La Haute-Marne s’appuie sur le Champignon Le GIP Haute-Marne a soutenu le projet Champ’Yonne.

, par Dominique PIOT, Hubert LUCHIER

L’ex-usine SMP de Rachecourt abrite désormais un ambitieux projet de culture de champignons. La production commence. Les premiers emplois sont pourvus. Beaucoup d’autres pourraient suivre. Le GIP Haute-Marne a soutenu le projet. Rachecourt (52170) fait partie de la communauté d’agglomération de Saint-Dizier Der et Blaise, en Haute-Marne.


Pleuroticulteur ! Le métier – qui consiste à cultiver des pleurotes – est rare. Sauf à connaître et apprécier la pleurote, champignon comestible goûteux, excellent pour la santé, rare sont les Haut-Marnais à savoir qu’une entreprise spécialisée dans la pleurote vient de s’implanter à Rachecourt.

Paradoxalement – pas tant que cela, l’entreprise s’appelle Champ’Yonne parce que longtemps, Gontran Derly, Philippe Tieche et Michel Legros ont cru s’implanter dans l’Yonne. Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’économie, le projet a échoué là-bas. Pour des raisons qui ont tout à voir avec la synergie des Haut-Marnais (lire encadré “Ils ont fait le job”) les trois compères ont été séduits par la Haute-Marne.

Haute-Marne Expansion, service cofinancé par le GIP Haute-Marne et la CCI Haute-Marne, a vent de ce projet l’an dernier. Hubert Luchier fait visiter plusieurs sites à Michel Legros, Gontran Derly et Philippe Tieche. Le GIP Haute-Marne a soutenu le projet.

Ils tombent sous le charme de l’ex usine de Salzgitter Mannesmann Précision (SMP) : 15 000 m² couverts notamment de brique creuse et de verre : l’idéal pour laisser passer la lumière et conserver l’hygrométrie. Car Philippe Tieche, citoyen helvète de son état, est surtout une pointure internationale des champignons et de leur culture. Il valide. C’est parti. Une incroyable chaîne de compétence se déploie autour du projet. Le business plan est limité volontairement aux seuls investissements initiaux : ce sera la pleurote pour commencer. D’autres suivront.

Il faut des étagères, légères, solides sur lesquelles 3 étages de “sacs” seront disposés. Leur fabrication est confiée à l’entreprise bragarde Sede Sedacier. Elles sont réalisées en fer à béton.

Les sacs noirs, plastifiés, percés, protègent un substrat contenant du mycélium. Deux premiers emplois ont été créés. À terme, si tout se passe bien, l’effectif sur le site pourrait dépasser largement les 100 personnes !
Alors que seules les premières rangées d’étagères ont été disposées, déjà les premiers champignons sont partis pour Rungis !

Une fusée à deux étages

La première phase vient de démarrer. Il s’agit de produire du champignon dit supérieur, de type pleurote et shiitaké. En fin de cycle, le substrat contenu dans les sacs servira de compost pour l’horticulture ou l’agriculture. La deuxième phase, ou second étage de la fusée, est envisagée dans 18 mois ; il s’agira de créer entre 14 à 18 cellules ultramodernes de production de champignon de Paris, comme jadis à Savonnière en Perthois. Ces cellules sont fort onéreuses ; l’investissement pourrait atteindre entre 2 et 3 millions d’euros !

Des passionnés passionnants

Philippe Tieche, Michel Legros et Gontran Derly ne se lancent pas dans les champignons par hasard. Cette “dream team” est composée de trois passionnés parfaitement complémentaires et surtout compétents.

Philippe Tieche sera le chef de culture. Il aura en charge la production qu’il veut la plus naturelle possible, sans engrais ni produit chimique. C’est l’homme de terrain par excellence. Il a consacré sa vie aux champignons. Techniquement, on ne saurait imaginer homme plus crédible.

Michel Legros, est le Monsieur champignon de Rungis. Il est une référence dans la distribution. Avoir dès maintenant un débouché – et le meilleur ! - sur Rungis est un atout précieux.

Gontran Derly est le porteur du projet. Il compte trente années d’expérience dans l’univers très spécialisé de la production du champignon. Il fût le premier producteur en France, dans les années 80, à expérimenter la production de Shiitake en étroite collaboration avec L’INRA de Bordeaux. La réussite de cette production permet aujourd’hui à la filière de générer plusieurs centaines de millions d’euros en termes de production de substrats et de champignons. Ce personnage réellement hors normes s’avère aussi à l’aise dans la production que le négoce. Il aura la responsabilité de la gérance et de l’export.

Tous les trois se connaissent et s’apprécient depuis longtemps.

Ils ont fait le job

Fait notable, Philippe Tièche, Gontran Derly et Michel Legros ne tarissent pas d’éloges sur la Haute-Marne - à leurs yeux terre d’accueil - et les Haut-Marnais. Les trois hommes ont découvert un fonctionnement en réseau finalement très efficace, mis en place par Haute-Marne Expansion. Ce réeau, c’est à la base celui des chambres de commerce : si Valérie Thiery (CCI de l’Aube) n’avait pas mis en relation Gontran Derly avec Hubert Luchier (CCI-52), on n’en serait pas là aujourd’hui.


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Hubert Luchier, conseiller industrie et implantations d’entreprises, de la CCI Meuse Haute-Marne, service Haute-Marne Expansion

Hubert Luchier, justement, de Haute-Marne Expansion, est le premier maillon haut-marnais de la chaîne de compétence et de dévouement qui a mis en marche les engrenages de leur installation. Hubert Luchier est un humble et méthodique acteur de terrain ; sa force de conviction et son optimisme adossés à un solide carnet d’adresses ont su ouvrir bien des portes et convaincre bien des décideurs.
Ainsi, les trois compères de Champ’Yonne savent ce qu’ils doivent à Jean-Michel Pierrot, le DG de Salzgitter Mannesmann Précision, qui n’a eu de cesse que de tout faire pour faciliter la réindustrialisation du site, livré quasiment clés en mains, et surtout parfaitement dépollué.


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Valérie Langlois, Directrice du Développement Economique et de l’Emploi , de la Communauté d’Agglomération Saint-Dizier Der & Blaise

Valérie Langlois, directrice du développement économique et de l’emploi au sein de la Communauté d’Agglomération, et Cédric Camus), ont accéléré la procédure de changement de destination du bâtiment dans un temps record.

Le GIP (Jean Masson et Éric Lafon) a instruit le dossier avec la célérité qui convenait. Jérôme Monnier et Janique Weber, de la région, se sont montrés efficaces dans le dossier Feder ; Adeline Plantegenet de la DIRRECTE et sa directrice Bernadette Viennot qui gèrent le fond de revitalisation Nord Haute-Marne, elles aussi.

Les services de l’État, à l’unisson, ont joué leur partition sous l’autorité de la sous-préfète Hélène Demolombe-Tobie ; elle a suivi le dossier personnellement. Des acteurs de la REAL, de la DDT de Joinville, de Pôle emploi ont été des facilitateurs généreux dans l’engagement, tout comme Christophe Fischer, le président de la Chambre d’agriculture et Jean-Brice Lancial à la Safer. Vincent Guillemin, de la Banque populaire a été emporté dans le sain élan. Tous ont fait le job – et même un peu plus – à l’image de Laurent Claude, le patron du bar restaurant le Cygano qui a servi de base vie à Gontran Derly au départ. La qualité de l’accueil qu’il lui a réservé a façonné chaque jour davantage une image positive de notre territoire aux yeux de l’entrepreneur.


Publié par Dominique Piot le 19 décembre 2017 en page 7 "JHM Economie" dans Le Journal de la Haute-Marne


Pour en savoir plus :

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