Découverte du 11e Parc National dans les forêts de Champagne et Bourgogne une nouvelle destination nature et culture.

, par Herve Parmentier

Sa naissance officielle a été annoncée le mercredi 06 novembre 2019, créé par Décret n° 2019-1132 par la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne. Le 11ème Parc national a été publié au journal officiel le 07 novembre 2019. Ce parc est géré par l’établissement public également créé le 06 novembre 2019, en charge de mettre en œuvre la charte annexée au décret. Avec ce vaste territoire s’ouvre une nouvelle destination nature et culture. Il s’agit de la onzième entité du genre depuis la création du Parc national de la Vanoise, en 1966.

Depuis la création du Parc national des calanques, en 2012, la France n’avait pas connu pareil événement. Alors qu’une polémique éclate sur la réduction des crédits accordés aux parcs nationaux français, la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne, doit acter officiellement, jeudi 06 novembre 2019, la naissance du Parc national des forêts.

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La forêt d’Arc-en-Barrois, au nord-ouest de Langres, abritera la réserve intégrale : plus de coupe de bois, elle est laissée en libre évolution. © Eric Giradot

Il s’agit de la onzième entité du genre depuis la création du Parc national de la Vanoise, en 1966. L’idée en avait été annoncée lors du Grenelle de l’environnement de 2007 par le premier ministre d’alors, François Fillon. « C’est une redécouverte de la ruralité comme réponse sociétale aux grands enjeux de notre planète », plaide aujourd’hui Hervé Parmentier, directeur du GIP du futur Parc national des forêts de Champagne et Bourgogne.

Choisi parmi d’autres sites pour la qualité de son environnement, celui-ci vient en quelque sorte pérenniser une réussite écologique. Douze ans auront donc été nécessaires pour en définir les modalités et en dessiner le territoire.

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Les gorges de la Vingeanne, à Aprey. (photo : Franck Fouquet)

D’une superficie de 240.000 hectares, le nouveau parc s’étire sur deux départements (Côte-d’Or et Haute-Marne) entre Châtillon-sur-Seine et les portes de Langres sur 65 km. Il regroupe 127 communes, des milliers d’hectares de forêts que parcourent 2000 km de sentiers de randonnée et au beau milieu desquels coulent 700 km de rivières. Un paradis naturel, jusqu’alors peu identifié dans son ensemble par un public qui n’en connaît que partiellement les richesses, notamment en matière de patrimoine. Les pépites sont pourtant légion et d’une grande diversité, comme l’abbaye du Val des Choues, la commanderie d’Épailly, la grange templière de Riel-les-Eaux, le château de Montigny-sur-Aube et le trésor de Vix (le plus grand vase grec du monde), pour n’en citer que quelques-unes. Des cinq portes d’entrée qui conduisent en son cœur, nous avons choisi celle d’Auberive, en Côte-d’Or, un concentré de ses équipements futurs.

Un chef-d’œuvre de biodiversité

Dans ce village d’à peine 180 habitants que domine une église au clocher pointu, baigné de silence et de la lumière dorée de l’automne, il règne une quiétude dont nos modes de vie nous éloignent. Dans le creux du vallon, un manoir et d’élégantes maisons anciennes noyées dans la verdure font un cortège à l’abbaye d’Auberive, un trésor cistercien du patrimoine français, fondé en 1135 par Bernard de Clairvaux, le futur saint Bernard, pour son neveu. Rachetée par l’industriel et collectionneur Jean-Claude Volot, un des pionniers de la création du parc, qui y présente sa collection d’art, l’abbaye a subi une restauration au cordeau. Le lieu, qui fut aussi une prison dans laquelle la militante anarchiste Louise Michel fut enfermée, allonge une façade XVIIIe siècle de toute beauté, au milieu d’un parc romantique traversé par un bras de l’Aube. On pénètre dans le monument par une grille monumentale en fer forgé de 1735, œuvre de Jean Lamour (en passe de retrouver ses dorures) et encadrée de deux pavillons Louis XV (ouverts à la visite toute l’année).

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L’abbaye d’Auberive, un trésor cistercien fondé en 1135. ( photo : Marie Quiquemelle)

Il faut s’échapper de ce bâti par la route arborée d’Amorey pour s’enfoncer dans la forêt et découvrir la raison d’être du parc. Une route esseulée déroule son ruban, tapissé en ce moment de feuilles mortes. Deux kilomètres plus loin, on s’en extrait par une clairière qui surgit d’une combe lumineuse : le vallon d’Amorey. Une prairie d’herbe grasse couvre le coteau dont les flancs retiennent la forêt. En son centre apparaît l’ancienne ferme des moines. Impossible de ne pas prendre le temps d’admirer cette petite merveille qui réunit dans une gracieuse combinaison paysage et patrimoine. À proximité et dans les bois alentours, des cabanes dans les arbres, sur le principe des refuges accueillent des visiteurs. Ni eau ni électricité, toilettes sèches, hébergement de fortune : l’immersion au plus près de la nature est totale. Juchées sur des pilotis, « les cabanes sont l’œuvre d’architectes à qui, chaque année, nous demandions d’en construire une ou deux. Au total, nous en disposons aujourd’hui d’une dizaine sur toute la commune », explique Jean-Claude Volot, à l’origine du projet.

Le soir venu, leur positionnement permet de voir les grands animaux, cerfs, biches, chevreuils, quitter le sous-bois et gagner la prairie. Un peu plus loin, la route forestière du Pré Thébault conduit à une tufière, milieu environnemental extrêmement fragile. Cette retenue d’eau en forme de vasque calcaire est un enchantement pour les yeux. Dans ce chef-d’œuvre de biodiversité, un subtil équilibre protège des espèces en voie de disparition, comme les écrevisses à pattes blanches. Les cigognes noires y sont si prospères que le parc en a fait son emblème.

Bien-être au château de Courban

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En Bourgogne, proche des vignobles de Chablis et de Champagne, le château de Courban est un véritable havre de paix. ( photo : Aliasing)

La route départementale no 928 qui conduit à Leuglay, notre prochaine étape, traverse des paysages à couper le souffle. Des étendues de chaumes et de labours dans une palette de couleurs fauves, avec les forêts en lisière, moutonnent jusqu’à l’horizon. On peut rouler une vingtaine de minutes sans voir une seule construction. Puis, soudain, au loin dans un vallon, apparaissent un clocher et quelques édifices (difficile de s’imaginer être à deux heures trente de Paris…). Le village de Leuglay abrite la Maison de la forêt, centre d’interprétation nature, entièrement dédiée à la connaissance des arbres et de l’environnement forestier. Ses animateurs organisent des sorties quotidiennes : balades avec GPS pour apprendre à se repérer, grimpe d’arbre (une activité bien différente de l’accrobranche où l’on s’essaie à l’art de monter dans un arbre), randonnées autour du cavage de truffes… Une proposition spécifique pour des publics handicapés (déficients mentaux) et un écomusée interactif complètent cet intéressant dispositif. De là, nous gagnons par des chemins de campagne le village de Courban, distant d’une dizaine de minutes en voiture.

Posé dans un paysage de poètes que balaie un vent léger, le château de Courban est le seul hébergement de luxe du Parc national. Installé dans une maison de maître construite sous le Second empire en lieu et place d’un château plus ancien, l’hôtel compte 23 chambres. L’une d’entre elles, plutôt originale, a investi un pigeonnier du XVIIe siècle, vestige d’un château aujourd’hui disparu.

Son restaurant a obtenu un macaron Michelin, emmené par le charismatique (et très prometteur) chef Takashi Kinoshita, en route probablement pour une deuxième étoile… Lové au cœur d’un petit parc, avec haies fleuries et potager, l’établissement, doté d’un spa, affiche complet. Les ressorts de son succès sont là : une astucieuse alchimie de bien-être qui mêle la force des paysages à la sérénité de l’environnement.

Et à ceux qui souhaitent une offre muséale et culturelle, le parc dispose d’un atout de poids : le vase de la princesse de Vix, qui n’est autre que le plus grand vase grec du monde.

Un trésor de l’archéologie mondiale

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Le vase de Vix, joyau de l’archéologie mondiale, conservé au Musée du pays châtillonnais, à Châtillon-sur-Seine. ( photo : Rozenn Krebel)

La route, qui mène en une quinzaine de kilomètres à Châtillon-sur-Seine depuis Courban, fend dans une impressionnante ligne droite le paysage somptueux d’une campagne préservée. Le nom du Musée du pays châtillonnais, plutôt ennuyeux, mériterait d’être changé car il n’invite guère à découvrir son contenu, ce fameux vase de la princesse de Vix, véritable trésor de l’archéologie mondiale. L’objet, dont chaque anse pèse 35 kg, mesure 1,65 m de hauteur et pouvait contenir 1100 litres de liquide.

« C’est un trésor inouï, témoin de l’art de vivre et de la culture de Hallstatt, il y a 2500 ans » Catherine Monet

Sa réalisation défie les règles de la portance et reste en partie mystérieuse. Sur son col, une frise saisissante de réalisme montre un défilé de l’armée athénienne : « C’est un trésor inouï, témoin de l’art de vivre et de la culture de Hallstatt, il y a 2500 ans. Il suscite beaucoup d’interrogations mais nous progressons dans sa connaissance, nous savons par exemple qu’il servait pour des banquets et contenait un mélange d’eau, de vin et d’herbe », explique un rien émerveillée Catherine Monet, conservatrice en chef du musée.

Le vase a été retrouvé à Vix, lors de fouilles en 1953, dans la tombe de ce qu’on imagine avoir été une princesse de l’âge de fer. Saisi d’émotion, on contemple encore intact le torque en or qu’elle portait autour du cou, dans une vitrine voisine. Un ensemble remarquable que l’on découvre au fond d’une salle à la muséographie fatiguée, mais qui devrait connaître prochainement un projet de rénovation. Dans le reste du musée, une autre pépite mérite une attention toute particulière : une vierge à l’enfant du XVIe siècle, en cours d’attribution, pur chef-d’œuvre dans la veine des primitifs flamands. De la forêt, du bâti de tous les âges et des trésors artistiques : le Parc national de forêts semble dans son étonnante diversité promis à un brillant avenir touristique.

Musée du pays châtillonnais-Trésor de Vix ; tél. : 03 80 91 24 67et www.musee-vix.fr

Carnet de route

VENIR
Par le TGV jusqu’à Montbard ou Dijon. Par la route autoroute A5, sortie no 23 ou no 24 (www.oui.sncf).

DORMIR

Château de Courban : Vingt-trois chambres. Calme absolu, restaurant étoilé, spa, cet hôtel de luxe est en soi une destination. De 149 € à 599 €.
7, rue du Lavoir, Courban. Tél. : 03.80.93.78.69 et www.chateaudecourban.com.

Cabane dans les arbres à Auberive, sur le principe d’un refuge. Hébergement spartiate. Tarifs sur demande.
Tél. : 03.25.84.71.86 et chemindetraverse52.org

BONNES TABLES

Les Tilleuls à Auberive. Une petite auberge de campagne comme on n’en fait plus… Autour de 15 €. Tél. : 03 25 84 20 24.

La Côte d’Or : La déco a vécu mais la table de cet hôtel-restaurant est délicieuse. Autour de 30 €. 2, rue Charles-Ronot, à Châtillon-sur-Seine. Tél. : 03.80.91.13.29

SE RENSEIGNER.

Office de tourisme de la Côte-d’Or, tél. : 03.80.63.69.49 et www.cotedor-tourisme.com

Office de tourisme de la Haute-Marne en Champagne tél. : 03.25.30.39.00 et www.tourisme-hautemarne.com

NOgent Haute Marne Accueil et Découverte (NOHMAD) (anciennement Office de Tourisme du Nogentais) tél. : 03.25.03.69.18 et www.decouverte-nogent-en-champagne.com/tourisme/decouverte/NOGENT-NOHMAD-DECOUVERTE-TOURISME-NOGENT_0__PCUCHA0520000590.htm

Publié par Philippe Viguié-Desplaces le 06 novembre 2019 sur https://www.lefigaro.fr/


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photo : Françoise Jacquemard-Baur

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Entrez dans le monde merveilleux du parc national de forêt de Bourgogne Champagne

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Le 11ème Parc National a été créé par Décret n° 2019-1132 du 6 novembre 2019 publié au journal officiel le 7 novembre 2019. https://www.haute-marne.gouv.fr/Politiques-publiques/Parc-National/Le-11eme-Parc-national-est-ne/Le-11eme-Parc-national-est-ne

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Le 11ème Parc National a été créé par Décret n° 2019-1132 du 6 novembre 2019 publié au journal officiel le 7 novembre 2019. https://www.haute-marne.gouv.fr/Politiques-publiques/Parc-National/Le-11eme-Parc-national-est-ne/Le-11eme-Parc-national-est-ne

Pour en savoir plus :

 François Fillon annonce la création du 11e Parc national français à Leuglay le 27 juillet 2009
 Entre Champagne et Bourgogne, le premier parc national dédié à la forêt
 CinéTech N°26 : Le trésor que cachait la forêt
 CinéTech N°26 : Des soirées CinéTech qui passionnent toujours autant
 « Le XXIe siècle sera l’ère de la bioéconomie et du bois » déclare Timothée Boitouzet le 22 juin 2018.
 Parc national : 241 000 hectares de forêt entre la Champagne et la Bourgogne
 « Auberive , lieu incontournable du parc »
 Yvon Le Hénaff veut faire fructifier le pôle IAR en Europe
 Cinétech n°37 : « Parcs nationaux – Quand la nature fait recette » le mercredi 17 avril 2019 à 19h à Nogent (52)
 Le Cinétech n°37 se penche sur le futur Parc National.
 L’hébergement insolite a de beaux jours devant lui en Sud-Haute-Marne en juin 2019
 L’AG du GIP du futur Parc National des forêts de Champagne et Bourgogne le Mercredi 10 juillet 2019
 Salle comble pour la dernière AG du GIP parc National des forêts Bourgogne Champagne le 26 septembre 2019 à Châteauvillain.
 À la veille de la naissance du Parc national le 26 septembre 2019
 Un Parc national et des réjouissances lors de l’AG du 26 septembre 2019
 Création d’un 11e parc national dédié à la forêt en Bourgogne Champagne le 07 novembre 2019
 Un onzième parc national dans les forêts de feuillus de Champagne et Bourgogne
 Côte-d’Or et Haute-Marne : les retombées économiques attendues du Parc national de Forêts, le 07 novembre 2019
 Découverte du 11e Parc National dans les forêts de Champagne et Bourgogne
 « Un vrai coup de foudre et un vrai pincement » pour Herve Parmentier, directeur du GIP le 07 novembre 2019