Laissez vos haies en paix Les haies, Un bien commun à préserver

, par Sylvie Chapron Staniszewski (S.C.S)

Du 1er avril au 31 juillet, toute intervention sur une haie est proscrite. Le temps est venu de laisser la faune et la flore en paix. Une haie est une unité linéaire de végétation ligneuse, implantée à plat sur talus ou sur creux. Elle est composée d’arbustes, le cas échéant d’arbres et/ou d’autre ligneux (ronces, genêts, ajoncs...), ou d’arbres et d’autres ligneux.


Le printemps est là. Ce qui signifie que ce n’est plus le moment de toucher à votre haie si vous en avez une. L’Office français de la biodiversité (OFB) communique sur le sujet suffisamment tôt pour bien rappeler les règles. D’autant plus que 2021 est l’année de la haie. «  Nous souhaitons rappeler le rôle et la fonction de la haie pour la biodiversité et quel est l’intérêt de la préserver, y compris pour les éleveurs et agriculteurs  », observe Vincent Montibert, à la tête de l’OFB de Haute-Marne. Cette réglementation s’applique aux particuliers, aux propriétaires et exploitants agricoles.

«  Nous allons entrer dans une période sensible : du 1er avril au 31 juillet, mais plus largement entre le 15 mars et le 15 août, il vaut mieux éviter de toucher à sa haie. On entre dans une période de reproduction et surtout de nidification. De nombreuses espèces que l’on trouve dans la haie sont protégées », poursuit Vincent Montibert. La stratégie de l’OFB repose sur la prévention et vise à empêcher tout arrachage inutile, voire à encourager la replantation. Des aides sont d’ailleurs disponibles pour ceux qui souhaiteraient en planter, via la Fédération des chasseurs de Haute-Marne en lien avec l’OFB régional.

Nombreuses destructions en 2020

Avec le confinement, l’année 2020 a été particulièrement destructrice pour les haies de Haute-Marne. « Nous avons fait une quarantaine de procédures pour altération ou destruction. C’est rare que nous en faisions autant », indique Vincent Montibert. Les peines encourues sont sévères - elles ont été revues à la hausse en 2019 : trois ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende. La remise en état d’une haie détruite reste une alternative toujours bénéfique aux poursuites judiciaires. Un stage devrait être prochainement proposé aux contrevenants, un peu comme ceux existants en matière de sécurité routière ou de chasse.

S. C. S.

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De nombreuses haies sont plantées chaque année en Haute-Marne, par l’intermédiaire de la Fédération des chasseurs, comme ici en février 2021 à Flagey.

Qu’est-ce qu’une haie ?
Il s’agit d’une structure végétale comportant des arbustes, et/ou des arbres, et/ou d’autres ligneux, qui poussent librement ou qui sont entretenus. Elle constitue un véritable écosystème. On peut lui associer d’autres structures végétales, comme les bosquets ou les ripisylves.

Quel rôle ont les haies ?
Du point de vue de la biodiversité, elles hébergent de nombreuses espèces végétales ou animales (oiseaux, reptiles, insectes, chauve-souris, petit gibier…). Elles constituent un site de reproduction et de nidification pour les oiseaux. Elles sont un refuge pour la petite faune, les auxiliaires de cultures et les pollinisateurs.

Les haies ont également une fonction brise-vent pour les troupeaux, les cultures et bâtiments. Elles limitent l’évapotranspiration, l’érosion, les coulées de boue et participent à la filtration de l’eau.

D’un point de vue culturel, les haies structurent les paysages et posent des limites.

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Les haies portent des enjeux environnementaux importants ; la reconstitution de linéaires de haies est encouragée.

Publié par Sylvie Chapron dans le journal de la Haute-Marne (JHM) n° 9710 p 4 du mardi 23 mars 2021. http://www.jhm.fr

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Publié par Sylvie Chapron dans le journal de la Haute-Marne (JHM) n° 9710 p 4 du du mardi 23 mars 2021. http://www.jhm.fr

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Maintien et plantation de haies.
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Haies d’arbustes sauvages - des fleurs durant toute la saison
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Haies et bocages : des réservoirs de biodiversité. La taille des haies déconseillée du 16 mars au 15 août
A partir de la mi-mars, la saison de nidification va commencer. Pour ne pas déranger ou déloger les oiseaux pendant cette période cruciale pour leur cycle de vie, l’Office français de la biodiversité recommande de ne pas tailler les haies ni d’élaguer les arbres du 16 mars jusqu’au 15 août, notamment pour préserver la nidification tardive de la tourterelle de bois (plan national de gestion).
https://www.ofb.gouv.fr/haies-et-bocages-des-reservoirs-de-biodiversite

Le Parc naturel régional de la Forêt d’Orient et Nature Haute-Marne ont organisé une visioconférence « accueillir les pollinisateurs sauvages au jardin » présenté par Romaric Leconte (CEN CA) et Meriem Methlouthi le mardi 27 avril 2021.
https://www.pnr-foret-orient.fr/visioconference-accueillir-les-pollinisateurs-sauvages-au-jardin/

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Sciences En Lumière @SciencesLumiere · 10 févr. 2023
C’est parti on va planter des haies à Frolois avec Amandine Durpoix
@inrae avec un beau film « la magie des haies »

Il en faudrait de plus en plus : nous continuons à en avoir de moins en moins. De quoi donc ? Des haies pardi !

La haie - limite séparative de 2 parcelles agricoles (cultures ou prairies) - a de multiples avantages :
 elle stabilise le sol et limite son érosion
 elle stocke du carbone
 elle sert d’habitat à des prédateurs possibles des ravageurs (oiseaux par exemple, qui viennent boulotter les chenilles quand c’est la saison)
 elle favorise l’infiltration de l’eau dans le sol à cause du système racinaire
 elle fournit du bois de feu et des fruits
 et puis... ca déstresse ! Ce dernier point n’est pas qu’une anecdote : il est établi, par exemple, que les arbres en ville sont un facteur de confort psychologique important, et inversement les maladies "psy" sont le 2è poste de dépense de la sécu pour des pathologies chroniques en France (voir graphique et référence en commentaire). Une plaine rase à perte de vue est donc un paysage moins "reposant" que s’il comporte des arbres... et donc des haies.

Mais la haie a un inconvénient : la technologie ne l’aime pas. Le tracteur - apparu après-guerre en France - doit en faire le tour, et le drone ou le satellite sont perturbés par sa présence pour la surveillance aérienne. Et désormais les agriculteurs se chauffent avec une énergie "moderne" et achètent leurs fruits dans le commerce.

Elle a un deuxième inconvénient : il faut du monde pour l’entretenir. Et du monde, il y en a de moins en moins dans l’agriculture.

Alors, depuis plus d’un demi-siècle, il y a de moins en moins de haies. 70% du linéaire a disparu depuis 1950, selon un rapport récent du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) : https://agriculture.gouv.fr/rapport-du-cgaaer-ndeg-22114-la-haie-levier-de-la-planification-ecologique

Depuis 2015, la PAC est censée protéger les haies. Mais il y a des dérogations et peu de contrôles, et le résultat est que 20.000 km ont continué d’être supprimés en moyenne annuelle entre 2017 et 2021.

Pour inverser la tendance le CGAAER propose quelques pistes. Au bout du bout, il n’y a que deux moyens de procéder :
 inciter économiquement (primes, subventions, etc), par exemple avec le label bas carbone ou des subventions directes,
 obliger les exploitants à en replanter, et à ce moment le surcout correspondant passe dans le prix de vente en sortie d’exploitation (ou, avec un peu de chance, dans la baisse de l’achat de certains intrants devenus moins nécessaires).

Dans tous les cas de figure il faut plus de force de travail chez les agriculteurs, point qui n’est pas évoqué dans les recommandations du CGAAER. Peut-être faut-il explorer et encourager des solutions iconoclastes, comme la possibilité de mobiliser les urbains alentours pour aider aux travaux de plantation et d’entretien ? Alors que les sédentaires manquent d’exercice (https://www.ouest-france.fr ), et qu’il y a des associations actives pour aider à planter, une mesure utile (même si pas suffisante) n’est-elle pas aussi de les encourager ?

Publié par Jean-Marc Jancovici le vendredi 28 avril 2023 sur https://www.linkedin.com

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Densité de haies par hectare selon le dispositif de suivi des bocages. OFB IGN

Pour en savoir plus :

 Parc national : 241 000 hectares de forêt entre la Champagne et la Bourgogne
 Cinétech n°37 : « Parcs nationaux – Quand la nature fait recette » le mercredi 17 avril 2019 à 19h à Nogent (52)
 Les abeilles demandent une attention quotidienne le 28 août 2020
 Laissez vos haies en paix le 23 mars 2021.
 Premier séminaire de start-ups Greentech pour le Parc National de forêts le 14 avril 2022.
 Naissance de trois jeunes faucons pèlerins le 20 juillet 2022
 La prise en compte des zones humides le 26 février 2023