Pourquoi faut-il renforcer le lien école-entreprise ?
L’État n’a plus autant qu’avant les moyens de financer l’enseignement supérieur. Les collectivités locales, qui auraient pu constituer un recours, sont exsangues et on ne pourra pas seulement compter sur les frais d’inscription. Dans ce contexte, les entreprises auront un rôle clé à jouer. À condition qu’écoles et universités fassent un effort pour mieux comprendre leurs besoins, notamment en termes de formation...
Le mécénat fête cette année ses dix ans dans l’enseignement supérieur. Est-ce une piste sérieuse ?
Je ne crois pas. Quelques fondations parviendront sans doute à lever des fonds du côté des entreprises mais cela restera marginal. Les établissements d’enseignement supérieur français ne sont pas prêts, comme aux États-Unis, à embaucher des fundraisers pour démarcher des personnes qui préparent leur testament. Pour moi, l’avenir se situe davantage dans le développement de la recherche partenariale.
« Quelques fondations parviendront sans doute à lever des fonds du côté des entreprises mais cela restera marginal »
Où en est-on actuellement ?
Les écoles d’ingénieurs ont développé un embryon de recherche partenariale. Désormais, le défi est de mettre en place un modèle véritablement profitable. Ce qui appelle d’abord une augmentation des volumes : à l’UTT, les contrats passés en direct avec les entreprises représentent moins d’un million d’euros sur un budget recherche incluant les salaires des personnels permanents, de 18 millions d’euros, et moins de 10% du volume de la recherche globale. Même dans les établissements qui réalisent énormément de prestations de sous-traitance, ce pourcentage dépasse rarement 20%.
Ensuite, dans ce type de contrat, il devrait être interdit aux établissements publics de facturer à l’entreprise moins que le coût complet de la recherche, sachant que celle-ci va récupérer 60% de l’investissement en crédit impôt recherche. Or, c’est loin d’être le cas. Certains établissements, anciens et largement aidés par l’État, se permettent de casser les prix. En même temps, de jeunes établissements comme l’UTT, moins bien dotés, ont du mal à développer leur recherche avec les entreprises.
L’apprentissage représente selon vous un autre mode de financement de l’enseignement supérieur. Cette formule fait actuellement l’objet d’une concertation en vue d’une prochaine réforme...
Le projet de loi sur l’apprentissage pourrait nuire au financement des établissements d’enseignement supérieur. Nous, écoles d’ingénieurs, craignons la réduction de 25% de la partie "barème" de la taxe d’apprentissage envisagée par le gouvernement (1). Elle risque d’induire une baisse 0,75 à 1,25% du budget de nos écoles, voire davantage pour d’autres établissements. Le recentrage du financement sur les bas niveaux de qualification (III, IV et V) au détriment des formations de niveau I et II nous inquiète aussi.
Nous redoutons à terme une diminution du nombre de formations en apprentissage de l’enseignement supérieur et donc de nouveaux ingénieurs. En effet, le nombre d’ingénieurs formés chaque année via l’apprentissage est passé en cinq ans de moins de 1.000 à 5.000 (soit 1/5e des ingénieurs diplômés). Nous courons le même risque avec les contrats de professionnalisation. La Cdefi va poursuivre son lobbying dans le cadre des discussions avec les partenaires sociaux et le ministère du Travail puis auprès des parlementaires.
À quel autre moyen de rapprocher école et entreprise pensez-vous ?
Il faut favoriser le recrutement d’enseignants-chercheurs par le privé. Même dans les écoles d’ingénieurs, la mobilité est faible, or c’est possible ! Regardez dans le monde anglo-saxon... L’UTT va travailler sur cette question avec les entreprises de la région Champagne-Ardenne.
Par ailleurs, les PME sont globalement mal outillées pour approcher nos établissements et peinent à attirer les diplômés. La Haute-Marne voisine [de l’Aube, où est basée l’UTT] compte pourtant un certain nombre de petites entreprises très dynamiques, spécialisées dans la mise en forme de matériaux. Pour répondre à leurs besoins de recrutement, nous avons ouvert en septembre 2011 une antenne à Nogent-en-Bassigny (3.500 habitants), un vrai pari ! Nous visions 20 élèves ingénieurs par apprentissage et par an. La 3e promotion en compte déjà 28. Si nous manquons encore un peu de recul, il est certain que nous fournissons à ces PME une main-d’œuvre qualifiée dont elles avaient besoin.
(1) La part de la TA librement affectée par les entreprises aux formations initiales techniques et professionnelles en ou hors apprentissage.
Publié par Cécile Peltier le 17 janvier 2014 dans https://www.letudiant.fr/
- POC Media @POCMediaNews · 7 avr. 2021
Christian Lerminiaux (ParisTech) : « Nous voulons faire entrer l’entreprise dans nos locaux » @ChLerminiaux
@AgroParisTech @ArtsetMetiers_ @ChimieParisTech @psl_univ @EcoledesPonts @ESPCI_Paris @InstitutOptique @MINES_ParisTech
- leonor @leonormanent · 27 juin 2022
Un nouveau directeur @ChristopheCollet conduira le projet de l @UTTroyes à partir du 1er septembre 2022 autour d’une ambition européenne. Il succède à Pierre Koch qui prend sa retraite.
https://www.lest-eclair.fr/id385246/article/2022-06-25/enseignement-superieur-christophe-collet-devient-directeur-de-lutt-de-troyes?utm_medium=Social&utm_source=Twitter
Pour en savoir plus :
– Christian Lerminiaux (Cdefi) : "L’avenir est dans le développement de la recherche partenariale " le 17 janvier 2014
– Le salon des savoir-faire industriels de Haute-Marne les 12 et 13 juin 2015 à Nogent (52800)
– Le Pôle techno, instrument du futur le 09 mai 2016 à Nogent
– La recherche à Nogent : Nicci (Nogent international center for CVD innovation) le 21 octobre 2016 .
– Lucille Duport est lauréate du Prix Prix Bernard Bolle 2017 de la Section Est de la SF2M le 17 avril 2018
– Inauguration de la vitrine des Savoir-Faire le 13 décembre 2018 à Nogent
– Première "Grande promotion d’ingénieurs MM" : 51 étudiants ont intégré l’antenne de l’UTT Nogent le 02 septembre 2019
– Rentrée XL à l’UTT Nogent le 02 septembre 2019
– « Et oui, une Miss qui évolue dans l’industrie, c’est possible ! » le 01 septembre 2020.
– L’heure de la thèse pour Thibaut Perrin le 01 juin 2021
– les étudiants ingénieurs ont fait leur rentrée à Nogent le 30 août 2021
– 10 ans de l’antenne de Nogent de l’UTT le Jeudi 25 novembre 2021
– Christophe Collet devient le directeur de l’UTT le 01 septembre 2022