Pascal Babouot : “Trouver à chaque famille ukrainienne un parrain”

, par Celine CLEMENT, Frédéric Thévenin

Le jeudi 17 mars 2022, vers 14 h, 81 personnes venues d’Ukraine ont été accueillies à l’hôtel des Dhuits, à Colombey-les-Deux-Églises, en Haute-Marne, et pris en charge par les services de l’État. Ils échappent ainsi à la guerre. C’est tout un village qui se mobilise pour accueillir du mieux possible les réfugiés. Le maire, Pascal Babouot, coordonne cette générosité.


L’invasion de l’Ukraine par la Russie de 2022 est un conflit aérien, maritime et terrestre initié le 24 février 2022 par l’ordre du président russe Vladimir Poutine, à partir de la Russie et de la Biélorussie.

Guerre – Exfiltration de 81 Ukrainiens : « ce n’est qu’une goutte d’eau »

Le jeudi 17 mars 2022, vers 14 h, 81 personnes venues d’Ukraine ont été accueillies à l’hôtel des Dhuits, à Colombey-les-Deux-Eglises et pris en charge par les services de l’État. Ils échappent ainsi à la guerre.

Depuis ce jeudi 17 mars, vers 14 h, 81 personnes venues d’Ukraine, fuyant la guerre, ont été accueillies à l’hôtel des Dhuits, à Colombey-les-Deux-Eglises. Elles ont profité de l’exfiltration organisée par la société agricole AgroKMR détenue par des agriculteurs haut-marnais. Ils sont implantés dans la région de Dniepropetrovsk, région située aux portes du Donbass et à 180 km de Donietsk en zone pro-russe.

Une quarantaine d’enfants, une quarantaine de jeunes femmes, 32 familles sont ainsi à l’abri et regroupées en Haute-Marne. Ils échappent à la guerre.

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Jean-Paul Kihm lorsqu’il descend du bus, à 14 h, le jeudi 17 mars 2022.

Opération spéciale dans cette guerre

Jean-Paul Kihm, l’un des membres d’AgroKMR, raconte que cette exfiltration a été imaginée en entendant les chars approcher de la région. La société a alors proposé aux 90 salariés, s’ils le souhaitaient, de quitter l’Ukraine. Des discussions intrafamiliales ont eu lieu et, principalement, tous les enfants en bas âge, avec leur jeune mère ont décidé de faire le voyage.

Comme de nombreuses opérations de ce genre ont lieu actuellement en Ukraine, Jean-Paul Kihm explique qu’il a été compliqué de trouver des bus en Ukraine mais aussi en France. Les premiers ramenaient les réfugiés à la frontière polonaise escortés d’un pick-up de l’exploitation agricole et les seconds transportaient des colis et des dons collectés par les clubs services de Chaumont.

Ils laissent un père, un mari

D’après Jean-Paul Kihm, la synchronisation a été parfaite le lundi 13 mars 2022 pour ensuite débuter le trajet qui a emmené ces familles à Colombey-les-Deux-Églises, en Haute-Marne.

Là-bas, ils laissent un père, un mari qui sont toujours rattachés aux tâches agricoles même si elles sont ralenties. L’agriculteur de Rochefort parle d’une situation relativement calme, d’après les derniers contacts établis. Les équipes travaillent les terres uniquement la journée et non plus la nuit afin d’éviter de se transformer en cible.

Jean-Paul Kihm résume : «  La ferme tourne convenablement, sachant que le gouvernement ukrainien a demandé que l’activité perdure. Nous avons été sollicités pour continuer ». Cela dit, aussitôt, l’homme relativise l’action menée : « Ce n’est qu’une goutte d’eau dans cette guerre étant donné le nombre de réfugiés à la frontière polonaise  ». Il ne cache pas non plus sa révolte en voyant que les opérations de sauvetage sont justement menées par des entrepreneurs et non pas par les petites et moyennes entreprises implantées en Ukraine.

Maintenant que les femmes et enfants sont installés, la pression ne retombe pas pour autant. Il est désormais question des logements futurs, du travail, de la gestion des séparations…

Jean-Paul Kihm, profondément humain et mesuré, en profite pour remercier les services de l’Etat et leur efficacité.

Ukraine. L’exfiltration de 81 Ukrainiens par des agriculteurs haut-marnais implantés là-bas est terminée. Femmes et enfants ont été accueillis à Colombey et pris en charge par les services de l’Etat.

Frédéric Thévenin


Publié par Frédéric Thévenin le vendredi 18 mars 2022 dans le JHM n°10064 page 05 JHM (Journal de la Haute-Marne)

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Publié par Frédéric Thévenin le vendredi 18 mars 2022 dans le JHM n°10064 page 05 JHM (Journal de la Haute-Marne)

Pascal Babouot : “Trouver à chaque famille ukrainienne un parrain

« C’est bon, c’est calé. Les enfants, s’ils le veulent pourront aller jouer au foot avec le club mercredi. » Pascal Babouot, le maire de Colombey, est sur le pont. Son sens de l’organisation et son dynamisme sont appréciables en pareille situation. Il salue de manière appuyée la générosité qui est à l’œuvre à Colombey et dans l’ensemble des villages qui y sont rattachés.

«  Je reçois beaucoup d’appels de gens qui se proposent pour aider », confirme Pascal Babouot, qui organisait ce vendredi soir une réunion des élus pour coordonner l’action. Il a été à la manœuvre avec les services de l’Etat, François Jehlé, le propriétaire des Dhuits et Jean-Paul Khim, de la société AgroKMR, pour réussir cet accueil. S’ouvre une autre phase : faire en sorte que ces femmes et ces enfants arrivés à Colombey s’y plaisent et s’intègrent dans la vie du village.

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Pascal Babouot, le maire de Colombey-les-Deux-Églises, est sur le pont.

«  Pour chaque famille, je vais chercher un ou deux parrains. Ce sont des habitants d’ici qui donneront de leur temps pour s’occuper des familles, aller faire des courses, découvrir Colombey et les environs, aller voir où est l’école, où sont les médecins, la pharmacie  », confie Pascal Babouot, heureux que sa commune soit associée à ce bel élan de solidarité.


Publié par Céline Clément le samedi 19 mars 2022 dans le JHM n°10065 page 04 JHM (Journal de la Haute-Marne)

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Publié par Céline Clément le samedi 19 mars 2022 dans le JHM n°10065 page 04 JHM (Journal de la Haute-Marne)

Ukraine : Ina, mère de famille déracinée

Agée de 42 ans, Ina est la mère de jumeaux de 15 ans. Elle a décidé de quitter l’Ukraine pour sa famille et pour les mettre en sécurité. Elle n’a qu’un espoir : que la guerre cesse au plus vite pour retourner dans son pays.

Ina vit à Dniepropetrosk ; la ville la plus proche de l’exploitation agricole de la société AgroKMR. Elle y travaille et a même de grandes responsabilités en tant que directrice manageuse. Elle aime son travail « plus que tout  » et se désole d’avoir abandonné ses terres au moment des semis ; une période cruciale pour les cultures de céréales et oléagineux.

Au début du mois de mars 2022, lorsque les gérants de la société ont proposé de quitter l’Ukraine pour rejoindre la France, elle n’a pas hésité, pour autant, très longtemps. Elle avait confiance et surtout elle voulait mettre à l’abri sa famille : ses jumeaux de 15 ans dont elle a seule la responsabilité puisqu’elle est divorcée.

Une famille qui se nourrit d’espoir

« La première raison de mon départ est mes enfants » dit-elle. Elle ne cache pas sa gratitude pour toutes les personnes qui les aident. Elle vante la gentillesse et les mérites de ceux qui ont exfiltré toutes les familles : femmes et enfants.

Ina témoigne de bombardements qui s’amplifiaient au fil des jours et du danger qui se rapprochaient. Aujourd’hui, elle se sent «  calme et plus apaisée car ses enfants sont en sécurité  » mais elle ne cache pas sa peine en pensant à tous ceux qui sont restés là-bas.

La jeune femme se nourrit de l’espoir de repartir au plus vite dans son pays. Elle y pense chaque minute et explique ne pas comprendre cette guerre et cette agression par la Russie. « C’est inexplicable ».

Arrachée à son pays qu’elle aime tant, Ina souhaite que personne ne vive un tel enfer. Avec quelques larmes au bord des yeux, elle dit espérer qu’un jour «  tous les peuples s’unissent ».

Frédéric Thévenin

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Ina se bat chaque jour pour ses enfants. Elle coordonne aussi les aspects administratifs pour les réfugiés.

Inès, la traductrice

Pour communiquer plus facilement, Pascal Babouot, le maire de Colombey, a trouvé trois traductrices issues de son territoire. Parmi elles, Inès d’origine Biélorusse. Elle est en France depuis 2016. Mariée à un vigneron, elle est psychologue et professeur. Et comme tout le monde, elle a été surprise par cette guerre «  extrêmement grave ». Elle explique assister à l’affrontement de pays frères ayant la même langue et la même culture. Elle constate avec effroi les familles qui se disloquent, qui s’opposent et les tensions qui naissent partout.


Publié par Frédéric Thévenin le samedi 19 mars 2022 dans le JHM n°10065 page 05 JHM (Journal de la Haute-Marne)

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Publié par Frédéric Thévenin le samedi 19 mars 2022 dans le JHM n°10065 page 05 JHM (Journal de la Haute-Marne)

Pour en savoir plus :

 Pascal Gillet, nouveau président du cluster Nogentech le 21 juin 2018.
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 Delphine Descorne-Jeanny : Une nouvelle présidente pour Nogentech le 25 avril 2019
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