Achille DAUGENET, fondateur de la Fonderie des Ardennes Histoire du patrimoine industriel des Ardennes.

, par Christophe Juppin

Le famille DAUGENET est originaire de Philippeville. Les parents de André Joseph DAUGENET rejoignent la France lorsque cette ville est occupée le 24 décembre 1815 par une garnison hollandaise. C’est ainsi que Joseph DAUGENET naît à Charleville le 27 mai 1851. C’est le pére d’une grande famille industrielle qui commence en 1906 à Mézières dans les Ardennes et qui finie à Pont-Audemer (Eure) en Normandie en 1991.

Joseph Daugenet, Mouleur, et son fils, Achille Daugenet, Fondeur, à Revin

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André Joseph DAUGENET est né le 24 juin 1811 à Philippeville (Français (1660-1815))

C’est le 26 mars 1875 que Achille Auguste DAUGENET voit le jour, rue de Nouzon à Charleville, fils de Joseph DAUGENET, mouleur et de Anne-Marie Rosalie HOUPILLART, tous deux aussi natifs de Charleville.

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Joseph DAUGENET, mouleur est né le 27 mai 1861 à Charleville et Anne-Marie Rosalie HOUPILLART est née le 15 septembre 1852 à Charleville.

Achille n’a pas douze ans lorsqu’il accompagne son père, alors maître mouleur. Chaque lundi, ils partent de Bourg-Fidèle leur nouvelle demeure, pour se rendre à Revin à pied, 20 kilomètres par tous les temps, la neige, le vent, la tempête, rien ne les arrête, le père porte les provisions pour la semaine, l’enfant suit, il faut arriver à la fonderie pour 7 h 30 et se mettre aussitôt au travail. Six jours par semaine et dix heures par jour, le père enseigne son art du moulage à la main. Il est loin le temps des 35 heures.

La tradition familiale de la famille DAUGENET assure que Achille DAUGENET a été rappelé alors qu’il effectuait son service militaire pour venir couler la statue de Charles de Gonzague. Cette magnifique statue de bronze est inaugurée le 17 octobre 1899, en mémoire du fondateur de la ville nouvelle du XVIIème siècle. La statue, mais aussi les figures secondaires, sont d’Alphonse Colle, élève d’Aristide Croisy

La Fonderie des Ardennes à Mézières (Ardennes) en 1906

A 30 ans, Achille DAUGENET a acquis une maîtrise parfaite de son art et fonde à Mézières en 1906, « la Fonderie des Ardennes » par acte passé devant Ernest LAURENT, notaire à Mézières. Les actionnaires sont au nombre de 13, un chiffre porte bonheur :
 1.- Achille DAUGENET, mouleur, demeurant 12 rue du Bois d’Amour à Mézières,
 2.- Jules MELIN, mouleur à Mohon,
 3.- Albert CARMAUX, ouvrier fondeur à Warcq,
 4.- Alphonse VASSAN, mouleur à Ville-sur-Lumes,
 5.- Arthur MACQUART, mouleur à Charleville,
 6.- Hector LAURENT, mouleur à Charleville,
 7.- Auguste DAUGENET, mouleur à Mohon au Clos-Braidy,
 8.- Mme Laure Judith LALOU, veuve Georges Jean Baptiste FROUSSART, sans profession à Mézières,
 9.- Justin ROUSSEAUX, agent-voyer principal à Rocroi,
 10.- Charles FREDERICK, secrétaire à la sous-préfecture de Raocroi,
 11.- Emile HARDY, minotier à la Grange aux Bois à Warcq,
 12.- Charles GENONVEAU, agent-voyer d’arrondissement à Mézières et
 13.- Camille Fernand PETIT, propriétaire à Mézières.
« Cette société a pour objet l’exploitation d’une fonderie de fonte malléable, d’acier, de fer, d’aluminium et produits similaires ». Le siège social est fixé rue du Bois d’Amour à Mézières.

Comme dans toute entreprise les débuts sont très difficiles et l’arrivée de la guerre n’arrange pas les choses. Achille DAUGENET est mobilisé et l’usine ferme.

Blessé, Achille DAUGENET est réformé et loue en 1915, une fonderie à Beaumont-sur-Oise, puis une autre plus importante à Pantin. Il fait travailler toute la famille, père, frères, beaux-frères et même ses soeurs qui seront employées à la confection des noyeaux.

A la fin de le guerre, « la Fonderie des Ardennes » de Mézières ouvre de nouveau ses portes.

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Le 6 juin 1922 à Lormaison dans l’Oise. La maison de famille est maintenant la mairie de Lormaison. Double mariage de Alfred LOUAZEL avec Yvonne DAUGENET et Suzanne le CAM avec Georges DAUGENET.
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Le 6 juin 1922 à Lormaison dans l’Oise. La maison de famille est maintenant la mairie de Lormaison. Achille DAUGENET (6éme en partant de la droite) et Georges DAUGENET (3éme en partant de la droite)

La Fonderie des Ardennes à Pont-Audemer (Eure) en 1923

REYNOLDS, un des créateurs de la fonte malléable à coeur blanc en Angleterre, avait créé la fonderie Decollogne à Pont-Audemer dans l’Eure. Lorsque celle-ci est en vente en 1923, Achille DAUGENET saute sur l’occasion et en fait l’acquisition. La réglementation de l’époque obligeait les industriels frontaliers a avoir une usine de replis en cas d’invasion.

En 1925, il étudie aux Etats-Unis la fabrication de la nouvelle fonte malléable américaine dite à "coeur noir". Dès son retour, il développe ses entreprises et commande en Amérique deux fours à réverbère de 15 tonnes, auxquels il adjoint un four tournant de 1 500 kilos et 6 fours de recuit. Une centrale de pulvérisation unique en France sert à l’alimentation de ces derniers.

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Mariage de Jean DAUGENET. (Les noms des personnes présentes ont été communiquées par Suzanne Daugenet à Christophe Juppin.)

Ses fils viennent à son aide et l’entreprise est florissante. En 1935, 2 nouveaux fours électriques de 1 500 kilos , système Saint-Gobain-Fenwick, sont installés à Mézières pour les fontes fines et spéciales.

Achille DAUGENET avait acquis le "Château DAUGENET" à Warnécourt. Cette grande maison en brique a été réalisée au début du XXe siècle par un fabriquant de briques. Il disposait donc de la matière première au meilleure coût.

Une nouvelle fois la guerre fait fermer les portes de « la Fonderie des Ardennes » de Mézières en 1943. Seule l’usine de Pont-Audemer, fermée depuis 1934, reprend du service.

La fonte malléable restera la seule activité de l’usine de Mézières après sa réouverture. « la Fonderie des Ardennes » de Pont-Audemer modernisera ses moulages et se spécifiera dans les métaux spéciaux. On y développera le procédé de coulée de la fonte en coquilles métalliques à ouvertures et fermetures pneumatiques, matériel entièrement mis au point sur place. L’usine est plus grande pour y développer de nouveaux investissements.

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Revue Fenwick informations n°11.

Georges DAUGENET, l’aîné dirige l’usine « la Fonderie des Ardennes » de Mézières. Après la seconde guerre mondiale, il se rend aux Etats-Unis pour y apprendre la fabrication de la Fonte GS (graphite sphéroïdal, aussi appelée fonte ductile). Les fontes GS ont été développées depuis 1948. Fonte dans laquelle le graphite se trouve sous forme de nodules (sphéroïdes). Cette microstructure particulière est obtenue par l’ajout de magnésium dans la fonte peu de temps avant le moulage (si la fonte est maintenue en fusion, elle perd les spécificités des fontes GS au bout d’une dizaine de minutes) : c’est le traitement de sphéroïdisation. Le première coulée de la Fonte GS en France aura lieu à Mézières.

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Le "Château DAUGENET", à Warnécourt dans les Ardennes.
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Le "Château DAUGENET", à Warnécourt dans les Ardennes.
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Achille DAUGENET est assis sur les marches du "Château DAUGENET", à Warnécourt, en bas à droite, entouré d’une petite partie de sa famille. (Les noms des personnes présentes ont été communiquées par Suzanne Daugenet à Christophe Juppin.)

Le 15 octobre 1953, dans sa puissante voiture, accompagné de Marcel LEJEUNE, négociant en charbon et entrepreneur de battages, Achille DAUGENET se rend à Evigny.

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Achille Auguste DAUGENET est né rue de Nouzon à Charleville, le 26 mars 1875.

C’est sur le chemin de retour, au bas de la côte du Champ Donnet, sur la route de Mézières à Warnécourt, qu’Achille DAUGENET croise un camion, juste avant d’arriver, et quitte la chaussée. Le passager sort indemne, et ce pour la seconde fois en deux jours, ayant déjà été victime d’un autre accident peu avant. Par contre, Achille DAUGENET est tué sur le coup le 15 octobre 1953, sa tête ayant heurté violemment le volant.

De nombreuses personnes ont assisté aux obsèques du Grand Patron qui n’avait jamais renié son origine ouvrière. L’Harmonie Municipale de Mézières a pris la tête du cortège, lui rendant ainsi hommage, pour les services rendus en tant que Président du Comité d’Honneur de l’Harmonie.

Ses huit fils et trois gendres ont poursuivi le développement du groupe « la Fonderie des Ardennes », Georges DAUGENET, l’aîné s’occupera plus particulièrement de l’usine de Mézières.

Publié par Alain Chapellier en 2005 dans "Des Hommes aux Racines d’Ardennes- volume 3

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Georges Achille Daugenet et son épouse Suzanne le Cam ont eu deux filles : Christiane Marie Juliette Daugenet née le 26 février 1923 à Lormaison (Oise) ( ici avec son mari Charles Juppin et sa fille Claude) et Marie-Thérèse Daugenet .

Mais l’usine de Mézières est régulièrement soumise aux inondations de la Meuse qui coule le long de l’usine.

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Une fois par an, Georges DAUGENET conviait tout le personnel de la « la Fonderie des Ardennes » à une journée conviviale au "Château DAUGENET", à Warnécourt dans les Ardennes. L’activité principale était le jeu de boules. Le petit garçon à gauche, en culottes courtes, est Christophe Juppin

Georges DAUGENET vend le "Château DAUGENET" à Warnécourt, dont il vient de refaire le toit en totalité, à un ami.

Georges DAUGENET souhaite une propriété avec un ruisseau et de l’eau courante. Il acquiert le Fond de Saulx, dont la maison est sur la frontière, près de Matton (en France) et Florenville (en Belgique). Il répare le moulin, creuse un étang et améliore l’habitation. Mais il décède rapidement sans avoir beaucoup profité de ce " trou de verdure où chante une rivière, Accrochant follement aux herbes des haillons D’argent ; où le soleil, de la montagne fière, Luit..."(Arthur Rimbaud)

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Georges Achille DAUGENET est né e 4 avril 1899 à Montcy-st-Pierre, décédé le 22 février 1966 à Charleville-Mézières dans sa maison 12 rue du paquis des boulets à Mézières, en face de la rue de la fonderie.

Georges DAUGENET est décédé le 22 février 1966 dans sa Maison de la rue du Bois d’Amour, en face de l’usine « la Fonderie des Ardennes ». Il est décédé d’un cancer de la gorge a cause de la silice absorbé en respirant les vapeurs de fonte.

Malheureusement, le nouveau propriétaire du "Château DAUGENET" décède aussi.

La propriété est vandalisée, les plus beaux arbres de la propriété sont volés. La grosse maison en briques et pierres de taille est saccagée. La montée d’escaliers en pierre de taille est volée. La maison est rapidement en ruine et sera démoli pour construire à la place le centre Réadaptation Fonctionnelle Motrice pour Enfants au 147 route Charleville , Warnécourt, 08090.

La Fonderie des Ardennes à Mézières (Ardennes) ferme en 1967

Georges DAUGENET, dirigeait l’usine « la Fonderie des Ardennes » de Mézières. A sa mort le 22 février 1966, aucun de ses fères ne se sent capable de reprendre l’usine. La Fonderie des Ardennes à Mézières est situé en bord de Meuse est souvent inondé. L’usine est moins moderne que sa filiale de Pont-Audemer (Eure) La Fonderie des Ardennes à Mézières est rapidement fermée, probablement vers 1967.

Le bâtiment de « la Fonderie des Ardennes » à Charleville-Mézières sera détruit dans les années 1980.

D’une superficie d’un hectare, situé en bord de Meuse, face au parc des Expositions, au bout de la rue du Bois-d’Amour, le terrain était autrefois occupé par la Fonderie des Ardennes, jusqu’à sa destruction dans les années 1980.

La Fonderie des Ardennes à Pont-Audemer (Eure) ferme en 1991

« La Fonderie des Ardennes » à Pont-Audemer (Eure), fabrique des pièces de frein pour automobiles. Elle est dirigée par les gendres de Pierre Daugenet.

Noms commerciaux FONDERIE DES ARDENNES
Adresse postale 9 RUE DE LA FONDERIE 27500 PONT-AUDEMER

Forme juridique SA à conseil d’administration
Numéros d’identification
Numéro SIREN 385 680 103
Numéro SIRET (siège) 385 680 103 00012
Numéro RCS Pont-Audemer B 385 680 103

Activité (Code NAF ou APE) Fonderie de metaux ferreux (2001)
Fabrication de tubes en fonte (272A)

Mais l’outil de travail n’a pas été modernisé depuis dix ans, l’usine est vieillissante et elle connaît des difficultés. En 1984, l’entreprise dépose une première fois son bilan. Le chiffre d’affaires a atteint 110 millions de francs en 1990.

Mais en mars 1991, le tribunal de commerce prononce la liquidation de ses biens, tout en autorisant la poursuite de l’activité jusqu’au lundi 16 décembre 1991. A cette date, les 203 salariés -l’usine en a compté jusqu’à 380- ont été licenciés collectivement.

Deux ingénieurs spécialisés dans la fonderie, MM. Berdy et Landrin. ont présenté le 18 décembre 1991 un plan de redémarrage de l’activité avec 156 salariés et une masse salariale abaissée de près de 13%. Ils demandent à l’Etat 15 millions de francs d’aides directes ou indirectes et aux banques un prêt d’un montant équivalent, à des taux favorables. Ils souhaitent réaliser ainsi des investissements qui permettront d’améliorer la qualité de la fonte produite.
Le groupe Bendix s’est engagé verbalement à maintenir son niveau de commandes actuel : il assure 50 à 60% du travail de l’usine dont le chiffre d’affaires a atteint 110 millions de francs en 1990.
La CGT qui a organisé lundi 16 décembre 1991 une journée « ville morte » à Pont-Audemer a de son côté rejeté le plan mais demandé à rencontrer les deux ingénieurs.
L’Etat, au travers du comité régional aux restructurations industrielles (CORRI) de Rouen, rejette cette offre le 18 décembre 1991.

RADIÉE - au greffe de Pont-Audemer Radiée au RCS le 29-09-2003

La fonderie haut-marnaise Ferry Capitain a racheté l’un des principaux four de « La Fonderie des Ardennes » à Pont-Audemer.

Depuis, le site a été réinvesti et est devenu « un lieu de vie et de convivialité », un secteur urbain diversifié comprenant des logements, des commerces, un parc urbain, ainsi que des équipements de loisirs pour des événements privés et professionnels, la cuisine, le service en salle et au bar.... Le chantier avait démarré le 15 avril 2020, et le site a ouvert en février 2021.

Ce complexe indoor qui comprend un bowling de dix pistes, attendu par de nombreux habitants de la région, un trampoline park, une plaine de jeux pour les enfants (à partir de 1 an) ainsi qu’un bar et un restaurant.

Publié par christophe Juppin le 16 décembre 1991 (arrière petit fils de Achille DAUGENET, petit fils de Georges DAUGENET sur https://innovationaustrasie.com/


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Christiane Daugenet, épouse Juppin née le 26 février 1923 à Lormaison (oise) et Marie-Thérèse Daugenet, épouse Blond née le 03 janvier 1925 à Pont Audemer.

Pour en savoir plus :

 La famille Hanotel 1719-1952 sur sept générations le 14 janvier 1952.
 Achille DAUGENET, fondateur de la Fonderie des Ardennes décède le 15 octobre 1953
 Deux soeurs Daugenet à la tête de la Bonneterie des Ardennes le 04 décembre 1986
 Parrainé par le Champagne le 04 novembre 2019
 L’urgentiste de l’innovation en mars 2010
 Christophe Juppin valorise et développe l’écosystème innovant de Haute-Marne de janvier 2014 à septembre 2021
 Christophe JUPPIN quitte la CCI pour i-Tego le 15 octobre 2021
 Nicolas Grosdidier, président du directoire de La Fonte Ardennaise le 4 janvier 2022