fontaines de Langres valent également le détour. Elles dates de différentes époques et présentent des structures tout aussi variées. Trois d’entre elles - Saint-Didier (XVIIIe siècle), Saint-Nicolas (1785) et des Trois rois (XVIIIe et XIXe)- sont dites « fontaines abrevoires et pédiluves ». Olivier Chaumont rappelle : « C’était un lieu où les cheveaux ou les boeufs pouvaient faire une pause, boire et rafraîchir les pattes lors de la montée vers la ville haute ». La fontaine Saint-Didier qui acceuille à présent une statue de Saint-Mammès est particulièrement impressionnante et pouvait recevoir jusqu’à dix bêtes.
Quand aux fontaines Saint-Antoine et son arc impressionnant (1773), celle du trou et son double lavoir (XVIIe siècle et 1826), la discrète fontaine Sous-Mur (fin XiXe) et celle du président (XVIIe), la seule à être encore couverte, il s’agit de lavoirs où l’on venait nettoyer son linge.
3.- La nécessité de les préserver et de les animer
La demande de protection au titre des monuments historiques, si elle est validée par le ministère de la Culture, doit permettre à Langres de bénéficier de fonds d’Etat pour l’entretien, voire la restauration de certains édifices. « La fontaine Saint-Antoine est très belle, mais c’est aussi la plus problématique », souligne Olivier Chaumont. En effet, son arc est aujourd’hui soutenu par des étais. « Il n’y a d’urgence que pour celle-ci », précise toutefois le directeur. Concerenant les autres fontaines, notamment les fontaines abreuvoirs, il rêve de retrouver les pavés des pédiluves sous l’herbe.
Au-denà de l’aspect purement patrimonial, la préservation de ces fontaines revêt un intérêt touristique. Le circuit imaginé par le passé pourrait être remis en état avec un fléchage et des cheminements plus accessibles et ainsi proposer une balade entre ville et nature tout à fait bucolique.
Orianne Roger
Publié par Orianne Roger le 29 octobre 2021 page 6 dans la Voix de la Haute-Marne n° 9038 https://www.lavoixdelahautemarne.fr
- Publié par Orianne Roger le 29 octobre 2021 dans la Voix de la Haute-Marne n° 9038 https://www.lavoixdelahautemarne.fr
Les fontaines de Langres
Le site chemindeleau.com a pour ambition de faire connaître toutes sortes de lieux, d’œuvres ou d’événements en parcourant les nombreux cours d’eau issus du Plateau de Langres. Ce site propose un article sur les fontaines de Langres.
Langres - Fontaine Saint-Didier (1)
- Langres - Fontaine Saint-Didier (1)
(Crédits : Service du patrimoine, ville de Langres)
C’est la plus proche du centre historique. Située à proximité de l’antique decumanus maximus (axe est-ouest de la ville gallo-romaine), cette source tenait sans doute une place d’importance permettant aux hommes et aux animaux de se rafraîchir après avoir gravi les pentes du plateau. A cette époque, un arc (l’actuel arc gallo-romain tout proche) marquait l’accès dans la cité, la limite sacrée entre ville et campagne.
Langres - Fontaine Saint Nicolas (2)
- Langres - Fontaine Saint Nicolas (2)
(Crédits : D.Covelli)
La fontaine Saint Nicolas se situe au nord de la ville de Langres (Haute-Marne), à proximité de la porte Longe-Porte. Cette porte était le débouché de l’ancien cardo maximus (l’axe traversant nord-sud de la ville gallo-romaine) : là encore un arc marquait l’entrée dans la ville antique. Il est possible que la source de la fontaine Saint-Nicolas ait déjà été utilisée à cette époque.
Entretenue tout au long de la période médiévale, cette fontaine avait bénéficié de travaux de rénovation au XVIIe siècle.
Langres - Fontaine Saint Antoine (3)
- Langres - Fontaine Saint Antoine (3)
(Crédits : D.Covelli)
Située à l’angle nord-est de la ville, au pied de la tour Piquante, elle est accessible par un petit chemin en contrebas de l’allée des Marronniers. Lorsqu’en 1773 Claude Forgeot reconstruisit l’édifice, il réalisa un monument qui n’est pas sans rappeler, toutes proportions gardées, les dispositions de la « grotte » de la fontaine de la Grenouille.
Langres - Fontaine des Trois Rois (4)
Cette fontaine, située plein est au sommet de la côte des Trois Rois, desservait le quartier de Louot, particulièrement propice au maraîchage en raison de son orientation (les premiers rayons diminuant l’effet des gelées).
Langres - Fontaine de la Grenouille (6)
Il s’agit de la plus importante et de la plus aboutie des fontaines de Langres. Elle fait partie, avec l’allée d’arbres qui y conduit, d’un ensemble formant une promenade très agréable et prisée par les langrois depuis sa création.
La fontaine est semble-t-il connue depuis la plus haute antiquité sous le nom de fontaine Blanche. Le 26 octobre 1656, les échevins décident d’embellir l’accès à la source, non sans peine… Les terrains à traverser appartenant au chapitre de la cathédrale, un échange devait être négocié pendant les années suivantes.
Le 14 mai 1657 l’ensemble était quasiment achevé, et la bénédiction du lieu fut prononcée le 30 septembre 1657.
Le classement au titre des Monuments Historiques intervint le 15 août 1906 pour la fontaine et le 7 juillet 1937 pour la promenade.
Langres - Fontaine du Trou (7)
Elle est attestée depuis le XVIIe siècle. Plus éloignée que la plupart des autres fontaines possédant un caractère pratique, elle n’a pas la même place dans les usages locaux.
Les travaux de 1826 (la date est inscrite sur la voûte) aménagent un conduit voûté captant l’eau afin de l’acheminer vers un bassin arrondi aujourd’hui disparu.
Langres - Fontaine aux Fées (8)
Située sur le flanc Ouest du plateau de Langres, à une centaine de mètres au pied de la tour Navarre, la fontaine aux fées est fréquentée depuis l’époque gallo-romaine. Lors de fouilles en 1855, on trouva à proximité divers vestiges antiques (débris de mosaïques, fresques, monnaies gauloises et romaines) ainsi qu’un autel conservé aujourd’hui au musée de Langres. Sur celui-ci figurent trois femmes représentant les trois déesses mères auxquelles la source était dédiée.
Langres - Fontaine du Président (9)
Située à l’ouest de la ville dans le quartier Saint-Didier, la fontaine du Président est la seule à avoir conservé son lavoir couvert.
Elle était réservée à l’usage privé jusqu’au début du XVIIIe siècle. Elle tient son nom de la fonction de l’avant-dernier propriétaire qui était président du grenier à sel. Les aménagements réalisés en 1782, sur ordre du maire Bernard Rivot, ont conduit à la suppression de l’ancien abreuvoir.
- A la source de l’histoire des fontaines langroises dans le JHM (Journal de la haute Marne) n°10334 du samedi 17 decembre 2022 en page 21
Pour en savoir plus :
– La ligne de partage des eaux sur le plateau de Langres
– De la tradition artisanale coutelière aux implants chirurgicaux et au Cluster Nogentech.
– La Haute-Marne compte deux « Henokiens », des entreprises de plus de 200 ans d’âge.
– Gutenberg en version créateur de start-up
– La ville fortifiée de Langres n’est toujours pas classée au patrimoine mondial de l’ Unesco !
– Le regard amoureux d’Eric Girardot sur la cité fortifiée de Langres.
– L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert disponible intégralement en ligne en novembre 2017
– Inès Jannot ouvre son nouveau chapitre le 2 mai 2019 à Langres
– Langres, la plus belle ville fortifiée de France
– Le Pays de Langres labellisé Pays d’art et d’histoire le 20 janvier 2020
– Sur les traces des Gallo-Romains en Pays de Langres, en sud Haute-Marne
– La demande de protection au titre des Monuments historiques des fontaines au pied des remparts de Langres le 29 octobre 2021
– La fontaine Saint Didier de Langres, hommage au martyre