Nogentech met le cap sur la formation le cluster Nogentech n’a rien à envier aux métropoles de la région.

, par Orianne Roger

Nogentech, c’est l’histoire d’un succès industriel mais pas que. Le point avec Pascal Gillet, président de l’association, Delphine Descorne-Jeanny, vice-présidente et Christophe Juppin, membre, secrétaire suppléant. Avec cinquante entreprises adhérentes, un pôle qui forme des ingénieurs et un Centre régional d’innovation et de transfert de technologie, le cluster Nogentech n’a rien à envier aux métropoles de la région.


L’aventure commence en 2000. "À l’époque, nous avions mis en place un SPL (Système productif localisé) spécialisé dans la transformation des métaux", rappelle Pascal Gillet, de l’entreprise Gillet-outillage. Deux ans plus tard, l’association Nogentech est créée.

"L’idée était d’abord que les gens se rencontrent", précise Christophe Juppin, secrétaire suppléant du clusteur, salarié de la CCI (Chambre de commerce et d’industrie). Le bassin nogentais comprenait nombre d’entreprises, avec de beaux savoir-faire notamment dans la confection de ciseaux de chirurgie. Mais l’arrivée des produits étrangers combinée à des normes de plus en plus strictes en France ont mis à mal l’activité haut-marnaise. Les usines ne pouvaient plus s’ignorer ou continuer à se concurrencer.

Entraide indispensable

Delphine Descorne-Jeanny, directrice des opérations chez Marle (prothèse médicale), souligne par ailleurs : "Nous devons respecter des normes environnementales, par exemple en termes de gestion des déchets. Grâce au cluster, nous avons trouvé des solutions". Une organisation en commun a été mise en place pour revaloriser les boues d’émerisage ou les sables. D’autres projets sont en cours pour s’attaquer à de nouveaux déchets.

Nogentech a aussi permis d’avoir une "addition de compétences" et "de savoir comment innover", dixit Pascal Gillet. Le président enfonce le clou : "C’était nécessaire pour ne pas perdre notre savoir-faire mais aussi pour investir différemment". D’ailleurs, certaines entreprises qui n’ont pas pris le virage ont périclité quand d’autres ont eu de bons résultats. Le trio prend des exemples qu’il connaît bien pour illustrer. Gillet-outillage, qui fabrique aujourd’hui des outils à la demande, comptait quatre salariés en 1977 contre 60 aujourd’hui. Marle, c’était onze à douze personnes au début des années 80 contre 210 aujourd’hui .

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de droite à gauche : Pascal Gillet , président du cluster Nogentech le 21 juin 2018 (Gillet-outillage) , Delphine Descorne-Jeanny, vice présidente puis présidente le 25 avril 2019 (MARLE) , Christophe Juppin secrétaire suppléant représentant M. Michel AUER (CCI Haute-Marne) . (Photo : Orianne Roger)

Communication nécessaire

"On ne le sait pas suffisamment mais un tiers des prothèses mondiales sont produites ici", se satisfait Christophe Juppin. C’est pourquoi, il faut encore communiquer autour des entreprises du cluster qui touche aussi Chaumont, Froncles ou encore Troyes (10). "Nous avons beaucoup insisté sur l’aspect médical, nous voulons à présent mettre en avant les autres secteurs de la métallurgie", poursuit-il. On pense bien sûr à des grosses sociétés comme Lisi aerospace (850 salariés) à Bologne . Mais il ne faut pas oublier celles plus petites mais tout aussi indispensables à Nogentech comme CMUP à Chaumont. Elle propose de l’usinage, du prototypage et de l’impression 3D.

Cette promotion se fait d’une part au local "car beaucoup de Haut-Marnais ne savent pas que les entreprises autour de Nogent, ce sont environ 3 000 emplois." Des films présentant les métiers de l’industrie vont être diffusés dans les collèges à cet effet. D’autre part, la communication se fait à l’extérieur en nouant par exemple un partenariat avec le Pôle de compétitivité Alsace BioValley. Il leur permettra, en plus, de donner du grain à moudre à leurs chercheurs respectifs. Un chargé d’innovation commun sera embauché pour l’occasion..

Recrutement difficile

Mais pour que les entreprises de Nogentech puissent encore fonctionner et innover, rien ne sera possible sans les salariés. Des formations en commun -on mutualise et c’est moins coûteux- leur sont ainsi dispensées. Surtout, il faut combler le maillon manquant dans la formation initiale haut-marnaise. Delphine Descorne-Jeanny rappelle : "Nous travaillons avec Decomble, à Chaumont, à la création d’un BTS industriel pour la rentrée 2019 qui fera le lien entre le lycée professionnel et le diplôme d’ingénieur. C’est important de pouvoir garder nos jeunes sur le territoire pendant toute la durée de leurs études". C’est un fait, à l’heure où l’on ne parle que de chômage, l’industrie du département peine à trouver des ouvriers qualifiés.


Publié par Orianne Roger le20 juillet 2018 dans La Voix de la Haute-Marne n°8867 en page 1 et 4


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