Covid-19 : Bugis tricote une filtration à 90% Bugis vise la qualité de filtration des FFP2.

, par Bruno Dumortier , Sylvia MAUCORT

Bugis, le spécialiste aubois des tricotages techniques, a mis au point une association de tissus (les qualités du polyester pour la filtration et celles du coton pour la peau) qui permet de fabriquer des masques lavables, et confortables, de catégorie 1.


Avec le confinement, Bugis, l’entreprise de bonneterie de La Rivière-de-Corps, a failli arrêter sa production. Ses deux grandes catégories de clients, la mode pour les tissus classiques et l’industrie pour les tissus techniques, ont fermé leurs portes. « Avec Chanteclair (l’atelier de confection de Saint-Pouange), on a très vite engagé une réflexion sur la fabrication d’un masque lavable », explique Bruno Nahan.

Après avoir fait le tour des solutions déjà disponibles, les équipes de Bugis ont mis au point un système de filtration original : « On avait un tissu matelassé qui existait déjà. On l’a amélioré. Deux couches sont tricotées en une seule fois ». Ce filtre en fil de polyester a la particularité de devenir plus efficace lavage après lavage. Les fibres se désorganisent et deviennent encore plus filtrantes. Ce fil est ensuite enfermé entre deux couches 100 % coton, Oeko-Tex classe 1.

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Après avoir fait le tour des solutions déjà disponibles, Bruno Nahan et les équipes de Bugis ont mis au point un système de filtration original : « On avait un tissu matelassé qui existait déjà. On l’a amélioré. Deux couches sont tricotées en une seule fois ».

«  Ce qui assure une parfaite innocuité pour la peau. C’est le coton que l’on utilise pour la puériculture. »

Côté extérieur, chez Chanteclair, on ajoute un tissu chaîne-et-trame (tissu tissé type chemise) qui assure une première barrière. Avec ce complexe technique, avec le soutien de la Sotratex, une des deux dernières teintureries indépendantes de Troyes, Chanteclair a pu lancer la production de ses masques, qui ont été classés catégorie 1 (plus de 90 % de filtration) par la Direction générale de l’armement.

Petit Bateau à la rescousse pour augmenter la production

Les cinq métiers à tricoter de Bugis capables de produire ce tissu technique tournent jour et nuit.

Pour faire face à la demande, Bugis a cherché d’autres bonnetiers capables de produire la même matière. « En fait, plus personne n’a les métiers. Sauf Petit Bateau qui a pu libérer des métiers pour nous. On a vraiment la chance d’avoir à Troyes une filière textile toujours complète », se félicite Bruno Nahan.

Pour ses autres clients historiques, notamment Saint-James mais aussi les CHU de Normandie, Bugis produit aussi un molleton, un tissu du type de ceux du sweat-shirt. « Un tissu gratté au dos pour dynamiser les fibres » qui permet de faire un masque de catégorie 2 (plus de 70 % de filtration).

Les autres métiers de Bugis tournent, là aussi, à plein régime pour répondre à la demande.

Vingt-deux des vingt-cinq salariés sont sur le pont douze heures par jour, en deux équipes, et travaillent même le week-end. «  On ne répond toutefois qu’à 50 % de la demande », observe Bruno Nahan qui se félicite de l’engagement de ses salariés. « Ce sont eux qui ont mis au point les solutions techniques », souligne-t-il.

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« Avec Chanteclair (l’atelier de confection de Saint-Pouange), on a très vite engagé une réflexion sur la fabrication d’un masque lavable », explique Bruno Nahan.

La demande n’est pas appelée à faiblir. Si les masques sont lavables et réutilisables, il en faudra nécessairement plusieurs par personne pour pouvoir travailler, se déplacer dans les transports publics, si l’obligation du port du masque se confirme.

Bugis est prêt à relever le défi. Il dispose des matières premières pour tenir. « On a toujours un stock tampon. Parce que, dans la mode, les clients veulent les produits en quatre ou cinq semaines. Si on doit commander le fil, on perd trois à quatre semaines. Ce n’est pas possible », observe Bruno Nahan. À moyen terme, pas d’inquiétude non plus : « On travaille avec des filateurs européens, qu’il soit allemands, espagnols, portugais ou italiens. Je n’ai jamais voulu aller trop loin pour garantir la provenance et la qualité de nos tissus. On paie 20 à 25 % plus cher, mais on offre un vrai suivi à nos clients ».

Une démarche vertueuse qui permet aujourd’hui de leur proposer des tissus pour basculer sur une production massive de masques.

Bruno Dumortier


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Publié par Bruno Dumortier le mardi 28 avril 2020 sur https://abonne.lest-eclair.fr/

Publié par Bruno Dumortier le mardi 28 avril 2020 sur https://abonne.lest-eclair.fr/


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L’ Est-éclair @lesteclair · 28 avril 2020
Avec Bugis et Compositex, des masques aubois innnovants pour lutter contre l’épidémie
https://abonne.lest-eclair.fr/id147552/article/2020-04-28/avec-bugis-et-compositex-des-masques-aubois-innnovants-pour-lutter-contre?utm_medium%3DSocial%26utm_source%3DTwitter

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