Haute-Marne : des élus mobilisés contre la fermeture éventuelle du service de nuit du centre hospitalier de Langres Un cas symbolique de la lutte contre les déserts médicaux.

, par Christophe Juppin

Le mardi 25 juin 2019, les élus de la ville de Langres, en Haute-Marne, ont cosigné un courrier à l’attention du directeur général de l’Agence Régionale de Santé Grand Est, pour protester contre la possible suppression de la permanence des soins de nuit du centre hospitalier langrois.


Fermer la permanence des soins de nuit au centre hospitalier de Langres courant 2019 n’est pas une solution d’après la maire de la ville Sophie Delong. L’élue a vite réagi suite aux conclusions de l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est, dans lesquelles l’organisme indique que "l’activité de permanence en nuit profonde n’était pas suffisante" et ne serait donc pas rentable au vu des dépenses qu’elle engendrerait.

Mais d’après la maire de Langres, ce raisonnement serait un mauvais calcul."Je pense que cela économiserait quelques dizaines de milliers d’euros et ce n’est rien face à ce que perd l’hôpital public par exemple. Il vaudrait mieux s’atteler à trouver des solutions de ce côté-là avant de vouloir fermer un service, qui certes fonctionne doucement, mais fonctionne avec des personnels compétents."

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entre 2001 et 2010 (790 000 en 2010), alors que dans le même temps un cinquième des maternités a fermé.

Le recrutement des médecins menacé ?

Ce que la maire de Langres ainsi que la présidente de la communauté de commune et le président du PETR du pays de Langres redoutent à terme, c’est la baisse d’attractivité du centre hospitalier. "Nous avons déjà du mal à recruter de nouveaux médecins, si nous continuons de fermer des services alors plus personne ne voudra travailler dans le pôle santé que nous sommes en train de mettre en place. Ce serait contre-productif."

Une fuite de la patientèle langroise vers Dijon

La DREES (le service de statistiques des ministères sociaux) a réalisé une étude sur la fermeture des maternitées. Publiée en octobre 2012, elle révèle que le nombre d’accouchements a augmenté de 5% entre 2001 et 2010 (790 000 en 2010), alors que dans le même temps un cinquième des maternités a fermé. Depuis 1975, leur nombre a ainsi considérablement diminué, passant de 1 370 à 535 en 2010. Et ce sont les petites maternités, d’en moyenne vingt lits et qui avaient une faible activité, qui ont fermé.

Les élus craignent une fuite des patients. Et pour cause, Sophie Delong s’appuie sur un exemple précis, celui de la maternité de Langres fermée mi-octobre 2016 suite à un rapport de 2016 qui indiquait que le service n’était pas assez sécurisé.

Environ 300 accouchements avaient lieu à Langres avant la fermeture de la maternité, et contrairement à ce que beaucoup avaient imaginé, le transfert de patientèle ne s’est pas fait naturellement vers Chaumont, mais vers Dijon.

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JhmLangres @jhmLangres · 18 juin 2016
Plus de 200 manifestants à Langres pour la manifestation contre la fermeture de la maternité. A lire demain. #JHM
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Pierre Gaudiot @pierre_gaudiot · 8 juil. 2016
La manifestation de 150 personnes contre la fermeture de la maternité se termine devant l’hôpital de Langres. #JHM
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jihemme @jmthierry52 · 25 avr. 2022
En réponse à @cpamoa
52 pareil..... Ils se sentent abandonnés (3 mois pour avoir un rdv de dentiste, ophtalmo, pédiatre. A Langres la maternité est fermée : les femmes doivent aller à Vesoul, Neufchâteau, Dijon ou Chaumont) ; l’hôpital lui-même est en sursis.

Le traumatisme de la fermeture de la maternité de Langres le 16 octobre 2016….

"Plus de 80 % des accouchements langrois se font désormais à Dijon, on approche même les 85 %, c’est problématique au maintien des services de santé au Sud Haute-Marne. Je ne m’étais pas opposée à la fermeture de la maternité, car il s’agissait de raisons de sécurité. Cette fois, rien ne justifie cette fermeture de service de nuit si ce n’est quelques petites économies", explique la maire de Langres.

Avant de préciser : "Je ne suis pas fermée à la discussion, peut-être dans quelque temps, nous pourrons rediscuter de cette fermeture potentielle du service de nuit. Mais pour le moment, nous essayons de créer un rapprochement des hôpitaux privés et publics en Sud Haute-Marne pour créer un dynamisme et assurer un service de santé aux administrés entre Saint-Dizier et Dijon."

"Nous travaillons étroitement avec Chaumont et Bourbonne-les-Bains. Et ce n’est pas forcément évident, il faut laisser le temps aux esprits de s’adapter au travail en collaboration et cette fermeture ne le permettrait pas." La décision rendue par l’ARS n’est pas définitive, Langres espèrent donc pouvoir ouvrir la discussion avec l’organisme.

Publié par AT le 25 juin 2019 sur https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/


Pour en savoir plus :

 Haute-Marne : des élus mobilisés contre la fermeture éventuelle du service de nuit du centre hospitalier de Langres le 25 juin 2019
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