Clairvaux : pour Amélie Nothomb, « boire du champagne, c’est boire la lumière »

, par Christophe Juppin

Récompensée le mercredi 3 novembre 2021 par le prix Renaudot, Amélie Nothomb était l’invitée samedi 30 octobre 2021 des troisièmes Entretiens culturels de Champagne. L’auteure belge a parlé d’elle, bien sûr, de son travail d’écrivain, de ses passions parmi lesquelles il y a le champagne.

A Clairvaux, Amélie Nothomb a eu pour la boisson reine de la côte des Bar une formule que seule une grande écrivaine peut avoir : « Boire du champagne, c’est boire la lumière ! » Délicieuse et pétillante formule comme le champagne et son auteure.

Pendant une heure et demie, à l’étage de l’Hostellerie des Dames, samedi matin 30 octobre 2021, cette grande dame de la littérature, a répondu aux questions de Jean-Baptiste Duteurtre, président de JBD Events, organisateur de ces 3e Entretiens culturels de Champagne avec Christelle Taillardat de l’Agence de tourisme de l’Aube (ADT 10) et a fait montre de ses talents, multiples.

D’abord, et ce n’est pas le plus petit ; Amélie Nothomb s’est racontée gratuitement. Ce n’est pas pour cela que le public est venu nombreux.« La jauge de 80 personnes a été atteinte rapidement  », Covid oblige souligna Gérard Beureux, président de l’association Renaissance de l’abbaye de Clairvaux. C’était pour la voir même si « on regrette que vous n’ayez pas mis un de vos grands chapeaux ! » a dit un de ses fans, pour l’écouter bien sûr et pour avoir une dédicace. La séance dédicaces dura longtemps car beaucoup avaient apporté un des romans de l’auteure, ce qui étonna celle-ci.

Humour et simplicité

Amélie Nothomb a un autre talent : l’humour. Elle le montra en répondant : « avec un chapeau noir, des vêtements noirs et un masque noir j’aurais peur qu’on me prenne pour Zorro, ce que je ne suis pas, en aucun cas. »

Humilité.

Amélie Nothomb a fait preuve d’humilité. C’est une de ses grandes qualités. Elle dira par exemple que si elle écrit trois romans par an elle ne les publie pas tous. « C’est moi qui choisis celui qui le sera chaque année. Je les appelle mes enfants. Ceux qui ne sont pas publiés sont mis dans des boîtes à chaussures. Je pense que pour les protéger et afin qu’ils aient la vie éternelle, je les ferai mettre dans un bloc de résine  ».

Elle n’en a publié qu’une trentaine sur les 103 qu’elle a écrits depuis qu’elle s’est décidée à coucher sur le papier l’histoire qui trotte dans sa tête depuis qu’elle est née.

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Amélie Nothomb a répondu à Jean-Baptiste Duteurtre et a séduit un public conquis d’avance. (Photo André Auguste-JHM)

Elle dira aussi qu’elle ne connaissait pas la région. Elle situait Colombey-les-Deux-Eglises dans l’Aube, par exemple. Le public ne lui tint pas rigueur de cette erreur car chacun sait que Colombey est tout près de l’Aube. Humilité encore quand elle dit qu’elle y a mis les pieds pour la première fois la veille au soir.

Autre talent, celui de parler, d’envoûter ses auditeurs. Il se vérifia quand elle parla de notre région, de l’abbaye, du champagne. Un éloge que les décideurs de l’avenir devraient écouter : « Je savais qu’il y avait une abbaye à Clairvaux mais je n’avais absolument pas pris la mesure de ce qu’il y a eu ici de ce qui s’est passé. Tant de souffrances après des siècles de mysticisme ; en la découvrant je fus impressionnée et bouleversée. Bien sûr, lorsque j’aurai digéré tout ça, Clairvaux apparaîtra dans un, voire plusieurs, de mes futurs romans ».

« Le champagne doit être une récompense »

Amélie Nothomb dira aussi – et avec toujours beaucoup de talent – combien elle trouva notre région «  belle et accueillante ». Aussi parce qu’on y produit du champagne. Elle ne citera que deux noms, un de la Marne et un de l’Aube. Pour ne pas faire de publicité et ne pas faire de jaloux et parce que… elle en connaît tellement.

Le champagne c’est sa passion. Comme tout passionné elle a su en parler tout en disant qu’il faut boire avec modération et que le champagne, dans son cas «  est une récompense, l’après-midi, après des heures d’écriture. Je n’en bois jamais avant d’écrire. Le champagne doit être une récompense !  »

. Tendresse, émotion et discrétion quand elle parla de son papa. « Un très grand diplomate belge qui eut l’idée d’avoir un troisième enfant quand il sortit vivant d’une prise d’otages (plus de mille) dans l’ex-Congo belge* là où il état en poste. C’est grâce à lui qui imita la Shéhérazade des Mille et une nuits en racontant une histoire aux preneurs d’otages jusqu’à ce qu’ils s’endorment et oublient leur funeste projet. Et cela dura quarante nuits, jusqu’à ce qu’ils soient tous sauvés ».

Le troisième enfant fut Amélie. Celle-ci porte une immense vénération à son papa. Elle lui a écrit un livre “Premier sang”, récompensé le mercredi 3 novembre 2021 du prix Renaudot, pour être près de lui. Toujours avec lui depuis sa mort. Emotion aussi quand elle parla de ses premières années au Japon où elle ne retournera pas de peur « d’être bouleversée en revoyant sa chère nounou  ».

Oui, Amélie Nothomb a bien des talents. Elle mériterait bien d’avoir une cuvée à son nom, non ? Une matinée à Clairvaux dont elle et ses lecteurs se souviendront.

De notre correspondant André Auguste

* A Stanleyville, entre août et novembre 1964, des rebelles simbas se sont livrés à la plus grande prise d’otages du XXe siècle. Une intervention des paras-commandos belges appuyés par des colonnes terrestres a permis de mettre fin aux massacres et aux exactions et de libérer plus de 2 300 personnes, dont le père d’Amélie Nothomb.

Publié par André Auguste dans le Journal de la Haute-Marne du 03 novembre 2021

Publié par Fabrizio Bucella le 16 novembre 2017 sur https://www.huffingtonpost.fr/

Publié par Marie-Catherine de la Roche le 18 novembre 2019 sur https://madame.lefigaro.fr/


Pour en savoir plus :

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 Champagne : une affaire de famille chez Daubanton le 22 août 2020
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