Et si, du haut de ses 190 ans d’existence, la vieille dame de Vecqueville était bien plus fringante que bien des jeunes ? Après des années 2017-2018 plutôt contrariantes, Ferry-Capitain a repensé sa stratégie. L’emblématique fonderie multiplie ses secteurs d’activité et ses projets.
Ce nouvel élan a une étiquette : FC 2024. 2024, c’est demain. C’est pourtant cette proche échéance que se donne Ferry-Capitain pour jouer dans la cour des usines 4.0. Cette saine ambition impose de modifier bien des choses, bien des pratiques.
La dématérialisation de l’information entre les services et entre les hommes n’est pas la moindre. Les machines qui feront appel à des formes d’intelligence artificielle pour acquérir des données, les gérer et apprendre de cette data seront davantage connectées afin que l’information circule et irrigue l’usine.
La sécurité des salariés fera davantage encore qu’aujourd’hui l’objet de toutes les attentions. Ferry-Capitain devra être identifié par ses clients, partout dans le monde, comme l’entreprise de son secteur qui innove, qui ajoute le plus de services à ses produits, et qui est capable de concevoir et réaliser ses fameux produits plus vite que les autres. Les autres, ici, sont souvent les Chinois.
- Christian Fontaine, directeur du site de Vecqueville
« Nos jeunes sont plus créatifs que nous n’étions »
Cet enjeu estampillé 4,0 implique que l’ensemble du personnel se sente concerné. On s’éloigne de la verticalité historique qui voulait qu’une décision prise en haut soit appliquée en bas. La concertation s’introduit dans les règles sociales. Un management sans doute plus participatif gagne du terrain dans les esprits. Un exemple ? Un salarié, dans son atelier, sur sa machine a l’expérience qui lui permet de définir la meilleure pratique, le meilleur réflexe pour résoudre un problème précis. Cette solution, cette bonne pratique, il peut la partager, l’afficher sur un serveur, sorte de mur partagé visible par tous ceux qui peuvent avoir un jour besoin de cette solution. Il y a du partage de savoir dans l’air, et du e-learning pour le diffuser en interne. Christian Fontaine, l’expérimenté directeur, trouve la formule : « Nos jeunes sont plus créatifs que nous n’étions. Ça peut être parfois déstabilisant. À nous d’en tirer des avantages ».
Cette nouvelle donne s’insinue tranquillement dans les esprits.
Sept usines et 1300 salariés
Ce redéploiement des méthodes s’accompagne d’un redéploiement des productions. Les gros engrenages emblématiques qui ont fait le renom de Ferry-Capitain demeurent au cœur du métier. Mais la réalisation de matrices pour le secteur de l’aéronautique, pièces qui requièrent savoir-faire et précision va monter en puissance, sans doute comme les pièces à façon, avec un fort suivi de projet, pour le nucléaire ou l’éolien. De même pour les pièces nécessitant de l’innovation, des dépôts de brevets. Dans ce contexte, les ingénieurs de la start-up Fer’Incub, qui redéfinit et optimise la R&D de Ferry-Capitain sur le site même de Vecqueville, seront appelés à travailler de plus en plus pour des clients extérieurs.
Ferry-Capitain s’adapte aux défis industriels de notre époque. L’entreprise dispose d’un atout : son actionnariat familial, stable, qui seul permet de travailler sur une stratégie à long terme, dans un secteur éminemment capitalistique où la rentabilité des investissements toujours lourds ne peut s’envisager que sur le long terme.
Le groupe CIF au sein duquel se développe Ferry-Capitain, compte sept usines et 1300 salariés. Ferry-Capitain emploie environ 350 personnes.
Une nouvelle tailleuse en vue
Pour réaliser les dentures extrêmement précises des, dentures des engrenages qui ont fait sa réputation, Ferry-Capitain utilise des tailleuses.
Pour conserver ses performances et sa réputation sur ce segment fondamental de son activité, Ferry-Capitain doit rajeunir son parc de tailleuses. Les dirigeants ont choisi de valider dans un premier temps les préconisations de leurs ingénieurs sur une tailleuse de pignons de 1,50 m de diamètre. La machine répond déjà à certaines exigences du marché et permettra de vérifier la pertinence des choix technologiques pour une tailleuse ultérieure de grandes dimensions. Cette “petite” tailleuse coûte déjà plus de 1,5 million d’euros !
En octroyant une aide de 550 000 euros, le Plan de relance débloque ce projet. Le développement du projet est confié à deux sociétés françaises.
Dominique Piot
Publié par Dominique Piot le mardi 02 novembre 2021 dans Le Journal de la Haute-Marne n°9930 https://www.jhm.fr
- Ferry Capitain vend bien sûr toujours de la fonte ou de l’acier, mais de plus en plus aussi, de l’intelligence.
- Pignons de qualité FERRY-CAPITAIN et CMD Gears, percés ou avec arbres intégrés, trempés ou carburés, Jusqu’à 20 tonnes et 4,6 mètres de long !
Pour en savoir plus :
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