Deux soeurs Daugenet à la tête de la Bonneterie des Ardennes Chapeau patrons !

, par Christophe Juppin

De l’avenue Nationale à la zone industrielle de Mohon, la Bonneterie des Ardennes, en soixante cinq ans d’existance est devenue un des leaders incontesté de la confection enfants de la naissance à six ans. Sur une terre où le textile n’est plus (ou presque) qu’une survivance du passé, l’histoire valait que l’on s’y arrête.

« Bonneterie » désigne le lieu de fabrication des articles d’habillement en maille.


En 1921, dans un deux pièces de l’avenue Nationale, à Charleville-Mézières, M. et Mme Marcel Blond tricotent la nuit des pulls jacquard qu’ils vendent le jour sur les marchés de la région. Cela ressemble à du Zola, c’en est un peu de toute façon mais de fil en aiguille, ce sont les premières mailles d’une entreprise solide que tissent ainsi les deux ancêtres de la Bonneterie des Ardennes.

Deux « Caractères »

En 1968, la Bonneterie des Ardennes possède la meilleure clientèle française des pyjamas pour enfants. En 1971, elle quitte le cours Briand pour la zone industrielle de Mohon. Le personnel est alors de trente-six personnes mais en 1977, le sort de l’entreprise semble scellé avec le décès de son P.-D.G., M Jack Blond. Son épouse, Mme Marie-Thérèse Blond, avec un sens peu commun de l’initiative (une véritable inconscience dit-elle aujourd’hui), décide de lui succéder. Force de caractère, esprit de décision ne suffisent pas. Elle fait appel à une autre personne, sa sœur, Mme Christiane Juppin (nom bien connu des milieux industriels carolomacériens) qui accepte le défi.

Le personnel est réuni : «  Nous n’y connaissons rien en matière de gestion d’entreprise mais on y va. Nous tenions à vous prévenir  ».

Ce que ces deux femmes réussiront par la suite tient de la prouesse. « Deux personnes nous ont été d’un grand secours  », explique Mme Marie-Thérèse Blond avec une énergie qui surprend « un directeur de banque, M.Langlais (Credit Lyonnais), et un représentant, M Jean-Pierre Bourse ».

Tout ensuite, n’est que travail acharné. Aujourd’hui, la Bonneterie des Ardennes non seulement est la seule bonneterie du département des Ardennes, mais elle exporte aux quatre coins du globe. Mme Christiane Juppin court les présentations de mode pour enfants ; Paris, l’Allemagne, l’Italie (Florence), sélectionne des idées de modèles que Mme Rinier à Mohon, le «  cerveau  » créatif dessinera pour les deux collections annuelles.

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Mme Christiane Juppin présente un modèle a une acheteuse.
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Christiane Juppin présente un modèle a une acheteuse sous le regard de sa soeur Marie-Thérèse Blond.

Concurrence effrénée

Une production « Haut de gamme » pour « petits bouts » en pyjamas et grenouillières ou joggings, la clientèle la plus huppée mais la plus exigeante qui soit : Materna, Prénatal, Natalys, Carrefour, Auchan, Blancheporte, le Printemps, Allemagne et Italie. Une confection soignée, originale, perpétuellement dans la mouvance des modes et qui doit tenir compte des importations, des prix « dumping » du Portugal, de la Chine et du Maroc. Les quatre-vingt-cinq salariés de la Bonneterie des Ardennes et d’A.B.C (Ardennes Broderie Confection) , une seconde société créée sous le même toit par M. Christophe Juppin en 1981, mettent toute leur dextérité dans la réussite de ces collections (75 à 80 modèles tous les 6 mois) sur lesquelles reposent la pérennité de l’entreprise.

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La brodeuse à l’origine d’Ardennes Broderie Confection : quarante-quatre salariés de mieux. A droite : Mme Marie-Thérèse Blond.

Ambiance appliquée et musicale, matériels performants conçus et entretenus par Eric Blond, le fils de Mme Marie-Thérèse Blond (la famille a le sens de l’efficacité), le résultat est à la mesure de 65 années d’expérience et d’innovation, de l’esprit d’entreprise de deux femmes à un moment décisif. L’avenir ? Se battre encore et toujours, explique Mme Marie-Thérèse Blond.

Mais la fierté de Mme Marie-Thérèse Blond, c’est une anecdote. Sa sœur Christiane Juppin s’est trouvée un jour au rayon lingerie pour enfants d’un grand magasin du sud de la France auprès de deux clientes. L’une hésitait. L’autre lui a dit « Moi, je ne prends que des pyjamas avec l’étiquette 08000 Charleville-Mézières, je ne sais pas où c’est, mais ce qu’ils font est supérieur à tous les autres produits ».
Etonnement de la maman quand elle a appris que le fabricant, ravie de l’aubaine, est intervenu pour se faire connaître à côté d’elle. Il est de ces pubs que l’on ne saurait inventer. Le bouche à oreille est de celles-là.

Michel COSSARDEAUX.

Publié par Michel Cossardeaux le jeudi 04 décembre 1986 dans L’UNION n° 12903

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Publié par Michel Cossardeaux le jeudi 04 décembre 1986 dans L’UNION n° 12903

Michel Cossardeaux est journaliste ardennais, de 1972 à 2000

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La brodeuse à l’origine d’Ardennes Broderie Confection : quarante-quatre salariés de mieux. A droite : Mme Marie-Thérèse Blond.

Mme Rinier : sur ses « patrons » reposent le succès de la collection.

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En 1971, la Bonneterie des Ardennes s’installe dans un bâtiment qu’elle a fait contruire rue Camille Didier, sur la zone industrielle de Mohon.
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Christiane Daugenet, épouse Juppin née le 26 février 1923 à Lormaison (oise) et Marie-Thérèse Daugenet, épouse Blond née le 03 janvier 1925 à Pont Audemer.

Collecte des archives (70 mètres linéaires) de la Bonneterie des Ardennes (1921-1996) don de Christophe Juppin aux Archives départementales des Ardennes
"Nouvelle collection printemps-été 2013 : de la Bouclette au Jacquard" 13 mars 2013

La Bonneterie des Ardennes (1921-1996) était une société emblématique du secteur textile. L’entreprise Ardennaise était devenue en 1980 un des leaders incontesté de la confection enfants de la naissance à six ans.

Le GATT était l’acronyme de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, conclu en 1947 et en vigueur jusqu’en 1994. La fin de cet accord qui limitait les importations a signé la fin de la Bonneterie des Ardennes ( groupe de 100 personnes sur trois sociétés) deux ans après. À Troyes le séisme sera considérable. La responsabilité des fonctionnaires Européens est immense dans la fermeture de ces entreprises textiles.


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Comment réussir une visite en famille ?
Eveillez les sens de vos enfants grâce aux visites en famille dans les rues d’une commune. (Photo studio "images et ville" Pierre (25/05/82), Brigitte (04/05/56), Jean (03/07/89), Pauline (01/07/86) et Emilie (11/07/79) dans la "rue pietonne" (rue de la République) à Charleville-Mézières en juillet 1990


Pour en savoir plus :

 La famille Hanotel 1719-1952 sur sept générations le 14 janvier 1952.
 Achille DAUGENET, fondateur de la Fonderie des Ardennes décède le 15 octobre 1953
 Deux soeurs Daugenet à la tête de la Bonneterie des Ardennes le 04 décembre 1986
 Parrainé par le Champagne le 04 novembre 2019
 L’Atelier d’Ariane lance « Rue Bégand », une nouvelle marque « made in Troyes » le 30 janvier 2018
 Christophe Juppin valorise et développe l’écosystème innovant de Haute-Marne de janvier 2014 à septembre 2021
 Christophe Juppin : L’urgentiste de l’innovation le 05 mars 2024