Il se passe toujours quelque chose aux Crassées de Saint-Dizier. Si en 2020, les archéologues et les bénévoles ont été privés de fouilles, Covid oblige, l’année 2021 a largement compensé leur frustration, tant les découvertes ont été nombreuses. Il y a d’abord eu quelques confirmations. « On soupçonnait que la villa gallo-romaine avait été occupée jusqu’à la période médiévale, mais on n’avait aucune preuve  », explique Stéphanie Desbrosse-Degobertière, archéologue de l’Inrap en charge du chantier des fouilles avec Raphaël Durost.

« En 2021, nous y avons trouvé du mobilier des X^e et XII^esiècle, ce qui atteste d’une occupation médiévale. » Une occupation plutôt artisanale, qui montre surtout que le site des Crassées a bien été occupé durant environ douze siècles.

« C’est une nouvelle tombe d’élite qui s’inscrit dans la lignée de celles des chefs francs.  » Stéphanie Desbrosse-Degobertière, archéologue de l’Inrap.

En 2021, une nouvelle tombe d’élite a été découverte. (Photo d’archives, Nicolas Frisé)

Il y a aussi eu les découvertes inattendues lors de ces fouilles. « On a retrouvé un bassin polygonal romain, au milieu d’une salle semi-excavée  », poursuit l’archéologue. « A quoi servait ce bassin ? C’est la grande question. Peut-être était-il utilisé pour les thermes… Ou simplement pour l’ornementation. A ce stade, on ne peut pas non plus exclure un lien avec le culte. »

Un graffiti de camélidé

Et puis il y a eu les découvertes étonnantes, comme cette pierre gravée. « Dans l’effondrement d’un mur, on a trouvé une pierre avec un graffiti de camélidé, sans doute un chameau. Mais on a un problème de datation, car la pierre est taillée comme une pierre romaine, mais utilisée dans un mur mérovingien. » Mur mérovingien qui serait celui du premier lieu de culte qui s’est installé aux Crassées de Saint-Dizier, sur l’emprise d’une salle romaine.

Les fouilles du site des Crassées se tiendront du 30 mai au 08 juillet 2022.

Un sarcophage en pierre : surprise des fouilles 2021

Et en voyant cet éboulement, les archéologues s’attendaient à découvrir un sol préservé. C’est finalement une autre surprise qui les attendait. « On est tombé sur un sarcophage en pierre du VII^e siècle. On en a déjà trouvé une dizaine sur le site, mais la plupart du temps, il avait été réoccupé et on avait des squelettes du XI^e siècle  », détaille Stéphanie Desbrosse-Degobertière. « Là, il s’agissait de l’occupant primaire, une femme enterrée avec divers objets. »

« On est tombé sur un sarcophage en pierre du VII^e siècle. On en a déjà trouvé une dizaine sur le site, mais la plupart du temps, il avait été réoccupé et on avait des squelettes du XI^e siècle. Là, il s’agissait de l’occupant primaire, une femme enterrée avec divers objets. » Stéphanie Desbrosse-Degobertière, archéologue de l’Inrap.

Stéphanie Desbrosse-Degobertière, archéologue de l’Inrap, présente une céramique du VII^e siècle retrouvée dans le sarcophage.

Les fouilles ont en effet permis de découvrir une céramique, une plaque-boucle et une bague avec un symbole chrétien que la femme portait à l’annulaire gauche. « Elle devait avoir un statut privilégié, pour avoir été enterrée seule, dans le premier édifice de culte. C’est une nouvelle tombe d’élite qui s’inscrit dans la lignée de celles des chefs francs. »

Dans le sarcophage, avec le squelette d’une femme, les archéologues ont retrouvé une céramique et une bague avec un symbole chrétien.

Quel lien entre les époques romaines et médiévales ?

En 2022, les archéologues et les 45 bénévoles qui les assisteront pour les fouilles, s’attaqueront à un nouveau secteur du site des Crassées. « C’est la première fois depuis 2015 qu’on ouvre une nouvelle zone », se réjouit Stéphanie Desbrosse-Degobertière. « On va s’intéresser à la pente, entre les deux zones que l’on fouille depuis plusieurs années. Le but, c’est de comprendre l’imbrication entre les deux périodes romaine et médiévale. On espère retrouver des tombes mérovingiennes et les suites de l’aqueduc effondré, ainsi que les limites nord du cimetière. » Réponses à partir du 30 mai 2022 et lors des journées portes ouvertes des 18 et 19 juin 2022.

P.-J. P.

pj.prieur@jhm.fr

Publié par Pierre-Julien Prieu dans le journal de la Haute-Marne (JHM) du mercredi 11 mai 2022 n°10116 en page 7. https://www.jhm.fr

Publié par Pierre-Julien Prieu dans le journal de la Haute-Marne (JHM) du mercredi 11 ai 2022 n°10116 en page 7. https://www.jhm.fr

Stéphanie Desbrosse-Degobertière et Raphaël Durost, archéologues à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), nous expliquent la découverte réalisée ce vendredi 25 juin 2021 sur le site archéologique des Crassées à Saint-Dizier.

Pour en savoir plus :

– Découverte de trois tombes exceptionnelles du VI^e siècle en Austrasie le 20 février 2002
– D’ACAL au Grand Est, en passant par l’Austrasie le 14 mars 2016
– L’Austrasie, le royaume mérovingien oublié qui refait surface à Saint-Dizier le 09 septembre 2016
– Austrasie, le royaume merovingien oublié le 16 septembre 2016
– Austrasie, le royaume oublié le 23 septembre 2016
– Sous la truelle ...l’Austrasie le 24 septembre 2016
– Archéologie : le site des Crassées de Saint-Dizier n’a pas encore révélé tous ses secrets le 08 juin 2019
– Saint-Dizier « La Tuilerie » - Trois sépultures d’élite du VI^e siècle en Austrasie le 17 février 2020
– Saint-Dizier : Fouilles des Crassées : 2022 aussi exceptionnelle que 2021 ? le 11 mai 2022
– Saint-Dizier : sur les traces du passé au site des Crassées le 27 mai 2022
– Site des Crassées à Saint-Dizier (52) : premiers jours de fouilles prometteurs le 30 mai 2022
– En route pour de nouvelles découvertes aux Crassées le 23 mai 2023