Les Forges de Bologne, plus gros employeur de Haute-Marne, déménage à Chaumont en 2020 Les Forges de Bologne fabriquent des pièces de sécurité pour l’aéronautique.

, par Frédéric MARAIS

Sous-traitant de l’industrie aéronautique, le plus gros employeur de Haute-Marne, avec 730 salariés, implanté à Bologne, va se délocaliser à l’horizon 2020, à Chaumont, à une dizaine de kilomètres.
Un investissement de 40 millions d’€ en immobilier et 110 en équipements que cette société plus que centenaire du groupe Lisi, juge indispensable pour rester au même niveau d’exigence que ses principaux clients, Airbus et Boeing.

Forges 2020, c’est le nom du projet mis en place par Lisi Aerospace, branche du Groupe Lisi, une entreprise familiale française à laquelle appartiennent les Forges de Bologne depuis leur rachat en 2014 à Manoir Aerospace.

Deux mil vingt, c’est aussi l’année où l’usine devrait quitter la petite commune de Bologne, en Haute-Marne, pour emménager dans de nouveaux locaux sur le parc d’activités Plein’Est à Chaumont, à une dizaine de kilomètres de son emplacement actuel.

La difficulté de l’opération sera inversement proportionnelle à la distance parcourue. « Il faudra compter deux ans de déménagement et de qualification », prédit Pascal Cantrel, le directeur industriel et technique.

C’est en effet un mastodonte industriel qu’il faut déplacer : l’outil de production est disséminé dans 56 bâtiments, dont certains affichent plus de 100 ans d’âge ! L’usine comprend 23 pilons et presses pesant jusqu’à 600 tonnes, 28 fours de chauffe, 12 fours de traitement thermique, 20 centres d’usinage, 2 lignes de décapages chimiques et une d’usinage chimique, ainsi qu’un atelier d’hydroformage.

C’est aussi une véritable fourmilière où s’activent 730 employés, dont 110 intérimaires, 24/h/24, puisque les équipes tournent en 3x8.

Si l’on ajoute que l’usine est construite sur un terrain en pente et de surcroît inondable, on mesure toute la difficulté à piloter un tel paquebot. « Aujourd’hui, une pièce parcourt 4 ou 5 kilomètres dans l’usine. Demain, ce sera peut-être 100 ou 200 mètres », explique Pascal Cantrel.

Le portage immobilier de Haute-Marne Immo-bail

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Airbus et Boeing sont les principaux clients de l’entreprise haut-marnaise.

La rationalisation des flux déterminera donc le visage des futurs bâtiments, dont les plans sont encore à l’étude. L’investissement immobilier est à la hauteur du défi architectural et de la complexité des process à mettre en œuvre : 40 millions d’€ environ. Mais cette somme ne sera pas déboursée par le Groupe Lisi.

Les frais de construction des bâtiments seront en effet pris en charge par une société d’économie mixte constituée à cet effet. Elle répond au nom de Haute-Marne Immo-bail, et ses principaux actionnaires sont le conseil départemental de la Haute-Marne (majoritaire) et le groupement d’intérêt public (GIP) Haute-Marne.

« Le Groupe Lisi s’engage en contrepartie à louer les murs pendant 30 ans  », souligne le directeur industriel et technique, rappelant que les Forges ne sont pas non plus propriétaires de leur site actuel.

Ce portage immobilier par un tiers permet à Lisi de concentrer ses efforts financiers sur l’outil de production en lui-même. Quelque 110 millions d’€ étalés sur 7 ans permettront non seulement de payer le déménagement, mais aussi et surtout d’acquérir de nouvelles machines et de développer de nouveaux projets industriels.

« Dans notre métier, la R&D porte principalement sur la “forgeabilité” de nouveaux matériaux plus légers et plus résistants. Ces recherches sont menées à notre initiative ou à la demande des avionneurs. »

Moteurs et structures d’avions

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L’usine possède un matériel parfois très imposant.

Face à des clients « de plus en plus exigeants » et à une concurrence exacerbée, les Forges de Bologne ont l’obligation de se maintenir à un haut niveau de savoir-faire et de service, en termes de qualité, de prix et de délais.

Il est vrai que dans l’aéronautique, cœur de métier des Forges de Bologne, on ne badine pas avec l’excellence. « Nous avons deux départements distincts, détaille Pascal Cantrel : les structures et les moteurs. Les premières représentent 65 % de notre chiffre d’affaires dans l’aéronautique, les seconds, 35 %. »

Les structures, ce sont aussi bien les pièces situées dans le nez de l’avion que les hublots, les pièces de plancher que les supports de sièges, les pièces de frein que les pièces de train d’atterrissage, les supports de moteur que les servocommandes, etc. La partie moteurs concerne essentiellement les aubes de turbines, qu’elles soient réalisées en titane - majoritairement - ou en alliage d’aluminium.

« Nous ne fabriquons que des pièces de sécurité soumises à de fortes contraintes techniques, précise le directeur industriel et technique. Nous ne produisons également que des petites séries, même si plusieurs dizaines de milliers de pièces sortent chaque mois de nos ateliers, dont certaines nécessitent jusqu’à cinquante opérations. »

Que des petites séries

L’entreprise fabrique presque autant de pièces pour Boeing que pour Airbus même si, ajoute Pascal Cantrel, « le constructeur américain n’est qu’un client indirect, par l’intermédiaire principalement du Groupe Safran. Nos autres donneurs d’ordres s’appellent Ambraer, Dassault Aviation pour le Rafale, Airbus Helicopters (ex-Eurocopter), etc. Nous sommes équipementiers de rang 1 ou 2, voire 3. »

L’usine haut-marnaise travaille également pour l’armement, le nucléaire (le CEA) et la Formule 1. Elle exporte directement à hauteur de 30 %.

Les Forges de Bologne réalisent un chiffre d’affaires de 115 millions d’€ environ. L’entreprise a connu un creux après 2008, voyant son chiffre d’affaires chuter de 35 %, tout en réussissant à maintenir ses effectifs.

« Nous avons fait le gros dos », observe Pascal Cantrel. La société a commencé à remonter la pente en 2011, pour atteindre maintenant « un plateau ».

Un haut plateau, certes, mais Lisi investit précisément dans une nouvelle usine afin de lui permettre de franchir un cap supplémentaire, en jouant tout à la fois sur une diminution des stocks, une organisation totalement repensée, une augmentation de la productivité et un renforcement de son image.

Notre reporter n’ayant pas été autorisé à faire des photos, toutes ont été fournies par l’entreprise.

Publié par Frédéric Marais, le 01 mars 2016 dans
www.tracesecritesnews.fr

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©Manoir Industries - Presse de 6 300 tonnes installée sur le site des Forges de Bologne à Chaumont.


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