Avec 1,7 milliard de chiffre d’affaires en 2017, Lisi (Link solution for Industrie), c’est 47 usines dans des pays du monde entier comme les Etats-Unis, le Canada, la Chine, le Maroc ou encore la Turquie. Implanté dans les secteurs du médical, de l’automobile et de l’aéronautique, c’est aussi un groupe qui ne pesait que 150 millions d’euros quand Emmanuel Viellard y est entré, il y a 23 ans. Il compte bien appliquer sa recette du succès aussi à Chaumont.
L’investissement
Pour perdurer face à une concurrence toujours plus rude, il est indispensable d’investir, selon le directeur général. Et Lisi n’a pas rechigné à le faire à hauteur de 140 millions d’euros en 2017 et pour une somme similaire cette année. Acheter 230 nouveaux robots, c’est l’objectif à moyen terme du groupe. « C’est important pour moi de financer tous les ans la croissance. On investit ce que l’on peut, dans une bonne logique paysanne. C’est notre ADN provincial qui veut ça », commente-t-il. Ce sera encore 110 millions rien qu’en Haute-Marne dans le cadre du projet « Forges 2020 » qui veut le déménagement de l’usine de Bologne sur la zone Plein’Est, à Chaumont. Un projet pour préserver les 800 emplois de la principale usine du département qui n’aurait pu se faire dans les collectivités et structures locales. Elles financent 40 000m2 de bâtiment via la société d’économie mixte Immo-bail.
- LISI AEROSPACE, Emmanuel Viellard, Directeur Général de LISI (à gauche) et Jacques Tschofen, Chef du service R&D (à droire sur la photo) Emmanuel Viellard au salon des savoir-faire industriels en Haute Marne le 15 juin 2018 à Nogent (52800) (Photo CJ).
Le « Lean »
Toutes les usines sont organisées de la même façon selon la méthodologie du « lean ». Emmanuel Viellard n’a pas peur de le dire : « Celui qui n’a pas cette approche dans son usine n’a pas d’avenir ». Mais ce « gros mot » que les « syndicats n’aiment pas », transforme toute l’organisation en interne. Le directeur détaille : « L’opérateur est au sein d’une équipe avec un capitaine sur lequel il n’y a pas de lien hiérarchique. Tous les matins, il fait une réunion d’équipe où il définit les objectifs de la journée ; balaie les différents sujets. Il a la capacité de régler à son niveau 80% des problèmes. » Cela permet au directeur de s’occuper « uniquement » de la mise en place de la stratégie du groupe. En bref, on ne gaspille pas son temps et on rationalise aussi tout le fonctionnement de l’usine, en mettant la qualité au cœur de toutes les préoccupations. Les Forges de Bologne sont en train d’opérer cette transformation depuis leur rachat par Lisi en 2014 à Manoir aerospace. Cela sera effectif avec la nouvelle usine. « On ne peut plus imaginer la forge comme au XIXème siècle, il nous faut éliminer tous les postes pénibles ». De plus, les machines seront disposées en ligne. De préciser : « Il n’y aura pas un chariot dans l’usine, toutes les manœuvres interopératoires seront robotisées. Cette usine doit être la forge aéronautique la plus efficace en Europe et dans le monde. C’est un objectif à dix ans. »
- Emmanuel Viellard, Directeur Général de LISI et Pascal BABOUOT, Président de l’entreprise ALPHA LASER. Photo CJ.
L’innovation
Au-delà de la rationalisation de l’existant, le groupe Lisi est surtout tourné vers l’avenir et les nouvelles technologies. Le « digital manufacturing » est la capacité ‘une machine à « s’autogérer », pour Emmanuel Viellard. Comprendre : pouvoir mesurer les pièces, passer en usinage adaptatif et éventuellement changer les outils. Il faut aussi avoir la possibilité de lancer une autre série. « La phase suivante sera d’introduire de l’intelligence artificielle ». Le directeur général compte en plus l’impression 3D même s’il faut se projeter sur le long, voire le très long terme en ce qui concerne la forge métal. « Cette technologie n’est pas encore mature. Notre métier est de produire en série pas juste de faire des prototypes. Mais aujourd’hui avec un même programme, quand deux pièces sortent bonnes, trois pièces sont mauvaises. » Via une usine dédiée à l’impression 3D et l’installation de 18 machines, Lisi espère bien faire progresser le process et pouvoir vite en bénéficier. « Il propose une rapidité de production et des designs intéressants ». Un moyen comme un autre de s’engager dans la forge de demain.
Publié par Orianne Roger le 22 juin 2018 dans La Voix de la Haute-Marne n°8863 en page 3
Suite à une fusion avec MANOIR INDUSTRIES (SIREN 403 735 681) LES FORGES DE BOLOGNE (845 420 280, immatriculés le 23-11-1954) changent de dénomination le 12 juillet 2018 pour s’appeler LISI AEROSPACE FORGED INTEGRATED avec un nouveau capital de 3 773 805 €
39 RTE DES FORGES 52310 BOLOGNE
SIRET 845 420 280 00016 (SIRET inchangé)
Pour en savoir plus :
– En reprenant Remmele, Lisi Medical renforce ses positions aux Etats-Unis en avril 2016
– Les Forges de Bologne, plus gros employeur de Haute-Marne, déménage à Chaumont en 2020
– Le déménagement nécessaire des forges de Bologne à Chaumont en 2020.
– Emmanuel Viellard Directeur général de Lisi en mai 2017 : « Il n’y a pas de fatalité : on peut être compétitif en France »
– Le grand patron de Lisi évoque Chaumont le 23 février 2018
– La conférence d’Emmanuel Viellard au salon des savoir-faire en Haute Marne le 15 juin 2018 à Nogent
– « Une logique paysanne sur un ADN provincial »
– La stratégie du groupe LISI
– Lisi : ça bouge à Plein Est en février 2019
– Haute-Marne, Silicon Valley, Haute-Garonne... qui fait quoi et où chez Airbus ? le 17 juin 2019 dans LeParisien.
– Journee Technologique n°22 : « Les Innovations dans le secteur AERONAUTIQUE » le jeudi 03 octobre 2019 à Nogent
– Les Forges de Bologne (Groupe LISI) peaufinent leur déménagement sur Chaumont