Chaumont fait tomber les frontières Partenariats extérieurs indispensables

, par Orianne Roger

La volonté de Chaumont de chercher des partenariats avec des villes extérieures au département ne plaît pas à tout le monde. Le sujet a fait grand bruit en commission permanente du département de Haute-Marne, vendredi, 13 juillet 2018.


Bruno Sido n’en démord pas : "J’ai toujours été pour une unité de la Haute-Marne". Le sénateur souhaite une fusion des trois offices publics de l’habitat haut-marnais. Et à l’heure où Nicolas Lacroix, son successeur à la tête du Département, lance une étude pour voir si c’est réalisable, il regrette les "investigations dans les Vosges de Chaumont". Il ne comprend pas vraiment les prétentions de la ville préfecture qui s’intéresse d’autre part "à l’ouest pour créer un pôle métropolitain avec Troyes et Sens". L’élu, faisant référence au financement de Palestra, peste : "On ne peut partir dans les Vosges ou ailleurs et demander des subventions au GIP ou au conseil départemental dans le même temps".

Besoin de nouveaux partenariats

La messe est dite. Mais Christine Guillemy est loin d’accepter cette polémique. "Certaines compétences, comme l’économie ou les transports ne sont plus départementales". Elle enfonce le clou : "D’ailleurs quand la CCI Haute-Marne a décidé de fusionner avec la Meuse , ou la Chambre des métiers avec l’Aube, ça n’a pas fait de remous". De même le Signe va entrer dans un réseau d’écoles national et "personne ne lui reprochera", cite-t-elle encore en exemple. Pour la maire de Chaumont, il est en effet aujourd’hui nécessaire de travailler au sein d’une région Grand Est et même au-delà.

Sur la question du logement, cela fait longtemps que Chaumont habitat, présidé par Christine Guillemy, travaillait à un partenariat avec Vosgelis. Le bailleur ne s’en était pas caché. "On sentait venir une loi comme la loi Élan(*) depuis trois ans. De plus, nous avions des problématiques particulières à Chaumont avec un parc de logements vieillissants et qui ne correspondait plus aux besoins des locataires. Le programme Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine), ça a un coût". Il fallait trouver des solutions pour faire de Chaumont habitat "une entreprise".

Pas question pour l’élue de mettre l’office sous la tutelle de la Caisse de garantie du logement locatif social. Selon elle, cela aurait coûté à l’agglo de Chaumont 3 à 4 millions d’euros et les prix des loyers auraient progressé, tout ça "pour vivoter". La fusion était plus pertinente. "On a eu une réunion en octobre 2017 avec les autres offices du département qui n’en ont pas voulue." Vosgelis, une structure de taille moyenne comme Chaumont, a donc depuis retenu son intérêt même si Christine Guillemy souhaite participer à l’étude lancée par Nicolas Lacroix.

Sauver Chaumont, un bénéfice pour le Département

Sur le sujet de l’économie, la formation et les transports, Christine Guillemy ne veut pas avoir à rougir de son alliance avec Troyes. "Saint-Dizier et Chaumont ne travaillent pas ensemble. D’ailleurs, Saint-Dizier se tourne vers Vitry-le-François et Bar-le-Duc, plus proches et c’est tout à fait logique".

Avec le pôle métropolitain, Christine Guillemy espère régler les problèmes sur la ligne 4 et assurer les dessertes SNCF. Elle veut aussi encore renforcer la formation en enseignement supérieur notamment avec l’Université technologique de Troyes qui a une antenne à Nogent. "On pourrait même envisager de faire venir des Parisiens à l’UTT grâce à ce partenariat".

Elle assure enfin que Bar-sur-Aube, Nogent-sur-Seine et Romilly-sur-Seine pensent à rejoindre le pôle métropolitain. C’est dire l’intérêt de ces alliances. "On a certainement été en retard sur ce plan dans l’ex-Champagne-Ardenne quand je vois ce qui se fait en Lorraine".

Sur le sujet de la santé, c’est contrainte par la situation de l’hôpital de Chaumont que Christine Guillemy a fait le choix de regarder vers la Bourgogne, cette fois. "L’hôpital de Chaumont est en difficulté. Il nous fallait pouvoir nous appuyer sur un CHU si on voulait faire venir des professeurs et des spécialistes ici." Et sur les 40 % de taux de fuite de l’établissement chaumontais, 30 % des patients vont à Dijon. Le choix s’est donc fait tout naturellement.

Enfin, à la question de savoir si la commune préfecture, aux confins de toutes ces plus grandes villes, ne se sent pas tiraillée, Christine Guillemy répond : "Peut-être mais qu’est ce qu’on peut faire ? Attendre que Chaumont perde encore des habitants ? Aujourd’hui, notre monde n’est plus géographique. Il faut que Chaumont s’en sorte, c’est dans l’intérêt du département, en particulier des communes rurales aux alentours."

(*) La loi Élan voulue par le gouvernement obligerait les bailleurs sociaux gérant moins de 15 000 logements à se regrouper avec d’autres dès 2021.



Publié par Orianne Roger le 27 juillet 2018 dans La Voix de la Haute-Marne n°8868 en page 1 et 5


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