Voici la tribune de Bérangère Abba : "La crise sanitaire que nous connaissons comporte, tant dans son origine que dans ses conséquences, une dimension écologique inexorable. La situation nous rappelle que les atteintes à l’environnement et à la biodiversité, même lointaines, nous exposent et sont des menaces sérieuses que nous ne pouvons ignorer. La déforestation, le trafic d’espèces protégées, les pratiques d’agriculture intensive rencontrent un tissu urbain toujours plus dense et porteur de ses propres fragilités. Le monde tient en ce nouvel écosystème, de la pandémie du moment aux nombreux problèmes dits de ’santé environnementale’ qui d’année en année se font jour.
Dans le même temps, l’urgence climatique demeure, et avec elle, son lot d’inondations, sécheresses, incendies et migrations climatiques, catastrophes inévitables si nous ne parvenons à tenir nos objectifs en termes de réduction de nos émissions de gaz à effets de serre, de préservation des milieux et autres choix d’infrastructures bas carbone permettant de nous adapter.
« Nous n’avons plus le luxe d’une action pudique et prudente »
Dans cette double crise, économique-financière et sanitaire-environnementale, tenus de faire face à de si nombreuses vulnérabilités, nous n’avons plus le luxe d’une action pudique et prudente. Nous devons reconsidérer avec volontarisme et détermination la transition qui s’impose. La crise du COVID-19 à l’œuvre aurait finalement ceci de bon que brûlant d’une lumière crue la scène d’un modèle chancelant, elle nous impose une résilience dans l’action, réaffirmant le rôle et le besoin d’un Etat protecteur.
Durant ces quelques semaines de confinement, dans ce retour à l’essentiel, nous avons d’abord vécu une expérience collective de sobriété, contrainte peut-être, mais finalement bien acceptée. Face aux drames et angoisses qui nous traversaient, chaque jour la surconsommation s’éloignait, si futile, comme l’obsolescence programmée nous est devenue insupportable d’indécence. Pour beaucoup, cette période a marqué le début d’une prise de conscience globale sur notre vulnérabilité face aux éléments. Les risques auxquels la surexploitation des ressources nous expose, les craintes de pénurie sur les produits vitaux et essentiels, le besoin de sureté et de qualité ont permis de mesurer le véritable prix des choses et donné un nouveau sens au ’coût’, comme au goût de la vie.
Cette prise de conscience collective pourrait ainsi permettre le passage d’une sobriété ’subie’ à une sobriété ’choisie’, à la fois libératrice et impérative pour revenir à l’équilibre entre ce que nous prenons à la Terre et ce qu’elle peut nous donner.
Autre enjeu majeur de la crise que nous vivons, la possibilité même de nous approvisionner, de disposer des ressources vitales, modes de production et matières premières essentielles dans une économie mondialisée, nous a appelé à repenser notre souveraineté. Bien sûr, sans prôner le repli ni la défiance des souverainistes dans un protectionnisme délétère, mais, au contraire, redéfinir nos échanges économiques, une politique agricole, industrielle et commerciale française et européenne basée sur des interdépendances saines, en phase avec nos engagements sociaux et environnementaux. La taxe Carbone aux frontières de l’Europe n’est sans doute pas une issue unique, mais nous devons nous poser cette question sans tabou.
Confortablement confinés ou pas, connectés ou pas, avec ou sans moyens de transport…malgré les efforts considérables que beaucoup de pays déploient pour plus de justice sociale, les crises sanitaires comme celles liées au changement climatique impactent toujours en premier les populations les plus fragiles. La transition que nous voulons doit être celle de tous, cette solidarité n’est pas seulement souhaitable, elle est impérative car seule garante d’une mobilisation collective à retrouver des équilibres, entre bénéfices attendus et acceptation des contraintes.
- Bérangère Abba en 2018 à l’Assemblée nationale. (AFP)
« Notre fiscalité doit ainsi être repensée »
Notre fiscalité doit ainsi être repensée, équitable et juste, dans un équilibre constant entre transition et solidarité, avec un accompagnement là où de besoin et des compensations aux personnes et secteurs qui s’y engagent pleinement. Cet engagement de tous implique confiance, participation et recherche de consensus, pour retisser du lien, chemin dans lequel nous aurons tous, élus, citoyens, entreprises, scientifiques, ONG, notre part et notre voix.
Enfin, il ne s’agit pas ici d’inventer le jour d’après, comme une belle histoire sans lendemain, mais de faire le choix du monde d’après, un projet global, rationnel, déterminé et pragmatique. Le choc que nous vivons, les alertes scientifiques, colères sociales et tempêtes qui s’annoncent rendent simplement notre modèle intenable. Nous vivons cet incroyable moment de l’histoire comme l’opportunité d’un changement de trajectoire, vers un mode de vie souhaitable, dans un monde durable.
Cette soutenabilité ne se fera pas en un jour, mais doit dès à présent marquer nos choix. Politiques publiques, stratégies industrielle, agricole, énergétique, planification, fiscalité, éducation, recherche, innovation… à horizon 2050 et notre neutralité carbone, avec comme points d’étape les 17 cibles de l’Objectif de développement durable (ODD), la feuille de route est claire.
Elle devra être partagée à l’échelle planétaire, en luttant contre la résignation des plus pauvres et la tempérance des pays émergeants.
Sobriété, Souveraineté, Solidarité et Soutenabilité, ces objectifs, Les 4S, sont les 4 piliers d’un projet dont ils assurent mutuellement l’équilibre. Ils devront s’observer en chacun des aspects de notre quotidien et dans toutes nos propositions.
Dans les semaines qui viennent, nous mettrons au débat ce nouveau modèle, en le déclinant de manière opérationnelle, forts des propositions de la Convention Citoyenne, du Haut Conseil pour le Climat et des multiples plateformes, experts et initiatives qui ont souhaité apporter leurs contributions à cette ambition.
Nous le ferons ensemble.
Publié par Bérangère Abba le lundi 29 juin 2020 dans https://www.lejdd.fr
- France Inter @franceinter · 28 juin 2020
Hubert Védrine : "Le meilleur exemple de manque de courage, c’est de ne pas avoir dit depuis 20 ou 30 ans que l’on ne peut pas se passer du nucléaire pour le moment (…) D’avoir raconté qu’on pouvait se passer du nucléaire sans relancer le charbon, donc le CO2." #QuestionsPol
https://twitter.com/i/status/1277190845909872641
- Berangere Abba @b_abba · 28 juin 2020
"Sur ce que certains nomment déjà la « vague verte » : c’est plus le signal d’une prise de conscience environnementale qu’une réelle montée de l’écologie politique "
Retour sur le débat de second tour des municipales sur @France3CA
https://www.youtube.com/watch?v=NrxwhkYq-ow&feature=youtu.be
- Le JDD @leJDD · 29 juin 2020
TRIBUNE. Sobriété, Souveraineté, Solidarité, Soutenabilité : pour une transition post-Covid en 4S
https://www.lejdd.fr/Politique/tribune-sobriete-souverainete-solidarite-soutenabilite-pour-une-transition-post-covid-en-4s-3977857?Echobox=1593421003#utm_medium=Social&xtor=CS1-4&utm_source=Twitter
- Berangere Abba @b_abba · 30 juin 2020
"Par ces projets de proximité, énergétiques, alimentaires, autour de la mobilité, si on implique les citoyens, on retisse quelque chose, dans le concret, dans l’action [...] c’est comme ça qu’on redonne du sens, et donc qu’on refait société."
Pour en savoir plus :
– Covid-19 : Sobriété, Souveraineté, Solidarité, Soutenabilité : pour une transition post-Covid en 4S par Bérangère Abba le 29 juin 2020
– Bérangère Abba entre au gouvernement le 26 juillet 2020
– Biodiversité : Celles-en-Bassigny se distingue le 12 novembre 2022.
– Lancement de l’Atlas de la biodiversité communale à Colmier-le-Haut le 24 janvier 2023
– Le dernier-né des parcs nationaux entame 2023 avec ambition le 24 janvier 2023
– Les aires terrestres éducatives pour sensibiliser les citoyens de demain le 03 février 2023
– La prise en compte des zones humides le 26 février 2023