Le triton alpestre est présent en France dans le Nord-Est, les Alpes et le Massif Central, sa longévité peut dépasser douze ans. Son biotope s’étend de la plaine jusqu’en montagne vers 2 500 m. Essentiellement nocturne, il démarre sa vie à l’état de larve aquatique dotée de branchies externes pour respirer sous l’eau.
Par la suite, il mute en juvénile terrestre, avec des poumons, avant d’atteindre sa maturité sexuelle entre trois ans pour les mâles et cinq pour les femelles, voire plus en altitude. A ce stade, il adopte une vie semi-aquatique et migre vers l’eau lors des périodes de reproduction, il est polygame et ovipare. Son dos à la peau lisse présente une teinte gris-bleu à vert foncé, voire carrément noire. Le triton alpestre possède un grand corps long, une queue légèrement aplatie verticalement, des pattes munies de quatre doigts à l’avant, cinq à l’arrière, et une tête ovale aplatie. Il est doté de grands yeux blanc-gris et noirs avec une petite mâchoire. Les femelles sont plus grandes que les mâles, elles mesurent jusqu’à treize centimètres alors que les mâles n’en n’atteignent que neuf.
Selon la saison, le triton possède deux phases physiquement différentes : en période aquatique sa queue s’aplatit latéralement encore plus pour devenir une nageoire caudale, tandis qu’une petite crête apparait sur le dos des mâles au moment de la reproduction. Sa peau, rugueuse et terne sur terre, d’un brun-verdâtre, devient plus colorée, perméable et visqueuse. Elle lui permet partiellement de respirer sous l’eau. En phase aquatique, le triton alpestre peut rester plusieurs minutes en apnée, mais réalise de fréquentes allées et venues en surface pour respirer.
- Une petite mare artificielle, comme ici près de Joinville, offre un environnement idéal au triton alpestre.
Le triton alpestre se méfie des poissons
Il apprécie les zones humides, les marais, mais se méfie des cours d’eau et des étangs poissonneux. Lors de la reproduction, des points noirs et blancs ponctuent ses flancs et sa queue, ses couleurs sont plus vives et son cloaque gonfle. Durant l’accouplement, au printemps, le mâle devenu gris bleuté libère des phéromones qu’il diffuse dans l’eau. L’odorat est justement l’un des principaux sens des Urodèles (salamandres et tritons). Le mâle étant dépourvu de pénis, il transmet des capsules de sperme (spermatophores) à la femelle en se collant à elle pour les faire entrer dans son cloaque, ceci en agitant la queue. Elle les conserve et les féconde dans sa spermathèque avant de les déposer sur des feuilles de plantes aquatiques qu’elle enroule autour de l’œuf, qui est collant, pour le cacher des prédateurs. Jusqu’à 150 œufs sont pondus pour éclore une à deux semaines plus tard. Ils donnent naissance à des larves dotées de branchies. Chaque femelle peut pondre près de 400 œufs par an : ils sont translucides et mesurent deux à trois millimètres de diamètre.
A la naissance, la larve fait moins d’un centimètre ; elle ne possède que la tête, les yeux, les branchies, et une ligne noire comme corps. Par la suite, la larve de triton alpestre grandit peu à peu, obtenant une nageoire caudale, des pattes et un corps bien formé. Elle est de couleur brune avec des points plus foncés. La métamorphose a généralement lieu à trois mois, parfois plus tard selon la température, et même l’année suivante en cas d’hivernation sous forme larvaire.
Une fois la saison de reproduction terminée, les tritons alpestres adultes vivent encore au contact l’eau. Selon les conditions de nourriture ou d’assèchement de la mare, ils quittent progressivement le milieu aquatique et retrouvent une peau rugueuse adaptée à la vie terrestre. Ils passent l’hiver à l’abri du gel dans des cavités souterraines (caves, galeries d’animaux), ou sous des tas de bois. Ils ralentissent leur rythme de vie en attendant le retour des beaux jours où ils muent pour reprendre leur mode aquatique. L
e triton alpestre se nourrit de petits insectes, de crustacés, d’invertébrés, ainsi que des œufs et des larves d’autres amphibiens. Il apprécie les mares forestières très ombragées et les points d’eau sans végétation comme les abreuvoirs et les sources. Il fréquente également les fossés, les ornières des chemins forestiers, les prairies, bocages, haies, friches, et jardins. Il évite seulement les champs cultivés. Une température moins élevée que pour les autres tritons lui est nécessaire. Il se sent vulnérable dans les étangs poisonneux peuplés de palmipèdes et d’échassiers. Dans les mares isolées, ses larves sont tout de même menacées par des prédateurs : insectes, larves de demoiselles et de libellules, oiseaux d’eau. Cet amphibien est capable de se déplacer sur des centaines de mètres à partir de son point d’eau.
L’accueillir dans un jardin
Pour aider le triton alpestre, il suffit d’aménager dans son jardin une mare au moyen d’une bâche ou d’une cuve étanche. Une profondeur d’eau de 15 à 20 cm, une surface de quelques mètres carrés et un peu de végétation, lui offrent un biotope adapté. Une mare artificielle d’une surface d’un mètre carré et de 45 cm de profondeur, réalisée dans un jardin près de Joinville, permet d’accueillir une petite colonie de tritons alpestres depuis de nombreuses années. Un inventaire de cette pièce d’eau, effectué au début du mois de juin 2022, a permis de déceler la présence de 30 individus d’une longueur de trois à dix centimètres.
Le triton alpestre est classé en état de préoccupation mineure par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), sur sa liste rouge des amphibiens menacés de France métropolitaine.
- Une population de 30 tritons alpestres a été décelée, début juin 2022, dans une petite pièce d’eau artificielle.
De notre correspondant Patrick Quercy
- Le dos du triton alpestre est très sombre, agrémenté d’une petite crête chez le mâle lors de la reproduction
Publié par Patrick Quercy le mardi 12 juillet 2022 dans le JHM n°10177 (Journal de la Haute-Marne)
- Le Parc national de forêts, site de rencontres : surprise du Vetus scrutator (vieil observateur) devant la magnifique robe de la Salamandra salamandra (salamandre tachetée).
Pour en savoir plus :
– Projection-Débat « La Forêt et le réchauffement climatique » le 23 octobre 2019 à Gondrecourt-le-Château
– La cigogne noire pour emblème le 8 novembre 2019
– Quelques indicateurs de la santé des forêts (1989-2019) le 18 Février 2020
– Laissez vos haies en paix le 23 mars 2021.
– Première publication pour l’Observatoire Grand Est de la biodiversité le 09 Février 2021
– Les cigognes noires sont de retour de leur migration dans le Parc national de forêts ! le 27 mars 2021
– Un amphibien haut-marnais : le triton alpestre le 17 juillet 2022
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