La famille Hanotel 1719-1952 sur sept générations.

, par Charles Juppin

Cette famille carolopolitaine a marqué la vie de la ville de Charleville par l’activité qu’elle a développée dans l’intérêt collectif. A cet égard, son histoire dépasse le simple cadre familial de ses descendants et mérite d’être connue par un plus grand nombre de personnes curieuses de l’histoire locale.
Suivons cette famille Hanotel de 1719 à 1952 sur sept générations Hubert, Gérard, Hubert, Nicolas, Félix, Rémy et Charles Hanotel.

La Famille HANOTEL est issue d’un laboureur à Mouzon :

Hubert Hanotel est né à Mouzon en 1719 .

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Hubert Hanotel est né à Mouzon en 1719 .

Son fils, Gérard Hanotel ne resta pas à Mouzon. Très vite, il se rendit à Charleville.
Il rencontra Jeanne Nicole, issue d’une famille de laboureur d’ Evigny. Gérard l’épouse et s’installe aubergiste à Charleville .
Ils auront un fils auquel ils donnent le même prénom que son grand-père paternel : Hubert Hanotel qui est baptisé le 3 janvier 1775 à Charleville.

Quelques 17 ans plus tard, le 27 et 28 mars 1792, la disette et les menaces de guerre amènent des troubles à Charleville.
La femme de Gérard Hanotel ne supporte pas ces privations. Jeanne le DUC décède à 46 ans le 4 avril 1792.

La république française est proclamée le 22 septembre 1792.

L’an I du calendrier républicain commença à l’équinoxe d’automne le 22 septembre 1792, date de l’établissement de la République qui sera proclamée le 24 septembre 1792 à Mézières.
La république française est proclamée sans pompe et sans solennité, simplement par un décret de la Convention qui stipule qu’à compter de ce jour les actes publics seront datés « de l’an un de la république ».

Veuf à 48 ans, Gérard Hanotel est toujours aubergiste. Il se remarie l’année suivante, en seconde noce à Charleville, avec Marguerite Drouet, le 7 du second mois (brumaire ) de l’an II.

Le lendemain, le 8 Brumaire de l’an II, son fils en première noce, Hubert Hanotel se marie à dix-huit ans avec Marie-Louise Daumal, fille de Nicolas Daumal entrepreneur de bâtiments et de Marie-Louise Rogelet. Le grand père d’Hubert Hanotel à 74 ans. Il est toujours laboureur à Mouzon et assiste au mariage.

Hubert Hanotel est marchand, puis aubergiste. Ses trois enfants voient le jour à Charleville : Nicolas (1794), Marguerite (1795) et André ( 1803).

Nicolas HANOTEL 1794 - 1848 est archiviste de la Préfecture

Le premier Hanotel, connu pour ses travaux, est Nicolas Hanotel aîné . Il est né le 16 thermidor de l’An II à Libreville, c’est-à-dire le 3 août 1794 à Charleville.

Arrivé au pouvoir en 1799 par le coup d’État du 18 Brumaire, Napoléon Bonaparte est Premier consul et consul à vie à partir du 2 août 1802.

En juillet 1803, le premier consul termine dans les Ardennes une tournée d’inspection et s’intéresse à la manufacture d’armes de Charleville.

Le 18 mai 1804, l’Empire est proclamé par un sénatus-consulte suivi d’un plébiscite.

Amené à abdiquer en 1814 après la prise de Paris, capitale de l’Empire français, Napoléon Bonaparte doit se retirer sur l’île d’Elbe.

Du 20 mars au 22 juin 1815, c’est le second règne impérial de Napoléon Ier.

Gérard Hanotel, et son fils Hubert Hanotel, mariés la même année, décèdent la même année à Charleville : le 11 mai 1815, Hubert Hanotel décède à 40 ans à son domicile rue de Lille et le 4 août 1815, Gérard Hanotel décède à 74 ans à son domicile rue de Flandre.

Entre ces deux dates, c’est un empire qui s’écroule. Le 20 juin 1815, les fuyards et les blessés de Waterloo arrivent à Charleville et Mézières.

Le même jour, à deux heures du matin, une berline sans escorte, traversait les deux villes ; un homme en proie à un profond abattement se morfondait au fond de cette voiture : c’était Napoléon Ier qui fuyait.(0)

La bataille de Waterloo, le 18 juin 1815, a opposé les armées de Napoléon aux troupes anglo-prussiennes de Wellington et Blücher, non loin de Bruxelles, en fin d’après-midi. Au sud de Waterloo, sur des terres rendues boueuses par un violent orage survenu la veille, l’armée française, qui livre bataille à l’alliance anglo-prussienne depuis l’aube, plie petit à petit. Vers 21h, elle rompt définitivement. 7 000 morts, 20 000 blessés et près de 10 000 prisonniers : la déroute est à la mesure de la détresse de Napoléon Bonaparte. Face à pareil désastre, l’Empereur prend la fuite vers le sud.

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Paul Delaroche, Napoléon Ier abdiquant à Fontainebleau, 1845.

Gérard Hanotel, et son fils Hubert Hanotel, sont décèdés. Pour Nicolas Hanotel, c’est toute sa famille paternelle qui a disparu. Il reste seul avec sa mère et ses grands-parents Daumal.

Les Daumal ont une certaine aisance et aident matériellement le foyer Hanotel. Le chef de la famille Daumal est entrepreneur de bâtiments et un de ses enfants est architecte. Il est aussi le parrain de Nicolas Hanotel qui porte son prénom. Pour Nicolas Hanotel, c’est un changement de milieu important.

Nicolas Hanotel, probablement très seul à 20 ans, ne tarde pas à rencontrer Marie-Jeanne Rosalie Leclerc, fille de 24 ans de Nicolas Leclerc, propriétaire et marchand .

La Seconde Restauration est le régime politique de la France de 1815 à 1830. Après une période de confusion, Louis XVIII revient sur le trône. Débute l’expérience d’une monarchie constitutionnelle qui essaie de recréer une unité dans le pays sur des bases héritées à la fois de la Révolution et de l’Ancien Régime.

Nicolas Hanotel et Marie-Jeanne Rosalie Leclerc se marient, le 28 février 1816 à Auge. De cette alliance naissent cinq enfants : trois filles dont l’aînée décéde en bas âge, Catherine (1817), Eliza (1819) et deux garçons : Charles (Félix) le 21 Août en 1820 et Louis (Félix) en 1822.

A cette époque Nicolas Hanotel a hérité de l’auberge de son père. Il prend donc naturellement sa succession ; il est aubergiste. Mais ce métier n’est pas suffisant pour faire vivre le jeune couple. Nicolas Hanotel cherche encore sa voie : il est également marchand comme son beau-père en 1816 et commissionnaire de marchandises en 1820.

Nous ne disposons pas d’informations complémentaires sur les débuts du parcours professionnel un peu chaotique de Nicolas Hanotel. En effet, bien que sa formation semble peu adaptée, il fut nommé en 1842 archiviste du département des Ardennes.

Pour situer cette histoire dans "la grande histoire", cette nomination intervient 10 ans après le décès de Jean-François Champollion, mort à Paris le 4 mars 1832.

Nicolas Daumal, bourgeois côtoyant les autorités administratives du département, n’est certainement pas étranger à la reconversion de son petit fils et filleul.

Mais Nicolas Hanotel va découvrir un service dans un triste état de désorganisation.
A cette époque, le service des Archives départementales sortait d’une période de cinquante ans particulièrement noire, exception faite des deux années précédentes.

Pour comprendre cette situation désastreuse, il faut rappeler que les Archives départementales des Ardennes furent constituées par la loi du 5 brumaire an V .
Mais, durant plus de cinquante ans, les archives furent maintenues en sommeil, qui fut très préjudiciable à leur accroissement et même à leur conservation.(1)

Les fonctionnaires chargés de la "tenue des archives, classement des papiers, titres et registres..." étaient davantage des employés de bureau faisant fonction d’archivistes plutôt que des archivistes professionnels. Aussi, non seulement les archives ne s’accrurent pas par le versement des fonds d’Ancien Régime, mais encore nombre de documents disparurent à cette époque (2).

Le service des archives avait disparu à peu prés complètement, rendant possible toutes les spoliations et les larcins, pertes.. agravés par des déménagements en 1814 et 1815. Pendant cette période d’abandon, disparut quantité de documents précieux (1)

Heureusement, La nomination d’employés spéciaux et les mesures prescrites depuis 1839 rendit le retour de pareils faits impossible (4).

Le premier archiviste du département à mettre en place un peu d’ordre et de classement fut Mr ROGE, mais il eut peu de temps pour le faire puisqu’il n’exerça que deux ans de 1840 à 1842. Il s’attacha tout au moins, s’il ne put encore entreprendre les travaux scientifiques d’inventaire, à préserver intact le patrimoine du département (1).

Le fonctionnement des Archives départementales en était donc à ses débuts et, en 1842, un immense travail d’inventaire et de classement attendait Nicolas Hanotel.

Le classement, commencé par Monsieur Roger, fut poursuivi et amplifié par Nicolas Hanotel. Son premier objectif fut de mettre de l’ordre et de faciliter les recherches dans les papiers antérieurs à 1790 et dans les papiers administratifs proprement dits (1)(4).

Six ans aprés sa prise de fonction, les archives antérieures à 1790 étaient "analysées et inventoriées". La loi du 10 mai 1848 institua l’entretien des archives comme une dépense obligatoire du département (2).

En 1848, les séries B et C se sont donc trouvées augmentées par voie de versements et tous les fonds antérieurs à 1790 étaient réputés "classés". Quant aux archives modernes, Nicolas Hanotel y avait formé des séries : ponts et chaussées, mines, chemins vicinaux, forêts, communes.

L’imprimerie nationale éditait la même année un tableau général numérique par fonds des Archives départementales antérieures à 1790 (3). Ce classement permet d’apprécier l’importance des Archives des Ardennes comparées aux archives d’un certain nombre de dépôts départementaux . Les Ardennes comptaient alors 77 registres ou volumes, 152 plans, 334 liasses, portefeuilles ou cartons, 829 des chartes isolées ou titres sur parchemins ; soit un total de 1392 articles (4).

Nous ne savons pas comment étaient rangées ces archives ni comment s’est effectué leur dénombrement. (2)

Ce total plaçait les Archives des Ardennes en tête de classement, au dessus de nombre de dépôts qui ne présentait plus, relativement, qu’une importance fort secondaire.(4)

Les bâtiments qui abritent la préfecture des Ardennes depuis 1800 se situent dans le vieux Mézières, au cœur de la ville chef-lieu du département. De par leur histoire, ils illustrent la continuité de la présence de l’État en ce lieu et la construction d’une identité ardennaise.

L’ensemble des bâtiments est construit dans un style néoclassique très sobre, caractéristique de l’époque de Louis XVI, et s’organise en deux ailes réparties de part et d’autre d’une cour d’honneur centrale en U, ouverte sur l’ancienne place d’armes de Mézières. Le fronton central, orné de sculptures à casques, cuirasses et canons, témoigne du passé militaire du bâtiment avec, notamment, l’École Royale du Génie de Mézières.

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Les archives étaient alors placées dans le troisième étage de l’aile gauche de la préfecture.

Les archives étaient alors placées dans le troisième étage de l’aile gauche de la préfecture. L’archiviste réclamait l’agrandissement de leurs locaux et l’éloignement d’un laboratoire de chimie, placé dans une pièce voisine, dont il jugeait la proximité dangereuse.(2)

En 1848, à Lourdes, une jeune paysanne décrit ses premières visions. Bernadette Soubirous déclare que la Sainte Vierge lui est apparu dans une des grottes bordant le gave de Pau. Après une période d’interrogations, cet événement sera acceilli avec ferveur par la famille Hanotel, et cette ferveur ne fera que s’accroître au fil des générations.

Le 29 Décembre 1849, Nicolas Hanotel marie son fils Charles Félix Hanotel avec Jeanne Clémentine Féart à Murtin. Leur premier enfant est une fille, Jeanne, née en 1853.

Nicolas Hanotel 1849 - 1862 Délibérations du Conseil général

Grâce à ses rapports annuels imprimés dans les procès-verbaux des délibérations du Conseil général, on peut se faire une idée des véritables débuts du service des Archives départementales.(2)

Lors de la séance du 4 septembre 1849 ; un des rapporteurs de la section de l’institution publique rendit compte au Conseil Général de l’état des Archives du département . Ces archives étaient encore décentralisées dans les sous-Préfectures : (3bis) 1N1/2 p.116.

Dans les sous-préfectures, les rapports parvenus sur leur situation font connaître que leur classement laisse beaucoup à désirer, et que les sous-préfets réclament des crédits spéciaux pour y pouvoir. Les conseils d’arrondissement de Rethel et de Vouziers s’associent à ces demandes (...).(3bis) 1N1/2 p.116.

Le rapporteur expose qu’en exécution des délibérations du conseil, les 3 septembre et 1er décembre 1848, Monsieur le Préfet à fait dresser par l’architecte du département un devis des travaux a exécuter dans une partie du 3 ème étage de la préfecture, pour l’appropriation de nouveaux locaux destinés aux archives du département.(3bis) 1N1/2 p.287.

Le rapporteur rendit compte au Conseil de l’état des Archives départementales : Il résulte de ce rapport, qu’un très grand nombre de liasses composées de lettres écrites à toutes les époques et sur tous les sujets, par les différents ministres ou leurs secrétaires généraux, ont été dépouillées et classées par ordre de matière, par le secrétaire des archives, et que 567 liasses concernant l’administration communale et départementale, 67 relatives aux communes belges, séparées de la France (...) (3bis) 1N1/2 p.309.

Lors de la séance du 28 août 1854 ; un des rapporteurs de la section de l’institution publique rendit compte au Conseil Général de la situation des Archives du département : (3bis) 1N1/3 p.79

La section, dit Monsieur le Rapporteur, a visité avec attention le dépôt des archives, et elle a reconnu que toutes les archives antérieures à 1790 ont été analysées et inventories par l’archiviste ; elle composent 364 portefeuilles, 83 registres, 27 cahiers, 8 atlas et 114 plans. Les dossiers postérieurs à 1790 sont rangés avec ordre, en attendant qu’ils puissent être inventoriés.

Monsieur le Préfet, dans son rapport, demande l’avis du Conseil Général sur l’opportunité de la vente de 443 liasses de papiers reconnus inutiles, et dont il est urgent de débarrasser le local des archives ; et il évalue le produit approximatif de cette vente à la somme de 1 050 francs qu’il porte à la 1ére section du budget de 1855.

Il renouvelle la proposition qu’il avait faite l’année dernière, de porter à 1 700 francs le traitement de Monsieur Hanotel, archiviste, qui est actuellement de 1 500 francs, à raison du zèle et des bons services de cet employé, et à l’appui de cette augmentation, Monsieur le Préfet représente un tableau du traitement des archivistes dans soixante-huit départements constatant que la moyenne est de 1 795 francs.

La section, ajoute Monsieur le Rapporteur, a reconnu que les archives du Département se trouvent dans un ordre de classement parfait, que cette situation satisfaisante est due à l’activité et aux travaux de Monsieur Hanotel, qu’il convient d’accorder à cet employé, à titre de récompense, l’augmentation de traitement demandée (...). (3bis) 1N1/3 p.79

La section, dit Monsieur le Rapporteur lors de la séance du 5 septembre 1855 (3bis) 1N1/4, a visité avec attention le dépôt des archives, et s’est convaincu que leur classement fait chaque jour de nouveaux progrès. Cet état de choses est dû au zéle de l’archiviste du département, parfaitement dirigé et secondé par Monsieur le secrétaire-général de la préfecture(...)

Pendant l’année qui vient de s’écouler, dit Monsieur le Rapporteur, Monsieur l’archiviste de la préfecture s’est rendu successivement au chef-lieu de chaque arrondissement à l’effet de commencer le classement des archives des sous-préfectures. Ses absences ont duré cinq mois ; Monsieur l’archiviste a été parfaitement secondé à Vouziers où l’ordre est à peu prés rétabli (...)

Le Conseil général décide qu’il sera ouvert, au budget de 1856, un crédit de 450 francs pour être employé, jusqu’à concurrence de 100 francs, à l’achat de cartons et tablettes pour la sous-préfecture de Vouziers, et les 350 francs restant, à l’achat de cartons et tablettes, frais de reliure, destinés aux archives de la préfecture et au chauffage de l’archiviste (3bis) 1N1/4.

Nicolas Hanotel était placé sous l’autorité du secrétaire général et son traitement passait de 1300 à 1500 F par an. Les dépenses du service étaient couvertes par un crédit de 330 F seulement. On peut supposer qu’une grande partie de son énergie fut dépensée pour obtenir des moyens plus importants pour répondre aux besoins de ce service.

En 1855 et 1856, l’inventaire-sommaire de la partie ancienne pour les séries B à H a été rédigé par Nicolas Hanotel (4 et 6), mais, probablement par manque de moyens financiers, il ne sera publié que par son successeur. Ce dernier s’en attribuera tout le mérite, après incorporation des nouveaux dépôts.

En 1855, l’archiviste fut envoyé à travers le département pour classer les archives communales. Sa mission le tint éloigné cinq mois de Mézières. En témoignage de satisfaction pour les services rendus par lui, son traitement fut porté à 1 700 F. Il est vrai que la moyenne des traitements d’archivistes dans 65 départements se montait alors à 1 795 F.

Le fils de Nicolas Hanotel, Charles (Félix) Hanotel devient conducteur principal des travaux aux Ponts et Chaussées (de nos jours la DDE) dont les locaux sont Place Carnot (actuels locaux de la DDASS, place Winston Churchill).

Il a deux enfants avec sa femme Jeanne Clémentine Féart : Marie en 1855 et Rémy ( Auguste Charles) le 6 mai 1856 dans sa maison du quai de la madeleine, quartier Saint Ignace à Charleville. Il a deux ans de moins qu’Arthur Rimbaud né en 1854.

Le 15 septembre 1858, l’arrivée du premier train roulant sur la première ligne de chemins de fer des Ardennes est un événement. Cela concerne la section de Rethel à Charleville, supervisée par les Ponts et Chaussés.
La Gare est constituée de baraquements, elle est commune pour les deux villes.
L’arrivée du train a eu une grosse incidence économique, ce fut la cause du déclin de l’utilisation des chevaux.

En 1857, le Conseil général des Ardennes restait avare de ses deniers et se refusait encore à considérer les Archives départementales comme un service public utile et même indispensable. Il lui paraissait exorbitant qu’un archiviste départemental put être mis sur un pied d’égalité avec un chef de service administratif, comme le préconisait le Ministère de l’Intérieur....

Le procès verbal de séance du 29 août 1857 du Conseil général fait état de ces réticences :... Le rapporteur "entretien ensuite le Conseil général de la question relative au traitement de l’archiviste de la préfecture qui, de 1 500 F qu’il était en 1853, a été progressivement porté depuis cette époque à 1 800 F. Cependant ce dernier chiffre n’a pas paru suffisant à M. le Ministre de l’Intérieur, qui a appelé à ce sujet l’attention de M. le Préfet, en exprimant le désir de voir élever ce traitement successivement jusqu’au taux de celui des chefs de service des bureaux de la préfecture, et de voir, par suite, M. le Préfet proposer une augmentation de 200 F pour 1858".
" La section du contentieux s’est émue des intentions manifestées par Son Excellence le ministre de l’Intérieur. Elle fait remarquer que le traitement des chefs de service des bureaux de la préfecture s’élève à 2 700 F et qu’il ne s’agirait pas seulement pour l’archiviste, dans un avenir plus ou moins éloigné, d’une augmentation de 200 F, mais bien de 900 F.

Elle ne pense pas que le département puisse se déterminer à faire une dépense aussi élevée, pour un service qui est beaucoup moins important que celui des chefs de bureau, dont le travail et la responsabilité sont incontestablement bien au-dessus des obligations que comporte l’emploi de l’archiviste. Ce n’est donc qu’après une longue hésitation, que la section du contentieux s’est déterminée a demander au Conseil général d’accueillir la proposition de M. le Préfet, mais sous la condition expresse que le chiffre de 2 000 F constituera un maximum qui ne pourra jamais être franchi, soit en faveur de l’archiviste actuel, soit en faveur de celui qui pourra être appelé à lui succéder."

Les propositions du ministre de l’Intérieur furent cependant adoptées au budget de 1859.

Après la situation matérielle des archives, le ministère se préoccupa de celle des archives elle-même et par circulaire du 27 juillet 1860, il recommanda aux préfets d’obtenir leur installation dans des bâtiments distincts de ceux qui étaient occupés par l’administration. Pour des raisons de sécurité, en une époque où les bureaux se chauffaient au moyens des poêles, il aurait été prudent que les archives fussent retirées de la préfecture et établies ailleurs.

Mais le Conseil général, composé d’hommes d’affaires pour lesquels les archives ne présentait pas d’intérêt, opposa une fin de non recevoir au préfet Foy qui lui avait donné communication de la circulaire ministérielle et déclara que les archives se trouvaient fort bien là où elles étaient.

Il fallut attendre dix-sept ans pour que les archives puissent s’installer dans un bâtiment qui leur fut propre.(2) Cet état d’esprit explique certainement que la modernisation des Archives ne pût, faute de moyens financiers, être réalisée que par le successeur de Nicolas HANOTEL.

Le travail de HANOTEL aux archives peut se résumer dans une lutte continue contre
 le manque de moyens financiers,
 la manque de place et l’absence de sécurité,
 l’inertie qui empêche leur enrichissement,
 bref, le peu d’intérêt dont elles étaient l’objet.

Charles (Félix) HANOTEL aura plus de satisfactions dans son travail car le 17 mai 1859, c’est déjà l’ouverture de la ligne de chemin de fer de Charleville à Sedan et le 14 septembre la ligne Charleville-Nouzon.

En 1862, Nicolas HANOTEL est âgé de 68 ans, il cède sa place à Jean-Augustin-Ed. SENEMAUD qui est nommé comme titulaire du service des Archives départementales .

Nicolas HANOTEL 1862 - 1871 Jugement de Augustin-Ed.SENEMAUD

Augustin-Ed. SENEMAUD est ce que l’on pourrait appeler" un jeune loup" qui se faisait une haute idée "des travaux demandés aujourd’hui aux Archivistes".
Entré dans l’enseignement en 1839, Jean-Augustin-Ed. SENEMAUD occupa la chaire d’histoire dans les collèges de Carcassonne (1843), d’Ajaccio (1851) et de Langres (1853). Nommé archiviste du département des Ardennes le 16 septembre 1862.
Ancien professeur d’histoire, la formation de Jean-Augustin-Ed. SENEMAUD est incontestablement plus solide et plus adaptée à ces fonctions que son prédécesseur, d’autant qu’il a été deux ans archiviste adjoint de la Charente. Dans cette profession qui se cherche et qui évolue très vite, il a été formé à des techniques de classement récentes et a une vue "modernes" de son travail d’archiviste.

Pour pouvoir jeter un regard sur le travail de Nicolas HANOTEL, nous ne disposons que des analyses très partiales de Jean-Augustin-Ed. SENEMAUD.
Deux ans après sa prise de fonction, il établit un mémoire sur l’état des Archives départementales laissées par Nicolas HANOTEL (4 et 5). Ses commentaires sur son prédécesseur sont quelque peu partisants car il visent à justifier de son action récente (de 1862 à 1864) d’archiviste un peu "débordé" vis-à-vis du préfet de l’époque. Jean-Augustin-Ed. SENEMAUD est en retard dans les classements et inventaires, et doit justifier le quadruplement du budget...

Nous avons vu que l’inventaire-sommaire de la partie ancienne pour les séries B à H a été rédigé par l’ancien archiviste HANOTEL ; mais ce travail doit être complété et amélioré avant d’être publié.

En effet, en deux ans les greffes des tribunaux, les administrations des domaines et des forêts ont fait de nombreuses restitutions aux dépôts départementaux, qui nécessiteront un travail nouveau (6).

Pour SENEMAUD, les inventaires de HANOTEL sont déjà devenus insuffisants et incomplets. Ces inventaires ont besoin d’être améliorés, et d’être refaits en entier. Les réintégrations faites et celles à faire dans un temps rapproché démontrent la nécessité d’une refonte générale (5).

"J’ai travaillé pendant les huit premiers mois de l’année 1863 à l’inventaire-sommaire de la série C (Administration provinciales), et les deux premières feuilles livrées à l’impression ont été présentées à MM. les membres du conseil général. L’inventaire de cette série antérieurement rédigée, mais fort incomplet, ne comprenait que 102 articles. L’inventaire actuel en comprendra plus de 450, cette augmentation est due aux versements opérés par les départements de l’Aube, de l’Aisne et de la Marne pendant les années 1862 et 1863... .

Le temps que j’ai donné au dépouillement et au classement des papiers de l’intendance, versé en nombre considérable par le département de la Marne, en 1862, celui que j’ai consacré à la rédaction de l’inventaire des Archives anciennes dont je tenais essentiellement à produire la première livraison imprimée pour la session de 1863, ne m’ont permis que rarement de m’occuper des papiers modernes. J’ai pu cependant commencer l’enliassement sur le classement des budgets et comptes.

Si dans les vingt dernières années qui viennent de s’écouler, on avait pris soin de faire rentrer régulièrement au dépôt central tous les papiers et titres qui lui appartiennent de droit, il n’y aurait plus actuellement qu’à procéder à leur classement et puis à inventorier chaque série. Malheureusement, il n’en est pas ainsi. On a considéré comme complet un dépôt par lui même fort incomplet, et aujourd’hui, les masses de papier qui arrivent de tous côtés et qui demandent à prendre place, amènent à leur suite un encombrement qui ne pourra cesser peut-être de longtemps.

Depuis deux ans, le dépôt a été considérablement augmenté. Il contient déjà le triple de papiers au moins de ce qu’il contenait lorsque vous ( Mr le Préfet) avez bien voulu m’en confier la conservation, et avant deux ans , je compte avoir décuplé cette portion des Archives (5).

A mon arrivée, écrit Jean-Augustin-Ed. SENEMAUD, les dépenses ont augmenté ; de nouvelles dépenses ont encore été introduites, et l’Archiviste paraît en quelque sorte avoir apporté ces innovations qui tendent à tripler ou même quadrupler le chiffre primitif, regardé jusque là comme un chiffre normal et destiné à ne jamais être dépassé. Vous voudrez bien me permettre, Monsieur le Préfet, de vous représenter que cette situation nouvelle n’est en aucune sorte du fait de l’Archiviste. Elle provient tout entière de l’abandon ( du fait du manque de moyens) dans lequel ont végété si longtemps les Archives, de la négligence apporté à leur agrandissement, à leur enrichissement, et au peu d’intérêt dont elles étaient l’objet. Cet intérêt, je l’espère, ne manquera pas de leur être acquis et de toujours grandir, quand on connaîtra mieux leur utilité et les avantages qu’elles sont appelées à procurer journellement au public .

L’inventaire analytique entrepris il y a trois ans sous les auspices de M. de PERSIGNY, a produit immédiatement des résultats pour les deux tiers des départements. Dans le nombre de ceux qui n’ont pas répondu à l’appel du Ministre pour 1862, figure celui des Ardennes qui fournit seulement cette année sa deuxième livraison quand cinquante-trois départements en sont à la troisième.

Cette oeuvre que m’a léguée mon prédécesseur, je l’ai entreprise aussitôt entré en fonction et j’espère la mener à bonne fin (5) p. 265.

Mon prédécesseur avait été consulté par vous, Monsieur le Préfet, sur le chiffre probable de la dépense totale qui devait résulter de l’impression de l’inventaire, et naturellement, le calcul qu’il vous a fourni, vous avez dû l’adopter pour le communiquer au conseil général.

Le chiffre donné, tel que je l’ai trouvé énoncé dans un rapport, a été fixé à onze cent francs. C’est là un chiffre dérisoire, qui prouve que l’auteur de ce calcul ne se faisait pas une idée bien nette des travaux demandés aujourd’hui aux Archivistes.
( ou qui se faisait une idée très nette de ce que le Conseil général, composé d’hommes d’affaires pour lesquels les archives ne présentait pas d’intérêt, était disposé a payer.)

S’il s’agissait simplement de faire oeuvre de catalographe, c’est à dire d’enregistrer des étiquettes de liasses et des titres de registres sans les ouvrir, comme il a été fait jusqu’ici, certainement onze cent francs suffiraient. Mais on sait bien que l’Archiviste doit tout lire, doit extraire, pour donner un inventaire analytique et suffisamment détaillé qui puisse, pour ainsi dire, dispenser de recourir aux pièces.

C’est ce que j’ai fait pour ma part, et c’est ce que je compte faire encore.(...) J’ai reconnu bientôt que l’appréciation de mon prédécesseur n’était pas exacte, et je me suis empressé de vous fournir le vrai chiffre probable de la dépense. Je l’ai porté par estimation à dix mille francs, pour trois volumes in quarto de cinq cent pages à deux colonnes, et c’était là un chiffre maximum dans lequel je faisais entrer toutes les dépenses éventuelles possibles.(5) p.266

Dés 1864,Augustin-Ed. SENEMAUD fondait à Mézières la Revue historique des Ardennes qui malheureusement devait cesser de paraître en 1867. Ces articles et textes fondamentaux pour l’histoire locale devaient faire sa notoriété et éclipser presque totalement le travail discret de son prédécesseur.

Cependant, si nous considérons l’état de délabrement des archives à l’arrivée de Mr ROGE, puis de Mr HANOTEL en 1842, et compte tenu du budget et des locaux disponibles, on peut considérer le bilan de cette période comme assez positive , même si Nicolas Hanotel " ne se faisait pas une idée bien nette des travaux demandés aux Archivistes" en 1862.

Charles-Félix HANOTEL Conducteur Principal des Ponts et Chaussés 1862 - 1866

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Charles-Félix HANOTEL né le 21 août 1820 à Charleville. (Reproduction d’une daguerréotypie de 1849.)

Charles-Félix HANOTEL est maintenant Conducteur Principal des Ponts et Chaussés et supervise directement la construction de la ligne de chemin de fer de Charleville à Givet.

La ligne Charleville-Mézières-Givet-frontière belge est la dernière section d’un axe qui avait été imaginé durant le Second empire en continuité avec la ligne Paris-Soissons jusqu’à la frontière belge par la vallée de la Meuse.

C’est un tracé tortueux ponctué de nombreux ouvrages d’art dont six tunnels qui cumulent à eux seuls plus de trois kilomètres de longueur.

En 1857 la concession de la ligne passe de l’éphémère Chemin de fer des Ardennes à la Compagnie de l’Est en 1857 qui réalise les travaux de construction de cette ligne en deux étapes de 1858 à 1862.

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Ligne de chemin de fer Charleville-Givet-frontière belge - Tunnel de Charlemont (510 m) sous le fort de Charlemont à Givet (1862)

Avec les difficultés du terrain et les nombreux ouvrages d’art, c’est avec une grande fierté que Charles-Félix HANOTEL participe à l’inauguration de la ligne de train Charleville-Givet le 28 avril 1862.

Une dernière section frontalière de Givet jusqu’à la frontière belge à Morialmé (3 km) est mise en service en 1863 et est raccordée à la ligne belge en provenance de Namur.

La compagnie de l’Est construit la Gare de Charleville en 1866.

La ligne de train Charleville-Givet a été fermée au trafic de voyageurs en 1988 et au trafic fret l’année suivante.

Le 16 novembre 2021, Jean Rottner, président de la région Grand Est et Jean Sébastien Lamontagne, préfet de région, entourés d’élus locaux et régionaux, ont inauguré l’ancienne ligne Charleville-Mézières-Givet (64 km) en France, rénovée après deux mois de travaux intenses.

Des travaux de ce type avaient déjà été organisés de 2008 à 2013 (54 M€) mais aussi en 2016, 2017, 2019 et 2020 sur d’autres sections de la ligne. Un ensemble qui totalise 72,2 M€ sur cinq ans.

Depuis 1988 les 21 km de voies ferrées (dont 19 km en Belgique et 2 km en France) étaient à l’abandon. Des ponts et des passages à niveaux avaient été déposés. Le coût du chantier de réouverture est estimé à 60 millions d’euros.

En octobre 2021, les ministres belge et français des Transports ont lancé et cofinancé une (énième) étude de réouverture de la ligne. En effet, l’intérêt de cette opération irait au-delà du seul aspect local et régional, puisqu’elle permettrait en même temps la suppression de deux culs-de-sac ferroviaires à Givet, en France, et à Dinant, en Belgique.

En outre, ce chaînon manquant, dit Axe Mosan, offre la possibilité de relier Bruxelles et Namur à Charleville-Mézières et Reims, et il connecte les aéroports de Bruxelles et de Charleroi à la relation TGV Paris-Charleville-Mézières.

Remy HANOTEL 1863-1872 Le collège et les prussiens

Remy HANOTEL a 7 ans lorsque ses parents le conduisent le 6 septembre 1863 à la consécration de la nouvelle église de Charleville sous le double vocable de "Notre-Dame et Saint-Remi".

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La consécration de la nouvelle église de Charleville sous le double vocable de "Notre-Dame et Saint-Remi" se déroula le 6 septembre 1863.

La nouvelle église, qui a demandé trois ans de travaux, est désormais la nouvelle paroisse de la famille Hanotel à quelques minutes à pied de leur domicile du quai de la Madeleine.

Charles-Félix HANOTEL inscrit son fils Remy à l’école située au 11, rue de l’Arquebuse. Ce collège privé Rossat se trouvait approximativement à l’emplacement de l’actuelle de l’Institution Saint Rémi (6 place Winston CHURCHILL).

C’était un externat, fondé en 1855 par un docteur ès sciences de l’université de Stasbourg, François-Sébastien Rossat, qui, au début, comptait environ deux cents élèves. Peu après, en application des directives du ministre Victor Duruy sur l’enseignement moderne, une section "spéciale" (nous dirions technique) avait été créée, avec amphithéâtre, atelier, laboratoires. Le succès fut immédiat : bientôt l’institution compta plus de trois cent élèves (cent de plus qu’au collège).(25) Plus tard, quand cette réforme aura atteint son apogée, Francisque Sarcey pourra écrire, dans "Le Soleil" (19 mars 1866) : " C’est à Charleville que se trouve un des plus beaux établissements d’instruction publique qui soit en France" (26).
On y entrait par une grande porte peinte en vert foncé".(25) "Les murs y étaient d’"un jaune cadavre", excepté le mur qui fermait la cour, si laid que, "lorsque les matins de distribution de prix, les élèves y jetaient leurs encriers pour les briser, les taches et les éclaboussures n’ajoutaient rien à sa laideur"(26)
"Les murs étaient non seulement couverts de taches, mais d’inscriptions irrévérencieuses et, dans les classes, on ne remarquait pas le moindre emblème religieux. Alors, anticlérical, M.Rossat ? Un mangeur de curé ? Non, car la musique de ses élèves accompagnait la procession du Saint-Sacrement dans les rues de la ville. Voilà qui explique sans doute que l’institution soit fréquentée par les enfants de la bourgeoisie."(25)

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Fréderic et Arthur Rimbaud, première communion, ca. 1865-1866

Remy Hanotel fait ses études a l’école Rossat à la même époque que Frédéric et Arthur Rimbaud. Ce dernier est d’un an et demi plus âgè que Remy. Les deux frères Rimbaud étaient inséparables dans leur jeunesse malgré leur caractères très éloignés.

Ils poursuivront leurs études ensemble à quelques pas de l’institution Rossat : au collège de Charleville place du Saint-Sépulcre (l’actuelle place de l’Agriculture).

Il avait été aménagé dans l’ancien couvent des dames chanoinesses et formait un édifice imposant, avec fronton à croix de Lorraine devant une chapelle surmontée d’un dôme à campanile.( 27)

En septembre 1869, c’est l’ouverture de la ligne de chemin de fer de Charleville à Hirson, par Signy-le-Petit.

En 1869 Arthur Rimbaud est un brillant élève qui donne pleine satisfaction à sa mère, après avoir remporté neuf premiers prix et écrit trois pièces de vers latins qui n’étaient que des devoirs scolaires, il compose son premier poème en français.(7)

La même année, Mme Vitalie Rimbaud loue un appartement au rez-de-chaussée de l’immeuble situé au 5 bis, quai de la Madeleine (l’actuel 7, quai Arthur-Rimbaud). La maison, voisine de celle des Hanotel, était neuve, en pierre de taille avec un balcon en fer forgé. En juin 1869, le famille Rimbaud s’y installe. Le logement, agréable, faisait face à la Meuse et au cadre de verdure entourant le Vieux Moulin.

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En juin 1869 Mme Vitalie Rimbaud loue un appartement au rez-de-chaussée de l’immeuble situé au 5 bis, quai de la Madelaine (l’actuel 7, quai Arthur-Rimbaud). La maison, voisine de celle des Hanotel, était neuve, en pierre de taille avec un balcon en fer forgé..

Remy croisa alors plus souvent Arthur, non seulement au collége ou dans la rue, mais aussi chaque dimanche, en la nouvelle église paroissiale, à la messe de onze heures.

Mme Rimbaud s’y rendait majestueusement, avec ses enfants : en avant, les deux fillettes, Vitalie et Isabelle, se tenant par la main ; au deuxième rang, les deux garçons, Frédéric et Arthur, portant chacun un parapluie de coton bleu. Le buste droit, corsage noir et gants de filoselle, la mère fermait la marche. Les petits étaient proprement habillés, chapeau rond, col blanc rabattu et bien repassé, gros souliers, costume de coupe désuète.

Le même cérémonial était strictement observé, lorsqu’on allait au marché faire les emplettes et les provisions. C’était un objet de curiosité pour les passants et les boutiquiers de la place Ducale ordonnancée de ses vingts-quatre pavillons Louis XIII.(270)

Le collège de Charleville, sous l’empire, était soumis à un régime hybride et bizarre : le séminaire voisin daignait y envoyer ses élèves à titre d’externes, mais en revanche il s’était réservé le droit de fournir tels ou tels professeurs, notamment ceux d’histoire et de philosophie. Cela faisait une cotte assez mal taillée, le nombre des maîtres laïques l’emportant, ce qui les rendait suspects a priori et créait l’antagonisme qu’on cherchait à esquiver... Et suspects bien à tort, car ils apportaient là les dispositions les plus conciliantes. (271)

Cette volonté de conciliation ne se retrouvait pas chez les élèves. Les potaches en veston étaient très fiers d’arborer des cigarettes dans la rue quand les jeunes lévites ne se permettaient que la tabatière. D’où une hostilité sourde qui mettait en présence une droite et une gauche, les uns frondeurs et voltairiens par genre et par taquinerie, les autres rognes et gourmés un peu plus que de raison.

Le fantaisiste essai de "concertation" politico-scolaire, mi-universitaire, mi-séminariste, combinaison hybride issue de l’imagination marmiteuse de recteur, le petit père Fleury, aboutissait à l’inverse du but souhaité.

Remy Hanotel faisait partie des deux camps, il avait une foi religieuse solide mais n’était pas séminariste. Le jeune garçon s’essaya quelque temps à la diplomatie mais sans succès durables. Peu importe, quelque soit le prix à payer dans ces rivalités, Remy conservait une foi religieuse intacte.
Ce premier conflit entre ses convictions religieuses et sa vie sociale laïque ne devait pas être le dernier.

En 1870, Remy à quatorze ans, Arthur Rimbaud seize ans et Frédéric dix-sept ans.

Napoléon III, mal conseillé, déclare la guerre à la Prusse, dans des conditions absurdes de manque de préparation. Le 19 juillet 1870, la France de Napoléon III entre en guerre contre la Prusse de Guillaume Ier, alliée à plusieurs états allemands.

D’un coté, la fin de l’année académique, de l’autre, la guerre.

Les jeunes collégiens admirent le deux août, les troupes françaises qui traversent Charleville en direction de la frontière, mais la distribution des prix reste fixée au 6 août 1870 .
Elle se fera sans Frédéric Rimbaud qui a suivi l’armée, sans prévenir sa mère.

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Selon un bulletin de "Distribution solennelle des Prix" du Collège de Charleville du 6 août 1870, on peut lire que Arthur RIMBAUD eut le premier prix d’Enseignement Religieux et Remy HANOTEL le Premier Accessit.

Lors de cette "Distribution solennelle des Prix" du 6 août 1870, on peut lire qu’Arthur récolte en première le premier prix d’Enseignement Religieux, Frédéric en seconde le deuxième prix et que Remy obtint en troisième le Premier Accessit d’Enseignement Religieux (8).

Le même jour la France récolte ses premières défaites.

L’armée Française se fait battre le 14 août à Borny, le 16 à Gravelotte, le 18 à Saint-Privat et se voit contrainte à un repli sur Metz, puis dans le faux abri de Sedan.(28)

Le 25, quelques Prussiens sont déjà signalés à Boulzicourt.(29)

Les habitants de Charleville vivent ce mois d’août 1870 dans la peur aggravée par l’inaction.

Charleville voit pérégriner dans ses rues deux ou trois cent pioupious, cette benoîte population gesticule, bien autrement que les assiégés de Metz et de Strasbourg ! C’est effrayant, les épiciers retraités qui revêtent l’uniforme ! C’est épatant, comme ça a du chien, les notaires, les vitriers, les percepteurs, les menuisiers, et tous les ventres, qui, chassepot au coeur, font du "patrouillotisme" aux portes de Mézières...(300)

Arthur Rimbaud n’est pas le seul Carolopolitain à être dégouté par Charleville à cette époque.
En effet, à Charleville pendant que la population apprenait les exactions faites par les prussiens, les officiers supérieurs préféraient le mess des officiers. Ils ne voulurent rien faire pour opposer une défense active de la place et obligent les troupes à l’inaction la plus complète.

La place de Mézières est sous l’autorité d’un comité de défense caractérisé par son incurie et par son incapacité à utiliser les ressources de la cité de Bayard (ressources industrielle, francs-tireurs, construction d’ouvrages détachés, etc ) .
Pour couronner le tout, les officiers supérieurs décident d’interdire "aux compagnies de francs-tireurs de se porter en avant des postes qu’ils ont" (301) Il ne reste plus à la troupe et aux francs-tireurs qu’a se promener ou gesticuler dans Charleville et "aux portes de Mézières".

Pour Arthur Rimbaud, l’école est finie. Il quitte les Ardennes le 29 août 1870 et inaugure une longue série de fugues : il veut être poète et travaille a devenir "voyant" par le "déréglement de tous les sens".

Remy Hanotel lui, reste dans la place, mais sa révolte intérieure est aussi grande devant l’inaction des adultes.

C’est à Sedan que le 01 septembre 1870, vaincu et encerclé par les Allemands, Napoléon III dépose les armes pour éviter un massacre. Mais la guerre continue.

Le lendemain le jeune Frédéric traverse Mézières sans s’y arrêter, et se rend à Avesnes.

Dés le lendemain 2 septembre 1870, un parlementaire prussien se présente devant la place de Mézières, la sommant de se rendre.

Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1870, le 13 ème corps du général Vinoy quitte Mézières, où il était inemployé, pour se rendre à Paris. A l’issue de sept jours de marche périlleuse ses troupes rentrent dans Paris et permettent la formation du noyau de défense de la capitale.

Le 3, ce sont les troupes débandées qui, ayant pu s’esquiver de Sedan, à la faveur des bois, viennent échouer à Charleville.

Le 5 le corps législatif prononce la déchéance de Napoléon III et proclame la République. Ce changement politique ne donne lieu à aucun trouble et son message de résistance et de défense nationale est accueilli sans division.

A la fin du mois d’octobre, le 27, Metz capitule. Le 28, les soldats français refluent en désordre à Charleville... avec le jeune Frédéric.

Sans aucune contre-attaque de la troupe ni des francs-tireurs de Mézières, les Allemands peuvent tranquillement placer leurs batteries au sud sur une ligne Evigny - la Franchevulle - Villers avec approvisionnement en munition par la nouvelle voie ferrée de Boulzicourt.

Par un vilain coup du sort, la ligne de chemin de fer dont Charles Hanotel était si fier va servir à la destruction de Mézières.

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Octobre 1870. Arthur Rimbaud, écrit sur la mort qui se découvre dans la paix de la nature.

Le 14 décembre 1870, la 14e division allemande reçoit l’ordre d’enlever la place de Mézières.

Les prussiens entreprennent les terrassements du 24 au 29 décembre et installent les batteries les deux jours suivants.

Les canons entrent en action le 31 décembre à 7 h du matin. Les officiers principaux se réfugient sous d’excellentes casemates en attendant patiemment qu’assez de citoyens soient tués et de maison brûlées pour justifier la capitulation.

Mézières bombardée riposte, pour la forme, de 157 coups pendant quatre heures. Pendant 28 heures, la ville reçoit 6 300 projectiles dont prés de 900 incendiaires et devient une fournaise. L’incendie dévore 260 maisons, sur les 500 que comptait la ville, et le bombardement fait 44 tués.(30)

Charleville avait moins souffert avec deux maisons détruites et quatre tués. Toute la famille Hanotel reste cloitrée chez elle dans leur maison du quai de la Madeleine, trés éloignée des batteries prussiennes. Même l’intrépide Arthur qui voulait voir le spectacle resta enfermé par sa mére dans un appartement voisin, également quai de la Madeleine, où Vitalie Rimbaud à enménagé il y a un peu plus d’un an.

Le 1er janvier 1871 à 11 heures, Mézières se rendait sans conditions.

Le 2 janvier, les troupes ennemies prirent possession de Mézières et de Charleville alors qu’une convention prévoyait cette entrée pour le lendemain.

Et c’est l’occupation prussienne pour trois longues années, jusqu’au 24 Juillet 1873.

Le 5 janvier 1871, c’est Paris qui est bombardé et qui capitule le 28.
Le 8 février, les élections mirent les républicains en minorité et le 12 février 1871, l’investiture est accordée à M.Thiers par l’Assemblée nationale.

A Charleville occupée, les privations imposées par l’occupant sont nombreuses et dès cinq heures du soir les rues sont désertes.

Le 12 avril 1871, Arthur Rimbaud annonce à sa mère qu’il a trouvé du travail. Il est engagé comme journaliste au "Progrès des Ardennes". C’est enfin un travail sérieux et rémunéré qu’il avait déjà apprécié en amateur en septembre 1870 à Douai. Hélas, après cinq jours passés à dépouiller le courrier, à classer les papiers, à rédiger de courts articles, Arthur se retrouve sans travail.

Le Progrès des Ardennes est suspendu sur ordre des autorités d’occupation. De nouveau, Arthur est sans travail, mais il n’était pas question pour lui de retourner au collège.(31)

Sans le savoir, les Prussiens viennent de casser la dernière chance de stabilité donnée à Arthur Rimbaud. Ce dernier se lance sur les routes et forge sa légende de Paris à Bruxelles, de Londres à Liège, de Stuttgart à Stockholm et de plus en plus loin d’Alexandrie à Aden...

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Arthur Rimbaud (1854 - 1891)

Nicolas Hanotel décèdera dans la maison familiale quai de la madeleine, quartier Saint Ignace, à Charleville le 25 Juin 1871 à l’age de 76 ans sans avoir vu la délivrance de Charleville.

Les Ardennes subissent une occupation par l’armée allemande de 1870 à 1873. Les Allemands mettent en place une administration civile dont le but principal est d’assurer la sécurité et de protéger les communications des armées. Ces fonctionnaires ont pouvoir de justice, police et finance mais l’absence des fonctionnaires empêche la perception des impôts. Les maires sont cependant restés en place. Ils assument la charge difficile d’intermédiaires entre les autorités allemandes et la population.

Le jeudi 24 juillet 1873 dès 3 heures du matin les tambours allemands parcourent les principales rues de Charleville et de Mézières.

Malgré l’heure matinale chacun est sur pied, les fenêtres s’ouvrent, les portes s’entrebaillent et bientôt les rues s’animent comme les jours de grandes fêtes. C’est que trois heures plus tard, le dernier prussien a quitté la ville par la porte du Pont de Pierre.

Remy Hanotel a 17 ans depuis trois mois.

Rémy HANOTEL, pharmacien

Rémy HANOTEL devient pharmacien et s’installe au 7 de la rue Thiers à Charleville.

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Rémy HANOTEL devient pharmacien et s’installe au 7 de la rue Thiers à Charleville. La rue s’appellera ensuite Rue Pierre Bérégovoy.
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Rue Thiers et Grande-Rue à Charleville

Il est également membre de la Société géologique de France.

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Philippe Gustave LAMBERT né le 05 mai 1821 à Charleville et son épouse Marie Elise DELVAUX née le 06 JUILLET 1831 à Monthermé.

Il épouse à 26 ans Léontine Marie LAMBERT le 10 Septembre 1882 à Charleville. Elle est la fille de Philippe Gustave LAMBERT, rentier, âgé de 61 ans, qui était filateur. La famille LAMBERT est originaire du Luxembourg et de maîtres de forges à Liège.

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La famille LAMBERT est originaire du Luxembourg et de maîtres de forges à Liège.
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Rémy Hanotel habitait avec sa famille dans une maison rue de Tivoli

Rémy HANOTEL et son épouse ont trois enfants : Charles ( Gustave Remy) le 11 novembre 1883, Marguerite ( Marie Clémentine) le 16 octobre 1885 et Marie ( Léontine Charlotte) le 8 novembre 1891.

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(Auguste Charles) Rémy HANOTEL né le 06 mai 1856 à Charleville et son épouse Léontine Marie LAMBERT née le 07 mai 1861 à Charleville, auront trois enfants : Charles ( Gustave Remy) le 11 novembre 1883, Marguerite ( Marie Clémentine) le 16 octobre 1885 et Marie ( Léontine Charlotte) le 8 novembre 1891 (au centre).
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(Auguste Charles) Rémy HANOTEL né le 06 mai 1856 à Charleville et son épouse Léontine Marie LAMBERT née le 07 mai 1861 à Charleville, auront trois enfants : Charles ( Gustave Remy) le 11 novembre 1883, Marguerite ( Marie Clémentine) le 16 octobre 1885 et Marie ( Léontine Charlotte) le 8 novembre 1891.
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(Auguste Charles) Rémy HANOTEL né le 06 mai 1856 à Charleville, Charles ( Gustave Remy) HANOTEL né le 11 novembre 1883, Marie ( Léontine Charlotte) HANOTEL née le 8 novembre 1891, Léontine Marie LAMBERT épouse HANOTEL née le 10 Septembre 1882 à Charleville (au centre) et Marguerite ( Marie Clémentine) HANOTEL née le 16 octobre 1885.
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La famille HANOTEL devant leur maison de la Rue De Tivoli à Charleville.
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Marie Léontine Charlotte Hanotel est née le 08 novembre 1891 à Charleville.

Remy HANOTEL fut directeur de la Caisse d’Epargne des Ardennes de 1889 à 1909 (on dirait aujourd’hui Président).

Il fut membre actif de la Société des H.B.M. (Habitations à bon marché), actuellement Espace Habitat.

Il s’occupa de diverses services religieux et fut ami du cardinal Luçon, de Messeigneurs NEVEUX, BEGUIN (qui sera archevêque d’Auch), DAGE... et avec Monsieur Léon HARMEL.

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Pharmacien, Remy HANOTEL mit au point l’eau Hanotel pour plaies et blessures.

Pharmacien, Remy HANOTEL mit au point plusieurs médicaments :

 l’eau Hanotel pour plaies et blessures .
Les bouteilles portaient une étiquette avec la mention :
" FERT FIDES SALUTEM ", c’est-à-dire : "c’est la foi qui sauve".
Marque déposée ; cette eau possède des propriétés remarquables et guérit rapidement les plaies de toute nature : blessures, brûlures, furoncles, panaris, etc. Les plaies jusqu’ici réputées incurables, les ulcères variqueux et indolents, même très anciens, sont heureusement modifiés en peu de jours, et bientôt radicalement guéris .

 le "sirop blanc" et les "pastilles à la créosaute", contre la toux .

Ces produits furent primés à diverses expositions : Bordeaux (1892), Lyon (1894), Charleville (1894).

Rémy HANOTEL, photographe.

Les pharmaciens sont promoteurs de la photographie d’amateur en France.

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Les pharmaciens ont été promoteurs de la photographie d’amateur en France.

Le 19 août 1839, lors d’une séance officielle à l’Institut de France, Louis-Jacques-Mandé Daguerre (1787-1851), décorateur de théâtre parisien, divulgue le premier procédé photographique qu’il était parvenu à mettre au point en tirant parti des recherches de son associé, Nicéphore Niépce.

Vers la fin des années 1880, le coût et la complexité de la photographie dissuadent encore de nombreuses personnes de s’y essayer davantage. Toutefois, quand en 1888 George Eastman lance le Kodak, un appareil photo portatif très maniable et doté d’une pellicule, la voie est dégagée pour le photographe amateur.

La pellicule est constituée d’un film support en plastique, recouvert d’une émulsion : c’est une couche de gélatine sur laquelle sont couchés en suspension des cristaux d’halogénure d’argent ; pour les émulsions modernes il s’agit de bromure d’argent (AgBr).

De l’iodure de fer au bromure d’argent : c’est le pharmacien qui vend ces produits et qui s’essaie à la photographie.

Rèmy HANOTEL a transmis beaucoup de plaques photographiques. C’est un support photographique constitué d’une plaque de verre de dimension déterminée et d’une couche de sel d’argent.

Rèmy HANOTEL, premier président de la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes

Le dimanche 22 Octobre 1893, la première réunion officielle de la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes a lieu dans une salle de la mairie de Charleville sous la présidence d’un membre fondateur, isidor D’HALEINE, Directeur de l’Ecole Primaire de Sedan.(9)
Rèmy HANOTEL exposa les premiers pas de l’association et donna compte-rendu des démarches qu’il avait entreprises pour la création de l’association :

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Télécharger le bulletin N°1 (1894) - SHNA Ardennes
https://shna-ardennes.com › bshna_tome_01_1894
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Président : M. HANOTEL, pharmacien, membre de la Société géologique de France.

Messieurs
Chargé de faire les premières démarches pour préparer l’organisation de notre société, je vais en quelques mots vous rendre compte de notre situation :

Messieurs Ferdinand BESTEL, professeur à l’Ecole normale de Charleville ; P. PIGEOT, professeur à l’Ecole d’agriculture de Rethel, et CADIX, membre de la Société botanique de France, ont les premiers émis l’idée de former une Société d’ histoire naturelle des Ardennes, dont le siège, comme point central, serait Charleville. Ce projet, conçu déjà l’an dernier, approuvé et encouragé par quelques amateurs, reçoit aujourd’hui sa réalisation. Avant de vous réunir aussi nombreux, nous avons voulu vous mettre en présence de faits acquis. Les statuts fondamentaux de notre société ont reçu l’approbation préfectorale et nous avons droit d’existence. M.le Maire de Charleville, pour encourager nos débuts, a promis de nous aider de tout son pouvoir pour notre bibliothèque et l’installation de nos collections. Désirant lui témoigner notre gratitude, nous lui avons offert la présidence d’honneur de notre société. Il a mis à notre disposition une des salles de la bibliothèque, où nous tiendrons à l’avenir nos séances. A ce propos, nous devons remercier l’Union artistique, en la personne de son président, d’avoir, avec un aimable empressement, accueilli le berceau de sa jeune soeur dans une des salles qui lui avait été jusqu’ici réservée."

Les statuts furent présentés avec une liste de 43 membres, et le premier conseil d’administration put alors être élu.
Président : M.Hanotel, pharmacien, membre de la Société géologique de France.
Vice-président : M.Bestel, professeur à l’Ecole normale de Charleville.
Secrétaire : M.Cadix, membre de la société botanique de France.
Bibliothécaire-archiviste : M.Pigeot, professeur à l’Ecole d’agriculture de Rethel.
Trésorier : M.Mailfait, pharmacien.
Conseiller : MM.Watrin, contrôleur des mines, à Mézières et Bourguignon, à Charleville.

Le président Rémy HANOTEL, prononça le discour de fondation de la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes :

Messieurs,
J’aurais désiré à la tête de notre Société une personnalité plus autorisée que mois. Aucune de celle que nous avons pressenties, n’a désiré prendre de participation active à notre oeuvre.

Vous comprenez leur hésitation : nous ne pouvions cependant insister davantage. Si le dévouement peut suppléer le mérite, je ferai tous mes efforts pour répondre à la confiance que vous me témoignez. Je ne ma dissimule pas les difficultés de cette lourde tâche, toute l’organisation, mais j’ai à côté de moi des collaborateurs dévoués, dont les connaissances spéciales nous assureront le succès.

Nous ne prétendons pas devenir une réunion de savants ; nous demandons à grouper autour de nous les personnes qui voudraient donner leurs loisirs à l’étude des sciences naturelles. En aidant leurs débuts, ils pourront goûter ces jouissances peu connues, mais qu’ont ressenties vivement tous ceux qui se sont livrés à ces études. Les aspirations communes établiront entre tous les membres des relations fréquentes et peu à peu des liens d’amitié. A ce moment, la Société aura une vitalité durable.

Sans préjuger des résultats scientifiques et des services que la Société pourra rendre à l’agriculture et à l’industrie, nous aurons fait oeuvre utile. Elle peut se résumer en ces mots : "Union dévouée des amis des sciences naturelles".

A la séance du 4 Novembre 1893, le réglement intérieur soumis à l’approbation de l’Assemblée, le 22 octobre, fut présenté et sa rédaction adoptée.

En 1893, les réunions eurent lieu dans une salle de la mairie de Charleville puis, à la bibliothèque, place du Saint-Sépulcre ( place de l’Agriculture).
Les premières collections, dont l’herbier Callay, furent installées dans une salle du musée.

Rémy HANOTEL restera président jusqu’au 13 Octobre 1895, date à laquelle il prendra les fonctions de Vice Président de la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes.(9)

Rèmy HANOTEL, archéologue amateur

Les travaux entrepris, en août 1896 à Charleville, place Carnot ( autrefois place des Capucins et plus tard place Winston Churchil) pour la construction d’un égout, ont amené la découverte de plusieurs poteries anciennes.(11)
Cette trouvaille est intéressante car, à cette époque, les antiquités mises au jour dans cette ville sont infiniment rares. Personne "n’a jamais vu d’objets antiques qui auraient été explorés sur le territoire de Charleville, ni ouï dire qu’il en ait été trouvé en aucun lieu de son ressort proprement dit...".

C’est dire l’intérêt immédiat de Rémy HANOTEL pour ces travaux de terassement d’un égout, à l’est du débouché de la Rue Victoire-Cousin (aujourd’hui Rue Pierre-Gillet). Ces travaux entraînent la mise au jour de trois vases de l’"époque franque" . Rémy HANOTEL en conserve deux après en avoir fait la description (10) :

Ces deux vases sont passés de la collection de Rémy HANOTEL à Charles JUPPIN, puis Christophe JUPPIN

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Ces vases, genre patina, ont une forme qui rappelle celle des terrines.

"...Deux de ces vases, genre patina, ont une forme qui rappelle celle des terrines encore en usage de nos jours. L’un est en argile ferrugineuse, avec l’apparence d’un grès non vernissé, mais recouvert d’un enduit noir ( hauteur 7 cent. ; diamètre supérieur, 19 cent. ; diamètre inférieur, 6 cent.). Il fait partie de la collection de Mr HANOTEL, pharmacien à Charleville.
Le second est en terre rouge, de pâte assez grossière et rugueuse au toucher...Il appartient à Mme Le CHANTEUR..
."(11).

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Des terrassements Rue Pierre-Gillet en 1896 entraînèrent la mise au jour de vases de l’"époque franque".

Les modules de ces vases, l’aspect de leur surface...autorisent des rapprochements indéniables avec les vases mérovingiens de la nécropole de Mézières/Manchester. Il n’est pas douteux, d’autre part, que des vases gallo-romains aient été d’emblée correctement identifiés.(10)

pour David NICOLAS, qui a examiné les photos le 26 août 2022, « « la description des poteries mises au jours en 1896 au débouché de la rue Victoire Cousin ne correspond hélas pas aux photographies que vous nous avez envoyées des deux vases en votre possession. Les « patina », comme l’indique l’extrait de texte que vous donnez, sont des sortes de terrines, des plats destinés à la cuisson de forme assez simple et ouverte. Cette description est corroborée par les dimensions indiquées pour le vase ayant appartenu à la collection de votre aïeul et par la forte différence entre les diamètres inférieur et supérieur. De même, la description de ce vase indique une « pâte ferrugineuse » (et donc d’aspect ocre rouge) et d’un enduit noir, ce que nous ne retrouvons pas. Du reste, l’aspect général des deux céramiques rend extrêmement douteux leur datation à l’époque mérovingienne. » »

Rémy HANOTEL quitte les fonctions de Vice Président de la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes le 31 Octobre 1897, pour la fonction de conservateur du musée de la société .(9)

En 1895, sa seconde fille, Marie ( Léontine Charlotte) Hanotel entre à l’Institution Sainte Chrétienne de Mézières où se trouve déjà Margueritte HANOTEL.(13)(14)

En 1896 Charles Hanotel, a 13 ou 14 ans, il attrape la scarlatine qui se porte sur les reins et les endommagent. A la suite de cette maladie, il sera de santé fragile et vite fatigué.

En 1899, le transfert de la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes au Vieux-Moulin est accordé par le maire de Charleville suite à une décision du 6 août 1898.

La grand-mére de Remy, Jeanne Hanotel - Lambert, décède le 8 mai 1899 dans son domicile de la rue du Moulin.

Aprés des études à l’Institution Saint Remi de Charleville, Charles Hanotel souhaite devenir prêtre .
Son pére, Remy Hanotel, lui demande de continuer ses études jusqu’au baccalauréat.

Il se rend ensuite au séminaire Saint Sulpice à Paris.

Puis, il entre au séminaire français de Rome ou Séminaire pontifical français de Rome, fondé en 1853, où tous les cours sont en latin.

Cette maîtrise du latin lui permit par la suite de tenir de longues conversations en latin avec des personnes d’autres nationalités.

La loi Emile Combes interdit l’enseignement aux congrégations religieuses en France

La loi de Emile Combes du 7 juillet 1904, ou loi relative à la suppression de l’enseignement congréganiste, dite « loi Combes », est une loi de la République française qui interdit l’enseignement en France à toutes les congrégations religieuses, même autorisées, et organise la liquidation de leurs biens.

La loi de Emile Combes interdit aux congrégations d’enseigner. Un conflit au sujet de la nomination d’évêques et les protestations du pape lors de la visite du président Loubet à Rome en mars 1904 lui servent de prétexte à la rupture des relations diplomatiques avec le Vatican le 30 juillet 1904.

Le 9 décembre 1905 est une date capitale qui met fin au concordat napoléonien, mais aussi et surtout à l’antique union entre l’Église catholique de France et le pouvoir politique : cette loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, instaure la laïcité.

A Charleville, le collége "Sacré-Coeur" pour jeunes filles doit fermer. A Mézières, c’est aussi la fermeture de l’école des Religieuses de Sainte Chrétienne qui vont à Chimay poursuivre leur enseignement. Marie ( Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", doivent suivre ce transfert à Chimay. (14)

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La famille HANOTEL dans le jardin de leur maison de la Rue De Tivoli à Charleville. Charles Hanotel a été ordonné prêtre le 15 Juillet 1906.

Marie (Léontine Charlotte) Hanotel est sans doute pieuse, elle est inscrite sur le livre d’Or de Saint Joseph en Mars 1908, elle a 17 ans.(13)

Une de ses meilleures amies est Louise LEMOINE, qui a 18 ans. Elle est la fille de Jules LEMOINE électricien Boulevard Carnot à Mézières.

Christophe JUPPIN, Le petit fils de Marie ( Léontine Charlotte) Hanotel épousera Brigitte DELPORTE, la petite nièce de Louise LEMOINE le 7 Juillet 1978.

De 1871 à 1918, l’Alsace-Moselle fait partie de l’Empire allemand avec le statut de territoire d’Empire.

Le dimanche 6 mai 1877, malgré l’opposition de la municipalité, un feu d’artifice est tiré depuis le toit de la cathédrale de Metz à partir de 21 heures en l’honneur de l’empereur Guillaume Ier en visite à Metz. Le 7 mai 1877, à 4 heures du matin, le guetteur s’aperçoit que le toit a pris feu, probablement provoqué par une fusée, et sonne l’alarme. Le guetteur qui logeait au-dessus de la Mutte réussit à sauver la tour. La toiture est entièrement détruite mais les voûtes faites de moellons de 30 cm d’épaisseur ont tenu et ont permis d’épargner l’intérieur de la cathédrale

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Monseigneur Willibrord Benzler de l’ordre de Saint Benoît, évêque de Metz.

Le 15 Juillet 1906, Charles Hanotel est ordonné prêtre par Monseigneur Willibrord Benzler de l’ordre de Saint Benoît, évêque de Metz, dans la cathédrale de Metz, en territoire allemand, avec d’autres camarades du séminaire français de Rome.

Charles Hanotel célébre sa première messe le 19 Juillet 1906 à Charleville. Il est nommé vicaire à la basilique de Mézières.

Margueritte Hanotel se destine également à la vie religieuse. Elle devient religieuse de Sainte Chrétienne et professeur de dessin à Chimay.

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Le Pensionnat des Religieuses Sainte-Chrétienne de Chimay.
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Margueritte, Marie, Clémentine Hanotel, née le 16 octobre 1885 à Charleville, religieuse de l’Institut Sainte-Chrétienne de Chimay, veut entrer à la trappe de chimay.

Pendant l’hiver 1908-1909, des vitrines et des rayonnages de la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes sont installés au Vieux-Moulin.

Les activités de plus en plus importantes de la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes apportent une abondante moisson d’ordre géologique, botanique et zoologique aux collections. En même temps, la bibliothèque s’enrichit d’ouvrages provenant des dons et d’échanges. Les locaux du Vieux-Moulin devenaient trop exigus : une délibération de l’Assemblée générale du 7 avril 1907 est signée par tous les membres présents :

" La Société d’Histoire Naturelle, considérant que ses collections, qui deviennent chaque jour plus importantes, sont fatalement destinées, d’après les statuts, à devenir la propriété de la ville, et qu’éventuellement une partie de ces collections pourraient dès maintenant être installées au musée, estimant que la proposition d’établir le musée de la ville dans l’ancienne chapelle du Sacré-Coeur permettra de leur donner l’extension et la publicité les plus utiles à l’instruction populaire ; dans son Assemblée générale du 7 avril 1907, déclare s’associer entièrement au voeux présenté par la pétition ci-jointe".

La réponse fut donnée à la séance du 4 juin 1910 par Ferdinand Bestel, président, qui annonça la proposition de Mr AUTIER, maire de Charleville d’offrir "à la Société, sauf approbation du conseil, dans les bâtiments de l’ancienne école du Sacré-Coeur (premier étage face nord), une salle plus vaste pour le musée, avec deux petites salles contiguës qui pourraient être réunies en une seule et être affectées à nos réunions et à notre bibliothèque".

Le conservateur du musée de la Société, Remy HANOTEL, refuse cette solution en ces termes :"Cet acte m’oblige à me retirer de la Société, car ma conscience réprouve la spoliation du Sacré-Coeur".

Par le même courrier, il proposa sa démission, acceptée avec les plus vifs regrets du président Bestel.

Lors de l’Assemblée générale du 5 mars 1911, le président Ferdinand Bestel remercia la municipalité de Charleville pour la mise à disposition des nouveaux locaux :" Mais nous avons fait un pas considérable en avant grâce à la réalisation, par la municipalité, du musée de Charleville, où une place est réservée à l’histoire naturelle et où il nous sera possible, à très bref délai, de transporter tous nos échantillons, notre bibliothèque, notre siège social. Merci à Mr le Maire, à MM VANY et LABOUVERIE. Nous allons voir se réaliser notre rêve de contribuer, par une exposition permanente de nos collections ouvertes au public, à l’éducation scientifique populaire.
Ce sera, d’une façon permanente, la leçon de choses que jusqu’à présent, nous n’avons pu réaliser qu’a de trop rares intervalles dans des expositions de champignons
".
Cette déclaration de F. BESTEL est d’une actualité brûlante, quand on réalise la richesse des collections de Science naturelles qui dorment loin du regard du public dans les mêmes locaux depuis 1911. En fait, le déménagement n’aura pas permis "l’extension et la publicité les plus utiles à l’instruction populaire".
C’est ainsi que la Société d’Histoire Naturelle des Ardennes s’est installée 2, rue du Musée à Charleville.(9)

En 1909, Marie (Léontine Charlotte) Hanotel s’éprend de Georges Juppin. Marie a 18 ans (née le 8 novembre 1891) et Georges a 23 ans. (né le 25 décembre 1886). Georges est ingénieur de l’institut Industriel du Nord (I.D.N.). Mais il est, semble-il, un homme qui aime faire la fête.

Pourtant, cette histoirs d’amour est d’autant plus impactante qu’elle a l’intensité de la première foi.

Remy Hanotel tente de s’y opposer car il considére que c’est une "mésaliance". Il encourage sa fille à choisir un époux dans "son milieu".

Remy Hanotel organise un séjours d’un an de sa fille en Angleterre. Il veut la mettre à l’épreuve et mettre fin à ce qu’il considère comme une romance, une amourette d’adolescents. Il espère qu’après un an d’éloignement, sa fille aura muris et ouvrira les yeux.

Pour son départ, les amies de Marie Hanotel lui offrent un livre.

Au retours de Marie Hanotel en France, elle demande à son père sa bénédiction pour se marier.

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Marie (Léontine Charlotte) Hanotel à Venise, le Pont des Soupirs lors d’une ballade en gondole en 1911.

L’abbé Charles Hanotel et le pape PieX.

Il semble le Révérend père Benedetto du monastère Madonna del Sasso, à Locarno en Suisse, a eu une grande importance dans la décision de Charles Hanotel de se faire religieux.
Un portrait du R.P. Benedetto de 1930 était présente en permanence dans l’armoire vitrée de son bureau. Cette armoire a été transmise à Charles Juppin qui a gardé toute sa vie cette même photo en évidence dans la même armoire.

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Le Révérend père Benedetto du monastère Madonna del Sasso, à Locarno en Suisse

Charles Hanotel a étudié au séminaire français de Rome ou Séminaire pontifical français de Rome,
L’abbé Charles Hanotel a des amis qui travaillent à la curie romaine, proche du pape PIE X.
Le pape PIE X, est né Joseph Melchiore Sarto à Riese (Trévise) en 1835 dans une famille de paysans, avant d’être élu pape PIE X le 4 août 1903, il est évêque de Mantoue et patriarche de Venise.

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Pie X est élu pape le 4 août 1903. Son décés aura lieu quelques jours aprés le déclenchement de la Première Guerre mondiale, qui commence le 28 juillet 1914.

Le 29 mars 1911, à la demande de l’abbé Charles Hanotel, Rémy Hanotel reçut par écrit la bénédiction du pape PIE X pour le mariage de sa fille.

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L’abbé Charles HANOTEL demanda par écrit la bénédiction du pape PIE X : Trés Saint Père, Humblement prosternés aux pieds de votre sainteté, les fiancés Georges Juppin et Marie Hanotel, du diocèse de Reims, sollicitent très respectueusement de votre sainteté pour le grand jour de leur mariage, la Bénédiction apostolique.
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Fiançailles de Georges JUPPIN et Marie HANOTEL le 12 février 1911.
De Gauche à droite, second plan : Marie Catherine, Joséphine Niclot épouse JUPPIN, Léon Charles JUPPIN, Léontine Marie LAMBERT épouse HANOTEL et Léon Henri JUPPIN.
Premier plan : Louis Felix HANOTEL, Marie Léontine Charlotte HANOTEL et Henri Georges JUPPIN (Remy HANOTEL prend la photo)

Le 25 Avril 1911 à Mézières, Remy Hanotel marie sa fille de dix neuf ans, Marie (Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", avec Georges Juppin, agé de vingt quatre ans.

Il est le fils de Léon Charles JUPPIN négociant, et de Marie Joséphine NICLOT.

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Repas de mariage le 25 Avril 1911 de Marie Léontine Charlotte HANOTEL et Henri Georges JUPPIN dans le restaurant "le salon des familles" qui donnait sur la place Ducale de Charleville.

Le 12 septembre 1911, Remy Hanotel assiste à une importante manifestation contre la vie chère qui passe devant la pharmacie. Ces manifestations sont marqués par des bagarres et des charges de cavaleries. Remy Hanotel prend une photo du premier étage.

Le musé de Charleville est ouvert le 17 mars 1912 dans l’ancienne chapelle de l’école du Sacré-Coeur.

Remy HANOTEL prend sa retraite de Pharmacien la même année en 1912.

La Pharmacie HANOTEL est reprise par son employé, puis associé ( depuis 1892) , Jules GRAFTIAUX. Quatre générations de GRAFTIAUX se succèderont à la tête de la pharmacie au 7 de la rue Tiers (12).

Le 31 Aout 1912 à Charleville, Marie (Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", épouse Juppin met au monde un garçon : René (Charles Remy). Mais ce petit garçon décédera six semaines plus tard le 16 octobre 1912. A la suite de ce drame, Georges Juppin ne voudra plus que l’on donne le nom de René à un nouveau né de la famille.

Charles Hanotel est nommé vicaire à l’église Saint Maurice à Reims (en venant de Charleville, l’église à droite avant la place royale).

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Marguerite ( Marie Clémentine) Hanotel née le 16 octobre 1885 et Marie ( Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", née le le 8 novembre 1891, épouse Juppin .

Mimie HANOTEL et La Guerre (1911 - 1918)

La dernière partie du pontificat du Pape Pie X s’accompagne d’abord des vents menaçants de la guerre, puis du déclenchement de la Première Guerre mondiale, qui commence le 28 juillet 1914 avec la déclaration de guerre de l’Autriche à la Serbie. Dans l’exhortation "Dum Europa" du 2 août 1914, le Souverain Pontife lance un appel à la paix.
Quelques jours après la promulgation de l’exhortation, le 20 août 1914, le Pape Pie X meurt. L’état de santé du Souverain Pontife s’est aggravé par suite de la diffusion de la bronchite au lobe inférieur du poumon gauche.

En août 1914, les Allemands envahissent la Belgique afin de déborder l’armée française.

Pour la deuxième fois, les Ardennes sont envahies.

Les allemands occupent Charleville le 28 août 1914 .

Pendant les journées du 24 au 29 Août 1914, la région de Thin-le-Mouthier, Courcelles et Dommery est le théâtre de violents combats qui opposèrent les Saxons du général Von Haussen commandant la 3 e Armée Allemande à la "Division de Marche du Maroc".

Cette bataille capitale dite de "la Fosse-à-l’eau" est un succès défensif français. Elle marque la fin des défaillance française et préfigure le sursaut victorieux de la Marne dix jours plus tard.(17) (18)
Le fort de la Pompelle, à 9 Km au Sud-Est de Reims, fut constamment l’objectif des Allemands qui l’occupèrent jusqu’au 23 Septembre 1914 puis, chassé, l’attaquèrent à de multiples reprises, au cours de la bataille de Champagne. La résistance de la Pompelle permit les deux victoires de la Marne. A partir de novembre 1914, le front va rester à peu près immobile.

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Pendant la guerre, Remy HANOTEL reprit la direction d’une pharmacie à Reims, dont le propriétaire était mobilisé. Elle était située à coté de l’église St Remy.

Pendant la guerre, Remy HANOTEL "reprend du service" et prend la direction d’une pharmacie à Reims, mais elle est entièrement détruite lors des bombardements qui endommagent la cathédrale.

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Cette pharmacie à Reims fut entierement détruite lors des bombardements qui endommagerent la cathédrale.

Puis, avec sa femme Léontine Marie HANOTEL et sa fille Marie ( Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", épouse Juppin, ils se réfugient à Bayonne où ils sont accueillis par les parents d’Ernest FAVIER, condisciple de Georges JUPPIN à l’institut Industriel du Nord (I.D.N.).

Le 15 Février 1915 à Bayonne, Marie JUPPIN met au monde un autre garçon : Charles (Jean Remy ).

Remy Hanotel reprend en 1915 la direction de la Pharmacie BEZIE à Angers.

Charles Hanotel a été réformé pour raison de santé et n’a pas fait son service militaire. Pour cette raison, il n’est pas non plus mobilisé en 1914.

Plus tard, quand l’armée a manqué d’homme, il fut incorporé dans la Cavalerie. Il est secrétaire du commandant Jean Lachenaud, à l’état major d’une division en réserve sur la Loire.

Jean Lachenaud remarque l’influence et le charisme de Charles Hanotel sur les soldats qui l’entourent ... et deviend son ami.
D’enfant de troupe, Jean Lachenaud est contrôleur général du ministère de la guerre, puis directeur du contrôle et conseiller d’état de part sa fonction.

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Jean Lachenaud controleur général du ministére de la guerre
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Henri Georges Juppin né le 25 décembre 1886 à Charleville. En 1917, Georges Juppin fut affecté au service technique du Ministére de l’Air à Paris où il est nommé Adjudant.

En 1917, Georges Juppin est affecté au service technique du Ministére de l’Air à Paris où il est nommé Adjudant.

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Photo de 1817 : De gauche à droite : Henri Georges Juppin né le 25 décembre 1886 à Charleville, Charles Jean Remy Juppin né le 15 février 1915 à Bayonne et Marie Léontine Charlotte Hanotel épouse Juppin, née le 08 novembre 1891 à Charleville.

Son épouse Marie (Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", épouse Juppin, son fils de deux ans Charles Juppin et sa belle mêre Léontine Marie HANOTEL sont venus le rejoindre à Paris .

Léontine Marie Hanotel, avec le petit Charles Juppin dans les bras, sera renversée par une charrette. Il n’y aura pas de suites, mais Georges Juppin lui en voudra très longtemps.

De Mars à Août 1918, des canons allemands de grande portée tirent sur Paris. L’histoire leur a donné le nom de Grosse Bertha, du nom de Bertha Krupp, fille de l’industriel allemand.

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Crédits photo : Australian War Museum.
Pendant six mois, de mars à août 1918, les obus de la Grosse Bertha ont terrorisé Paris et ensanglanté ses rues et ses boulevards.

Pendant six mois, de mars à août 1918, les obus de la Grosse Bertha ont terrorisé Paris et ensanglanté ses rues et ses boulevards.
Alors que le front se trouve à plus de 100 kilomètres, ce gigantesque canon allemand parvient à envoyer 320 projectiles sur la capitale et sa banlieue, provoquant la mort de 256 personnes et en blessant 625. La première fois que les Parisiens subissent le terrible feu de cette pièce d’artillerie révolutionnaire, la ville est comme frappée de stupeur. À 7h30 du matin le 23 mars 1918, une première explosion ravage le n° 6 quai de Seine. Une seconde déflagration retentit une dizaine de minutes plus tard devant la gare de l’Est, puis tous les quarts d’heure.
En fait, cette nouvelle arme dissimulée dans les bois de Crépy-en-Laonnois, en Picardie, à environ 120 km de Paris, est composée de trois canons de marine que les Allemands appellent Pariser Kanonen.

Léontine Marie Hanotel ne peut supporter ce bombardement et enmène sa fille Marie ( Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", épouse Juppin, qui est enceinte, et son petit fils Charles Juppin à Saint Gilles Croix de vie.

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Charles (Jean Remy ) Juppin ( né le 15 Février 1915) et sa mère Marie Hanotel - Juppin en 1918.

Marie ( Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", épouse Juppin et Charles Juppin attrapent alors la grippe espagnole à Saint Gilles Croix de vie.

La grippe espagnole, également appelée « pandémie grippale de l’année 1918 », est une pandémie de grippe A (H1N1), due à une souche particulièrement virulente et contagieuse qui s’est répandue de mars 1918 et a fini par s’éteindre dans la seconde moitié de l’année 1919.
En dix-huit mois, elle fit plus de 50 millions de victimes à travers la planète.

En avril 1918, alors que la grippe se propage en Europe, les journaux français ne mentionnent pas l’épidémie. Et pour cause, la France vit un moment décisif pour l’issue de la guerre avec la grande offensive allemande du printemps et les bombardements de Paris : le conflit mondial retient toute l’attention de la presse nationale.

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Il faut donc attendre l’été 1918 pour retrouver dans la presse française des informations sur le virus qui, selon les médecins interrogés, n’est rien de plus qu’une réplique de la grippe saisonnière. Ainsi peut-on lire, dans Le Matin du 7 juillet 1918, qu’il s’agit d’une « vulgaire influenza », « une grippe ordinaire », qui n’a « rien de dangereux » et qui, de toute évidence est « bénigne » en France.

L’origine du qualificatif « espagnole » utilisé par les Français pour désigner la grippe vient du fait que l’Espagne, demeurée à l’écart du conflit, est la première à avoir librement communiqué sur l’épidémie.

L’épidémie de 1918 est une grippe, mais ce qui en fait la gravité, ce sont les complications dues aux "microbes de sortie", le malade affaibli par la grippe est beaucoup plus sensible aux germes pathogènes. Les microbes les plus couramment en cause sont les pneumocoques, entérocoques et pneumobacilles, causes de pneumonies, de bronchopneumonies de pleurésies hémorragiques ou purulentes, d’oedèmes pulmonaires souvent mortels.
Ces maladies sont souvent foudroyantes, elles s’accompagnent de phénomènes asphyxiques provoquant la cyanose, ce qui a accrédité les rumeurs d’épidémie de peste ou de choléra.
(15)(16)
Pour éviter les complications, un grand nombre de maires et de préfets ont pris des arrêtés ordonnant la fermeture des salles de spectacles, des écoles, des édifices religieux, et ont recommandé d’éviter les visites dans les hôpitaux, " la contagion des complications se faisant beaucoup plus facilement dans les lieux où beaucoup de malades sont réunis".(15)(16)

Enceinte, Marie (Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", épouse Juppin ne pourra pas être soignée convenablement.

A St Gilles Croix de vie, le 24 octobre 1918, à 15 heures, Marie Juppin met au monde un garçon qui naitra sans vie. Le même jour à 17 heures, elle décède, à l’age de vingt six ans.

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Marie Hanotel - Juppin décède le 24 octobre 1918 à l’age de vingt six ans.

Le petit Charles Juppin survivra par miracle, oublié dans son lit pendant 24h, en raison de l’agitation générale autour du décès de sa maman.

Soeur Marie Elizabeth et l’abbé Charles Hanotel - 1917 - 1952

Margueritte, Marie, Clémentine Hanotel, née le 16 octobre 1885 à Charleville, religieuse de l’Institut Sainte-Chrétienne de Chimay, veut entrer à la trappe de Chimay.

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Le Pensionnat des Religieuses Sainte-Chrétienne de Chimay.

Le pére abbé refuse car il croit qu’elle veut se faire trappistine pour "acheter" la vie de hommes de sa famille durant la guerre.

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Margueritte, Marie, Clémentine Hanotel, née le 16 octobre 1885 à Charleville, religieuse de l’Institut Sainte-Chrétienne de Chimay, veut entrer à la trappe de chimay.

A force de persévérance, Margueritte Hanotel entre finalement à la Trappe.

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Elle apparut, une femme habillée de blanc, souriante, son doux visage entouré de blanc, elle portait un voile noir rejeté en arrière.
Mére Marie Elizabeth, Religieuse soeur choriste au monastère de l’ordre Cistercien de la Stricte Observance. (Margueritte, Marie, Clémentine Hanotel )

En 1919, grâce aux moines de Scourmont, les religieuses acquièrent une propriété à Chimay, appelée alors Institut de France. Elles y emménagent le 14 août 1919. Celles qui s’appellent toujours "moniales de Saint-Paul-aux-Bois" reçoivent alors de l’abbé général de l’Ordre, Augustin Marre, le nom de moniales de "Notre-Dame de la Paix". En 1922, la communauté religieuse y fait construire des bâtiments plus adaptés à un style de vie monastique

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Abbaye de Chimay (Trappistines de Chimay).
Abbaye Notre Dame de la Paix
Trappistines de Chimay
1, Chaussée de Trélon
6460 Chimay (Belgique)

L’abbaye Notre-Dame de Scourmont, sur le territoire de Forges, à sept kilomètres au sud de la ville de Chimay, appartient à l’ordre cistercien de la stricte observance et s’inspire des règles de vie trappistes définies au 17e siècle par l’Abbé de Rancé en son abbaye de « La Grande Trappe », en Normandie.

La Pharmacie HANOTEL devenue Pharmacie GRAFTIEAUX est un centre de renseignements et d’espionnage pendant la guerre de 14-18 et Madame GRAFTIEAUX est décorée de la Military Cross Britannique.

Après le guerre, en 1918, on propose à l’abbé Charles Hanotel d’être vicaire à la Cathédrale de Reims. C’est la voie royale pour être évêque, comme le destinait le séminaire français de Rome. Mais Charles Hanotel refuse pour motif de santé. Ce refus est trés mal reçu par l’évêché.

L’abbé Charles Hanotel est alors nommé curé de Thin-le-Moutier. Le presbythère de Thin-le-Moutier est dans un triste état : les carreaux cassés sont remplacés par du papier calque, couche de boue recouvrent le sol les pièces, etc...

Durant trois semaines, Remy Hanotel fait le trajet Charleville-Thin aller retour en bicyclette pour aider son fils à réparer le presbythére. Quand il fut remis en état, Remy Hanotel et son épouse Marie Hanotel s’installent avec lui.

Remy Hanotel, ami du Docteur de Thin-le-Moutier, est infirmier bénévole. Il est aussi conseiller financier des agriculteurs et des artisans .

Durant la guerre 14/18, des combats très importants ont lieu à la Fosse à l’eau.

En août 1914, l’armée française est battue en Belgique et se replie très rapidement. L’armée allemande entre dans les Ardennes et arrive à Signy l’Abbaye et à Thin le Moutier, son objectif est la prise de Launois pour couper la retraite de l’armée française vers Rethel.
Pour y parvenir elle s’engouffre entre la forêt de Signy et celle de Froidmont, la division marocaine du général Humbert reçoit alors l’ordre de retarder au maximum l’avance allemande.
« Alors zouaves et tirailleurs - en larges culottes blanches, ceinture bleue ou rouge, chéchia écarlate, - chargèrent l’ennemi, comme ils avaient l’habitude de le faire au Maroc, loyalement à découvert, les officiers en tête. Et si impétueux fut leur élan, si héroïque leur charge que l’ennemi plia et que la première rencontre fut une première victoire. »
Des combats très durs vont durer deux jours, les 28 et 29 août 1914, entre La Fosse à l’Eau, Courcelles et Dommery.
Ils feront environ un millier de morts dans chaque camp, mais ils permettront au gros de l’armée française de se replier en bon ordre et de préparer la victoire de la Marne.

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Uniforme des Zouaves (à gauche) et des Tirailleurs Algériens (à droite)

L’importance de cette bataille sera vite reconnue par les Allemands qui érigeront entre Thin et La Fosse à l’Eau le monument à la mémoire des morts allemands et français inauguré le 29 mai 1915 par le Kronprinz de Saxe.

Les troupes Françaises ont imposé un retard de 48 heures à la progression des forces allemandes. Ce retard a eu une grande importance pour permettre la victoire de la marne. (17) (18) Il y eut à cet emplacement un cimetière militaire.

En 1924 ou 1925, les restes des soldats sont transférés dans un cimetière plus important. Charles Hanotel assiste chaque jour aux exhumations et transport dans des cercueils neufs, pour veiller à la bonne tenue de ces manipulations. Il récupére les documents trouvés à cette occasion et les réexpédie aux familles quand cela est possible.
Un petit calvaire est élevé à cet endroit et une cérémonie très importante se déroule à l’inauguration.

Remy Hanotel reçoit la médaille de Lourdes pour 25 années de brancardier. Il fut nommé Chevalier de l’ordre de Saint Grégoire le Grand.

Christiane Daugenet-Juppin, sa petite fille par alliance, est à son tour brancardière à Lourdes au pélérinage militaire durant près de 50 ans de 1948 à 2006.

Après les graves troubles insurrectionnels de 1831 qui obligèrent le Pape à faire appel aux puissances étrangères pour rétablir l’ordre dans ses états, le Pape Grégoire XVI créa le 1er septembre 1831 ’Ordre de Saint Grégoire Le Grand afin de récompenser ses sujets restés fidèles et les militaires qui lui étaient venus en aide.

Cet ordre s’inspire directement de l’Ordre de la Légion d’Honneur dont il reprend la graduation hiérarchique qui permet de nuancer les mérites. L’Ordre compte en effet quatre grades, Chevalier, Commandeur, Commandeur avec plaque et Grand Croix.

La décoration consiste en une croix d’or à quatre points pommelées d’or. Elle est émaillée de rouge et porte dans un médaillon rond le buste de Saint Grégoire en or sur champ d’émail bleu.Un cercle en or, qui entoure cet écusson, porte ces mots : "Gregorius magnus".
Au revers on lit sur champ d’azur la légende de l’ordre : "Pro bev et Principe". Cette croix est surmontée de trophées en or pour les militaires, et d’une couronne de laurier en émail pour le mérite civil.
Le ruban est rouge, bordé des deux cotés par un liseré jaune-orange.

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Chevalier de l’ordre de Saint Grégoire le Grand.

Le 28 août 1922, l’Archevêché de Reims adresse un courrier dans ces termes :

" Cher ami,
J’envoie à M.Hanotel en deux paquets recommandés :
1° la décoration
2° le diplôme avec les indications imprimées.

Il y a un ruban qui se porte ordinairement et qui ne nous a pas été envoyé.
Vous le trouverez à Paris, par exemple à Style House,
61 Boulevard Saint Michel.

Je m’incline respectueusement devant le décoré, et je salue l’épouse et le fils qui l’admirent.
Ernest, évêque d’Arsinoé
"

Remy Hanotel décède le 20 Juin 1923, dans sa soixante-huitième année. Il est, à sa demande, enterré à Thin-le-Moutier.

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Remy Hanotel décède le 20 Juin 1923, dans sa soixante-huitième année à Thin-le-Moutier.

Sa tombe fût de très longues années entretenue et fleurie par des amis de Thin.

A sa mort, des boites de coléoptéres (sur environ 6 ou 8 métres de large) ont été données à l’école des fréres de Montmigny (en Belgique à coté de Chimay). Cette école fut fermée entre 1930 et 1940 et réouverte à Reims au pensionnat du Sacré-Cœur, au 86, rue de Courlancy à Reims, par les Frères des écoles chrétiennes.

L’eau HANOTEL et le Sirop blanc ont été longtemps fabriquée à Charleville dans la Pharmacie GRAFTIEAUX ( la Rue Napoléon est devenue Rue Thiers puis 7 rue Pierre Bérégovoy 08000 CHARLEVILLE-MEZIERES SIRET, 306 681 131 00018) et à Angers. C’est aujourd’hui la Pharmacie Gonzague.

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La Pharmacie Hubert & Jean Graftieaux est devenue la Pharmacie Gonzague, 7 Rue Pierre Bérégovoy à Charleville.

En 1922, la Trappe revint à Chimay. Margueritte Hanotel est Mére Marie Elizabeth soeur Choriste.

L’abbé Charles Hanotel est nommé en 1929 curé à Rilly-la-montagne. Sa mère le suit et Charles Juppin passe toutes ses vacances avec eux. De 14 à 19 ans, ce sont probablement les plus belles années de Charles Juppin, entre l’amour de sa grand-mère et les longues discussions avec son oncle.

L’abbé Charles Hanotel découvre deux processions le 11 novembre, et décide que la procession religieuse se fait avec la procession laïque. Ce qui n’est pas au goût de monsieur Massé, directeur de l’entreprise de champagne Massé, qui se plaint auprés de l’évêché que Charles Hanotel est en trop bon terme avec la municipalité socialiste.

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L’abbé Charles Hanotel est nommé en 1929 curé à Rilly-la-montagne, puis à Montcy-Saint-Pierre le 25 mars 1934.

L’abbé Charles Hanotel est alors muté à Montcy-Saint-Pierre, à coté de Charleville, le 25 mars 1934. (Montcy-Saint-Pierre sera intégrée dans la commune de Charleville-Mézières le 1er octobre 1966.)

Presqu’aussitôt ses ennuis de santé s’agravent. Quatorze mois plus tard, le 22 mai 1935, il décède d’une crise d’urémie à l’age de 52 ans.

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L’abbé Charles Hanotel est décèdé le 22 mai 1935 d’une crise d’urémie à l’age de 52 ans.

A la mort de son mari, Auguste Simon, Jeanne Lambert épouse Simon, la soeur de Marie Lambert épouse Hanotel, se retira dans une maison de retraite, rue du Barbâtre à Reims, tenue par les Soeurs de l’Enfant Jésus .

Léontine Marie Lambert épouse Hanotel rejoint sa soeur Jeanne Lambert épouse Simon aprés la mort de l’abbé Charles Hanotel avec lequel elle vivait à Montcy Saint Pierre.

A la déclaration de la guerre en 1939, sans prévenir personne de la famille, elles quittérent toutes les deux Reims pour Angers.

A Paris, elles ne prévinrent ni la fille de Jeanne Simon : Jeanne Séverac, pourtant au domicile proche de la Gare de Lyon, ni le petit fils de Léontine Marie Lambert épouse Hanotel : Charles Juppin, Lieutenant à la Direction du Train au Ministére de la Guerre.

Elles furent toutes deux tuées dans un terrible accident de chemin de fer : leur train percuta un train de munitions dans la nuit du 2 au 3 septembre 1939 en gare d’Orléans.
À 4 heures 25, sur la ligne Paris-Orléans, deux trains évacuant des populations de la région parisienne sont arrêtés à un signal fermé avant la gare des Aubrais lorsqu’un troisième, dont le conducteur n’a pas observé les consignes de marche à vue prudente, les percute, projetant le second sur le premier. Le fourgon de queue et la dernière voiture de chacun des deux trains bondés sont écrasés.

Il y eut plusieures centaines de morts mais la presse, sous censure, n’en dit mot. Prévenu par Jean Simon, Charles Juppin eut des renseignements au 4 éme bureau de Transport de l’Etat Major de l’Armée. Il put aller en voiture militaire à Orléans pour reconnaître le corps sa Grand-Mére Léontine Marie HANOTEL : elle portait sa médaille de baptéme ! Charles Juppin a été à l’enterrement avec Jean Simon.

Plus tard, le corps de Léontine Marie HANOTEL fut ramené au cimetiére de Charleville dans le caveau de famille, auprés de "Mimie" Marie Hanotel épouse Juppin, sa fille, et de l’abbé Charles Hanotel. Le corps de Jeanne fut ramené dans les Ardennes et enterré avec Auguste Simon à Belval.

Le 15 février 1940, jour de ses 25 ans, le Capitaine Charles JUPPIN, fils de Marie ( Léontine Charlotte) Hanotel, dite "Mimie", épouse Juppin, prend le commandement du détachement de circulation routiére de la 3éme Division Cuirassée.

Le 10 mai 1940, c’est la foudroyante attaque de la Wehrmacht. Le 12 mai, la 3éme Division Cuirassée basé à Reims reçoit l’ordre de se porter dans la région du Chesne et le 14 mai de contre-attaquer en direction de Sedan. Elle s’arréte au Mont Dieu, avec ordre de défense statique du front. Sur cette position du Mont Dieu, et pendant dix jours, le choc est particuliérement rude et les allemands s’essouflent malgrés la force de feu des divisions blindées allemandes et les bombardements en piqué des Stukas.

La 3éme Division Cuirassée, qui a vu fondre ses effectifs, se replie le 25 mai sur Rethel.

Charles Juppin recevra une lettre de sa tante Margueritte Hanotel daté du 26 mai 1940 :

Mon chéri, une bonne lettre d’Angers m’est venue hier soir avec ton adresse exacte, et des nouvelles bien consolantes de toi et de tous. Bien vite je t’écris, si nos lettres se croisent, j’attendrai la suivante de toi pour remettre l’équilibre dans notre correspondance.

Nous sommes toutes ici, saines et sauves, excepté deux qui se sont égarées en route et n’ont pu encore donner de leurs nouvelles. Pour moi je n’ai pas quitté le convoi. Nous avons du fuir Chimay mardi 14 mai. Ce n’était plus tenable.
Depuis le 11 mai on était bombardé jour et nuit. L’alerte était continue. La maison du Pére Charles (Hanotel) a reçu une bombe, mais lui est indemme. Il nous arrive ici demain. Je lui donnerai de tes nouvelles dont il est avide, j’en suis sure.

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Nous avons du fuir Chimay mardi 14 mai 1940. Ce n’était plus tenable. Notre voyage a duré une semaine jusqu’à Lisieux, puis autocar jusqu’à Sainte-Anne-d’Auray.

Notre voyage a duré une semaine. Au début, nous avions deux chariots avec des chevaux pour les bagages et les plus fatiguées. Les soeurs, qui pouvaient, suivaient à pied. On a marché ainsi deux jours et deux nuits, survolées par les avions qui mitraillaient.

Il fallait souvent se jeter dans les fossés. C’était érintant. Enfin nous avons dù abandonner presque tout notre bagage sur la route pour avancer plus vite et sauver au moins nos vies. Nous sommes montées dans le dernier train de réfugiés, dans un wagon à bestiaux et encore toute la nuit sous la mitraille jusqu’a Amiens. Là, plus de train. On a pu trouver un chariot automobile, découvert, et nous avons gagné Lisieux, encore survolées une bonne partie de la route. C’est prodigieux que nous n’ayons pas été atteintes.
A Lisieux, halte d’un jour chez des religieuses, nous n’avions pas dormi depuis cinq nuits et bien peu mangé en route.
De Lisieux à Auray, voyage en autocars, pour arriver ici le mardi 21 mai vers minuit, épuisées de fatigue et d’émotions, n’ayant même pas d’habits de rechange, et anxieuses du sort de tous les nôtres.

Je suis bien privilégiée d’avoir eu de suite des nouvelles. Si tu savais comme je remercie le Bon Dieu de la protection dont Il nous a entourées ! Tandis que nous étions en si grand danger, je ne cessais de nous recommander à la Trés Sainte Vierge et à ma si chère Maman, bien sùr elles ont veillé sur nous d’une façon trés spéciale. Qu’elles continuent à te garder, mon cher Grand ! Ai-je besoin de te dire que je ne cesse d’offrir pour toi mes priéres et tant de sacrifices, du matin au soir.
On nous a bien reçues ici, les soeurs partagent gentiment avec nous tout ce qu’elles ont, mais tu sais, on est compté malgré tout et il y a bien des privations, la maison est vieille et mal agencée en comparaison de notre chez nous. Cependant, nous ne songeons pas à nous plaindre, en pensant à tant d’autres pauvres réfugiées plus malheureux et à nos braves soldats qui endurent tant de souffrances et n’ont pas de nouvelles du pays occupé. Nous sommes tous de l’armée de la priére et du sacrifice. Puissions-nous hâter ainsi la victoire de notre chère patrie.
Ma Révérende Mére était tout heureuse hier de me remettre la lettre de Suzanne (Sevrac) où il y avait la dernière de toi. Comme j’espérais de te savoir en bonne santé ! Comme je tremblais, depuis ces tristes jours, craignant que tu ne te sois trouvé pris dans ce torrent envahisseur qui déferlait tout juste dans la direction de Chimay ... etc. J’ai égaré, avec notre livre d’office, la chére petite photo où tu avais mis une si charmante dédicace.

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Charles Juppin a été fait prisonnier le 16 juin 1940 et interné à l’Oflag IV D, à Hoyersverda, en Silésie. Janvier 1942 (photo)- Janvier 1945 (dessin). (Archives de Charles Juppin)

Quand tu pourras me la remplacer, tu me feras plaisir. J’avais bien reçu, à Chimay, ta lettre du 20 avril et j’y ai répondu en me servant de l’adresse indiquée pour la poste belge. Depuis, notre communication s’est trouvée rompu. J’espére que désormais nous saurrons nous écrire réguliérement. En cas de changement d’adresse, on s’avertira mutuellement, au besoin par la famille.
Grande union, mon chéri, je compte que tu es toujours à la hauteur de tous tes grands devoirs, et fidéle à la prière. Mettons au service de la France tout notre effort matériel et spirituel. Je t’embrasse avec toute ma tendresse.

Tante Guite Soeur Marie-Elisabeth
Trappistines Notre Dame de Bonne Garde
Saint-Anne d’Auray - Morbihan

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Sainte-Anne-d’Auray

Le 10 juin 1940 la 3éme Division cuirasséele va se battre dans la région de Perthes, puis reflue vers Châlons-sur-marne, Vitry-le-françois, Bar-sur-aube/Chaumont. Le 15 juin, la Division, du moins ce qu’il en reste, prend position derriére l’Aube dans la région de Dolancourt-jacquet mais ne peut éviter l’encerclement.

Les chauffeurs du détachement de circulation routiére sont au volant depuis 34 heures avec une seule pose de 4 heures. Ils s’endorment au volant au moindre arrêt.

Le 16 juin 1940, le détachement est en état de défense dans la région de St Didier/Saulieu ( à l’ouest de Dijon ). Aprés plusieurs tirs sur des colonnes allemandes, seule l’apparition des chars oblige Charles Juppin à décrocher à travers bois. Quelques heures plus tard, dans la nuit, il heurte un détachement allemand et doit se rendre.

C’est dans le camp de prisonnier de l’Oflag IV D, à HoyersWerda en Silésie, que Charles JUPPIN demeurera 5 ans.

Partis d’Hoyerswerda le 15 février 1945, il sera conduit à pieds à Colditz . Le 1er avril, un groupe important de plus de mille officiers français est transféré en camion à Zeithain.

C’est là qu’il est libéré par les cosaques à cheval le 23 Avril et échangé aux Américains le 10 mai 1945.
C’est le 29 mai que Charles JUPPIN et ses camarades franchissent en train le "Rossevelt Memorial Bridge" à Mayence et le 30 mai 1945 le frontière germano-française à Wissembourg.
Descendu à Nancy, il sera à Charleville le 30 mai 1945.

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Charles Jean Remy Juppin (né le 15 février 1915 à Bayonne) s’est marié le 7 janvier 1946 à Mézières avec Christiane Marie Juliette Daugenet née le 26 février 1923 à Lormaison (Oise) . Sur la photo, elle tient sa fille ainée : Claude. Ils ont eu 4 enfants :
 Claude Marie Suzanne Juppin est née le 7 octobre 1946 à Mézières.
 Michèle Marguerite Françoise Juppin est née le 30 juillet 1948 à Mézières.
 Thierry Georges Remy Juppin est né le 28 mars 1950 à Mézières.
 Christophe Robert Pol Juppin est né le 10 octobre 1953 à Charleville.
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Mére Marie Elizabeth, Religieuse soeur choriste au monastère de l’ordre Cistercien de la Stricte Observance. (Margueritte, Marie, Clémentine Hanotel) est décédé le 14 janvier 1952 à Chimay et enterré à l’Abbaye Notre-Dame de Scourmont.

Mére Marie Elizabeth, soeur choriste, est décédé le 14 janvier 1952 à Chimay et enterré à Scourmont avec l’indication : "Soeur elizabeth anotel". L’orthographe du nom Hanotel fut rectifié en été 1993.

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Abbaye Notre-Dame de Scourmont. L’abbaye Notre-Dame de Scourmont, sur le territoire de Forges, à sept kilomètres au sud de la ville de Chimay, appartient à l’ordre cistercien de la stricte observance et s’inspire des règles de vie trappistes définies au 17e siècle par l’Abbé de Rancé en son abbaye de « La Grande Trappe », en Normandie.

1952 marque donc la fin de cette branche familiale des Hanotel.

Sa mémoire et ses archives se sont cependant transmise à Charles JUPPIN très lié à son oncle, sa tante et sa grand-mère.

Charles JUPPIN est décédé à Charleville le 21 Avril 1994 à l’age de 79 ans.

Bibliographie :

(0) Jules POIRIER (1887) - L’investissement et le Bombardement de Mézières en 1870- p.69
(1) ROBINET René (1957)- Les Archives départementales dans Etudes Ardennaises n°11 p.12-13
(2) COLIN Hubert (1974)- Guide des Archives des Ardennes pp.17-18
(3) Imprimerie Nationale -Paris-(1848)
Tableau général numérique par fonds des Archives départementales antérieures à 1790, publié par la commission des Archives départementales et communales. 1 in vol. in-4°
(3 bis) Procés verbal des délibérations du Conseil Général
1N1/1
1N1/2- 1849
1N1/3- 1854
1N1/4- 1855
1N1/5
1N1/6

(4) SENEMAUD (1864) - Les archives des Ardennes dans Revue Historique des Ardennes, t.1, pp.247-282 - Per H 1 -
(5) SENEMAUD (1864) - Rapport adressé le 7 août 1864 à M.le Vte FOY, préfet des Ardennes dans Revue Historique des Ardennes, t.1, pp.247-282 - Per H 1 -
(6) A.CHAMPOLLION-FIGEAC (1863)- Annuaire de l’Archiviste pour 1863- Notice sur les Archives des Ardennes, p.108
(7) HACKETT Cecil Arthur (1986)- A.RIMBAUD OEUVRES POETIQUES P.11
(8) LENEL (1870)-Distribution solennelle des Prix du 6 Aout 1870, page 15 . Document fourni par Mr HERAUX
(9) PENISSON Jean-Pierre (1993)- CENT ANS D’HISTOIRE NATURELLE Hors Série 1993 - Tome 83 Bulletin de la SHNA.pp.5-9.
(10) PERIN Patrick (1979) - Le site de Charleville à l’époque Mérovingienne : quelques témoins archéologiques dans Revue Historique Ardennaise n° XIV pp.6-7
(11) Revue Historique Ardennaise (1896), Trouvailles de la Place Carnot t.III, p.285
27) E.DELAHAYE, RIMBAUD (1923), L’ARTISTE ET L’ETRE MORAL, MESSIN p.17-18.

(12) spécial "Ardenne Economique" (1 trim 1994) "Cent ans au
service des Entreprises : La Chambre de commerce et
d’industrie de Charleville-Mézières" p.17
(13) Courrier de Soeur Anne-Marie ROBION Archiviste des Soeurs
Sainte Chrétinne 60 rue Dupont des Loges 57000 METZ
(14) Registre-matricule des pansionnaires des Soeurs Sainte
Chrétinne de Mézières et Chimay : c’est un magnifique album
illustré à la main.
(15)BOUQUET Henri - Larousse Mensuel illustré ( décembre 1918)
n° 142
(16)PUIFFE-PIQUET ( Marie de ) ( et Ginette et Jean-Marie ROLET )
(1988) nouveaux Robinsons dans les lignes Allemandes"
SOPAIC p.258
(17)DUCHENOIS Serge ( juin 1991 ) Terre Ardennaise n° 34 p 29-33
et 35 p.51-56 " L’affaire de La Fosse-à-l’Eau Aout 1914 "
(18)TAILLEUR Marcel ( Mai 1985 ) Terre Ardennaise Hors série
Launoi-Sur-Vence " la bataille de la Fosse-A-L’Eau " p.16-28

(25)Françoise LALANDE (1987)- MADAME RIMBAUD p.61 - Presses de la
Renaissance

(26)Pierre PETITFILS,(1982) RIMBAUD, Julliard, p.28
(271)Georges IZAMBARD , 1930 - RIMBAUD TEL QUE JE L’AI CONNU, Le Passeur (réedition 1991)p.15,16,41
(27)Françoise LALANDE (1987)- MADAME RIMBAUD p.68 - Presses de la
Renaissance
(28) Georges BOURGIN (1953) - LA COMMUNE, PUF p.7,8,9.
(29)Françoise LALANDE (1987)- MADAME RIMBAUD p.83 - Presses de la
Renaissance
(30)Jules POIRIER - l’INVESTISSEMENT ET LE BOMBARDEMENT DE MAZIERES EN 1870 (1887) p.183 à 190
(30) Arthur RIMBAUD - lettre du 25 août à Georges IZAMBARD , dans RIMBAUD TEL QUE JE L’AI CONNU, Le Passeur (réedition 1991) p.70
Cet extrait est l’explication de la phrase " Ma ville natale est supérieurement idiote entre les petites villes de province."
(30)Jules POIRIER - l’INVESTISSEMENT ET LE BOMBARDEMENT DE MAZIERES EN 1870 (1887) p.150
(31)Françoise LALANDE (1987)- MADAME RIMBAUD p.98 - Presses de la
Renaissance

Publié par christophe Juppin (petit fils de Marie Léontine Charlotte HANOTEL épouse JUPPIN) le 26 août 2021 sur https://innovationaustrasie.com/


Pour en savoir plus :

 La famille Hanotel 1719-1952 sur sept générations le 14 janvier 1952.
 Philippe Simon Consul en Chine.
 Achille DAUGENET, fondateur de la Fonderie des Ardennes décède le 15 octobre 1953
 Charles Juppin, Président de la Fédération du Bâtiment des Ardennes en 1976- 23 avril 1994
 Tante Guite, Sœur Elisabethle le ‎12 ‎novembre ‎2018.
 Parrainé par le Champagne le 04 novembre 2019
 Champagne Ardenne Technologie : Soutenir l’innovation dans les PME en janvier 2002
 Aider les PME à s’ouvrir à l’innovation technologique en décembre 2003
 L’urgentiste de l’innovation en mars 2010
 Christophe Juppin valorise et développe l’écosystème innovant de Haute-Marne de janvier 2014 à septembre 2021
 Christophe JUPPIN quitte la CCI pour i-Tego le 15 octobre 2021